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Henri EMMANUELLI fera campagne pour le "NON"

Par Jacques Généreux • Débat européen • Mercredi 02/03/2005 • 8 commentaires • Version imprimable

Henri Emmanuelli, député PS des Landes, ancien premier secrétaire du Parti socialiste, porte-parole du courant "Nouveau Monde" explique dans une lettre ouverte pourquoi il est désormais déterminé à mener une campagne publique pour le "non" au référendum sur la Constitution européenne. Texte intégral de sa Lettre ouverte aux socialistes. Suivi de deux communiqués de presse en commentaire.


Lettre ouverte aux socialistes

Chère camarade, cher camarade,

Notre parti s’est prononcé pour l’adoption du projet de Constitution Européenne au terme d’un référendum interne.
Pour ma part, j’ai fait campagne pour son rejet et continue à penser qu’en avalisant ce texte, notre parti, comme le Parti Socialiste Européen, commet une erreur historique. Par respect pour notre démocratie interne je me serais néanmoins résigné à rester sur ma réserve et à voter NON, le jour venu, comme beaucoup d’entre vous.

Mais le contenu de notre campagne ainsi que notre difficulté à faire exister un « OUI de Gauche » tout en nous opposant comme il conviendrait à un gouvernement qui poursuit imperturbablement son entreprise de démolition sociale pose problème. Tout comme l’émergence de textes et de déclarations de la Commission Européenne qui mettent en évidence l’existence d’un véritable « bloc libéral » que l’on cherche à faire avaliser par la gauche à l’occasion de l’adoption d’un traité qui ne sera pas révisable. Le brouillage des clivages politiques que l’on tente d’imposer à cette occasion est tout aussi préoccupant et l’ensemble de ces éléments change la donne.

Sur la tonalité de notre campagne, j’ai beaucoup de difficulté à comprendre comment notre parti est passé d’une position unanime de refus, qui explicitait clairement les raisons pour lesquelles ce texte nous paraissait inacceptable, à un soutien aujourd’hui inconditionnel et enthousiaste. Alors que les seuls changements apportés lors de son adoption définitive ont été régressifs par rapport aux conditions qui motivaient notre refus, M.Chirac, dans la dernière ligne droite, ne nous ayant pas fait de cadeaux.

Suffit-il, dans ses conditions, pour expliquer notre récente ferveur envers ce traité de proclamer que le « OUI de Gauche » à lui seul permettrait une nouvelle interprétation de ce texte ? Une nouvelle lecture qui ferait apparaître les promesses de « plus de démocratie », de « plus de social » et l’existence de nouvelles garanties pour nos services publics ? Quand bien même le « OUI de Gauche » aurait cette vertu- ce que je ne crois pas - comment le faire exister face à un président qui pratique la politique avec cynisme en multipliant les embûches et les embuscades. Comment le faire vivre aux cotés d’un gouvernement exsangue qui n’a plus pour viatique que l’espérance d’un succès référendaire ? Il faut, nous dit-on, faire la distinction entre politique intérieure et politique européenne : MM Chirac et Raffarin s’engagent à le faire. Mais comment les croire ? Quel crédit ont-ils accordé, en 2002, aux voix de gauche qui s’étaient mobilisées à leurs cotés pour « sauver la République » ?

Les vertus que nous prêtons à ce traité ne s’arrêtent pas là puisque j’entends dans nos rangs que l’adoption de ce projet offrirait une garantie contre l’adoption de la directive Bolkestein . C’est une contre-vérité à laquelle je ne puis m’associer. Car en réalité, ce projet de directive qui se propose d’organiser un véritable dumping social à domicile a déjà une longue histoire qui aurait du nous alerter plus tôt. Il n’est que la face visible d’une orientation politique précise dont l’autre aspect est l’impossibilité, qui figure dans le traité, d’une harmonisation fiscale à la majorité qualifiée. Si l’on ajoute à cette menace, provisoirement escamotée, le projet de directive sur le temps de travail ainsi que les encouragements donnés par la commission européenne aux délocalisations, le choix d’une Europe libérale, d’un système patiemment construit, apparaît sans ambiguïté. C’est cette Europe du marché roi et de « la concurrence non faussée », cette Europe des actionnaires, « hautement compétitive » pour les dividendes mais pas pour le pouvoir d’achat, cette Europe de la précarité et du chômage que l’on nous propose de ratifier à travers le vote de cette constitution qui en reprend tous les fondements juridiques dans son titre III.

Nous ne pouvons plus feindre de l’ignorer.

Encore faut-il, pour tromper la gauche et ses bases électorales, substituer au clivage-gauche droite sur lequel repose la démocratie et le mouvement, l’artifice d’un clivage sommaire entre « pro ou anti- Européen ». Soit on est pour l’Europe et il faut en accepter l’orientation libérale. Soit on refuse cette évolution libérale et on se retrouve classé dans le rang des anti-européens, des Euro-sceptiques, voire des souverainistes ! C’est le résultat d’une habileté coupable qui a consisté à proclamer que l’Europe était constitutive de l’identité socialiste en faisant abstraction de son contenu. Erreur dont la droite rêve depuis longtemps. C’est aussi la conséquence d’une cogestion des institutions européennes qui ne pouvait pas rester, avec le temps, sans conséquences politiques.

En se révélant inapte à opposer à cette mystification la perspective d’un projet « Euro-progressiste », la social démocratie commet une lourde erreur. En renonçant à poser avec force la question centrale de la protection de l’emploi et du salariat dans un contexte de libre-échange débridé, c’est à dire la question des délocalisations, elle prend un risque pour elle même et pour la démocratie. En refusant de porter l’espérance d’une Europe sociale, solidaire et humaniste, elle ouvre la voie à la désespérance dont se nourrira l’extrême droite. Elle creuse la rupture politique qui se produit entre le bas et le haut de la pyramide sociale, elle est également dangereuse pour la démocratie.

Nous avons toujours proclamé notre volonté de faire de l’Europe le niveau pertinent de résistance à la mondialisation libérale. Un Oui, fusse-t-il de gauche, ne me paraît pas s’inscrire dans cette ambition.

C’est pourquoi, après avoir mûrement réfléchi, j’ai décidé, sans renier mon engagement européen, de faire publiquement campagne pour le NON en espérant ne heurter personne.

On vous dira que voter Non, c’est voter contre l’Europe. On le martèlera. Mais il faut, cette fois-ci, dire NON à ce traité et tout ce qu’il implique, pour ne pas renoncer à l’Europe politique, comme nous y engagent ceux qui expliquent qu’il est désormais trop tard après un élargissement raté qu’ils ont fait en dépit du bon sens.

Voter NON, ce n’est pas voter contre l’Europe, c’est au contraire préserver la possibilité d’une Europe fédérale, démocratique et sociale à partir d’un noyau de pays volontaires plus restreint. C’est exiger une nouvelle constitution simple et lisible se contentant de définir des processus de décision et une répartition claire des compétences.

Voter NON, ce n’est pas voter contre l’Europe . C’est la possibilité, qui ne se représentera pas de sitôt, de donner un coup d’arrêt à la dérive libérale qui déchire la gauche. C’est saisir la chance de favoriser l’émergence d’un projet « Euro-progressiste » qui la rassemble.

Telle est ma seule ambition. J’espère que tu le comprendras.

J’espère surtout que, d’une manière ou d’une autre, tu la partageras.

Amicalement,

Henri Emmanuelli

Pour nous rejoindre, un site : www.nonsocialiste.fr

Commentaires

Communiqué de l'AGAUREPS-Prométhée par J-Genereux le Samedi 05/03/2005 à 02:51



A Langon, le 04 mars 2005,

  Henri EMMANUELLI vient de faire part de son intention et de sa volonté de mener une campagne active en faveur du Non au prochain référendum relatif au traité constitutionnel européen. L’AGAUREPS-Prométhée (Association pour la Gauche Républicaine et Sociale – Prométhée) se félicite de cette initiative courageuse faisant passer au premier plan les convictions politiques au détriment d’une discipline de parti bien dérisoire au regard des enjeux induits à l’occasion de cette échéance électorale.

 L’AGAUREPS-Prométhée souhaite que des convergences, pouvant déboucher sur des actions communes, puisse s’instaurer avec les courants dits minoritaires du Parti socialiste, et de manière plus large avec tous ceux qui ne se résolvent pas à une Europe libérale.

 L’enjeu de ce référendum est de taille ; il s’agit d’élaborer une alternative sur des bases républicaines et sociales à l’Europe qui nous est ainsi proposée. L’Europe démocratique et sociale passe nécessairement par le respect de la souveraineté populaire ainsi que par la défense et la promotion de notre modèle social, également menacés tout au long de ce texte constitutionnel démesurément long et obscur.

 L’AGAUREPS-Prométhée considère que l’émergence sur ces bases d’un Non de gauche à visée unitaire constitue une priorité absolue. La décision prise par Henri EMMANUELLI s’inscrit résolument dans cette optique. Nous nous en réjouissons.

Pour l’AGAUREPS-Prométhée,

 

le secrétaire administratif, Francis DASPE

Site de L'Association Pour la Gauche Républicaine et Sociale '(AGOREPS)


COMMUNIQUE DE Vincent ASSANTE (CN du PS) par J-Genereux le Dimanche 06/03/2005 à 19:17



Contrairement à ce qu'affirme le Premier ministre, dire « oui » aux « idées et valeurs de l'Europe », contraint tous les citoyens partisans d'une Europe sociale, d'une Europe du plein-emploi, d'une Europe puissance, à rejeter massivement le projet de Constitution visant à permettre l'émergence d'une Europe ultralibérale, qui sera soumis à référendum le 29 mai prochain.

Membre du Conseil National du Parti Socialiste depuis 1992, ayant participé à des débats souvent tendus au sein de cette organisation, j'ai dû, comme beaucoup d'autres, constater la déformation des arguments des partisans du « non » et la diabolisation des militants qui les portaient par les partisans du « oui ». Contrairement à ce qui a été dit par les uns et les autres, le débat interne au Parti Socialiste, pour ces raisons, n'aura été ni à la hauteur des enjeux ni à la hauteur du respect que l'on doit aux militants.

Dès lors, j'aurais certes préféré que l'ensemble des socialistes partisans du « non » à ce projet de Constitution, et ils sont nombreux, réagisse collectivement et dans un cadre organisé, mais dans les circonstances présentes, je comprends et j'approuve la décision personnelle d'Henri Emmanuelli, après celles de Jean-Luc Mélenchon, Marc Dolez, et quelques autres.

À mon tour, je déclare publiquement que j'entends poursuivre, en leur compagnie et en ma qualité de militant et de dirigeant socialiste, le combat entamé depuis plusieurs mois contre ce projet de Constitution.

Vincent ASSANTE

le 6 mars 2005.


Re: COMMUNIQUE DE Vincent ASSANTE (CN du PS) par Ducau le Lundi 07/03/2005 à 23:42

Je ne suis pas un homme politique, juste une personne sympathisante de gauche et je félicite Monsieur Emmanuelli pour son courage politique.

Au delà des arguments politiciens, que je trouve inacceptables,  qui se bornent à parler des conséquences dramatiques d'un non, j'attends enfin un débat sur le contenu de cette constitution, comment à partir de cette constitution  peut on construire une Europe sociale ? Comment par le vote à l'unanimité peut on faire une harmonisation fiscale en Europe ? Voilà une des premières questions à laquelle j'aimerai que l'on me réponde.

Dans cette constitution je trouve que les droits de l'homme sont mis en retrait au détriment du droit à la  "libre concurrence" mais que signifie ce terme quand pour gagner en productivité on délocalise dans des pays ou l'on fera travailler des enfants de 10-12 ans 10 heures par jours pour des salaires de misères ? Est-ce que c'est de la libre concurrence ou bien de l'exploitation humaine ?

Suis-je utopiste quand je souhaite que l'économie soit au service de l'être humain, en rédigeant par exemple une définition de la libre concurrence au regard du respect des droits de l'homme pour faire en sorte que tous les biens fabriqués ne respectant pas une charte basée sur les droits de l'homme ne soient pas importés en Europe (je pense par exemple aux jouets...) voilà pour moi les engagements d'une Europe sociale.

François Ducau


Re: Re: COMMUNIQUE DE Vincent ASSANTE (CN du PS) par J-Genereux le Mardi 08/03/2005 à 02:00

En effet, on a grand besoin d'un vrai débat sur le texte lui-même. Malheureusement nous ne l'aurons pas vraiment car les partisans du oui n'en veulent pas. Et pour cause, le texte est à bien des égards inacceptable pour quiconque veut une Europe de la coopération et de la solidarité et non une Europe de la guerre économique. 

Vous vous demandez comment on peut faire l'harmonisation fiscale à l''unanimité ? C'était déjà très difficile et jamais pleinement réalisé dans l'Union à 15. C'est rigoureusement impossible dans une Union à 25 ou une dizaine de pays sont bien décidé à jouer les moins disant fiscaux pour  conquérir des marchés. Le taux d'imposition des bénéfices est de.... 0% en Estonie. Quand on sait que dans l'Union à quinze le taux moyen d'imposition des bénéfices a déjà baissé de 10  points ( en %) depuis les années 1980, on voit bien ce qui se passera  désormais dans l'Union à 25 ! Un seul paradis fiscal, fut-ce Chypre ou Malte pourra indéfiniment  opposer son veto à toute volonté d'harmoniser la fiscalité des capitaux et des profits.

Et en matière d'harmonisation du droit du travail et de la protection sociale, le verrouillage est encore plus féroce : elle est purement et simplement interdite par l'article III-210 du traité !

La libre concurrence sans normes sociales, sans normes environnementales, c'est en effet  l'exploitatin éhontée des hommes et des ressources. C'est en outre parfaitement inefficace d'un strict point de vue économique comme je l'ai montré dans Les Vraies lois de l'économie.
 
Enfin pour vous rassurer sur le fait que vous n'êtes pas seul à souhaiter une économie humaine, je vous invite à lire mon Manifeste pour l'économie humaine, qui a obtenu le soutien de plus de 300 économistes de 31 pays. Publié dans Esprit en 2000 et traduit en cinq langues il est repris dans mes Chroniques d'un autre monde.
Mais si vous le cherchez sur le Web vous pourrez le trouver facilement, par exemple avec ce lien : http://www.ac-versailles.fr/PEDAGOGI/ses/vie-ses/hodebas/genereux2.htm


Re: Re: Re: COMMUNIQUE DE Vincent ASSANTE (CN du PS) par jacquet le Mardi 08/03/2005 à 17:28

henri a certainement eu raison de prendre une position claire sur le traité.le moment est lui mal choisi.Si une decision devait etre prise c'était apres le dernier congres.Aujourd' hui et Madame Hollande l' a clairement dit tu marches dans les clous ou tu pars!
de plus je crains que a cette periode ceux qui se prononcent pour le non soient facilement montré du doigt comme des anti europeeens ce qui nous le savons tous n'est pas le cas mais l'amalgame est facile et mediatique.
Si le non l'emporte alors NM sera la nouvelle force de gauche credible si le oui l'emporte ce qui est tout de meme probable alors il faudra creer une nouvelle force de gauche car les tenants du non au PS seront ecartés.


Re:à jacquet par J-Genereux le Mercredi 09/03/2005 à 01:07


1°) AU moment du Congrès (mai 2003), nous ne pouvions pas prendre position sur un traité qui n'existait pas. Nous avons fait notre analyse critique du projet élaborré par la Convention dés qu'il a été publié (été 2003). Et notre position n'a jamais varié depuis, le traité finalement adopté par les gouvernements en 2004 étant encore pire que le projet initial.
2°) Ce n'est pas parce qu'il y a des menteur et des voyous qui dénaturent notre engagement pro-européen en nous associant au refus de principe des anti-européens que nous devons nous taire. Cela doit au contraire nous inciter à tout faire pour que soit enfin entendu ce fait historique : pour la première fois dans l'histoire, ce sont des pro-européens convaincus qui disent non à un traité européen, pour la simple et bonne raison que ce traité particulier détruit le projet européen.  Ce qui va se passer avec les prises de position répétées des socialistes qui comme Henri,  J.L.Mélenchon, M. Dolez, G. Filoche, moi-même et tant d'autres, avec en pus le soutien du mouvement social, des syndicats (CGT, FO, FSU, etc.), c'est que l'opinion va découvrir ce fait nouveau qui d'ores et déjà tend à occulter le "non" des anti-européens.
3°) Personne n'écartera 42 % du parti (les 42000 militants qui ont dit "non") et surtout pas ceux qui ont des ambitions présidentielles.


CLIN D'OEIL ;-)))) par J-Genereux le Mercredi 09/03/2005 à 01:14

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