Gérard Filoche, aujourd’hui marginalisé par la direction de NPS parce qu’il a fait campagne pour le non (notamment avec moi et Marc Dolez dans notre tour de France en trio), rend compte de la bien étrange et inquiétante réunion nationale de NPS, le courant de Vincent Peillon et Arnaud Montebourg. Nous (Nouveau monde) avons appelé, avec Forces Militantes, à l’unité de toute la minorité du PS pour transformer la victoire du « non » dans le pays en victoire du « non » dans le parti. La réponse de NPS est apparemment la suivante : nous resterons seuls jusqu’au bout ! Pourquoi, si ce n’est pour être la force incontournable, le pivot central entre la gauche du parti et les « ouistes » : en clair, le courant avec qui le prochain candidat à la présidentielle devra forcément négocier et à qui il devra donner des gages, quel qu’il soit... quel qu’il soit, c’est-à-dire partisan du « oui » ou du « non ». Si NPS devait persister dans cette posture purement tactique qui passe par pertes et
profit l’immense espérance du peuple de gauche, il condamne à l’échec tout changement de direction et de ligne dans ce parti. Espérons que les militants n’accepteront pas cette posture et feront passer leur rendez-vous avec l’Histoire et le peuple de gauche avant la dérisoire et misérable question de savoir si NPS
restera ou non le courant incontournable dans les marchandages internes au PS. Jacques Généreux.
Compte rendu et
interrogations sur la réunion nationale
de Nps du 12 juin. Par Gérard Filoche.
Environ 600 camarades sont venus de 9 h 30 à 17 h assister à un "forum
national" de Nps à Paris, à
L'ordre du jour de ce forum national vous a été communiqué par mel par
ailleurs, il ne laissait pratiquement aucune place au débat et aux
interventions de la salle...
Après les forums du matin, (un économiste invité nous a comparé les différents
libéralismes...) il y eut deux interventions politiques de Christian Paul et de
Thierry Mandon : ce qui m’a frappé, c’est le peu de temps consacré à l’analyse
de l’immense victoire du non, à ses sources profondes, à ses origines, à sa
dynamique, et à ses suites si lourdes, si durables...sur l’Europe, sur
L’après-midi fut fait d’une “plénière”, nous
eûmes la douloureuse obligation d’entendre le “ouiiste” allemand Stéphane
Colignon : après avoir défendu le oui autant qu’il a pu sur les radios
françaises, en tant qu’ “européen éclairé”, (car il a mis le paquet pour
contribuer à faire perdre le non) il vient nous dire que “le traité est un
mauvais traité puisqu’il a perdu...” Grâce à qui ? A ceux qui ont mis le paquet
contre !
Qui a mouillé sa chemise pour qu’il perde et que le résultat éclaire S.
Colignon ? Il est maintenant pour une Constituante, bravo, mais pas pour nous
refourguer une autre version de la constitution libérale qui a échoué, du moins
j’espère... Il se félicite au passage du “oui” espagnol, hélas, si le
peuple espagnol revotait, éclairé, il voterait peut être différemment, et si le
peuple allemand votait ce serait “non” ! Ca, il ne l’a pas dit !
Ensuite, on a du entendre une
syndicaliste flamande ouiiste... qui au détour de ses phrases laissait
voir sa nostalgie de la défaite de son camp, celui de
Ensuite, Benoit Hamon a parlé de la belle victoire du “non”. Puis Arnaud
Montebourg a fait une très jolie envolée littéraire sur l’histoire et la vie
durable de Nps. Et Vincent Peillon a fait, à son tour, un grand discours
d’autocélébration.
Je ressens une étrange attitude
vis-à-vis de la magnifique victoire du “non” de gauche : comme s’il était
sans conséquence durable, on s’en félicite, mais pas trop, comme s’il fallait
qu’on le dépasse, comme si on était déjà plus loin sans y avoir été, comme si
on cherchait à rabibocher les deux côtés.. du parti arbitrairement séparés à
propos d’une peccadille... Mais ce n’est pas ce qu’a fait Hollande, lui, il a
tiré des conséquences durables ! Il a viré ceux qui avaient eu raison de faire
campagne !
Voulait–on profondément la victoire de
ce “non” ? Bien sûr : elle est magnifique, pleine d’espoir, de force, c’est un
non de gauche pro-européen, social, antilibéral ! Durable ! Personne
n’est prêt d’oublier ce débat gigantesque, formateur, fondateur !
C’est en menant
campagne que ce “non” s’est construit, car la victoire s’est arrachée, voix
après voix, avec les dents, entre autre, dans l’électorat socialiste !
L’argument du “respect de la démocratie
militante” ne tient pas une seule seconde puisque chacun sait que le vote a été
insincère, la preuve en est que dans tous les départements des grandes
fédérations qui ont voté oui à 80 %, les électeurs ont voté non à 80 %...
Pourquoi se vanter de respecter une “démocratie” qui a été le fruit d’une fraude,
et dont on claironne qu’elle ne devra(it) pas se reproduire au prochain
congrès ? Il y a la une contradiction incompréhensible pour des politiques
avertis...
En fait Nps a fait une erreur politique
en ne faisant pas campagne, il fallait en être, la construire, il fallait
être là en dépit du vote interne contestable, et parce que la majorité ne
respectait même pas ses propres positions, parce qu’elle insultait les
“nonistes”, parce qu’elle les comparait à Le Pen, parce qu’elle voyait son
“oui” compatible avec celui de Sarkozy, il y avait mille motifs de raison et de
coeur pour faire partie du combat majoritaire, extraordinaire qu’a mené notre
peuple de gauche, notre peuple socialiste... Pourquoi ne pas le reconnaître ?
Il n’y a pas de mal à “faire de la politique autrement” et à progresser ainsi
!
Arnaud Montebourg écrit dans “Le Journal du Dimanche” de ce jour que “François
Hollande a brisé le parti”... Quel intérêt y a t il à se réclamer du respect
scrupuleux, quasiment sacrificiel, de la démocratie d’un parti “brisé” où le
vote des militants a été truqué et ne correspond pas au vote massif de ses
électeurs ?
J’ai donc été écarté de parole au cours
du Cn du Ps par Nps (disons Vincent Peillon et David Assouline), mon
intervention est quand même parue dans l’Hebdo des socialistes, mais Nps infos
m’a écarté en ne la reproduisant, me censurant donc davantage que la majorité
du parti... Ensuite, j’ai été écarté de
toute intervention ce dimanche, en gros Nps m’a traité comme Hollande a traité
Fabius, en pire, car Fabius était assis à la tribune du Cn et a pu parler,
là, ils m’avaient mis au ban de la réunion de ce jour, sans explication, sans
excuse, sans commentaire, ils ont même donné des explications contradictoires
et embarrassées à des dizaines de camarades qui sont allés leur demander
pourquoi... Il n’y a eu aucune discussion avec moi sur ce point, aujourd’hui,
nul n’a proposé, comme je l’ai espéré, de corriger le tir et de me proposer
d’intervenir...
Ce qui m’a un peu agacé, comme toujours, c’est un petit détail supplémentaire
mesquin, c’est que David Assouline a annoncé à toute la salle, que des
camarades de Nps écrivaient des livres et qu’ils étaient là sur une table et
qu’ils pouvaient les acheter et se les faire dédicacer... Mais les miens n’y
étaient pas, alors que, pour ma part, à chaque fois que j’ai fait une
librairie, je me suis porté sur les épaules les livres de tous les camarades et
pas seulement les miens... Cette exclusion bureaucratique, mesquine, est bien
sûr intolérable, n’a rien à voir avec un nouveau parti socialiste pour lequel
nous militons. D’ailleurs, on ne peut en vouloir aux responsables, ils rasaient
les murs toute la journée. Mais comment et pourquoi s’explique t elle ? Parce
que j’ai fait campagne pour le “non”... Les uns disent (en douce, jamais les
yeux dans les yeux) que ça nuit au courant, les autres que c’était un
désaccord... Et ils me le font payer ainsi...
Mais je réponds que presque tous les
militants Nps ont fait campagne, je peux faire le témoignage de plus de 60
départements où j’ai vu les militants de Nps agir, courageusement se démener,
coller des affiches, distribuer des tracts, être là aux meetings, bien sûr,
venir me dire combien ils regrettaient, PARTOUT, la décision de la direction de
leur courant... C’est aussi pour cela que j’ai ressenti une telle
solidarité, et même une sérénité en dépit de ce déni de droit, il y avait eu au
moins les deux tiers de la salle aujourd’hui qui sont venus me manifester leur
solidarité, leur affection... Et qui sans doute, sont allé parler aux
dirigeants sur ce point (sans parler des mels, des coups de téléphones, et je
dis merci de tout coeur à toutes et tous...). Je me suis réfréné tout ce jour,
je n’ai pas fait de protestation trop vigoureuse, ni d’esclandre, pas de lettre
ouverte, ni d’appel, car, je ne veux, à ce stade, rien d’irrémédiable,
sinon préserver, tant que ce sera possible, une chance prioritaire à l’unité,
et à l’union de toute la gauche du “non” au sein du Ps. Ceci dit je partage les
sentiments de camarades qui se sont dit indignés sans forcément savoir quoi
faire, vu que moi même je ne bougeais pas, pour contrecarrer cette injustice
perçue comme collective.
Ceci dit, cela n’enlève rien au sens politique de la chose : ce barrage de ce
jour est évidemment politique et non personnel, et c’est une nouvelle erreur,
après avoir refusé de faire campagne de traiter ainsi ceux qui l’ont fait. Ca
diminue d’autant plus la crédibilité du discours de Vincent Peillon, car il y a
eu là, un vrai malaise : une demie heure d’auto célébration de Nps, d’assurance
que nous avons raison sur tout, que nous sommes les vrais, les bons, les plus
justes, les plus forts, les incontournables, blablablabla, que nous ne devons
répondre à aucune sirène, ne recevoir de leçons de personne, etc... Mais
qu’est-ce que c’est que cette ligne ? Quel est le but ? Ou va t on ?
A quoi vont servir nos 17 % ?
Car il n’y a pas de place pour des “casques bleus” qui
diraient en interne “paix mes frères” à leurs adversaires sans avoir eux-mêmes
contribué à la suprématie du camp auquel ils appartiennent, ça laisse tout le
monde dubitatif sur l’autorité de ces “arbitres”... Si nous sommes dans le camp
du “non”, soyons lucides ! Si “la
majorité a brisé le parti”, comme l’écrit Arnaud, c’est en refusant la victoire
du “non” après le 29 mai !... Et tant qu’elle la refuse, la bataille du “non”
et du oui” n’est pas derrière nous, elle est prolongée, il faut défendre le
sens du “non” avec toute la gauche mobilisée qui l’a fait gagner...
D’où la nécessaire unité du camp du “non” au sein même du
Ps.
A quoi servent 17 % dans un tel cas de figure ?
Nouveau Monde et Forces
militantes nous proposent une motion commune, c’est dans la presse... On se
réunit et on n’y répond pas...??? Pas un seul mot en une journée ?
J’ai un camarade qui me dit, en sortant, “mais on va faire l’unité... plus
tard...” Mais si c’était vrai, il faudrait l’annoncer, la préparer dire comment
et pourquoi... Ca ne se fait pas dans des coulisses de congrès dans le dos des
militants, c’est maintenant qu’il faut un signe dedans et dehors pour tous ceux
qui sont joyeux, mobilisés, dopés par le grand combat populaire qui a fait
gagner le “non” le 29 mai...
J’ai bien entendu, en me frottant les oreilles : l’énormité : “le seul
vote utile sera le vote Nps” (on n’a même pas commencé à discuter d’une
contribution, encore moins d’une motion, on n’a pas répondu à ceux qui nous
proposent d’en faire en commun... et “le seul vote utile sera le vote Nps ?” )
On n’a pas dit, au passage, aujourd’hui, si on abrogera
les mesures de la droite ? Abrogera t on la loi Fillon sur les retraites pour
en revenir à une retraite à 60 ans pour tous à taux plein, comme on l’a promis
à l’unanimité au congrès de Dijon ? Abrogera t on la loi Douste Blazy sur
Dans “le projet-diagnostic” que Nps a déposé, sans débat interne, (on étaient
bien les seuls en mars 2005 à considérer que cela urgeait), on ne parlait ni de
la guerre d’Irak, ni de Bush, ni des 1000 milliards de dollars d’armement, on
parlait de climat, d’énergie, de démographie, mais pas des retraites, ni de
Si on suit la ligne de Vincent Peillon,
on refuse une unité dynamique du “non”, on retranche nos 17 % du jeu, et on
laisse gagner le camp du “oui”... Y’aura pas photo !
Si c’est cela qu’on le dise ! Faisons parler d’autres syndicalistes
de
Il n’y a qu’une façon de gagner ce
congrès, c’est d’abord de rassembler le camp du non, puis à partir de cette
dynamique, de convaincre une partie du camp du oui, lequel ne demande que
cela puisque les électeurs ont tranché en ce sens, puisque le vote du 1er
décembre n’était pas sincère... On ne gagne jamais en commençant par diviser
son camp et en croyant qu’on va convaincre le camp adverse : d’ailleurs,
il y avait pas mal de phrases des orateurs qui laissaient entrevoir qu’ils
croyaient ce congrès perdu... Alors on anticipe la défaite et on garde 17 %
pour les négocier ? Mais à qui ? La politique nouvelle ce n’est pas cela
!
Si dedans et dehors, on voit, au contraire, on voit se construire une alliance
allant de Montebourg à Emmanuelli et nous tous inclus, nouvelle et collective,
sans exclusive, bien sur, sur un programme de transformation sociale
alternatif, cela sera perçu comme un événement, une avancée, comme une victoire
confirmant le “non” !...
Ce sera un immense espoir dans la base populaire du “non”
qui nous observe, qui nous attend,qui ne désire que cela..
Et cela attirera une partie du “oui” socialiste confronté aux raisons de sa
défaite, puis
confronté aux conditions douteuses de sa première victoire, et aux
exigences de rassembler la gauche pour gagner en 2007...
Beaucoup d’élus vont réfléchir sur leur avenir en regardant
les votes de leur circonscription...
Et pour gagner en 2007 (ou avant, car tout cela peut se précipiter), il faut
unifier la gauche autour du “non” et évidemment pour un candidat du “non”...
pas pour un candidat du “oui” ! ..
Pour avoir prise sur ce candidat du “non”, pour imposer une candidature de
transformation sociale, d’alternative, il faut une gauche du Parti socialiste
forte et unie...
Quel sens cela a-t-il, sinon, dans ces conditions aujourd’hui, de nous auto-célèbrer
?
Là où il faudrait l’unité le plus vite possible, à quoi ça sert de redire que
nous étions les meilleurs ?
Vit-on comme une secte sans regarder autour de nous ?
Croit-on un seul instant que ca va marcher ?
L’idée de l’autonomie, du pivot va se transformer en girouette !
Ce serait une déroute totale, et Nps perdrait morceau par
morceau, semaine après semaine dans les quatre mois à venir... Il y avait, cet
après-midi d’immenses interrogations dans la salle, au fur et à mesure que se
déroulaient les discours et que les militants voyaient l’unité s’éloigner,
évanescente, qu’ils ne voyaient aucune réponse concrète venir...
En sortant, ce soir, des camarades s’interrogeaient et il y avait de quoi : si
on fige 17 %, si on enlève 17 % de l’énergie du combat pour défendre le “non”
et son sens, par simple soustraction, on redonne le parti à François
Hollande, (qui se déchirera avec Strauss-Kahn): , est-ce cela que veut “Nps le
pivot” ? “Le seul vote utile sera le vote Nps” ?
En guise
d’indépendance, on aura perdu, et il ne restera plus qu’ à vendre le solde dans
une nuit de congrès, sans avoir menée une bataille claire, populaire, comprise
de toute la gauche, et avec les militants...
Je résume : l’autonomie de Nps est une aventure catastrophique, décevante pour
ceux qui ont gagné le non, décevante pour les socialistes, décevante pour la
gauche qui nous regarde !
Je vous propose au contraire l’unité de la gauche, l’unité des socialistes
autour du message du peuple du 29 mai et l’unité de la gauche des socialistes
pour répondre aux aspirations tant de fois déçues du peuple de gauche.
Je demande à tous les camarades de bien réfléchir, il est
bien sûr, encore temps, nous avons une responsabilité historique, sur Nos
épaules, car une telle occasion ne se présentera pas
souvent !
L’expérience est la chose qui se partage le moins. Mais Nps ne devrait pas
faire une telle erreur après avoir porté tant d’espoir. Après le 21 avril, le
29 mai confie une mission à ceux qui ont créé Nps, j’en suis, je n’agis pas,
comme dit Thierry Mandon, contre mes craintes, mais pour faire avancer vraiment
ce qui est souhaitable tant que c’est encore possible.
Gérard Filoche,
dimanche 12 juin, 21 h
Vous nous devez l'unité.
Sinon nous ne vous le pardonnerons jamais.
Car ce "non" est d'abord une victoire des citoyens avant d'être la votre.