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APPEL A L’UNITE DES SOCIALISTES POUR RENDRE L’ESPERANCE AU PEUPLE DE GAUCHE

Par Jacques Généreux • Débat européen • Lundi 20/06/2005 • 19 commentaires • Version imprimable

Appel lancé par Henri Emmanuelli (Nouveau monde), Marc Dolez (Forces militantes) Jean-Pierre Masseret (Motion A, courant majoritaire du PS), Gérard Filcohe (NPS) et quelques autres dont J.G...

Le 29 mai, malgré le rouleau compresseur médiatico-politique mis en oeuvre par la pensée dominante, le NON l’a emporté et l’expression du suffrage universel est sans ambiguïté. Le NON est clairement un vote de gauche et principalement celui des électeurs socialistes. Les gros bataillons du OUI, n’en déplaise à la direction nationale du PS, sont constitués par l’électorat de droite.

Les électeurs de gauche, dans leur majorité n'ont pas voté contre l'Europe. Ils ont condamné son orientation libérale, ses déficiences graves sur le plan démocratique et social et sa faiblesse politique. Ils ont aussi condamné à posteriori un élargissement réalisé dans la précipitation sans les moyens ni les garanties minimum nécessaires. Ils ne supportent plus de voir qualifiées de réformes les régressions économiques et sociales auxquelles les condamne la mondialisation financière. Ils refusent que l’on remette en cause le modèle social européen au nom de la faiblesse de la croissance dont la politique monétaire dogmatique menée par la Banque centrale est la principale responsable. Ils veulent une Europe forte, dynamique et protectrice : on ne leur offre que la perspective d'une zone de libre échange invertébrée, livrée au principe de la « concurrence non faussée » c’est-à-dire au dumping économique et social. Ils souhaitent une Europe dynamique et volontariste : on ne leur offre que le spectacle affligeant d'une discussion budgétaire de bazar.

Ce que nous disions, les opinions publiques en ont pris conscience : le libéralisme a montré son incompatibilité avec toute politique sociale. C'est ce que ne nous pardonnent pas ceux qui ont transformé la cause européenne en instrument de libéralisation forcée.

La victoire du NON résonne comme une superbe victoire politique. Nous devons le dire et le répéter. Interdire qu'on dénature ou méprise l’expression du peuple souverain. Notre devoir est d’offrir un débouché à cette victoire. Pour le socialisme, pour la France et l’Europe.

 

Porter l’espérance du 29 mai en Europe.

 

La social-démocratie doit relever le défi de la construction d'une Europe politique, démocratique et sociale. Le projet constitutionnel a eu le mérite - même si ce n'était pas précisément l'objectif de ses concepteurs - de permettre aux opinions publiques de faire irruption dans le débat. Celui-ci ne doit pas s'arrêter. Il appartient à tous les progressistes de s'en saisir et de le faire vivre et grandir. Pour notre part, nous travaillons à l'élaboration d'un manifeste que nous soumettrons à d'autres socialistes européens désireux comme nous de rénover la social-démocratie. Nous organiserons un colloque européen susceptible de rassembler, notamment dans le PSE, toutes celles et ceux qui veulent élaborer un projet socialiste pour l'Europe. C’est dans la confrontation démocratique contre le projet libéral que l'Europe politique parviendra à se structurer et à se donner des institutions. Nous allons y prendre part avec détermination.

 

Porter l’espérance du 29 mai dans le pays.

 

Nous devons offrir une perspective au formidable élan citoyen du 29 Mai. Il nous faut avoir l’ambition d'y puiser de nouvelles forces. Dans le parti, tout d’abord, il faut que celles et ceux qui manifestent l'intention de nous rejoindre en aient la possibilité. Si le parti le refuse, ce qui semble être le cas au regard du verrouillage des dates d'adhésion, il nous reviendra d’organiser les passerelles nécessaires. Autour du parti ensuite, en appelant inlassablement au rassemblement de toute la gauche. Condition nécessaire de la victoire, il doit être proposé par une démarche conquérante, dynamique et largement ouverte. Tous les partis et formations qui le souhaitent doivent pouvoir être associés à l'élaboration d'un contrat de législature négocié sur la base de leurs propositions respectives. Tous les citoyens qui se sentent concernés devraient pouvoir être associés démocratiquement, à la sélection de celle ou de celui qui portera les couleurs de la gauche le moment venu. Nous ferons des propositions précises en ce sens.

 

Porter l’espérance du 29 mai dans notre parti.

Nous devons incarner avec force et fierté au sein du PS ce NON de gauche pour lequel nous avons tant milité. Ayant dit que le oui au TCE était une erreur historique de la Social-démocratie, nous ne pouvons accepter que son rejet soit présenté comme « la somme de toutes les peurs » ou encore comme une « balle perdue de la colère ». Porter les craintes et les espérances du peuple de gauche n'est pas faire preuve de suivisme envers le Suffrage Universel, c'est rester fidèle à notre histoire, imaginer collectivement un avenir conforme à nos valeurs de liberté, de justice, de dignité et de progrès. C’est opposer une alternative à un système conservateur hérité du XIX siècle. Défendre l'emploi, les salaires, les conditions de travail, l'insertion sociale par le travail, les systèmes de protection sociale, les services publics, l'égalité, la laïcité, la recherche sans tabous, la souveraineté populaire face aux dérives oligarchiques, tout cela constitue notre vocation et notre utilité politique. Nous ne confondons pas le dumping social, organisé par la mondialisation libérale, qui oppose les salariés entre eux pour accroître les profits, avec l'internationalisme, qui est la solidarité des exploités contre le système. Nous refusons que « le modèle social », déjà si malmené, soit le bouc émissaire de l'échec des politiques monétaristes et libérales qui assèchent les fonds publics pour les convertir en profits privés. Ce refus doit nous mener à un affrontement sans concessions avec la droite, qui s'apprête à réinventer le contrat journalier et à casser le droit du travail sans vote à l'Assemblée Nationale.

 

Installer l’espérance du 29 mai au cœur du projet socialiste.

 

On veut nous imposer un congrès portes et fenêtres fermées: nous devons répondre à ce défi médiocre en refusant les misérables combinaisons d'appareils et les calculs personnels. Il faut au contraire laisser entrer le souffle puissant des aspirations du peuple de gauche dans le parti d'Epinay aujourd'hui prisonnier de ses propres erreurs. C'est pourquoi nous demandons que ce congrès ne soit pas imposé dans la précipitation mais qu'il se déroule dans une période compatible avec un vrai débat permettant de dépasser, dans la dignité, la fracture actuelle. C'est dans cet état d'esprit que nous appelons au rassemblement sans exclusive d'une nouvelle majorité progressiste offrant une alternative claire au social-libéralisme qui a de plus en plus de mal à dissimuler sa conversion au libéralisme. C'est ce qu'attend de nous l'électorat de gauche en général et le nôtre en particulier. Nul n'ignore les contraintes de la gestion, cependant elles ne doivent ni justifier l'ambiguïté des objectifs, ni cantonner l'espérance qu’il nous appartient d’incarner. Nous ne pouvons nous contenter d’attendre une alternance qui serait fondée sur la désillusion ou le discrédit de la droite.

Pour un congrès d’espérance, l’unité des différentes minorités socialistes qui ont mené le combat dès l’origine pour le NON (Nouveau Parti Socialiste, Forces Militantes, Nouveau Monde) est nécessaire et dynamisante. Pas d’exclusive, cette unité doit se construire avec tous, au-delà des diverses contributions, pour une motion commune. Le temps nous est compté et il importe de se rencontrer, d’annoncer l’objectif puis de le bâtir d’ici à la date du dépôt de la motion. Dans ce but une grande rencontre nationale sous forme d’une Université de rentrée les 9, 10 et 11 septembre sera convoquée et organisée collectivement par toutes celles et ceux qui s’engageront dans ce processus unitaire.

Unité est le maître mot : unité de la gauche, unité de tous les socialistes contre les libéraux, pour rénover le parti, le replacer au cœur du peuple de gauche.

Premiers signataires :

AMIRSHAHI Pouria, ASSANTE Vincent, ASSOULINE; Daniel, BAYOL Philippe, BERTHIOT Gérard, BOBENRIETH-DEL Nadine, BOILLETOT Françoise, CASTEX Françoise, CAUSSE Christiane, Jean-Jacques CHAVIGNE, CHERKI Pascal, CROMBECQUE Yann, CUTURELLO Paul, DELPEYRAT Stéphane, FLEURY Jacques, GAUCHE Marc, GENEREUX Jacques, GUERARD Jean, GUILLERM Ariane, HOANG-NGOC Lîem, HOUSSIN Sylvie, JARNAC Janine, LABAZEE Georges, LAGRAVE Renaud, LASCOMBES Pierre, LOMBARDI Caroline, MARTEL Georges, MARTIN Isabelle, MARTIN-CORDERY Florence, MYARA Jaïm, PEIRO Germinal, RODRIGUEZ Salvador, THOMAS Isabelle, THOUZEAU Eric, TOUCHEFEU Catherine, VERGNIER Michel, VIGUIER Thibaud, WORTHAM Geneviève.

Commentaires

par Annie le Lundi 20/06/2005 à 08:12

Samedi (18/06) c'était magnifique. De quoi pleurer. Tous les espoirs permis, mais ??? ces espoirs vont-ils être encore, pour la nième fois depuis 83, encore déçus : c'est pourquoi de quoi pleurer, car on ne peut plus se permettre une déception de plus. L'après-midi ce n'était plus une table ronde, mais un meeting de l'unité du non de gauche dans le parti. Ovation des 3, claque des mains au rythme d'"UNITE!"

Rien sur les médias, 1/4 de seconde sur la 2, après le reportage du nonVerts qui se faisait huer ! Et pourtant ils étaient là, ils filmaient...pour leurs archives? Nous avions LCI, la 2, l'Assemblée, et aussi France-Inter, France-Culture.

Pas de visibilité de la gauche du PS. Internet va-t-il nous permettre de communiquer, comme durant cette campagne ?

Les trois courants NPS, NM, FM du Vaucluse ont signé un appel à l'unité, en donnant d'abord l'exemple chez eux. (lire sur mon site).





Re: par sanachie le Lundi 20/06/2005 à 13:33

Ca n'intéresse peut-être pas grand monde que les divers "non" du PS se réunissent ...
Franchement, arrêtez de vous sentir exclus et persécutés. C'est juste que ça n'a aucun intérêt pour un week-end avec du sport, le budget européen dans l'impasse, les élections en Iran ...


Mobiliser le non contre l'ultra-libéral Sarkozy. par Morico le Lundi 20/06/2005 à 17:57

Mobiliser le non de gauche populaire ou laisser passer le rentier ultra-libéral Sarkozy?

Chaque militant socialiste est devant un choix majeur: faut-il désespérer une grande partie des classes populaires et moyennes qui ont voté majoritairement non en donnant son aval au choix sectaire d'une direction ouiste homogène ou faut-il redonner espoir au "peuple de gauche" en faisant le choix de l'unité de la gauche et des socialistes?

La majorité des socialistes sait que, s'ils écoutent les media ouistes et sarkozystes plus ou moins déclarés, en choisissant une direction ouiste homogène ils avaliseront une erreur majeure, comme en avril 2002 où les 95 % d'éditorialistes ouistes n'ont rien dit sur le danger Le Pen et comme le premier décembre 2004 où les mêmes conseillaient aux socialistes de dire oui...

Les sondages sur les "présidentiables " de gauche sont encore plus bidon que les sondages préélectoraux éloignés des élections. Il faut donc raisonner logiquement et non sous l'influence de la propagande sarkozyste. Seul un candidat de gauche noniste peut espérer mobiliser la grande majorité du peuple de gauche qui a voté aux deux tiers non.

Déjà dans beaucoup des 84 départements où le non a été majoritaire, on observe un recentrage de raison de beaucoup de nos camarades ouistes vers leur électorat populaire noniste qui passe par une large alliance avec les socialistes du non et le refus d'un repli sectaire ouiste.
Le maintien de la ligne sectaire ouiste serait une catastrophe pour notre parti et notre pays en ouvrant un boulevard à Sarkozy le chef du parti de la rente financière ultralibérale, ainsi qu'à Le Pen le chef de la rente ultra-nationaliste et raciste .
Oui au peuple de gauche et donc non à Neuilly Sarkozy et à Le Pen la haine.


ça nous intéresse ! par A.M. le Mardi 21/06/2005 à 12:52

ça intéresse au premier chef tout un électorat de gauche qui croyez moi ne votera ni Hollande, ni Strauss-Kahn, ni Jospin au premier tour de la présidentielle 2007.
Nous sommes en phase d'observation, et prêts à adhérer à une véritable dynamique de rénovation, mais pas à jouer les béni oui-oui dans un parti où les minorités sont muselées.


Re: ça nous intéresse ! par sanachie le Mardi 21/06/2005 à 13:19

Alors appretez vous à voter Chirac ou Sarkozy au 2ème tour ...


Re: Re: ça nous intéresse ! par A.M. le Mardi 21/06/2005 à 15:52

Stratégie d'intimidation et de culpabilisation qui a fait ses preuves...Stratégie du pire, fondée sur le "il faut oser dire qu'il n'y a pas de vraie alternative". Conformisme intellectuel, aveuglement politique.
Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.


Re: Re: Re: ça nous intéresse ! par sanachie le Mardi 21/06/2005 à 16:59

Stratégie d'intimidation et de culpabilisation qui a fait ses preuves...Stratégie du pire, fondée sur le "il faut oser dire qu'il n'y a pas de vraie alternative".
ou simplement absence de culture de négociation.

Conformisme intellectuel
qu'est ce que cela ?

, aveuglement politique.
Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Je ne vous le fais pas dire.

Perso, je n'ai pas voté Jospin en 2002 (mauvaise digestion du traité de Nice), et je le regrette car malgré ce qu'on peut lire ici ou là sur ce forum, la droite et la gauche (même les "socio-traitres") ce n'est vraiment pas la même chose. La faute en incombe autant aux dirigeants du PS qui n'ont pas su négocier et s'entendre avec leur gauche, qu'aux électeurs (dont je suis) qui n'ont pas compris l'enjeu d'un premier tour.
Je pense donc désormais qu'il faut que la gauche se présente unie au premier tour quitte à organiser une primaire.


Re: Re: Re: Re: ça nous intéresse ! par A. M. le Mercredi 22/06/2005 à 09:56

A propos de "culture de négociation", j'avais vu il y a une dizaine d'années un excellent petit documentaire, Les médiateurs du Pacifique, sur la politique d'apaisement menée en Nouvelle-Calédonie par Rocard après la dramatique affaire d'Ouvéa. Il en ressortait clairement les principes suivants :
-après un échec, on choisit des hommes neufs et non décrédibilisés aux yeux de l'opinion pour reprendre autrement les négociations
-ces hommes devront faire la preuve, immédiatement, d'une grande capacité d'écoute authentifiée aussitôt par des gestes symboliques
-ils ne préjugeront pas des décisions finales
Ces principes de bon sens sont bafoués dans vos réactions, ce qui n'a guère d'importance peut-être, et surtout par la direction actuelle du PS.

Quant au conformisme intellectuel, il consiste à adhérer à des schémas de pensée préfabriqués qui au fil du temps apparaissent de plus en plus déconnectés de la réalité.

Exemple : brandir l'avantageux concept de "culture de négociation" sans réfléchir aux exigences qui lui sont intrinsèquement liées, c'est du conformisme intellectuel.



Re: Re: Re: Re: Re: ça nous intéresse ! par sanachie le Mercredi 22/06/2005 à 10:24

Tout a fait d'accord.
Seul hic, la gauche du "non" ne reconnait pas la gauche du "oui" comme "de gauche" amis seulement "du oui".
Je ne vois pas bien qui faire la synthèse sans apaisement ...
Je ne défend pas plus un camp que l'autre alors que sur ce forum vous ne défendez que le camp du "non". C'est pas trop génial pour y voir clair et faire naitre de nouvelles idées.


par Jean Caisse le Lundi 20/06/2005 à 22:21

<p>Mr Généreux,</p><p>Je partage votre analyse sur les raisons d'espèrer même s'il m'apparait évident que la gauche est entrée dans une période de transition. Son principal problème, que ce soit la gauche européenne ou française, c'est que sa stratégie de transformation du monde, mise au point au XIXe siècle, ne vaut plus rien, ce qui l'affaiblit, la prive des moyens d'agir et la plonge dans un profond désarroi. <br />Et pourtant nous sommes entrés dans une phase de transition et une réelle prespective de changement, un changement fondamental qui pourrait être progressif. Cela implique une stratégie de la gauche dans les dix ou vingt ans à venir.<br /><br />La première chose à dire, c'est que la démocratisation du monde dont témoigne la pression populaire est un atout considérable.<br />Je ne crois pas que l'offensive générale du libéralisme et la prétendue mondialisation aient limité nos possibilités d'action. Car, d'une part il s'agit d'un battage publicitaire qui ne résistera pas à la déflation qui s'annonce; d'autre part, cette offensive va susciter, a déjà suscité son contre-poison.<br /><br />Vous connaissez la réponse du capital à cette réalité, elle tient dans ce slogan: il n'existe pas d'autre choix possible. Là encore rien de neuf. Ne perdons donc pas de vue que nous vivons une ère de transition entre notre système-monde actuel et un système entièrement différent. Cela implique plusieurs choses. Nous ne devons pas nous laisser séduire par le discours sur la mondialisation et l'absence d'alternative. Non seulement il existe des termes alternatifs, mais le seul qui soit impossible, c'est de conserver nos structures actuelles.<br /><br />Enfin pour terminer, le probléme clé n'est pas l'organisation, si importante soit-elle. Le problème clé est la lucidité. Les forces qui veulent transformer le système pour que rien ne change, pour que le nouveau système soit aussi hiérarchisé et polarisé que l'ancien, voire plus, ne manquent ni d'argent, ni d'énergie, ni d'intelligence.<br /><br />Dans l'incertitude inhérente, la seule stratégie plausible pour la gauche, c'est de continuer à poursuivre diligemment et intelligemment ses objectifs fondamentaux- la mise en place d'une Europe relativement démocratique, relativement égalitaire. Une telle Europe est possible. Il n'est pas absolument certain qu'il adviendra. Mais ce n'est pas non plus impossible. <br /></p>


Problème-clé est la lucidité par Jean Caisse le Lundi 20/06/2005 à 22:23

Mr Généreux,

Je partage votre analyse sur les raisons d'espèrer même s'il m'apparait évident que la gauche est entrée dans une période de transition. Son principal problème, que ce soit la gauche européenne ou française, c'est que sa stratégie de transformation du monde, mise au point au XIXe siècle, ne vaut plus rien, ce qui l'affaiblit, la prive des moyens d'agir et la plonge dans un profond désarroi.
Et pourtant nous sommes entrés dans une phase de transition et une réelle prespective de changement, un changement fondamental qui pourrait être progressif. Cela implique une stratégie de la gauche dans les dix ou vingt ans à venir.

La première chose à dire, c'est que la démocratisation du monde dont témoigne la pression populaire est un atout considérable.
Je ne crois pas que l'offensive générale du libéralisme et la prétendue mondialisation aient limité nos possibilités d'action. Car, d'une part il s'agit d'un battage publicitaire qui ne résistera pas à la déflation qui s'annonce; d'autre part, cette offensive va susciter, a déjà suscité son contre-poison.

Vous connaissez la réponse du capital à cette réalité, elle tient dans ce slogan: il n'existe pas d'autre choix possible. Là encore rien de neuf. Ne perdons donc pas de vue que nous vivons une ère de transition entre notre système-monde actuel et un système entièrement différent. Cela implique plusieurs choses. Nous ne devons pas nous laisser séduire par le discours sur la mondialisation et l'absence d'alternative. Non seulement il existe des termes alternatifs, mais le seul qui soit impossible, c'est de conserver nos structures actuelles.

Enfin pour terminer, le probléme clé n'est pas l'organisation, si importante soit-elle. Le problème clé est la lucidité. Les forces qui veulent transformer le système pour que rien ne change, pour que le nouveau système soit aussi hiérarchisé et polarisé que l'ancien, voire plus, ne manquent ni d'argent, ni d'énergie, ni d'intelligence.

Dans l'incertitude inhérente, la seule stratégie plausible pour la gauche, c'est de continuer à poursuivre diligemment et intelligemment ses objectifs fondamentaux- la mise en place d'une Europe relativement démocratique, relativement égalitaire. Une telle Europe est possible. Il n'est pas absolument certain qu'il adviendra. Mais ce n'est pas non plus impossible.


Re: Problème-clé est la lucidité par Annie le Mardi 21/06/2005 à 08:51

D'abord, quand on click sur votre nom, étonnement, vous nous envoyez sur wanadoo.fr. Faites-vous de la pub????
Sur votre analyse que "la stratégie mise au point au XIXè ne vaut plus rien" je suis en total désaccord.
Déjà au XIXè, il existait plusieurs stratégies. Donc de laquelle parlez-vous?
Celle à laquelle je me réfère, à bien évidemment évoluée avec l'organisation de la société, mais nous avons des bases d'analyse que Marx nous a légué. En effet nous sommes toujours en capitalisme ! Ses définitions de la plus-value, la force de travail, la monnaie, etc...sont toujours d'actualité. Nous ne sommes pas en "désarroi" de ce fait donc, mais plutôt pour des raisons équivalentes à celles qu'on trouvait également fin du XIXè : le socialisme partagée en deux. Marx les dénommait les "socio-traitres". Nous essayons d'être les autres ! Comment peut-on nous nommer ? Les "fidèles"? Toute l'Histoire du Socialisme est traversée par ces deux courants.
Quand aux 20 ans dont vous parlez, en ayant déjà + de 20 derrière nous (1983, ouverture de la parenthèse libérale), j'espère bien que nous n'en avons pas pour 20 de plus ! Le Peuple français et européen pourrait bien se lasser. Et quand le Peuple se lasse, il adopte deux stratégies : la violence ou le retournement. Actuellement, la violence pourrait se traduire par des grèves durent à la rentrée. Nous ne sommes pas encore au retournement. Pour celà il faudrait qu'il n'ait plus aucune vision de l'avenir. Ce n'est pas encore le cas actuellement. Attendons 2007, et gardons espoir.


Re: Problème-clé est la lucidité par Jean Caisse le Mercredi 22/06/2005 à 23:12

Sans doute n'ai-je pas la même lecture que vous de l'histoire, et notamment en ce qui concerne la stratégie élaborée par la gauche au XIXe siècle. En effet, elle avait comme clé de voûte, le concept des deux étapes: d'abord prendre le pouvoir, puis transformer le monde. Cette façon de procéder paraissait logiquedans la mesure ou contrôler l'appareil d'Etat était le seul moyen de vaincre le pouvoir économique et culturel des couches privilégiées et la seule façon de procéder pour que de nouveaux types d'institutions soient mis en place et protégés des contre-attaques. Toute autre voie vers le changement social paraîssait utopique, au mauvais sens du terme, et ce point de vue semble confirmé par le fait que diverses autres options ont été tentées, sévèrement réprimées et finalement abandonnées. La stratégie en deux temps apparaissait donc comme la seule tactique efficace. Et pourtant, elle a échoué.

Rétrospectivement, nous savons pourquoi: une fois, la première étape franchie et elle l'a été dans un grand nombre de pays dont le nôtre, le nouveau régime ne réussissait pas à franchir la seconde. C'est ce qui a provoqué tant de désillusions vis-à-vis de la Vieille gauche. Mais pourquoi cette incapacité à réaliser la seconde étape? On n'a longtemps prétendu que, si un régime donné ne transformait pas le monde comme il l'avait promis, c'est que ces leaders avaient "trahi" la cause et renoncé à leurs principes. L'idée que les dirigeants  trahissent, tout comme l'idée que les masses soient faussement conscientes, m'a toujours paru stériles en terme d'analyse et improductives en terme politiques. Certes, il y a des dirigeants qui placent leurs ambitions personnelles au-dessus de leurs principes, de même que certaines personnes ne croient pas aux principes adoptés par un grand nombre (ou la majorité de leurs semblables). Mais pourquoi ces gens-là l'emportent-ils ? Voilà la question.

Le problème essentiel n'est pas éthique ou psychologique, mais structurel. Dans un système-monde capitaliste, les Etats ont beaucoup de pouvoir, mais ils ne sont pas tout-puissants Aucun régime ne peut faire exactement ce qu'il veut et se maintenir en place. Les gouvernements sont même assez fortement contraints par toute sorte d'institutions et en particulier interétatique. C'est une réalité structurelle à laquelle, la gauche mondiale, européenne, française, une fois arriver au pouvoir, se sont heurtés les uns après les autres. Comme des arbres dans la tempête, ils ne pouvaient que plier ou casser. Aucun n'est resté debout; aucun n'aurait pu rester debout. Et, à divers égards, il était dangereusement naif d'imaginer que c'était possible.

Toujours est-il que la gauche avait pris une position qu'elle dut assumer. Si bien qu'aujourd'hui, ne vous en déplaisent, elle se trouve en grande difficulté. Mais une fois de plus, il faut tenir compte du contexte. Les erreurs de la gauche, l'échec de sa stratégie étaient des conséquences presque inévitables des manoeuvres du sytème capitaliste contre lequel elle se battait. Et le constat de cet échec historique s'inscrit dans le désarroi plus général causé par la crise du système-monde capitaliste. Les échecs d'hier et la reconnaissance de ces échecs aujourd'hui sont précisément ce qui permettra à la gauche mondiale, européenne, française d'atteindre ces objectifs demain.

Alors que pouvons-nous faire?  Sans aucun doute, il s'agit de créer et de renforcer une culture de l'action politique qui soit collégiale et non hiérarchique. Ce mode d'organisation devrait fonctionner à tous les niveaux, du plus global au plus local. Dans la mesure ou les gens s'organisent sous des formes et dans des structures qui leur conviennent, la gauche ne sera pas affaiblie mais renforcée, pour peu que ces groupes soient prêts à dialoguer entre eux et à constituer des alliances significatives.

Peut-être avez-vous des expériences à partager dans ce domaine? 


Re: Re: Problème-clé est la lucidité par Annie le Jeudi 23/06/2005 à 00:37

désolée, mais je suis en désaccord total sur votre lecture de l'Histoire.
Les deux voies dont vous parlez, et en particulier la voie de prise de pouvoir telle que vous la décrivez n'exista qu'au XXè. Marx lui-même ne parla pas d'une prise de pouvoir révolutionnaire. Ce ne fut qu'une interprétation tardive. Et cette interprétation donna lieu à ce qui s'en suivit en Russie, puis Tour, etc...et la se fit la coupure dont vous parlez. Je ne parle aucunement de cette coupure là. J'ai parlé du socialisme, non du communisme. j'ai parlé du parti socialisme, et non du parti communisme. Et si vous voulez vous référer au XIXè, la tradition française était anarchiste. Tout comme en Italie et en Espagne. La commune de Paris en fut une application. Tout au long du XXe on retrouve cette tradition dans le mouvement syndical français. On le retrouva dans le PSU, autogestionnaire.
Mais ceci, aussi interressant soit-il est hors du sujet actuel.
Je parlais des courants du socialisme français. Il y eut toujours ceux qui gérèrent le système, et ceux qui voulurent et appliquèrent une meilleure redistribution en rognant principalement sur les profits de la plus-value tirée de la force de travail.
et là est la différence.
En 1981 Mitterrand s'orienta dans ce dernier sens. Puis en mars 1983 il prit le tournant du deuxième courant qui gère le système.
Ce sont ces deux courants que l'on retrouve actuellement aux prises dans l'actualité du oui et du non.
Ceux qui sont convaincus qu'il n'y a plus d'Histoire, puisque le libéralisme a définitivement gagné, et qu'il s'agit simplement de le gérer au mieux, avec équité.
Et d'autres qui croient en l'égalité.
c'est une sacrée différence. je n'en exposerai pas ici les tenants et les aboutissants, il y faudrait plusieurs livres. Je vous donnerai simplement un exemple.
- La redistribution de l'impôt sur le revenu aux chômeurs qui auraient travaillé un certain nombre d'heures. Ou au contraire, la baisse de la TVA (impôt le plus injuste), avec à la clef une révision totale des tranches de l'IR et la hausse des % appliqués aux tranches les plus hautes.
Dans ces deux manières d'appliquer l'impôt, deux philosophies. La réforme (dans son sens premier, et non celui employé actuellement par les libéraux) dans un esprit d'égalité, ou la gestion du système avec équité.
Je vous donnerai simplement le conseil de lire les livres de l'auteur du site ici présent et aussi ceux de Liem Hoang-Ngoc.
Je puis vous assurer que ces deux auteurs ont les pieds sur terre et qu'ils nous donnent des outils de réforme  réalistes  pour un  Socialisme dans la Démocratie. Je vous informe également  que ces économistes et d'autres font des recherches constantes pour  nous aider à avancer dans  cet  esprit.


Unité des socialistes par alainM le Vendredi 24/06/2005 à 10:29

Deux ans pour faire l'unités des socialistes! Il n'y a pas de temps à perdre. Merci à Henri Emmanuelli et à tous les signataires de cet appel. Les gens comme moi qui sont sympathisants du PS et qui ont voté Non le 29 mai dernier vous remercient car vous portez notre espoir. Bon courage!


La constitution de l'An I, un certain 24 juin.... par Jean Caisse le Samedi 25/06/2005 à 11:12

La Constitution de l’an I (selon le calendrier révolutionnaire) est la première constitution républicaine de la France entérinant l’abolition de la monarchie décrétée par la Convention en 1792.
Adoptée par cette dernière le 24 juin 1793, la Constitution de l’an I énonce des objectifs et des principes qui ont été abandonnés depuis.
Par exemple l’article premier de la Déclaration des droits de l’homme, qui précède la Constitution proprement dite énonce notamment que « Le but de la société est le bonheur commun » et l’article 21 que « Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. »
Deux siècles plus tard, la France compte 3 millions de chômeurs et 1,2 millions de RMIstes et l'Europe 20 millions de chômeurs, que de chemin parcouru...!!!


Re: La constitution de l'An I, un certain 24 juin.... par alainM le Samedi 25/06/2005 à 12:13

En restant dans la révolution française, je citerai Jacques Roux qui écrivait dans son journal "Les enragés":

La liberté n'est qu'un vain fantôme quand une classe d'hommes peut affamer l'autre impunément. L'égalité n'est qu'un vain fantôme quand le riche, par son monopole, exerce le droit de vie et de mort sur son semblable.

Les écrits de Roux sont toujours d'actualité au moment où les seigneurs de la guerre économique mettent la planète en coupe réglée.


Re: La constitution de l'An I, un certain 24 juin.... par Verthuit le Mercredi 25/02/2009 à 15:07

Antoine Séjourné, porte parole des jeunes socialistes, invité d’Europe 1, se déclare satisfait du millefeuille insupportable que constituent les échelons territoriaux qui ne servent qu’à pérenniser les privilèges et rentes de situation qui y sont attachés et ne trouve comme raison à la réduction de ce millefeuille que le fait de faire disparaître des collectivités risquant la faillite pour cause de transfert de compétence sans transfert de moyens. Quelle fumisterie que cet argument du transfert des compétences sans les moyens ressassé aussi souvent que celui du paquet fiscal : peu importe qu’il y ait transfert ou non des moyens, quand cela ne change rien au portefeuille du contribuable. Si le transfert des moyens se faisait, c’est simplement l’Etat au lieu des régions qui ponctionnerait le pognon. Ca ne changerait rien au schmilblick étant donné que celui qui se fait plumer est toujours le même. Un argument foireux de plus que nous ressassent sans arrêt les socialistes. Et ils se foutent bien de la gueule du peuple les socialistes quand ils évoquent ce sujet, car ils sont bien contents de cette situation qui leur fournit un excellent prétexte pour faire exploser comme jamais le montant de plus en plus insupportable des impôts  locaux. Ils n’ont globalement jamais autant augmenté que depuis que 20 régions sur 22 sont en leur pouvoir. Quand on voit le luxe indécent de nombreux sièges de Conseil Général, et le train de vie de ceux ci, on voit où passe une partie de notre oseille. Et ce sont eux qui viennent ensuite donner au gouvernement des leçons de pouvoir d’achat. Celui des régions socialistes en tous les cas ne court pas de danger. Et ce sont eux qui passent leur temps à déblatérer sur les goûts de luxe du président : prendre les contribuables pour les gogos de service bons uniquement  qu’à être plumés, c’est sans doute cela qu’ils appellent « être proche du peuple ».  


Vers quelle direction? par Morico le Lundi 27/06/2005 à 13:32

Les socialistes doivent examiner plusieurs problèmes sous-jacents à leur prochain congrès.<br />Doit-on reconduire une direction sortante relativement homogène mais autiste vis à vis de 55% du peuple de France et des deux tiers nonistes du «peuple de gauche»?<br />Doit-on reconduire une direction qui a conduit le PS deux fois «dans le mur» le 21 avril 2002 et le 29 mai 2005?<br />Doit-on favoriser une candidature «ouiste» qui risque d'accroitre le nombre de candidats à gauche, de démobiliser l'électorat socialiste majoritairement noniste au premier tour et de favoriser un nouveau 21 avril sans parler d'une mobilisation réduite de la gauche au second tour? <br />Il est logique que la prise d'autonomie se fasse d'abord dans les grosses fédérations départements les plus marqués par le chômage, la précarité et le non



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