Humanistes européens convaincus, anciens opposants à la dictature communiste dans un pays qui s'apprête aujourd'hui à rejoindre l'Europe - la Roumanie -, nous sommes révoltés par l'opacité voire le cynisme des OUIstes de tous bords qui tentent maintenant de récupérer le NON, en s'imaginant que les Français sont des moutons... blancs ou noirs... et qu'il suffit de les instruire mieux pour que les noirs, égarés, rejoignent les blancs, sous la bannière d'un mot magique également agité à droite comme à gauche : "rassemblement"... Ils viennent d'avoir la claque, et ils continuent de penser à la place des Français, en déclarant que ceux-ci veulent ceci ou cela, et notamment, Sarkozy et Villepin, et réconciliation sous Hollande au PS ! Ils s'échangent les chaises entre eux, et appellent cela "changement" ! C'est insultant.
Récupérer la victoire du NON pour faire bouillir la même soupe est insultant, aussi que l'a été toute la campagne du OUI. Et les medias officiels qui continuent ils aussi à nous insulter en nous "expliquant" le vote, comme si nous étions des imbéciles. Non, ce n'est pas que la France rurale, ce n'est pas un simple vote contre Raffarin, ce n'est pas la peur des autres... Tous ces poncifs par lesquels on tente de minimiser, de circonscrire, de limiter ce vote historique pour mieux le juguler, pour en empêcher les véritables conséquences, sont révoltants.
Convaincus que le débat doit continuer, voilà les quelques points inédits que nous avons soulevés, et qui mettent en évidence les moyens de répression qu'ils se préparent :
1/ Dans la partie Déclarations à annexer à l'Acte final, notamment A. Déclarations relatives à des dispositions de la Constitution, au lieu de dispositions contraignantes pour l'application de la Charte fondamentale des droits de l'homme, nous lisons au contraire des restrictions concernant ces fameux droits de la partie II, qui se révèlent ainsi comme une simple croûte de sucre pour donner aux OUIstes des arguments à jeter comme poudre aux yeux des plus naïfs. Notamment sur l'article 2 §2 de la CEDH concernant l'interdiction de la peine de mort, il est dit (p. 170 col. 2) que cette interdiction ne s'applique pas dans les cas suivants - on s'attendait à la rigueur à des restrictions en cas de terrorisme, pédophilie sadique et meurtrière, ou génocide et autre crime contre l'humanité - eh bien non ce n'est pas ces cas-là qui attirent la levée de l'interdiction de la peine de mort, mais : "l'arrestation régulière" - il n'est même pas dit d'une personne armée ! -, y compris d'un évadé : il suffit donc qu'il y ait un mandat d'arrêt contre vous pour que vous soyez susceptible d'être tué par un policier en exercice de fonction ! ; plus fort encore : "pour réprimer, conformément à la loi, une émeute ou une insurrection" - conformément à quelle loi ? celle qu'ils se donnent la liberté de donner après la constitution - car ils se la donent, cette liberté d'émettre des lois, en vertu de la non-séparation du législatif et de l'exécutif qu'ils ont érigé en nouveau principe constitutionnel.... c'est effrayant ; ils nous préparent une dictature comme l'a bien vu Danièle Mitterrand, et envisagent déjà la répression dans le
sang des mouvements sociaux qu'ils pressentent. Faut-il interpréter dans le même sens déjà et indépendamment de toute "constitution européenne", la création par Chirac d'une armée de métier, à savoir, de mercenaires ?
2/ Dans la même partie, juste avant, concernant les articles 1 à 25 du TCE, et notamment "Projet de décision européenne du Conseil relative à la mise en oeuvre de l'article 1.25" (p. 168 col. 2), on lit des conditions impossibles pour la minorité de blocage, en nette contradiction avec la définition de ce concept tant dans l'article concerné lui-même que partout ailleurs dans le TCE - comme pour nullifier complètement tout espoir au débat et à une certaine liberté de choix dans le sein des institutions européennes elles-mêmes : en effet, cette minorité de blocage est définie ici comme exigeant : "a/ au moins 3/4 de la population, ou b/ au moins 3/4 du nombre des Etats membres" - donc, non plus une minorité mais une large majorité - ce qui n'est plus "en application de l'article 1-25 §1 ou §2", comme il est dit ici, mais en nette contradiction avec cet article puisque cet article lui-même définit, en §1, la minorité de blocage comme formée d'"au moins 4 membres du Conseil", et en §2, "la majorité qualifiée à 72% des membres du Conseil", d'où une possible minorité de blocage à 28% (p. 13 col. 2). Conclusion : cf. à ce "projet de décision" - et ils se donnent le droit de pondre à volonté de telles "décisions", qui modifieront a posteriori la constitution comme bon leur semblera, - il n'existera tout simplement pas de possibilité d'opposition, la minorité étant définie comme une majorité ! N'est-ce pas un scandale que de s'arroger a priori le droit à modifier sans aucun contrôle un texte constitutionnel, en falsifiant même les articles de loi qu'on soumet à ratification, et en faisant fi des principes démocratiques et constitutionnels acquis au prix de tant de sacrifices par les générations de l'Europe ? Et de nous demander de dire OUI à cette condamnation a priori de tous nos droits, à cette mascarade de loi, en misant sur notre inattention ? Nous vivons en pleine politique de "législation mouvante" à la Big Brother, de fabrication de textes à plusieurs niveaux, comme dans l'utopie négative dénoncée par Orwell - qui semble s'être déplacée de l'Est à l'Ouest, et l'expérience d'une dictature, récupérée par une autre ! C'est halucinant !
3/ Par leurs traités d'adhésion mêmes, inclus dans les Protocoles Annexés du TCE, les nouveaux Etats membres surtout ceux issus de l'ancien bloc communiste, ont délibéremment poussé leurs populations au chômage, en s'engageant à détruire physiquement une bonne partie de leurs industries les plus fortes - notamment la sidérurgie, pour en diminuer drastiquement la production : c'est le cas de la République Tchèque (Titre II, Art. 47.7, p. 135) et de la Pologne (Titre VIII, Art. 63.7, p. 170). Une exigence cynique de la part des "pays fondateurs" dont la France et l'Allemagne - celle-ci, comme dans une sorte de poussée revancharde tardive -, acceptée avec tout autant de cynisme par les chefs de ces nouveaux Etats membres, au profit conjoint des oligarchies financières, des grands patrons, et sans doute, de la technocratie de la classe politique. Ces traités d'adhésion préparaient déjà des directives à la Bolkestein. Ces dispositions rappellent par ailleurs étrangement les diktats soviétiques dans le cadre du CAER, l'ex-marché commun économico-politique du bloc communiste. Alors, quand ont nous dit que "les Polonais, les Tchèques, les Anglais" etc. sont libéraux et veulent une Europe telle que celle proposée - pour ne pas dire imposée - par le TCE, il s'agit d'arguments non démocratiques et émanant exclusivement d'instances dirigeantes : cela veut dire quoi "les Polonais, les Tchèques, les Anglais" etc. ? Leurs dirigeants, pas eux-mêmes en tant que peuples !
Démasquons cette Europe oligarchique, lançons un large front d'action inter-nationale pour la constitution d'une Union pour l'Europe, comme une alternative à l'Union Européenne, regroupant toutes les forces vives d'un nouveau projet, partout dans les pays signataires et candidats, pour construire une autre Europe que celle des chefs d'état et de la technocratie financière et bancaire. Un mouvement alter-européniste pour une Europe des peuples ! Cher Monsieur Généreux,
Dana Shishmanian
Informaticienne
Ara Shishmanian
Ecrivain et historien des religions
Juste pour signaler une présentation joliment commentée du point n°1 :
http://www.jp-petit.com/Presse/constitution_europeenne_bis.htm