Interview de Jean-Luc MELENCHON
Quel
bilan tirez-vous du Conseil national de samedi ?
Jean-Luc Mélenchon :
Cette réaction ne révèle-t-elle pas aussi une régression dans la culture du
PS ?
La culture du parti socialiste
c'était l'esprit de synthèse interne avec une formidable porosité électoraliste
à la société. On pouvait dire que le parti retomberait toujours sur ses pattes,
parce qu'il était électoraliste. Dans la circonstance, il se contente d'être
bureaucratique. Plutôt que de tenir compte de ce que disent les électeurs
socialistes l'équipe dirigeante ne tient compte que des exigences des barons et
des membres de l'appareil à qui elle doit son pouvoir. Or ceux-là veulent à
tout prix que leur autorité, au sens administratif du terme, ne soit jamais
contestée. Ils veulent pouvoir punir dans les départements ceux qui ont fait la
campagne du non. C'est un retour à une période de déclin connue au temps de
Le congrès annoncé peut-il permettre de sortir de cette situation ?
C'est urgent de le faire.
L'impuissance de la direction du PS, lié au fait qu'elle était dans le mauvais
camp du référendum, lui impose une complicité objective avec le pouvoir de
Jacques Chirac : les uns et les autres sont d'accord pour nier le résultat du
référendum et n'en tenir aucun compte. Cela ne fait qu'aggraver la crise
politique dans laquelle est plongée le pays et la crise démocratique qui le
ronge. La compatibilité des « oui » se prolonge par une compatibilité des stratégies
post résultats. C'est ce cercle de fer qu'il faut rompre.
Comment éviter que cette direction qui conserve un semblant de majorité se
maintienne ?
J'ai les plus grandes craintes sur le
déroulement du congrès. La direction a visiblement l'intention de susciter une
atmosphère de guerre civile pour diaboliser Laurent Fabius et les tenants du «
non ». Quand je vois comment les votes se déroulent depuis quelque temps, on
peut avoir des doutes sur la sincérité des procédures. Comment peut-on espérer
vaincre tout cela ? La première condition est que tous les tenants du « non
» parviennent à proposer ensemble une alternative. C'est décisif. Cette
alternative doit tenir compte de la nature de classe du vote référendaire et
doit être capable d'entraîner des partisans du « oui de gauche » dans une
nouvelle orientation. La motion à déposer devra aussi inclure autant que
possible des socialistes qui ont voté « oui » pour être une motion de
dépassement du passé. Cette motion doit se projeter dans l'avenir et donner à
voir clairement une alternative de direction pour le PS, sinon on retombera
dans un émiettement qui nous a été fatal.
La question des rapports du PS avec les autres formations de gauche est un
autre point de clivage.
La direction du PS fonctionne sur un schéma d'isolement arrogant. Elle dit
: mettons-nous d'abord d'accord entre nous sur la seule ligne possible, la
nôtre ; les autres s'y soumettront ensuite. C'est cette construction politique
qui a débouché sur la gauche plurielle, formule à laquelle François Hollande
continue de s'accrocher, c'est-à-dire un système totalement vide de toute
dynamique. Il faut en changer. Les socialistes ont la chance d'avoir dans leurs
rangs des hommes et des femmes qui ont fait la campagne du non. Il fallait donc
d'abord montrer que le dépassement du « non » et du « oui » se réalisait déjà
au sein du PS. Ce n'est pas la voie qui a été choisie. C'est celle que je
propose en réclamant qu'elle soit suivie d'une véritable stratégie du trait
d'union, c'est-à-dire de construction d'une nouvelle union des gauches sans
exclusive, étant entendu que cela ne signifie pas la domination des uns sur les
autres mais un système dynamique dans lequel chacun influence l'autre.
Propos recueillis par Michel SOUDAIS
DOMMAGE!!!je pensais que le NON aurait permis de relancer une dynamique européenne, mais NON,on ne s'intéresse qu'aux problèmes franco français....Mr mélenchon , avez-vous préparé une contreproposition avec les autres force pour le non proeuropéen de tous les pays d'Europe?
Mais faîtes attention, car si vous réalisez un programme vraiment à gauche, il faudra dire la vérité aux électeurs et pas leur promettre mont et marées car une fois au pouvoir je pense que le son de cloche sera différent et on assitera au retour du réalisme gestionnaire