Dans une lettre ouverte lumineuse, Gérard Filoche démontre pourquoi le référendum interne au PS favorable au "oui", n'implique en rien le silence de la minorité favorable au "non". La démocratie, c'est le pouvoir exercé par la majorité, pas le silence des minorités. Imposer le silence à la minorité reviendrait à proclamer que la démocratie ne vaut qu'à l'extérieur des partis et non pas à l'intérieur des partis.
Lettre à ma camarade Françoise Mesnard, camarade de Nps de la Rochelle et
membre du
bureau national.
Chère Françoise,
L’autre
jour, après mon passage mardi 29 mars, à La Rochelle avec mes amis Marc Dolez et
Jacques Généreux pour défendre le « non-socialiste », tu m’as téléphoné pour me
dire, d’ailleurs fraternellement, ton désaccord.
J’ai écouté avec
attention tes différents arguments, tous respectables et partagés, je le sais,
par un certain nombre de camarades, et cela m’a donné envie d’y répondre de
façon détaillée.
Le premier en importance est sans doute celui de la
démocratie : tu me redis qu’il y a eu un referendum, un vote interne au Ps et
qu’on ne peut aller contre…
Cela me pousse à le
répéter, car visiblement il y a un refus d’entendre, bien au-delà de toi
: je ne vais pas contre le résultat du vote, je respecte la
démocratie et la décision majoritaire est aussi respectée. Mais le résultat
d’une décision majoritaire c’est que la majorité dirige, pas que les
minoritaires se taisent ! Avec 58 % des voix, la direction du Parti
socialiste, autour de François Hollande dispose de 100 % des moyens, de la
presse, des affiches, des tracts, des locaux, de la communication. Je le répète
: 100 % et personne, parmi nous ne le conteste, naturellement.
Je suis un
démocrate et je mets même la démocratie au-dessus de tout dans l’action car,
elle seule est efficace, dynamique. La démocratie n’est pas seulement un
principe, mais une praxis, une méthode d’action indissociable du programme
socialiste que nous voulons mettre en œuvre… La démocratie, c’est comme
l’oxygène, et on ne doit en manquer nulle part, ni dans une lutte, ni dans un
syndicat, ni dans un parti, ni dans un courant, ni dans une majorité, ni dans
une minorité… La démocratie, c’est la garantie de la vie citoyenne et sociale,
c’est l’aliment civique, c’est la condition des choix, des mobilisations, des
victoires sociales… Rien n’est plus important à nos yeux ! Démocratie & socialisme sont indissociables !
Mais justement, la démocratie inclut le droit des minorités, la démocratie, ce
n’est pas le « vieux » et inacceptable centralisme « démocratique »
bureaucratique !
Il convient de défendre et de réhabiliter la démocratie
conte les mauvais clichés du passé.
La démocratie, c’est la loi de la
majorité (lorsqu’on a décidé qu’une décision se prenait à la majorité) mais ça
n’a rien à voir avec le silence de la minorité.
Notre parti compte 98
000 membres et il a 7 millions d’électeurs socialistes : il se peut, n’est-ce
pas, que les 98 000 se trompent et que nos électeurs rectifient. Il n’y a pas de
parti d’avant-garde infaillible, autoproclamé, il existe un regroupement
délimité de socialistes, certes, mais irrigués par la vie sociale qui nous
entoure, dans laquelle nous baignons. Un parti ce n’est pas un vase clos ni
fermé : être démocrate, c’est savoir qu’en dernière instance c’est le peuple qui
tranche. Et même quand le peuple tranche et se trompe, notre démocratie
républicaine prévoit qu’il y a des droits pour « l’opposition », pour les
minoritaires du moment. Il y a des allers-retours entre le parti et le peuple,
fort heureusement, rien n’est ni ne doit être étanche. C’est fini le temps des
staliniens où l’on disait « nul ne peut avoir raison contre son parti ». Nous
avons demandé et accepté le referendum interne au Ps et ce fut excellent (mis à
part, certainement, des problèmes non négligeables, dans un certain nombre de
fédérations, mais nous avons choisi de ne pas les contester). Nous avons reconnu
les 58 % et les 58 % sont en action à 100 %.
C’est au nom de la
démocratie, et non pas contre elle, mais sans les moyens du parti, sans
prétendre représenter le parti, que je m’exprime avec mes amis Marc Dolez et
Jacques Généreux ! On a moins de moyens, on se débrouille, on va au-devant
de ceux qui le veulent en sachant bien dans quelles conditions nous parlons :
sans l’appui du parti ! On explique notre démarche et l’on rappelle honnêtement
ce que le Parti a voté… C’est clair et transparent.
Nous ne ferions pas
forcément cela sur tout sujet, et par exemple, pas lorsqu’il y a des élections
de personnes : les mécanismes démocratiques imposent bien, dans ces cas-là, de
soutenir le candidat s’il est démocratiquement désigné par le Parti.
Mais le
29 mai, ce n’est pas une élection de personnes, mais un vote bien particulier,
un choix entre deux options existantes dans le parti, dans la gauche, dans les
syndicats. Ce qui paraît d’ailleurs légitime à bien des socialistes et même à la
majorité de nos électeurs, puisque ceux-ci, d’après six sondages en quinze
jours, s’avéreraient être à 59 % pour le « non ». C’est pourquoi des propos qui
ont été tenus accusant les minoritaires d’être des « parjures » (Pierre Mauroy
contre Marc Dolez) n’ont absolument rien à voir, eux, avec la démocratie,
d’ailleurs le terme choisi sent son inquisition et non pas le progrès
démocratique.
D’autres camarades Nps répètent « qu’on s’étaient engagés,
avant le referendum à en respecter les résultats » : mais ce respect
portait sur la décision et ses effets, pas sur le silence des minoritaires
après, et cet engagement n’a pas été effectué en réciprocité.
La majorité,
d’ailleurs, en d’autres circonstances, n’a pas critiqué des socialistes
minoritaires qui s’exprimaient : ce fut le cas, célèbre, public, spectaculaire,
de Michel Rocard qui approuva la loi Fillon sur les retraites, alors que notre
congrès de Dijon venait de voter en faveur de son abrogation, affirmant qu’il
s’agissait d’un « choix de société ». Là, il y avait eu un vote
unanime en plein congrès pourtant et Michel Rocard, en plein
mouvement social, donna un coup de poignard, seul, à notre engagement devant des
millions de grévistes… Il ne fut pas sanctionné, ni même « rappelé à l’ordre »
ni « condamné solennellement » et il fut même promu tête de liste aux élections
européennes…
Certains camarades de Nps nous ont dit que si nous avions
gagné, en interne sur le « non », nous aurions bataillé pour faire taire les
partisans du « oui » : mais bien sûr que non, nous ne l’aurions pas fait !
Personne n’aurait pu empêcher d’ailleurs, Dsk ou Elisabeth Guigou, ou Rocard ou
Kouchner, entre autres, de parler. Et si nous avions voulu le faire, nous
aurions très vite eu tort, nous serions passés pour des « coupeurs de têtes » et
nous aurions eu tous les médias contre nous… Imposer le silence sous peine de
sanction aux minoritaires est devenu heureusement archaïque et d’ailleurs, ça ne
marche pas !
Dolez, Généreux et moi, (et beaucoup d’autres) usons donc bel
et bien de la démocratie, tout en étant minoritaires, et si nous avons choisi
de faire progressivement une défense du « non-socialiste »,
expressément collective et pas solitaire, explicatrice et pas provocatrice,
attentive et pas ostentatrice, c’est parce qu’évidemment nous croyons
cela indispensable sur le fond. C’est parce que nous sommes dans une
situation exceptionnelle avec cette constitution libérale qui nous menace
pour 50 ans : ce vote est lourd de sens, « gravissime » et si le « non »
l’emporte, ce sera une grande et belle page dans l’histoire de la gauche !
Nous avons constaté que la majorité, autour de François Hollande, a
évolué dans ses arguments et approches depuis notre referendum interne de
décembre : elle dénonce maintenant, en avril, tout droit à l’existence à un
« non-pro européen » et elle va jusqu’à « demander à Jacques Chirac de s’engager
» en faveur du « oui », elle ne défend pas l’Europe sociale telle qu’elle avait
fait accord dans la campagne européenne du 13 juin 2004, qui nous avait pourtant
valu 30 % des voix ! Elle valorise la Constitution à un point tel qu’on n’y
retrouve plus les arguments que nous entendions en interne. Enfin, on a constaté
que la majorité était allée plus loin que ce que le résultat du referendum lui
donnait la légitimité de faire, puisqu’elle a remis en cause des désignations à
la proportionnelle pour en revenir à un système majoritaire, écartant les uns,
privilégiant les autres, notamment dans la conduite du « projet 2007 « Martine
Aubry, Jack Lang, Dsk. La même majorité a donné des signes de recentrage après
le vote « oui », en interne et nous pouvons penser et craindre que ces signes ne
soient encore plus forts en cas de « oui » en France. Voilà des raisons
supplémentaires a notre choix d’engagement actif.
Nous ne croyons pas une
seule seconde que le vote de 2005 soit « déconnecté » de celui de 2007.
C’est Chirac qui a signé la constitution, c’est Chirac qui convoque le
referendum et nous refusons de « dissocier » la constitution et la politique
libérale de Chirac, elles vont de pair, elles s’emboîtent. Si nous avons une
occasion de sanctionner Chirac en même temps que de repousser un texte dangereux
et ultra-libéral, c’est bien le 29 mai. Déjà, en 2003, la majorité des Français
a désavoué Chirac dans la rue, en 2004, elle l’a fait dans les urnes, elle peut
et doit le refaire le 29 mai 2005. Pourquoi attendre ? Chirac est minoritaire,
qu’il se soumette et se démette le plus vite possible sans pouvoir porter
d’autres coups à nos acquis sociaux, comme il le fait chaque jour sur les
retraites, la Sécu, le Code du travail, les 35 h, les salaires… Si, c’est le «
oui », Chirac se vantera d’être légitimé à nouveau, comme après le 21 avril… et
ce sont des millions de français qui vont souffrir, ce sera de nouvelles
solidarités brisées et cela rendra encore plus difficile une alternative de
gauche ensuite…
Mais peut-être, chère Françoise, est-ce sur ce fond
politique et pas sur la démocratie que nous avons un désaccord : peut-être
ne pensons-nous pas que l’adoption de cette constitution serait un évènement si
grand et si mauvais pour l’Europe, la gauche, la France, qu’il faut tout faire
pour s’y opposer, y compris conforter activement les 59 % d’électeurs
socialistes, qui ne suivent pas l’avis de la direction du parti…
Parce
que, bien sûr, c’est là que se joue le sort du referendum, à gauche, et, tu le
sais comme moi, dans l’électorat socialiste !
Je ne crois pas qu’il
faille se taire, ni même risquer de paraître, certes à tort, neutres ou
réservés à l’extérieur. Il ne s’agit plus de 98 000 militants à convaincre
mais de 40 millions d’électeurs ! Je ne crois pas qu’on puisse dire devant des
centaines de milliers de militants qui agissent, en ce moment, à gauche, partout
sur les marchés, sur les estrades, sur internet :
« - Nous avons fait notre
travail en interne, on n’a eu que 42 000 voix, on a échoué, de justesse, on
s’arrête là, pour des raisons démocratiques (artificielles et qu’on
s’applique à nous-mêmes à tort, au demeurant comme écrit plus haut) nous ne
pouvons pas faire plus… ».
D’autant qu’en dépit de six sondages
favorables, et d’une large avance à 55 %, le résultat n’est, hélas, pas acquis
en faveur du « non » : sur les 7 à 8 millions d’électeurs socialistes, il y
a de larges interrogations, ils sont partagés comme nous l’étions en interne et
le silence d’une partie du « non » les laisse s’interroger sans réponse à la
hauteur de leurs légitimes attentes. On leur doit NOS réponses aussi :
c’est un morceau de la démocratie !
On ne peut pas non plus se
contenter d’espérer, sans agir vigoureusement, attendant un « non » venu
d’ailleurs, comme si fatalement la Constitution libérale devait tôt ou tard
échouer dans un autre pays. C’est la voix de la France, en disant fièrement «
non » qui imposera un débat social sur le futur de l’Europe. Assurer l’échec de cette calamiteuse constitution libérale
exige une action militante forte, MAINTENANT, pas un attentisme, pas un silence
trop facile à confondre aux yeux de ceux qui ne sont pas informés ou qui sont
malveillants, avec une réserve malvenue ou une neutralité inexplicable.
S’il y a un mouvement du « non », il faut le « colorer socialiste
» et il faut en être reconnu !
C’est ainsi : aujourd’hui, c’est la majorité du Ps, de facto qui est
minoritaire à gauche. Ne nous ne le reprocherions-nous pas à nous-mêmes si on
laissait cette occasion en or s’échapper ? Il y a environ 70 % de la gauche
(électeurs socialistes, communistes, verts, extrême gauche, Attac, etc.) pour le
« non » et 80 % de syndiqués (Cgt, Fo, Cftc, Fsu, Solidaires, Unef, sont pour
le « non » : Unsa et Cfdt sont partagés, tout comme la Cfe-Cgc dont le
dirigeant est pour le « non »). ll y a, selon Ipsos, 79,9 % d’ouvriers, 73,5 %
d’employés, 69 % d’agriculteurs, 63,5 % de fonctionnaires, pour le « non » ,
c’est notre camp et ça fait du bien de s’y trouver. Et le « non » monte, aux
dernières nouvelles parmi les cadres, les enseignants. Ca ré éclaire le 21 avril
et le 5 mai.
C’est comme ça : pour la deuxième fois, le débat de l’automne
du Ps rencontre notre peuple au printemps !
Au cœur de la majorité de
gauche qui est pour le « non », il est bon et prophétique, utile, courageux, que
des socialistes se fassent entendre, ils contribuent non pas à diviser le
parti, mais à ne pas l’isoler de la majorité de la gauche. Ils
contribuent à préparer un rassemblement de la gauche où le « non » sera
majoritaire. Ils ne sont pas seulement utiles mais irremplaçables. Ils
contribuent à aider notre parti pour une nouvelle donne de l’après-29 mai. Car
pour écrire le projet socialiste 2005, 2006, 2007, il faudra aussi être
représentatif de ce « non ». Le rassemblement de la gauche, demain, devra
être coloré du « non-socialiste. Ça se joue dedans et dehors et pourquoi
évoquer une « norme démocratique » injuste et obsolète, le silence de la
minorité, pour désapprouver les socialistes du « non » ? Pourquoi risquer
involontairement d’alimenter ceux qui ne rêvent, dans la majorité, que de
caporalisme et de sanctions au lieu de fièrement dire que nous agissons tous au
nom de la démocratie et non pas contre elle ?
Tu me dis, chère Françoise,
que je n’aurais pas dû venir à la Rochelle, parce que les militants Nps sont «
contre » mener campagne. Je te crois. Mais je ne l’ai pas constaté, car ils
étaient nombreux à notre réunion, de même qu’à Niort. Notre modeste démarche
soulage, libère ceux qui sentent instinctivement que nous avons raison sans
toutefois utiliser tous les arguments que je suis en train de te donner.
Je
suis sûr que dans les 20 régions où nous allons passer en 10 semaines, nous
retrouverons une situation comparable. Même si nous ne pouvons engager nos
courants respectifs, Nouveau parti socialiste, Nouveau monde, Forces militantes,
hélas.
Tu es « contre » ce que je fais, me dis-tu, chère Françoise, en
accord avec une majorité de la direction de Nps. Saches que notre démarche
s’efforce quand même d’avoir un parfum d’unité de la gauche du Ps telle qu’elle
devrait être, selon nous et telle qu’elle a terriblement manqué depuis de trop
longs mois.
Tu me dis, Françoise, que je parais « n’en faire qu’à ma tête
» au lieu d’être solidaire du collectif Nps. Je t’assure pourtant que je ne
demande qu’à être solidaire et immergé dans notre collectif Nps, pas seulement
en cette circonstance, mais tout le temps, quand il s’agit de prendre des
décisions, de s’exprimer, d’écrire et d’adopter des textes, communiqués et
résolutions : je suis à fond pour la démocratie la plus scrupuleuse dans Nps. Je
suis pour qu’on s’écoute, et sans être une « fraction », qu’on décide et agisse
en commun, au maximum, Pas en « trio » mais en collectif. Et si ce qui se passe,
crée une petite différence pratique entre nous, momentanément, je suis pour
qu’on la surmonte, qu’on travaille ensemble, et notamment sur le « projet »,
aujourd’hui, le 4 juin comme prévu, à Paris, et à Fouras, et après…
J’ai
d’ailleurs défendu en direction Nps, comme je le pouvais, mon point de vue,
comme je le fais ici en te répondant. L’autre jour, tu me l’as rappelé,
chère Françoise, que Benoît m’avait dit que j’étais « isolé » dans Nps ; je lui
avais répondu qu’à mon avis, ce n’était pas le cas. Car, en effet, je connais au
moins 20 à 30 départements où, par motion, par mel, par discussion, par présence
et action, les militants Nps sont engagés activement dans le « non ».
Comme
moi, il y en a qui sont à Attac, à Copernic, àa la Cgt ou a la Fsu, à l’Unef…
etc. Et connus et actifs comme « socialistes ». Et ce que je crois savoir doit
être nettement en dessous de la réalité. Sans parler de ceux qui en rêvent mais
n’osent pas : Voilà pourquoi, même sans moyens, le maximum
de socialistes, parmi les 42 000 qui ont voté « non », ne peuvent et ne
devraient pas éviter, selon nous, de s’engager et de prendre date pour demain.
je voudrais d’ailleurs contribuer à les
décomplexer. Le « non » est en tête, fonçons, allons-y ! Il ne manquera
peut-être que nous si c’est serré ! Ou peut-être pas, car il peut aussi y avoir
60% de « non »… Mais dans tous les cas, il faut en être.
Certains camarades me disent : « Mais oui, nous le faisons, mais en
pratique, sans le dire, car on est malins, on ne viole pas la démocratie »
(sous-entendu : la démocratie selon le principe qui forcerait le minoritaire à
se taire…). Je ne crois pas, non plus qu’il faille être «
hypocrites » et « le faire sans le dire » car on ne récolte rien de cette
façon, on perd sur tous les tableaux : la majorité du parti ne nous sera
jamais reconnaissante de notre silence, et la gauche ne comprendra pas que nous
ne nous soyons pas mobilisés !
Lorsque j’ai dit que « je n’étais pas
isolé », on m’a répondu, avec un sens-dialectique bien connu : « Oui, mais
alors, si tu dis que tu n’es pas isolé, c’est que tu fais un sous-courant ». Oh,
non, de grâce, par pitié, il y en a bien assez comme cela ! Je veux, je me
bats de toutes mes forces pour l’unité Nps, Fm, Nm, et non pas pour re-diviser
entre Nouvelle gauche, D&S, Parti pris, C6R, Prs, comités pour le « non
socialiste » etc…
Je trouve, si tu me permets l’image, qu’il faudrait
plus « d’harmonisation » (par le haut, selon le principe de faveur) que de «
concurrence » (libre et non faussée) entre ces différentes, respectables et
légitimes sensibilités. Le meilleur moment de notre combat à gauche du Ps fut
sans doute le 10 avril 2004, un improbable samedi de Pâques, où nous
rassemblions tous ensemble 1500 militants à la halle Carpentier à Paris.
Depuis, nous aurions dû faire un seul « comité pour le non » en interne,
comme maintenant en externe… Je ne suis pas seul à penser cela, à rêver de
le réaliser, et pour cela je ne suis ni « isolé » ni « en sous-courant
»…
Je n’en « fais pas qu’à ma tête », chère Françoise, je ne travaille à
rien d’autre ouvertement, avec constance et transparence, (car je n’ai jamais
caché mes idées, tu m’en rendras justice) qu’à constituer ou/et reconstituer une
équipe collective, large, solide pour « ancrer à gauche » le parti sur une ligne
de transformation sociale, au moins comme il y avait dans nos motions de Dijon !
Avec toi, Françoise, avec Arnaud, Vincent, Benoît, Barbara, Paul, Delphine,
Yvette, Christian, et tous et toutes les autres… Quand on a un tel accord
politique, quand il y a de tels enjeux, ce serait dommage de nous faire battre
comme les Curiace, les uns après les autres, par une direction qui ne demande
qu’à nous reprendre morceau par morceau, au lieu de nous unir sur le fond entre
nous au cours d’une bataille qu’on peut gagner et, après, avec des rapports de
force qu’on peut imposer…
Le Ps est aussi à la croisée des chemins avec
un « non » possible, probable, à portée.
Et si ce n’est pas le « non », si le
« oui » remonte, on s’en voudra, n’est-ce pas, de ne pas avoir fait pencher la
balance dans le bon sens, en appuyant au bon moment de toutes nos forces
?
Notre victoire le 29 mai serait un événement formidable,
progressif. Ce serait un échec des sociaux libéraux ». Elle obligerait à un
congrès rapide de réorientation du Ps, et il serait trop dommage que la gauche
du « non » ne s’unisse pas et ne maîtrise pas, en une telle circonstance, aussi
propice, à la fois le programme et son et ses candidats…
Si la gauche du
parti veut réunifier le parti et toute la gauche demain, il faut qu’elle
commence par se réunifier elle-même. Et cela se prépare avant le 29 mai
au soir. Le même mouvement qui nous lie à la possible et nécessaire
victoire du « non » doit nous rapprocher et ne pas nous éloigner, chère
Françoise, j’aimerais tant t’en convaincre de même que tous les autres camarades
de Nps, de Nm, de Fm.
Voilà, chère Françoise, de façon plus détaillée, et
plus politique, sur le fond, ce que je n’ai pu te répondre au téléphone l’autre
jour.
Avec toutes mes amitiés militantes et socialistes,
Gérard Filoche, le lundi 11 avril 2005.
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Démocratie et Socialisme
<p>Bonjour,<p /></p><p>Je ne suis pas militant du PS ou d'ailleurs, mais j'ai lu la lettre de G. Filoche à Françoise Mesnard avec beaucoup d'intérêt. Par-delà le débat "interne" au NPS (si j'ai bien compris), je voudrais dire que c'est grâce à ces quelques hommes et femmes de conviction sincères comme vous, qui ont eu le courage de rompre le silence et certains tabous d'appareils pour communiquer les conclusions de leur formidable et exigent travail de critique publique du TCE, que des milliers de gens de gauche peuvent mettre sur ce qui étaient d'abord des appréhensions inquiètes, du sens et de la conviction, le texte du TCE leur (me) restant largement illisible. Et ce travail-là ne peut que profiter à la démocratie participative. Soyez-en remercié(e-s). <p /></p><span style="FONT-SIZE: 11pt; FONT-FAMILY: "Arial Narrow"; LETTER-SPACING: 0.4pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: Arial; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA">GG</span>