Dès ses origines, le socialisme s’oppose à la conception individualiste atomistique qui nourrit aujourd’hui l’idéologie néolibérale. Le socialisme est né d’une réaction anti-individualiste à l’extension d’une logique de compétition engendrée par le capitalisme industriel. Il a ensuite évolué vers la quête d’une société qui concilie l’émancipation de tous les êtres singuliers et la cohésion sociale. Il devient alors le véritable héritier des Lumières et de la philosophie libérale, tout en les dépassant par le rôle déterminant reconnu à l’action politique dans la nécessaire transformation de la société et le combat contre les inégalités sociales. Le socialisme des origines ne promeut pas l’individualisme, idéologie et méthodologie qui n’envisage la société qu’en tant que juxtaposition d’êtres indépendants, seuls responsables de leurs choix, seuls déterminants des faits sociaux. Il cherche l’émancipation d’un individu complet, ce que Fournière désigna comme un « individualisme social ».
De nos jours, toutes les sciences confirment que l’individu est un être social, non par nécessité ou intérêt économique comme l’ont entendu les libéraux, mais parce que sa construction psychique comme être singulier, comme « sujet », se fait par ses liens et ses relations aux autres. Dès lors, le projet d’émancipation ne peut consister dans la quête d’une illusoire « indépendance », mais dans la promotion des formes d’interdépendance sociale qui autorisent la libération du sujet singulier sans détruire les liens qui le constituent. Cette position conduit à rejeter avec autant de vigueur la dissociété individualiste, qui contraint l’être singulier à s’épanouir dans la lutte contre autrui, et l’hypersociété collectiviste qui atrophie l’initiative et les libertés individuelles. La société de progrès humain est celle qui offre à chacun une égale capacité de s’épanouir selon ses choix propres, mais dans la cohésion et la solidarité avec tous les autres. C’est cela le « socialisme » moderne qui dépasse à la fois l’individualisme et le holisme. Certes, face à la résurgence des communautarismes, le réveil des aspirations individualistes peut sembler un outil de lutte contre l’aliénation. Mais le repli communautaire n’est qu’une réaction à une société trop individualiste dans laquelle les individus, et singulièrement les jeunes, ne savent plus quelle norme collective est légitime. Le défi politique du XXIe siècle est de reconstruire des normes collectives légitimes sans retourner à l’ordre religieux et communautaire des sociétés pré-modernes.
Jacques Généreux
Bonjour,
j'apprends aujourd'hui (tard effectivement) que vous avez quitté le PS pour rejoindre le parti socialiste. J'en suis très déçu, étant donné la perte que celà constitue pour le PS qui se situe en pleine réflexion sur son identité et sur ce qu'il doit proposer dans les années à venir. Votre présence me semblait très importante, bien que je n'ai pas soutenu le même candidat que vous lors du congrès.
Je voulais vous poser une question. Sans tomber dans une caricature excessive, l'hypertrophie collectiviste, ou le "gauchisme" que vous dénoncez ne se rapproche-t-il pas de l'offre politique du NPA portée par O. Besancenot. Quel est alors le positionnement du PG par rapport au NPA? Etes-vous en total accord avec la main tendue par Mélenchon avant la constituion des listes européennes, ou rejetez-vous toute alliance avec ce parti?
Je vous souhaite bon courage pour la future échéance électorale.