1. Présentation
Manuel critique du parfait Européen. Les bonnes raisons de dire "non" à la Constitution.
Depuis la victoire du "oui" lors du référendum interne au PS, voici le premier ouvrage publié par un intellectuel engagé au plus haut niveau de ce parti et prenant résolument parti pour le "non" au "traité établissant une Constitution pour l’Europe". Assumant en toute connaissance de cause la portée politique de sa démarche, Jacques Généreux exposera publiquement comment et pourquoi elle lui semble compatible avec son engagement au Parti socialiste et la loyauté qu’il doit, non seulement à son parti, mais aussi aux engagements que ce dernier a pris dans les textes votés à l’unanimité par son Conseil national et devant les Français à l’occasion des élections européennes.
Ce livre est d’abord celui d’un "parfait Européen". On n’y trouvera en effet pas la moindre trace d’euroscepticisme. C’est l’œuvre d’un partisan résolu de l’euro, du marché unique, de l’élargissement (jusqu’à la Turquie et même au-delà) et, qui plus est, convaincu que cette construction européenne peut à nouveau être au service d’un projet social progressiste. S’il dit "non" à cette Constitution, c’est parce qu’elle est tout sauf une vraie Constitution démocratique. S’il dit "non" au projet néolibéral de l’Europe espace de libre échange — où se déchaînent la guerre économique, le dumping fiscal et social et les délocalisations —, c’est parce qu’il défend le projet d’une Europe politique, démocratique et sociale. Il exprime le "non" de pro-européens qui ont jusqu’ici dit oui à tout. Il s’agit donc pour lui de sauver le projet européen des fondateurs — qui voulaient se servir de l’intégration économique et du marché unique pour aller vers l’Union politique et non pas, comme on le fait aujourd’hui, se servir du dogme de la libre concurrence pour détruire toute régulation politique et toute construction des États-unis d’Europe.
Si l’ouvrage mérite le titre de "manuel", c’est qu’il est écrit par un maître reconnu de la pédagogie des questions politiques et économiques les plus complexes. Son objectif explicite est que les citoyens soient confortés dans leur préférence, pour le oui ou pour le non, mais en connaissance de cause. C’est donc avec le même talent didactique qui a fait le succès de ses livres d’économie que le professeur s’attache ici à expliciter le texte de la Constitution, les enjeux, le contexte historique, les visions alternatives de l’Europe, les conséquences du "non" et celles du "oui", etc.
Mais bien évidemment il s’agit avant tout d’un essai critique. Et la critique est ici aussi radicale que le livre est rigoureux et didactique. Jacques Généreux soutient que le projet en débat est une "arnaque" : on veut faire avaler comme un progrès historique ("enfin une vraie Constitution politique pour l’Europe !"), une simple compilation amendée de l’ensemble des traités existants. À l’heure où les Européens rejettent partout la montée de la société de marché néolibérale, souffrent du dumping fiscal et social, redoutent l’amplification des délocalisations, il serait bien délicat d’obtenir la ratification d’un texte présenté comme un simple traité mis à jour et ne remettant nullement en cause l’orientation néolibérale des politiques européennes. Les néolibéraux aujourd’hui en position de force, ont donc résolu de tromper les citoyens en leur vendant une "Constitution" (dont l’idée même est très populaire en Europe), en comptant sur la paresse et le sentiment pro-européen pour que la plupart des citoyens n’étudient pas de trop près de quoi il s’agit en réalité.
Ce livre montre, en outre, que cette Constitution vise à détruire définitivement la possibilité de construire une Europe politique et sociale et à donner la force symbolique et juridique d’un texte constitutionnel au modèle de l’Europe espace de libre-échange. L’auteur ne voudrait pour rien au monde une Constitution socialiste : "Quelle horreur !" dit-il en évoquant cette idée. Il veut une Constitution qui laisse aux citoyens européens la pleine capacité de choisir des politiques plus ou moins libérales, plus ou moins social-démocrates. Voilà pourquoi il dénonce un texte qui rend anticonstitutionnels, notamment, l’harmonisation sociale par le haut, un critère de salaire minimum européen, la régulation des mouvements de capitaux, toute entrave à la libre concurrence, etc. Un texte qui, en imposant l’unanimité sur toutes les questions essentielles, interdit à toute majorité politique européenne, même très large, la possibilité de mener des politiques conformes aux vœux des peuples d’Europe.
Voilà pourquoi, explique Jacques Généreux, cette Constitution est en vérité anti-européenne ! Elle marque la victoire de tous ceux qui, depuis les origines, se battent contre la construction progressive d’une Union politique. Et, conclut-il, si aujourd’hui, le "non" des pro-européens ne l’emporte pas, si on impose aux peuples une Europe ultralibérale dont ils ne veulent pas, alors ils deviendront de plus en plus anti-européens, les peuples se tourneront toujours davantage vers les souverainistes, les nationalistes et les fascistes et, un, jour prochain, c’est le "non" à l’Europe des anti-européens qui l’emportera !
Bien sûr, on ne manquera pas de sommer l’auteur d’expliquer pourquoi une large partie de la gauche européenne soutient un pareil traité ? Il a de quoi répondre : cela fait dix ans qu’il analyse et décrit dans ses livres la nature et les causes de l’impuissance et de la dérive libérale de cette gauche européenne...
Jamais les socialistes que je cotoie n'expriment leurs pensées intimes et votre "Manuel critique du parfait européen" m'a éclairé et je l'avoue beaucoup inquiété.
Il est aujourdh'ui évident que la chute du mur de Berlin n'a rien résolu et que la disparition de certaines phrases telles que dictature du prolétariat de votre vocabulaire laisse plané la menace d'une dérive totalitaire.
Robespierre et Saint Just ne sont pas loin. .
Vos propos suent tellement la haine, qu'on les croirait écrits par Guy BEDOS.
Et je frémit en vous imaginant, le soir à la veillée, comptabilisant les rouleaux de barbelé et dressant les plans camps des futurs camps de rééducation ou vous enfermeré l'affreux libéral que je suis, lorsque le socialisme mondial aura triomphé.
Quand je pense que vous osez vous prétendre que le libéralisme a donné naissance au socialisme. Le libéral croit en l'homme, pas vous.
Et quand je pense que vous enseignez.
Je pensais voter "non", pour des raisons essedntiellment juridiques, vous m'avez convaincu du contraire et je vous en remercie vivement.
A l'avenir je vous lirai, et prendrai le contrepied de vos positions. Je gagnerai beaucoup de temps et vous en remercie.
Guy REYDELLET