S'identifier - Contact

Vraies fausses déclarations de l'après référendum. (Pour rire ?) Par Catherine KINTZLER

Par Jacques Généreux • Débat européen • Vendredi 03/06/2005 • 7 commentaires • Version imprimable

Après les résultats du référendum du 29 mai 2005. Quelques résumés de déclarations entendues au fenestron (bien entendu, ces déclarations sont de pures fictions, j'ai tout inventé).
Jacques Chirac.
"Mes chers compatriotes, après la connerie que vous venez de faire, je vais m'appliquer à rassurer nos partenaires européens sur nos engagements. Vous avez beau avoir voté massivement contre le TCE, rien n'a changé sur ce terrain : c'est moi qu'ils doivent croire, et non le scrutin. Evidemment sur le plan intérieur je vous ai entendus (c'est exactement du reste ce que je vous ai déjà dit pour être élu en 95 et vous m'avez cru), je donnerai à vos inquiétudes la solution que j'ai trouvé la plus appropriée et qui m'a toujours réussi jusqu'à présent : un remaniement ministériel suffira. Mais faites gaffe, si le peuple français continue comme ça il faudra envisager des solutions douloureuses, et pour commencer on va vous punir en appliquant le traité de Nice que j'ai signé avec M. Jospin et sur lequel vous n'avez jamais été consultés."
(C'est un premier pas vers une dissolution du corps électoral?)

Jack Lang
"Ce qui vient de se produire est un mouvement de fond. Comment n'avez-vous pas compris que, lorsque je faisais campagne pour le oui, je disais en réalité qu'il fallait voter non ? C'est toujours ce que j'ai pensé. Ce n'est pas moi qui tourne, c'est le vent."

François Bayrou

"Je me suis gourré. Mais je suis fier de m'être gourré, car je l'ai fait avec conviction"

François Hollande
"Tout ça est la faute à Chichi. Le PS n'est pas désavoué, car les Français se sont prononcés massivement contre la politique du gouvernement, le reste n'a aucune importance. Nous on est contre ce gouvernement, donc les Français doivent continuer à nous faire confiance comme opposants et à nous élire pour une véritable alternative politique. Tout ce que je regrette, c'est de ne pas avoir eu assez d'autorité pour imposer silence à nos dissidents afin de faire comprendre aux électeurs que les votes internes sont beaucoup plus démocratiques que les scrutins au suffrage universel."

Ségolène Royal (plus teigneuse)
"Les Français ont tout faux, ils ne savent même pas répondre à la bonne question, pourtant on leur avait bien expliqué qu'il fallait attendre et se déculotter en attendant, et maintenant ils vont avoir la gueule de bois, et on va voir ce qu'on va voir. Heureusement que Jospin a signé le traité de Nice"
(ah, Ségolène, tu manques vraiment de grandeur. Mais oui on a la gueule de bois, mais c'est d'avoir fait la fête rien qu'en regardant vos mines déconfites)

Thierry Breton, ministre de l'économie (au fait, combien de voix aux élections celui-là ?)
"Les Français viennent de me mettre un sac de sable de 20 kg sur les épaules, merci, ça va être très dur de se faire entendre maintenant, mais je suis courageux, je continue la course"
(Encore un qui pense que le suffrage ça plombe un pays, pardon, je voulais dire les investisseurs en quête de profits.)

Bertrand Delanoë (in petto)
« Je suis au fond très content du vote des Parisiens riches, vieux, protégés et autres bobos, mais chut il ne faut pas le dire. Et quand j'entends Sarko faire sa grande déclaration je me dis qu'il a dégainé plus vite et plus fort que moi, c'est mon seul regret ce soir. Tant pis, vive la France urbaine et en avant pour un grand oui aux Jeux Olympiques. »

Quant à l'extérieur, je retiens la brillante prestation de Jean-Claude Juncker, premier ministre du Luxembourg (rappelez-moi, combien d'habitants ?) et président de l'Union européenne :
"Les Français nous posent un problème. On va se pencher sur leur cas. Peut-être qu'ils sont malades et ce qui serait terrible c'est que les autres peuples européens soient contaminés"
(au fait, les Français avaient aussi posé un problème à l'Europe en 1792, non ?)

Entendu aussi un technocrate européen - ou un journaliste cire -bottes des technocrates européens je ne sais plus très bien :
"ça va être dur d'expliquer ce non français aux autres pays européens. Vous risquez de ne pas être compris"
(Traduction très libre de ma part : "ça va être dur d'expliquer ça aux technocrates européens, mais ici tout le monde a la trouille que les autres peuples européens ne comprennent que trop bien.")

Catherine Kintzler


Commentaires

par Henrique le Vendredi 03/06/2005 à 15:24

Dans la même veine, le chef de rédaction d'une chaîne d'information continue liée au batiment à ses employés :
"Il faut maintenant déconnecter autant que possible l'analyse des raisons du non de la question du libéralisme, on n'a pas pas été capables d'être les plus forts pour faire croire avec Jospin que ce traité n'était pas du tout libéral. C'était un beau défi, mais on avait le texte contre nous, tant pis. Revenons donc à la bonne vieille opposition du nationalisme refermé sur ses impuissances et de la construction européenne ouverte et porteuse de sens. Invitons uniquement les souverainistes de gauche et de droite pour bien faire voir à ceux qui ont voté contre le traité pour une Europe plus démocratique et sociale qu'ils se sont trompés de camps, comme ça ils regretteront et la prochaine fois, ils revoteront du côté de la grande finance internationale, de notre côté, en croyant voter pour l'internationalisme, comme on avait réussi à le leur faire faire du temps de Maastricht".


par Roger le Vendredi 03/06/2005 à 16:12

La caricature et la fiction étant souvent bien plus vraies que la réalité, continuons:

Christine Ockrent chez Guillaume Durand, hier soir:

"Christine, vous qui avez fait un grand travail de journalisme avec votre émission sur l'europe, vous devez être étonnée..."

"Je dirais même plus, Guillaume, j'ai fait un véritable travail de pédagogue, comme vous savez que nous autres journalistes y excellons...Le problème, c'est que les pédagogues professionnels de l'éducation national salopent tellement leur boulot, on en voit le résultat: des francais qui ne peuvent pas lire un texte simple en articles numérotés d'à peine 300 pages, qui ne comprennent pas la beauté et la profondeur du projet (mon cher ami Giscard y a mis tout son grand talent  pourtant!), qui ne savent pas s'informer, encore moins raisonner, qui prennent les arguments du non pour des lanternes et refusent la plénitudes des vessies du oui...Bref, l'écart intellectuel est tel entre cette france d'en bas et les élites que nous envient le monde entier, que malgré mes grandes qualités de pédagogue-journaliste, c'était mission impossible"


Re: par deslilas le Vendredi 03/06/2005 à 21:20

Souvenez-vous de la campagne pour le référendum interne du PS sur le TCE quand François Hollande appelait les sympathisants du PS à faire pression pour que le oui passe !
Maintenant que les électeurs du PS ont répondu en vraie grandeur en votant majoritairement pour le non, il s'apprête à écarter de la direction du PS ceux qui n'ont pas appelé à voter OUI et qui sont plus en phase avec leurs électeurs.

Même si l'on peut comprendre la logique de parti et se souvenir du vieil adage "on n'a jamais raison contre son parti" le courage aurait été de rappeler à l'ordre à la discipline avant le scrutin.
Le ridicule est de la faire après et lorsque l'on a été désavoué par son électorat ( si toutefois on ne considère pas que cet électorat est en état de disqualification faute d'avoir écouter des dirigeants de plus en plus autistes).


Re: Re: par Henrique le Samedi 04/06/2005 à 01:10

Je ne suis pas à ce jour adhérant au PS mais il me semble clair que la seule chose que peut justifier une prise de position collective démocratique, c'est quel camps disposera des fonds rassemblés par le parti pour faire campagne. Le vote de décembre a été le oui, l'argent du PS a été au oui. Vouloir de surcroît baillonner les expressions minoritaires par rapport à ce parti de 120.000 adhérants (dont 60.000 élus), c'est revenir à des conceptions purement staliniennes de la 'démocratie'. Quand la droite gagne les élections au niveau du pays, c'est la droite qui a accès au budget de l'Etat pour faire sa politique. Mais la gauche garde toute sa liberté de parole pour exprimer ses positions. C'est cela la démocratie. Quand les partisans du oui gagnent à un référendum interne, ils ont le budget du parti pour faire leur campagne mais les partisans du non gardent leur liberté de parole, c'est cela la démocratie.

Ainsi quand j'entends Emmanuel Vals dire chez Durand (juste un peu avant Hollande chez TF1) qu'on ne va pas faire de réglements de compte mais qu'on va virer Fabius de la tête du parti, (comme on avait viré Mélenchon), pour que l'équipe soit cohérente avec un vote arraché aux militants il y a une éternité au regard du temps politique, au regard de la comparaison avec le vote des sympathisants de gauche et du PS, on se demande sur quelle planète vivent ces élus.


Re: Re: Re: par Roger le Lundi 06/06/2005 à 19:08

En regardant, hier, Riposte, on avait le spectacle de la planète sur laquelle vivent ces élus: athmosphère de démocratie raréfiée, prolifération de pensée journalistique, développement d'espèces paradoxales (élus qui ont eu raison d'avoir tort, peuple qui a eu tort d'avoir raison=peuple peu raisonnable, dirigeants de partis cohérents à contre-temps, membres de gourvernement de l'opposition dans la majorité).Bref, un monde de professionnels et d'experts, autoproclamés élites républicaines, en avance sur le peuple, mais manifestement autant incapables de le suivre que de le guider.

Un seul espoir, né de cette expérience: le débat et la force de proposition des milliers de collectifs de citoyens, qui ont fait honneur à la démocratie, et qui je l'espère ne se laisseront pas déposséder de leur vote par les nouveaux "aliens" qu'ils ont amené à se démasquer...


Re: oui j'ai vote non par michel bessonnat le Mardi 30/10/2007 à 20:35

Je trouve Christine Okrent excessive et même caricatural . Il ne suffit pas d'appartenir à l'elite pour cerner les problèmes. Quel mépris pour le citoyen lambda que je suis . Il faut résonner simplement La France est tellement engoncee dans ces problemes qu'elle ne peut peut les résoudre par elle même L'europe m'apparait comme tres lointaine et absente politiquement ( Ce sont le Arméricains qui ont finalement réglé le problème du Kosovo).
Depuis l'aptotion de l'euro les prix flambent: Immobilier alimentation ce sont quand même les besoins primaires d'une vie normale. C'est pour ces raisons que j'ai voté non à l'Europe et aussi par ressentiment pour l'élite qui nous gouverne
Avant de vouloir devenir europeen il faudrait mieux avoir le sentiment d'appartenir à une culture, savoir ou sont ses racines.
Le seul point d'accord avec Christine Okrent c'est l'éducation nationale qui donnent vraiment envie d'appartenir à la classe aisée parce notre système dégoute du savoir .


Merci par unpotentieldeplus le Vendredi 01/03/2024 à 14:11

À travers des déclarations ironiques, l'auteur soulève des questions sur la légitimité démocratique et la responsabilité des élites. Une critique subtile de la politique française et européenne qui incite à la réflexion.

 



Mon dernier livre

De retour dans les meilleures ventes d'essais

SEUIL-138p.11 €