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Grosse fatigue... par Pascale FOURIER

Par Jacques Généreux • Tribune ouverte • Vendredi 03/06/2005 • 7 commentaires • Version imprimable

Grosse fatigue... Oui, grosse fatigue de voir les grands médias nationaux reprendre leur petit musique, leur petite musique du mépris avec parfois de vrais morceaux de bravoure en ce domaine sous la plume de July ou de Colombani. Grosse fatigue de voir les mêmes bonnes grosses ficelles, les interviews de Le Pen ou de Villiers qu'on laisse parler à l'envi, alors que ce Non est un Non essentiellement de Gauche, et que Gérard Filoche, un de ceux qui a le plus mouillé sa chemise en compagnie de Jacques Généreux et Marc Dolez, et Jacques Nikonoff, président du mouvement Attac, mouvement qui, on ne peut l'ignorer, a eu un rôle déterminant dans la campagne du référendum, sont restés à moisir pendant des heures dans les couloirs menant au studio de France 2 au soir du référendum : Arlette Chabot, qui les avait pourtant convier, n'a pas daigné les laisser parler....Grosse fatigue à huit heures du matin le 30 sur France Inter d'entendre Bayrou et non l'un des partisans du Non...Aurais-je mal compris? Aurait-on voté Oui? Cela aurait-il fait gercer les lèvres de Paoli que de demander à un partisan du Non, à huit heures, heure de la plus forte audience, de commenter ce Non et le sens qu'on pouvait lui donner?! Certes,on me répondra que Montebourg était à l'antenne à 9h30....oui, on me dira ça................
 
Grosse fatigue..Ah, comme le peuple est passé rapidement sous le tapis, occulté à la télévision dès le soir-même du référendum! Qui a réussi à voir plus de vingt secondes d'images de la fête de la Place de la Bastille? Qui a entendu par exemple le discours tenu par Yves Salesse, co-président de la Fondation Copernic qui a été à l'initiative de l'appel des 200, sur cette même place? Un beau discours pourtant...Et dès aujourd'hui, plus de peuple, plus de simples gens qui ont voté Non... Quand France 2 au Journal de ce soir trouve des partisans du Non pour commenter le changement de Premier Ministre, c'est dans un bar de Marseille, pas à la porte des usines ou des bureaux, dans le métro, au marché, au supermarché qu'il les trouve, là où pourtant on trouve la France qui trime et qui a voté massivement Non: ils ne savaient pas où nous trouver, les journalistes, qu'ils ont dû se rabattre sur le premier bar du coin (le prolo hante les bars, on le sait bien...)?? Mais on est partout!! 55%
 
Oui, grosse fatigue...Face au mépris de l'élite médiatique, face au July, au Colombani, au Chabot et à tant d'autres, qui laissent dans l'ombre 55% des français ou leur crachent encore au visage, je ferai la "grève des médias" le jeudi 16 Juin. Plus de télé, plus de radio, plus de journaux, (ou bien quelques-uns bien choisis). Pourquoi le 16 Juin? Parce qu'il fallait bien choisir une date, et que je me souviens d'une certaine Pentecôte un 16 Avril...Plus de télé, plus de radio, plus de journaux... Et au besoin, j'en informerai leurs annonceurs... Quelque chose de très neutre: "Je vous informe de ce que, face au mépris affiché par nombre de journalistes ou éditoriaux du média X face au résultat du vote démocratique, je ne le regarderai/achèterai pas le 16 Juin. Mon cerveau n'est pas disponible: je suis en colère...".
Je vous invite à faire de même.Seule , je ne compte pas, mais Internet a été notre force... On peut aussi relayer par des affiches sur les lieux de travail. Certains journalistes glapiront : qu'ils glapissent..
 
Pascale Fourier, le 1° Juin 2005
Animatrice de Des Sous... et des Hommes AligreFM www.des-sous-et-des-hommes.org
 

Commentaires

par Roger le Vendredi 03/06/2005 à 15:40

Je trouve que votre appel pour le 16 juin est une bonne idée que je vais relayer.

Je partage complètement votre analyse...Mais au lieu de me faire un effet de grosse fatigue ça me donne de l'espoir

Personnellement je vais dèjà plus loin : je ne lis plus la presse; je n'écoute plus les éditorialistes radio, et si je pouvais je ne paierai plus ma redevance pour un "service public" audiovisuel qui préfigure bien ce que pouvait signifier les fameux services d'intérêt général du TCE.

Que peut-on attendre de media qui ont transformés l'information en marchandise/spectacle et qui sont détenus par Dassault, Hersant, Pinault, Lagardère, etc...?

Désormais, fions nous au débat citoyen direct...et non plus à tous les bavardages entre soi du journalisme des appareils mediatico-politique qui ne visent qu'à rendre les "cervelles disponibles".

Ils n'ont rien entendu, rien compris, mais savent mieux que nous ce que nous avons voulu signifier le 29/05...Ils n'étaient évidemment pas dans les milliers de collectifs et de réunions où le débat réflexif et informé s'est révélé d'une stupéfiante richesse et ou il va désormais continuer.

On sait désormais que le fameux "contrepouvoir" des media n'est plus ce qu'il était et que l'on peut s'en passer...Enfin libéré de cette idée reçue!

Il y a gros à parier que les média n'ayant plus cette utilité, vont se reconvertir en  supports de pub...et en tabloïd à l'anglaise.

Attention, internet va devenir beaucoup trop dangereux pour rester longtemps relativement libre...Les grandes manoeuvres de récupération vont désormais s'intensifier..


Re: par Nathalie le Vendredi 10/06/2005 à 20:29

Bonjour Pascale,
Je viens de lire votre "grosse fatigue", et comme toujours tout d'accord avec Roger !
La crise des médias c'est surtout leur prise de conscience qu'ils ne servent plus à former l'opinion. Et tel le coq vaniteux qui vient de découvrir qu'il est sur un tas de fumier, leur cri révèle l'ampleur du porte à faux. Une telle cécité est vraiment touchante ;o) N'ont pas fini de s'entregloser sur la crise des médias. Enfin vous savez de quels médias je parle, par ailleurs bravo pour votre site et vos émissions.
Parce qu'effectivement du côté des pratiques de recherche d'information, ça fait belle lurette qu'on va voir ailleurs mais chut....
Nathalie.


Bien dit! par Thierry le Vendredi 03/06/2005 à 16:07

Mais le mépris des médias pour le bon peuple ne date pas d'aujourd'hui. La dernière fois où j'ai regardé les informations télévisées remonte à 1996. En juin, se déroulait à Lyon le sommet du G7. A cette occasion, une équipe de France 2 avait été dépêchée sur place, avec un plateau et des moyens techniques conséquents. Quel est le sujet que cette fine équipe avait choisi, afin d'éclairer les masses? Le restaurant où les grands de ce monde allaient se taper la cloche, avec détail du menu. Authentique. Et c'était le service public.

Exit la télé, il restait la radio : là aussi c'est mal engagé. France Culture n'a pas été la dernière lors de cette campagne (et le pire, c'est que ça continue) . Propagande et dénigrement systématique des partisans du "non" par les chroniqueurs du matin (Slama, Adler, Pastré), comptes rendus de meetings gentiments condescendants lors des journaux, les invités de la tranche du matin cette semaine qui en rajoutent encore et encore...

Et est-ce normal que des personnalités politiques choisissent pour s'adresser au peuple une chaîne de télévision  privée?

En fait de grève, pourquoi se limiter à une journée? Pourquoi pas une grève des médias générale et illimitée?


Re: Bien dit! par henri d'artois le Jeudi 09/06/2005 à 11:34



Oh Ouuuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!!!!
Grève générale ET illimitée de la plupart des médias!
France-Culture, la radio qui m'a enseigné tant de choses, ouvert l'esprit sur tant de sujets, est devenue une radio politiquement correcte, quelle déconvenue!...
Je n'ose même pas citer la poignée de journalistes dignes de ce nom de crainte qu'ils ne soient mis au placard aussitôt!...
Mais J. Généreux (le bien nommé!), que fais-tu encore au PS?

!ha!


Re: Re: Bien dit! par J-Genereux le Dimanche 12/06/2005 à 17:12


Au PS je me bats pour en faire à nouveau un parti vraiment socialiste, et pour le moment, c'est en bonne voie. Si tous ceux qui reproche au parti socialiste sa dérive libérale et qui s'étonnent que j'y sois encore m'avaient rejoint moi et les 42% de camarades qui ont pris position pour le "non", le PS aurait opté pour le "non" et avant cela, le projet de Jospin en 2002 aurait été un vrai projet socialiste revendiqué comme tel, la gauche serait peut-être au pouvoir aujourd'hui, nous n'aurions pas eu la loi Fillion, la loi Perben, la mise en pièce des politiques de l'emploi, bref la casse organisée de notre modèle social, etc. etc. Voilà pourquoi je suis au PS. Je ne démissionne pas quand cela devient difficile, voire décourageant, parce que c'est alors que l'on a le plus besoin de moi, non ?


Que faire au PS,que faire du PS? par Roger le Mercredi 20/07/2005 à 16:46

Mai 1981, je chante et je pleure de joie...

Mai 2005, je suis furieux de m'être laissé enfumé pendant plus de 20 ans...

J.Généreux, c'est tout à votre honneur que de vouloir changer le PS de l'intérieur...Mais ses dirigeants ne le veule manifestement pas.

Jospin c'est définitivement fini...Aveugle et sourd à ce point on comprend que Chirac et Le Pen n'aient pas eu de peine à le battre!

Comment désormais avoir confiance dans des dirigeants à peine démocrates,  manifestement trés manipulateurs, mais surtout politiquement trés dangereux  en raison soit de leur naïveté soit de leur duplicité?

Il faudrait donc pour que le PS puisse changer, que tous ces "grands dirigeants" aient le courage de s'effacer, de se faire oublier .

En avez-vous vu et entendu un seul faire amende honorable, analyser au fond cette leçon de démocratie?
Bien au contraire...
C'est tout juste si ce n'est pas la faute de citoyens qui ne comprennent décidément rien à la Politique!
C'est même la faute de Fabius, Mélanchon et les autres...

Attention J.Généreux, ces gens là ne vous pardonneront jamais...

Donc, que faire?


Fatigué aussi, mais content! par jom31 le Vendredi 03/06/2005 à 23:40


http://www.acrimed.org/article2057.html

un papier intéressant de Frédéric Lordon sur Acrimed

la grève des médias le 16 juin me parait une excellente idée pour commencer à réagir
je dois dire que la déferlante de pensée unique sur les radios dites de "service public" m'a aidé à demeurer attentif et réactif pendant la campagne, mais c'est vrai que paradoxalement la semaine d'après-regerendum a usé ma patience: entendre sur France Culture en un long coeur de pleureuses Pierre Rosanvallon et René Raymond par exemple m'expliquer ma xénophobie, mon renfermement, mon isolement, ma peur de l'autre, moi qui travaille souvent en allemand et parfois en espagnol sur le Net'et dont la compagne est italienne, ce tsunami d'idées reçues m'a un peu gonflé...
j'étais populiste, mais ça c'est le minimum!
j'étais raciste à l'égard du "plombier polonais"
j'étais même munichois, je crois? par rapport à quoi,je me rappelle plus bien, mais si par rapport au totalitarisme bien sûr!
heureusement, un géographe comique troupier m'expliquant à l'émission "la suite dans les idées" comment les gens des centres-villes sont ouverts sur le monde et ceux des périphéries fermés sur eux-mêmes m'a fait beaucoup rire: je revenais de Neuilly sur Seine la ville des riches et de Sarkozy, où j'ai noté une grande ouverture aux financiers de la City, pour Toulouse où au Mirail-Bellefontaine les Français et Maghrébins d'origine d'habitude abstentionnistes ont voté assez massivement ensemble pour le NON, par delà les tensions communautaristes effectives mais davantage dues d'abord aux problèmes sociaux qu'à des identités culturalistes de réaction?
après la science politique anhistorique d'un René Raymond commentant à destination des demis-savants l'essence éternelle anti-européenne du PCF ou de l'extrême-gauche, voilà une psychologie sociale de proxémique a-sociologique à destination des Beaux Quartiers, qui fleure bon son 19ème siècle...
en tout cas, cette période post-référendaire est un moment privilégié pour observer la pathologie et la tératologie de l'intelligentsia française dominante!
1 ces médias et une partie du monde académique ne nous servent plus à grand chose pour connaître et comprendre le monde social externe mais sont autoréférentiels, révélateurs d'eux-mêmes
2 comme le note récememnt Acrimed, de nouveaux médias sont à imaginer pour accompagner le processus vers une démocratie participative et sans doute émergent déjà des expériences novatrices? (Indymédia, le Net', Politis)
Jean-Oliver Mallet, Toulouse



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