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Pourquoi la campagne pour le "non" socialiste est un exemple de démocratie interne au Parti socialiste.

Par Jacques Généreux • Débat européen • Vendredi 08/04/2005 • 2 commentaires • Version imprimable

Dans une lettre ouverte lumineuse, Gérard Filoche démontre pourquoi le référendum interne au PS favorable au "oui", n'implique en rien le silence de la minorité favorable au "non". La démocratie, c'est le pouvoir exercé par la majorité, pas le silence des minorités. Imposer le silence à la minorité reviendrait à proclamer que la démocratie ne vaut qu'à l'extérieur des partis et non pas à l'intérieur des partis.


Lettre à ma camarade Françoise Mesnard, camarade de Nps de la Rochelle et membre du
bureau national.


Chère Françoise
,

L’autre jour, après mon passage mardi 29 mars, à La Rochelle avec mes amis Marc Dolez et Jacques Généreux pour défendre le « non-socialiste », tu m’as téléphoné pour me dire, d’ailleurs fraternellement, ton désaccord.
J’ai écouté avec attention tes différents arguments, tous respectables et partagés, je le sais, par un certain nombre de camarades, et cela m’a donné envie d’y répondre de façon détaillée.
Le premier en importance est sans doute celui de la démocratie : tu me redis qu’il y a eu un referendum, un vote interne au Ps et qu’on ne peut aller contre…
Cela me pousse à le répéter, car visiblement il y a un refus d’entendre, bien au-delà de toi : je ne vais pas contre le résultat du vote, je respecte la démocratie et la décision majoritaire est aussi respectée. Mais le résultat d’une décision majoritaire c’est que la majorité dirige, pas que les minoritaires se taisent ! Avec 58 % des voix, la direction du Parti socialiste, autour de François Hollande dispose de 100 % des moyens, de la presse, des affiches, des tracts, des locaux, de la communication. Je le répète : 100 % et personne, parmi nous ne le conteste, naturellement.
Je suis un démocrate et je mets même la démocratie au-dessus de tout dans l’action car, elle seule est efficace, dynamique. La démocratie n’est pas seulement un principe, mais une praxis, une méthode d’action indissociable du programme socialiste que nous voulons mettre en œuvre… La démocratie, c’est comme l’oxygène, et on ne doit en manquer nulle part, ni dans une lutte, ni dans un syndicat, ni dans un parti, ni dans un courant, ni dans une majorité, ni dans une minorité… La démocratie, c’est la garantie de la vie citoyenne et sociale, c’est l’aliment civique, c’est la condition des choix, des mobilisations, des victoires sociales… Rien n’est plus important à nos yeux !
Démocratie & socialisme sont indissociables ! Mais justement, la démocratie inclut le droit des minorités, la démocratie, ce n’est pas le « vieux » et inacceptable centralisme « démocratique » bureaucratique !
Il convient de défendre et de réhabiliter la démocratie conte les mauvais clichés du passé.
La démocratie, c’est la loi de la majorité (lorsqu’on a décidé qu’une décision se prenait à la majorité) mais ça n’a rien à voir avec le silence de la minorité.
Notre parti compte 98 000 membres et il a 7 millions d’électeurs socialistes : il se peut, n’est-ce pas, que les 98 000 se trompent et que nos électeurs rectifient. Il n’y a pas de parti d’avant-garde infaillible, autoproclamé, il existe un regroupement délimité de socialistes, certes, mais irrigués par la vie sociale qui nous entoure, dans laquelle nous baignons. Un parti ce n’est pas un vase clos ni fermé : être démocrate, c’est savoir qu’en dernière instance c’est le peuple qui tranche. Et même quand le peuple tranche et se trompe, notre démocratie républicaine prévoit qu’il y a des droits pour « l’opposition », pour les minoritaires du moment. Il y a des allers-retours entre le parti et le peuple, fort heureusement, rien n’est ni ne doit être étanche. C’est fini le temps des staliniens où l’on disait « nul ne peut avoir raison contre son parti ». Nous avons demandé et accepté le referendum interne au Ps et ce fut excellent (mis à part, certainement, des problèmes non négligeables, dans un certain nombre de fédérations, mais nous avons choisi de ne pas les contester). Nous avons reconnu les 58 % et les 58 % sont en action à 100 %.

C’est au nom de la démocratie, et non pas contre elle, mais sans les moyens du parti, sans prétendre représenter le parti, que je m’exprime avec mes amis Marc Dolez et Jacques Généreux ! On a moins de moyens, on se débrouille, on va au-devant de ceux qui le veulent en sachant bien dans quelles conditions nous parlons : sans l’appui du parti ! On explique notre démarche et l’on rappelle honnêtement ce que le Parti a voté… C’est clair et transparent.
Nous ne ferions pas forcément cela sur tout sujet, et par exemple, pas lorsqu’il y a des élections de personnes : les mécanismes démocratiques imposent bien, dans ces cas-là, de soutenir le candidat s’il est démocratiquement désigné par le Parti.
Mais le 29 mai, ce n’est pas une élection de personnes, mais un vote bien particulier, un choix entre deux options existantes dans le parti, dans la gauche, dans les syndicats. Ce qui paraît d’ailleurs légitime à bien des socialistes et même à la majorité de nos électeurs, puisque ceux-ci, d’après six sondages en quinze jours, s’avéreraient être à 59 % pour le « non ». C’est pourquoi des propos qui ont été tenus accusant les minoritaires d’être des « parjures » (Pierre Mauroy contre Marc Dolez) n’ont absolument rien à voir, eux, avec la démocratie, d’ailleurs le terme choisi sent son inquisition et non pas le progrès démocratique.
D’autres camarades Nps répètent « qu’on s’étaient engagés, avant le referendum à en respecter les résultats » : mais ce respect portait sur la décision et ses effets, pas sur le silence des minoritaires après, et cet engagement n’a pas été effectué en réciprocité.
La majorité, d’ailleurs, en d’autres circonstances, n’a pas critiqué des socialistes minoritaires qui s’exprimaient : ce fut le cas, célèbre, public, spectaculaire, de Michel Rocard qui approuva la loi Fillon sur les retraites, alors que notre congrès de Dijon venait de voter en faveur de son abrogation, affirmant qu’il s’agissait d’un « choix de société ». Là, il y avait eu un vote unanime en plein congrès pourtant et Michel Rocard, en plein mouvement social, donna un coup de poignard, seul, à notre engagement devant des millions de grévistes… Il ne fut pas sanctionné, ni même « rappelé à l’ordre » ni « condamné solennellement » et il fut même promu tête de liste aux élections européennes…
Certains camarades de Nps nous ont dit que si nous avions gagné, en interne sur le « non », nous aurions bataillé pour faire taire les partisans du « oui » : mais bien sûr que non, nous ne l’aurions pas fait ! Personne n’aurait pu empêcher d’ailleurs, Dsk ou Elisabeth Guigou, ou Rocard ou Kouchner, entre autres, de parler. Et si nous avions voulu le faire, nous aurions très vite eu tort, nous serions passés pour des « coupeurs de têtes » et nous aurions eu tous les médias contre nous… Imposer le silence sous peine de sanction aux minoritaires est devenu heureusement archaïque et d’ailleurs, ça ne marche pas !
Dolez, Généreux et moi, (et beaucoup d’autres) usons donc bel et bien de la démocratie, tout en étant minoritaires, et si nous avons choisi de faire progressivement
une défense du « non-socialiste », expressément collective et pas solitaire, explicatrice et pas provocatrice, attentive et pas ostentatrice, c’est parce qu’évidemment nous croyons cela indispensable sur le fond. C’est parce que nous sommes dans une situation exceptionnelle avec cette constitution libérale qui nous menace pour 50 ans : ce vote est lourd de sens, « gravissime » et si le « non » l’emporte, ce sera une grande et belle page dans l’histoire de la gauche !
Nous avons constaté que la majorité, autour de François Hollande, a évolué dans ses arguments et approches depuis notre referendum interne de décembre : elle dénonce maintenant, en avril, tout droit à l’existence à un « non-pro européen » et elle va jusqu’à « demander à Jacques Chirac de s’engager » en faveur du « oui », elle ne défend pas l’Europe sociale telle qu’elle avait fait accord dans la campagne européenne du 13 juin 2004, qui nous avait pourtant valu 30 % des voix ! Elle valorise la Constitution à un point tel qu’on n’y retrouve plus les arguments que nous entendions en interne. Enfin, on a constaté que la majorité était allée plus loin que ce que le résultat du referendum lui donnait la légitimité de faire, puisqu’elle a remis en cause des désignations à la proportionnelle pour en revenir à un système majoritaire, écartant les uns, privilégiant les autres, notamment dans la conduite du « projet 2007 « Martine Aubry, Jack Lang, Dsk. La même majorité a donné des signes de recentrage après le vote « oui », en interne et nous pouvons penser et craindre que ces signes ne soient encore plus forts en cas de « oui » en France. Voilà des raisons supplémentaires a notre choix d’engagement actif.
Nous ne croyons pas une seule seconde que le vote de 2005 soit « déconnecté » de celui de 2007. C’est Chirac qui a signé la constitution, c’est Chirac qui convoque le referendum et nous refusons de « dissocier » la constitution et la politique libérale de Chirac, elles vont de pair, elles s’emboîtent. Si nous avons une occasion de sanctionner Chirac en même temps que de repousser un texte dangereux et ultra-libéral, c’est bien le 29 mai. Déjà, en 2003, la majorité des Français a désavoué Chirac dans la rue, en 2004, elle l’a fait dans les urnes, elle peut et doit le refaire le 29 mai 2005. Pourquoi attendre ? Chirac est minoritaire, qu’il se soumette et se démette le plus vite possible sans pouvoir porter d’autres coups à nos acquis sociaux, comme il le fait chaque jour sur les retraites, la Sécu, le Code du travail, les 35 h, les salaires… Si, c’est le « oui », Chirac se vantera d’être légitimé à nouveau, comme après le 21 avril… et ce sont des millions de français qui vont souffrir, ce sera de nouvelles solidarités brisées et cela rendra encore plus difficile une alternative de gauche ensuite…
Mais peut-être, chère Françoise, est-ce sur ce fond politique et pas sur la démocratie que nous avons un désaccord : peut-être ne pensons-nous pas que l’adoption de cette constitution serait un évènement si grand et si mauvais pour l’Europe, la gauche, la France, qu’il faut tout faire pour s’y opposer, y compris conforter activement les 59 % d’électeurs socialistes, qui ne suivent pas l’avis de la direction du parti…
Parce que, bien sûr, c’est là que se joue le sort du referendum, à gauche, et, tu le sais comme moi, dans l’électorat socialiste !
Je ne crois pas qu’il faille se taire, ni même risquer de paraître, certes à tort, neutres ou réservés à l’extérieur. Il ne s’agit plus de 98 000 militants à convaincre mais de 40 millions d’électeurs ! Je ne crois pas qu’on puisse dire devant des centaines de milliers de militants qui agissent, en ce moment, à gauche, partout sur les marchés, sur les estrades, sur internet :
« - Nous avons fait notre travail en interne, on n’a eu que 42 000 voix, on a échoué, de justesse, on s’arrête là, pour des raisons démocratiques (artificielles et qu’on s’applique à nous-mêmes à tort, au demeurant comme écrit plus haut) nous ne pouvons pas faire plus… ».
D’autant qu’en dépit de six sondages favorables, et d’une large avance à 55 %, le résultat n’est, hélas, pas acquis en faveur du « non » : sur les 7 à 8 millions d’électeurs socialistes, il y a de larges interrogations, ils sont partagés comme nous l’étions en interne et le silence d’une partie du « non » les laisse s’interroger sans réponse à la hauteur de leurs légitimes attentes. On leur doit NOS réponses aussi : c’est un morceau de la démocratie !
On ne peut pas non plus se contenter d’espérer, sans agir vigoureusement, attendant un « non » venu d’ailleurs, comme si fatalement la Constitution libérale devait tôt ou tard échouer dans un autre pays. C’est la voix de la France, en disant fièrement « non » qui imposera un débat social sur le futur de l’Europe.
Assurer l’échec de cette calamiteuse constitution libérale exige une action militante forte, MAINTENANT, pas un attentisme, pas un silence trop facile à confondre aux yeux de ceux qui ne sont pas informés ou qui sont malveillants, avec une réserve malvenue ou une neutralité inexplicable.
S’il y a un mouvement du « non », il faut le « colorer socialiste » et il faut en être reconnu !
C’est ainsi : aujourd’hui, c’est la majorité du Ps, de facto qui est minoritaire à gauche. Ne nous ne le reprocherions-nous pas à nous-mêmes si on laissait cette occasion en or s’échapper ? Il y a environ 70 % de la gauche (électeurs socialistes, communistes, verts, extrême gauche, Attac, etc.) pour le « non » et 80 % de syndiqués (Cgt, Fo, Cftc, Fsu, Solidaires, Unef, sont pour le « non » : Unsa et Cfdt sont partagés, tout comme la Cfe-Cgc dont le dirigeant est pour le « non »). ll y a, selon Ipsos, 79,9 % d’ouvriers, 73,5 % d’employés, 69 % d’agriculteurs, 63,5 % de fonctionnaires, pour le « non » , c’est notre camp et ça fait du bien de s’y trouver. Et le « non » monte, aux dernières nouvelles parmi les cadres, les enseignants. Ca ré éclaire le 21 avril et le 5 mai.
C’est comme ça : pour la deuxième fois, le débat de l’automne du Ps rencontre notre peuple au printemps !
Au cœur de la majorité de gauche qui est pour le « non », il est bon et prophétique, utile, courageux, que des socialistes se fassent entendre, ils contribuent non pas à diviser le parti, mais à ne pas l’isoler de la majorité de la gauche. Ils contribuent à préparer un rassemblement de la gauche où le « non » sera majoritaire. Ils ne sont pas seulement utiles mais irremplaçables. Ils contribuent à aider notre parti pour une nouvelle donne de l’après-29 mai. Car pour écrire le projet socialiste 2005, 2006, 2007, il faudra aussi être représentatif de ce « non ». Le rassemblement de la gauche, demain, devra être coloré du « non-socialiste. Ça se joue dedans et dehors et pourquoi évoquer une « norme démocratique » injuste et obsolète, le silence de la minorité, pour désapprouver les socialistes du « non » ? Pourquoi risquer involontairement d’alimenter ceux qui ne rêvent, dans la majorité, que de caporalisme et de sanctions au lieu de fièrement dire que nous agissons tous au nom de la démocratie et non pas contre elle ?
Tu me dis, chère Françoise, que je n’aurais pas dû venir à la Rochelle, parce que les militants Nps sont « contre » mener campagne. Je te crois. Mais je ne l’ai pas constaté, car ils étaient nombreux à notre réunion, de même qu’à Niort. Notre modeste démarche soulage, libère ceux qui sentent instinctivement que nous avons raison sans toutefois utiliser tous les arguments que je suis en train de te donner.
Je suis sûr que dans les 20 régions où nous allons passer en 10 semaines, nous retrouverons une situation comparable. Même si nous ne pouvons engager nos courants respectifs, Nouveau parti socialiste, Nouveau monde, Forces militantes, hélas.
Tu es « contre » ce que je fais, me dis-tu, chère Françoise, en accord avec une majorité de la direction de Nps. Saches que notre démarche s’efforce quand même d’avoir un parfum d’unité de la gauche du Ps telle qu’elle devrait être, selon nous et telle qu’elle a terriblement manqué depuis de trop longs mois.
Tu me dis, Françoise, que je parais « n’en faire qu’à ma tête » au lieu d’être solidaire du collectif Nps. Je t’assure pourtant que je ne demande qu’à être solidaire et immergé dans notre collectif Nps, pas seulement en cette circonstance, mais tout le temps, quand il s’agit de prendre des décisions, de s’exprimer, d’écrire et d’adopter des textes, communiqués et résolutions : je suis à fond pour la démocratie la plus scrupuleuse dans Nps. Je suis pour qu’on s’écoute, et sans être une « fraction », qu’on décide et agisse en commun, au maximum, Pas en « trio » mais en collectif. Et si ce qui se passe, crée une petite différence pratique entre nous, momentanément, je suis pour qu’on la surmonte, qu’on travaille ensemble, et notamment sur le « projet », aujourd’hui, le 4 juin comme prévu, à Paris, et à Fouras, et après…
J’ai d’ailleurs défendu en direction Nps, comme je le pouvais, mon point de vue, comme je le fais ici en te répondant. L’autre jour, tu me l’as rappelé, chère Françoise, que Benoît m’avait dit que j’étais « isolé » dans Nps ; je lui avais répondu qu’à mon avis, ce n’était pas le cas. Car, en effet, je connais au moins 20 à 30 départements où, par motion, par mel, par discussion, par présence et action, les militants Nps sont engagés activement dans le « non ».
Comme moi, il y en a qui sont à Attac, à Copernic, àa la Cgt ou a la Fsu, à l’Unef… etc. Et connus et actifs comme « socialistes ». Et ce que je crois savoir doit être nettement en dessous de la réalité. Sans parler de ceux qui en rêvent mais n’osent pas :
Voilà pourquoi, même sans moyens, le maximum de socialistes, parmi les 42 000 qui ont voté « non », ne peuvent et ne devraient pas éviter, selon nous, de s’engager et de prendre date pour demain. je voudrais d’ailleurs contribuer à les décomplexer. Le « non » est en tête, fonçons, allons-y ! Il ne manquera peut-être que nous si c’est serré ! Ou peut-être pas, car il peut aussi y avoir 60% de « non »… Mais dans tous les cas, il faut en être.
Certains camarades me disent : « Mais oui, nous le faisons, mais en pratique, sans le dire, car on est malins, on ne viole pas la démocratie »
(sous-entendu : la démocratie selon le principe qui forcerait le minoritaire à se taire…).
Je ne crois pas, non plus qu’il faille être « hypocrites » et « le faire sans le dire » car on ne récolte rien de cette façon, on perd sur tous les tableaux : la majorité du parti ne nous sera jamais reconnaissante de notre silence, et la gauche ne comprendra pas que nous ne nous soyons pas mobilisés !
Lorsque j’ai dit que « je n’étais pas isolé », on m’a répondu, avec un sens-dialectique bien connu : « Oui, mais alors, si tu dis que tu n’es pas isolé, c’est que tu fais un sous-courant ». Oh, non, de grâce, par pitié, il y en a bien assez comme cela ! Je veux, je me bats de toutes mes forces pour l’unité Nps, Fm, Nm, et non pas pour re-diviser entre Nouvelle gauche, D&S, Parti pris, C6R, Prs, comités pour le « non socialiste » etc…
Je trouve, si tu me permets l’image, qu’il faudrait plus « d’harmonisation » (par le haut, selon le principe de faveur) que de « concurrence » (libre et non faussée) entre ces différentes, respectables et légitimes sensibilités. Le meilleur moment de notre combat à gauche du Ps fut sans doute le 10 avril 2004, un improbable samedi de Pâques, où nous rassemblions tous ensemble 1500 militants à la halle Carpentier à Paris. Depuis, nous aurions dû faire un seul « comité pour le non » en interne, comme maintenant en externe… Je ne suis pas seul à penser cela, à rêver de le réaliser, et pour cela je ne suis ni « isolé » ni « en sous-courant »…

Je n’en « fais pas qu’à ma tête », chère Françoise, je ne travaille à rien d’autre ouvertement, avec constance et transparence, (car je n’ai jamais caché mes idées, tu m’en rendras justice) qu’à constituer ou/et reconstituer une équipe collective, large, solide pour « ancrer à gauche » le parti sur une ligne de transformation sociale, au moins comme il y avait dans nos motions de Dijon !
Avec toi, Françoise, avec Arnaud, Vincent, Benoît, Barbara, Paul, Delphine, Yvette, Christian, et tous et toutes les autres… Quand on a un tel accord politique, quand il y a de tels enjeux, ce serait dommage de nous faire battre comme les Curiace, les uns après les autres, par une direction qui ne demande qu’à nous reprendre morceau par morceau, au lieu de nous unir sur le fond entre nous au cours d’une bataille qu’on peut gagner et, après, avec des rapports de force qu’on peut imposer…
Le Ps est aussi à la croisée des chemins avec un « non » possible, probable, à portée.
Et si ce n’est pas le « non », si le « oui » remonte, on s’en voudra, n’est-ce pas, de ne pas avoir fait pencher la balance dans le bon sens, en appuyant au bon moment de toutes nos forces ?
Notre victoire le 29 mai serait un événement formidable, progressif. Ce serait un échec des sociaux libéraux ». Elle obligerait à un congrès rapide de réorientation du Ps, et il serait trop dommage que la gauche du « non » ne s’unisse pas et ne maîtrise pas, en une telle circonstance, aussi propice, à la fois le programme et son et ses candidats…
Si la gauche du parti veut réunifier le parti et toute la gauche demain, il faut qu’elle commence par se réunifier elle-même. Et cela se prépare avant le 29 mai au soir. Le même mouvement qui nous lie à la possible et nécessaire victoire du « non » doit nous rapprocher et ne pas nous éloigner, chère Françoise, j’aimerais tant t’en convaincre de même que tous les autres camarades de Nps, de Nm, de Fm.
Voilà, chère Françoise, de façon plus détaillée, et plus politique, sur le fond, ce que je n’ai pu te répondre au téléphone l’autre jour.
Avec toutes mes amitiés militantes et socialistes,

Gérard Filoche, le lundi 11 avril 2005.

Retrouvez les contributions de Gérard Filoche dans
Démocratie et Socialisme

Commentaires

réaction de lecteur de la lettre à F. Mesnard par Grumis le Jeudi 14/04/2005 à 17:48

<p>Bonjour,<p /></p><p>Je ne suis pas militant du PS ou d'ailleurs, mais j'ai lu la lettre de G. Filoche à Françoise Mesnard avec beaucoup d'intérêt. Par-delà le débat "interne" au NPS (si j'ai bien compris), je voudrais dire que c'est grâce à ces quelques hommes et femmes de conviction sincères comme vous, qui ont eu le courage de rompre le silence et certains tabous d'appareils pour communiquer les conclusions de leur formidable et exigent travail de critique publique du TCE, que des milliers de gens de gauche peuvent mettre sur ce qui étaient d'abord des appréhensions inquiètes, du sens et de la conviction, le texte du TCE leur (me) restant largement illisible. Et ce travail-là ne peut que profiter à la démocratie participative. Soyez-en remercié(e-s). <p /></p><span style="FONT-SIZE: 11pt; FONT-FAMILY: "Arial Narrow"; LETTER-SPACING: 0.4pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: Arial; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA">GG</span>


Démocratie interne par yannick le Vendredi 15/04/2005 à 14:01

"le résultat d’une décision majoritaire c’est que la majorité dirige, pas que les minoritaires se taisent"
C'est formidable ça comme raisonnement. Alors si un jour le parti désigne un candidat à la présidentielle qui ne me plait pas, je pourrai faire campagne contre lui ? Pourquoi pas si j'ai des convictions à défendre, je n'aurai pas de raisons de me taire n'est-ce pas ?
Si le fait d'être cadre d'un parti politique crée aussi peu d'obligations vis à vis de ce parti, je me réjouis cette liberté généreuse, de cette démocratie interne pleine et entière



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