Chers amis, chers camarades,
Pour
quiconque fonctionne en clan, la situation est aussi singulièrement
simplifiée : il suffit de faire et de dire comme son clan. Je n’ai pas
cette facilité. Je ne suis pas l’homme d’un clan, mais celui des rassemblements
sur une ligne politique. C’est
pourquoi j’ai voulu croire jusqu’au bout (mais en vain) au rassemblement que
constitua « Nouveau Monde », dans l’esprit de l’Appel d’Argeles[1], j’ai
ensuite insisté pour qu’« Alternative socialiste » constitue un
vrai collectif unissant et reconnaissant chacune de ses composantes (NM, FM et
les camarades issus de NPS, notamment)… là aussi en vain finalement. C’est
pourquoi, quand j’ai annoncé mon entrée en campagne contre le Traité
constitutionnel européen (le 29 janvier 2005), j’ai lancé un appel pour faire
une campagne collective avec d’autres socialistes, quels que soient leurs
courants. Appel entendu par Marc Dolez et Gérard Filoche, ce qui nous a permis
de faire vivre ensemble dans toute
Mais il n’est pas aisé d’être un militant du
rassemblement dans un parti qui fonctionne en clans ! En guise de
rassemblements, force est de constater
que l’on n’y réalise au mieux que des cartels de clans, alliances stratégiques
instables qui, à la base, piègent des milliers de militants sincèrement séduits
par l’idée de rassemblement, qui se croient engagés dans un nouveau courant et
se retrouvent, un beau matin, face à un champ de bataille entre clans dont aucun
n’est le leur puisqu’ils n’en ont aucun. C’est d’abord à ces militants que
j’ai pensé, en prenant le temps de mûrir ma position. Car je suis l’un des
leurs et je sais que, par définition, quelle que soit ma position, elle peinera
forcément certains, puisque les réponses à une question complexe sont diverses
et que la logique des clans a cassé la maison commune où cette diversité aurait
pu nourrir notre réflexion au lieu de fonder notre division.
Dans ce contexte regrettable, je me suis donc demandé
si cette fameuse synthèse était ou non une bonne chose et comment sauvegarder un
lieu d’action commune pour les militants du rassemblement aujourd’hui sommés de
dire à quel clan ils appartiennent. Et pour ce faire, il convient de se
rappeler pourquoi nous avons fait campagne durant le congrès qui vient de
s’achever. Au sein de la motion 5 (NPS-AS), nous nous sommes engagés dans ce
congrès avec trois objectifs
complémentaires :
1°) une majorité et une direction alternative au PS, à
l’issue du Congrès du Mans ;
2°) offrir un débouché politique au rejet des
politiques néolibérales clairement exprimé par notre électorat, lors du
référendum du 29 mai dernier ;
3°) un PS en capacité d’incarner en 2007 une
alternative véritable, crédible et victorieuse aux politiques de la droite.
En conséquence, seule la question de savoir si la
synthèse générale contribue ou non à la réalisation de ces objectifs doit nous
guider dans les leçons que nous tirons de cette issue du congrès, issue qui fut
pour la plupart d’entre nous inattendue. Je vais donc tenter d’explorer cette
question sereinement et méthodiquement en examinant :
- la façon adéquate de mener ce débat ;
- les raisons d’être pour la synthèse ;
- les raisons d’être contre la synthèse ;
- la situation créée par l’éclatement de NPS ;
- un moyen de continuer ensemble le combat pour nos
objectifs.
Posons-nous les bonnes questions
Disons-le d’emblée, la question est complexe et ne
connaît aucune réponse absolument évidente. Elle mérite donc une analyse
sereine et l’échange d’arguments. Elle
ne serait en rien éclairée par un échange d’invectives et de procès d’intention.
Il n’y a pas dans nos rangs d’un côté les « rigides » refusant tout
compromis ou le rassemblement des socialistes et, de l’autre, les « opportunistes »
pressés de conclure une synthèse générale à n’importe quel prix. L’éclatement
de NPS n’oppose pas, d’un côté, les « traîtres » et, de l’autre, les
« purs » fidèles à notre ligne politique. Si, au lieu de simplement
considérer avec sérieux nos divergences d’analyse, nous nous lançons dans des
procès d’intention, nous creuserons entre nous un fossé contre productif qui
affaiblira notre capacité à peser sur l’orientation du projet socialiste pour
2007.
La question
n’est pas davantage de savoir si cette synthèse est une « victoire »
ou une « défaite » pour NPS.
Faut-il le rappeler, avec 23% des votes militants, nous avons perdu. C’est la
motion 1 qui a gagné, même si sa majorité est extrêmement courte et très en
deçà de son score au Congrès de Dijon en 2003. La motion de synthèse est par
définition fondée sur
Nous devons donc distinguer dans notre diagnostic ce
qui relève d’une adhésion ou d’une opposition au principe même d’une synthèse
et ce qui relève d’une appréciation de son contenu effectif. Il nous faut aussi nous interroger sur le moment opportun pour arrêter une position
définitive : est-ce à la naissance même de la synthèse, sur le seul
texte adopté le 20 novembre dernier, ou bien après la mise en place de la
nouvelle direction au Conseil national du 27 novembre, ou encore seulement dans
quelques mois, quand nous saurons si elle a ou non permis de réorienter
sensiblement le projet socialiste pour 2007 ?
Enfin, puisque nos diagnostics divergent, nous devons nous demander si cette
divergence justifie entre nous un processus d’exclusion et de division. Le
souci de clarification implique-t-il que nous consacrions désormais notre
énergie à nous constituer en deux camps pro- et anti-synthèse ? Cet
éclatement de la motion 5 en deux camps est-elle utile à la poursuite de nos trois
objectifs ? Si oui, tout va bien. Sinon, comment surmonter la situation
créée par la dislocation de NPS-AS quelques semaines après sa constitution ? Où
et comment réaliser la nécessaire unité de notre action pour réorienter le
projet du PS et offrir un débouché politique au vote du 29 mai ?
Une synthèse pour quoi faire ?
Naturellement, quand nous nous sommes engagés dans la
bataille pour la motion 5, c’était dans l’espoir de gagner. Nous passions notre
temps à expliquer aux camarades les vraies divergences entre notre motion et
celle de François Hollande. Bien sûr, dans cet état d’esprit, la plupart
d’entre nous, et moi-même, n’envisagions pas une synthèse générale. Après le
vote des militants cependant, la question de la synthèse se posait dans un
autre contexte : celui de notre défaite et d’un PS coupé en deux à 18 mois
de l’élection présidentielle.
Si je considère cette question en fonction de mon
inclination naturelle, la réponse spontanée serait du genre : nous avons
perdu, donc nous sommes dans la minorité et nous continuons le combat pour nos
idées en vue de gagner le prochain congrès. Si je considère à présent la
question du seul point de vue qui vaille vraiment, la réponse est moins
évidente. Il ne s’agit pas en effet de trouver la position la plus confortable qui
m’autorise à rester en plein accord personnel avec mes idées, mais celle qui
sert le mieux tous ceux pour qui je suis engagé en politique, c’est-à-dire en
l’espèce la position qui sert le mieux les trois objectifs de mon engagement
dans la bataille du congrès.
Quelle aurait été la situation engendrée par l’absence
de synthèse ?
L’absence de synthèse aurait-elle contribué à la
poursuite de nos trois objectifs ?
1°) Une
majorité et une direction alternative ? Bien évidemment non ! On reprenait les mêmes et on recommençait
avec une direction identique et seulement un peu moins légitime et toujours
plus déchirée par les divergences politiques et la rivalité des multiples
candidats à la présidentielle. Nous étions dans l’incapacité de peser sur la
rédaction du projet et celui-ci se limitait donc à la motion 1 ou encore plus
probablement à celui du candidat le plus plausible : Dominique Strauss
Kahn. C’était donc pour nous l’assurance du programme tenant le moins compte de
nos positions.
2°) Un
débouché politique pour le vote du 29 mai ? Encore moins ! Après le fossé béant entre nos
électeurs et le PS, durant la campagne référendaire, des mois de débat interne
entre socialistes auraient seulement conduit à ne rien changer du tout !
Ils auraient consacré et confirmé la prééminence durable de ceux qui estimaient
le oui de gauche « compatible » avec le oui de droite. Le message dès
lors adressé au peuple de gauche engagé contre le traité constitutionnel n’eût-il
pas été terrifiant ? L’absence de synthèse éliminait par ailleurs d’emblée
tout partisan du « non » dans la compétition pour la candidature à
l’élection présidentielle. On imagine mal, en effet, un candidat prétendant
être investi pas tous les militants socialistes et commençant par refuser leur
rassemblement proposé par le premier secrétaire.
3°) Un PS
capable d’assurer la victoire d’une alternative véritable en 2007 ? On peut en douter. Cela fait un an déjà que les
Français peuvent avoir l’impression que les socialistes passent plus de temps à
débattre entre eux et à se disputer les postes qu’à s’occuper de
La synthèse ne garantit rien, elle laisse ouverte des
opportunités vitales pour la gauche
Cela dit, le seul fait d’avoir adopté une motion de
synthèse le 20 novembre dernier ne garantit en rien les effets souhaitables que
je viens d’évoquer. Ces derniers restent à construire. C’est dans l’élaboration
à venir du projet que se vérifiera, ou non, notre capacité à peser et à
réorienter la ligne de notre parti. C’est alors seulement que nous saurons si
cette synthèse est un succès ou un échec.
À ce jour donc, la synthèse ne garantit rien, elle
préserve seulement des opportunités à exploiter :
- elle préserve la faculté de contribuer réellement au
contenu du projet pour 2007 ;
- elle préserve une chance (s’il en est) d’investiture
d’un candidat partisan du « non » ;
- elle préserve une chance d’offrir un débouché
politique au « non » français en recadrant le combat du PS pour une
véritable Europe sociale.
C’est
d’ailleurs précisément parce que la synthèse laisse ouvertes ces opportunités
que le courant de D. Strauss Kahn était très hostile à la synthèse générale. L’aile la plus libérale de notre parti a en effet
théorisé depuis longtemps une logique de scission-exclusion : favoriser le
départ de socialistes authentiques vers d’autres formations à gauche du PS, en
sorte de pouvoir enfin constituer le grand parti « moderne » de
centre gauche auquel elle aspire, parti susceptible de gouverner avec le
concours éventuel de l’UDF.
Certes, en soi, le fait d’accepter la synthèse ne
ruine pas absolument toute chance d’aboutir d’un si funeste projet. Mais, le
refus de la synthèse aurait assurément renforcé ses chances d’aboutir. Sans
synthèse, le premier secrétaire affaibli par sa trop courte (et trop éclatée)
majorité ne pouvait faire contrepoids ; Laurent Fabius ou un autre
candidat partisan du « non » n’avait plus aucune chance d’être
investi ; bref, la voie était libre pour notre camarade DSK. Pour tous
ceux qui revendiquent le rôle d’ancrage à gauche de notre parti, le seul fait que
les partisans de son ancrage au centre-gauche soient hostiles à et dépités par
la synthèse devrait constituer une excellente raison de la faire.
En acceptant
la synthèse, nous offrons à tous les camarades et à tous les dirigeants
socialistes la perspective d’une alliance alternative qui sorte le parti d’une
impasse. Alors que F. Mitterrand
avait fondé son succès et celui de la gauche sur une alliance avec l’aile
gauche du parti, ses successeurs se sont piégés eux-mêmes en rejetant l’ancre
qui attachait fermement le parti aux classes populaires et au reste de la
gauche. Nos dirigeants, qui ont pu un temps croire sincèrement que le PS
gagnerait durablement les élections avec une image plus centriste, ont mis leur
stratégie d’alliance interne au diapason de leur stratégie électorale. Mais, depuis
le 21 avril 2002, et qui plus est après le 29 mai 2005, tout analyste politique
un tantinet sérieux sait que le PS ne peut s’installer durablement sans une
stratégie axée sur la défense des classes populaires et sur l’éviction des
politiques ambiguës (c’est-à-dire communes aux programmes de gauche et de
droite). L’alliance interne des dirigeants socialistes avec ceux qui persistent
dans une analyse politique centriste fondée sur une sociologie imaginaire est
donc une impasse mortelle qui peut couper durablement ces dirigeants de leur vraie
base électorale.
En refusant
la synthèse, nous ne laissions à la direction pas d’autre issue que cette
impasse centriste. En acceptant la
synthèse, nous rouvrons en revanche la voie qui peut ramener le parti vers
l’alliance passée qui a conduit au succès. Nous préservons la possibilité à
venir d’une majorité et d’une direction alternative vraiment conforme à la
majorité réelle dans la base militante : une majorité déterminée à la
conduite de politiques radicalement différentes de celles proposées par la
droite, résolument hostile à la pollution des valeurs de la gauche par celles
du néolibéralisme anglo-saxon.
En refusant
la synthèse, nous nous exposions peut-être nous-mêmes à une impasse redoutable. Si le refus de participer à la direction du parti nous
tient toujours à l’écart d’un appareil qui semble en mesure de sauver ses
dirigeants, quel que soit le contexte politique, quels que soient les attentes
des électeurs socialistes et l’ampleur des échecs électoraux (cf. les suites du
21 avril et du 29 mai), alors quelle option nous reste-t-il vraiment pour
défendre le socialisme authentique ? A terme, l’impossibilité de nous
allier à d’autres socialistes pour défendre nos objectifs nous contraindrait à
quitter le parti pour constituer une force nouvelle. C’est précisément l’option
préférée par la minorité qui, dans notre parti, croit à la possibilité et à
l’intérêt d’une alliance avec l’UDF. C’est précisément l’option que nous
voulons éviter, car nous la savons mortelle pour la gauche.
Alors, à tous ceux qui veulent quitter le parti à
cause d’une synthèse qu’ils peuvent juger décourageante et confusante, je
demande : ne seriez-vous pas également contraint de le quitter si vous n’êtes
en réalité jamais en mesure de peser vraiment sur la ligne de ce parti ? Une petite chance de voir vos idées
progresser effectivement ne mérite-t-elle pas d’être tentée ? Ne
justifie-t-elle pas au moins quelques mois de patience vigilante pour savoir si
oui ou non notre participation à la direction est suivie de l’effet escompté ?
Le contenu de la synthèse : ce n’est pas rien.
Au fond, il résulte de tout ce qui précède que le
principe d’une synthèse ne me paraît pas en soi condamnable. C’est une option
dont l’évaluation dépend donc exclusivement de son contenu et des résultats
effectifs auxquels elle conduira.
Examinons donc le contenu de la motion de synthèse
(disponible sur le site du parti). Quels sont les amendements essentiels obtenus
par la motion 5 qui peuvent justifier cette synthèse ?
Sur la
question européenne :
- l’engagement de respecter la volonté populaire
exprimée contre le traité constitutionnel ;
- l’affirmation de l’objectif d’une Europe politique
de type fédéral ;
- la promotion d’un traité social européen visant à
harmoniser les normes sociales ;
- la promotion d’un salaire minimum européen ;
- une réforme des statuts de
- l’exigence de retrait immédiat des directives en
cours d’élaboration sur la libéralisation des services et sur le temps de
travail ;
- la recherche d’outils susceptibles d’assurer une
meilleure protection de l’industrie européenne ;
- le relèvement du budget européen de 1,27 % à 2% du
PIB et la possibilité de le financer par l’emprunt et par un impôt européen.
Certes, nous le verrons ci-dessous, ces amendements ne
reprennent pas tout ce que nous estimons nécessaire pour la construction d’une
véritable Europe sociale, mais ce n’est pas rien. Cela corrige clairement
l’orientation de la motion Hollande qui renonçait à la plupart des engagements
pris par le PS durant la campagne des européennes et ne manifestait aucune
volonté d’entendre et de mettre en œuvre la volonté populaire exprimée le 29
mai dernier.
Sur la
question sociale :
- l’abrogation de toutes les réformes libérales de la
droite sur les retraites, la sécurité sociale, le temps de travail ;
- l’engagement de « rendre au travail » les
dix points que le capital lui a pris dans la valeur ajoutée au cours des vingt
dernières années ;
- l’application à tous les sous-traitants de la
convention collective du donneur d’ordre ;
- l’engagement « d’appliquer à tous » la
réduction du temps de travail ;
- le retour du contingent annuel d’heures
supplémentaires à 130 heures ;
- une loi imposant à tous les minima de branche de se
situer au moins au niveau du SMIC ;
- le renforcement des pouvoirs et l’extension du champ
d’intervention des conseillers du salarié désignés par les syndicats pour assurer
la défense des salariés ;
- la suppression du « contrat nouvelle
embauche » ;
- l’augmentation des indemnités de fin de mission
d’intérim et de fin de CDD ;
- un système de bonus-malus dans le calcul des
cotisations sociales en vue de pénaliser le recours aux emplois précaires et
aux licenciements ;
- le rétablissement d’une loi de modernisation sociale
renforçant la dissuasion financière à l’encontre de licenciements seulement
fondés sur le souci d’améliorer la rentabilité du capital.
Personne ne peut sérieusement affirmer que tout cela
n’est rien ! Et, je me suis contenté ici de l’essentiel en ne signalant
que des éléments ajoutés à la demande de la motion 5. La synthèse a aussi
consisté à exiger et obtenir de la motion 1 le retrait de nombreuses déclarations
(à voir sur le site de Alternative socialiste).
Une ligne et une direction alternative
Je vais montrer ci-après les lacunes sérieuses de
cette motion de synthèse. Elles ne sont pas négligeables si l’on entend évaluer
la synthèse par rapport à la motion 5, c’est-à-dire à ce que serait le
programme de notre parti si nous avions gagné le congrès. Mais le fait est que
nous l’avons perdu et, qu’en conséquence, la comparaison la plus pertinente se
situe entre ce que serait le programme du PS en l’absence de synthèse (la
motion 1) et ce qu’il est déjà devenu et deviendra plus tard grâce à la
synthèse. Notre projet pour 2007 est de toute évidence déjà plus en phase avec
les aspirations populaires et plus susceptible d’assurer la victoire de la
gauche avec toutes les propositions énumérées ci-dessus que sans elles. À moins de faire l’impasse sur toute
possibilité de victoire en 2007, ou de ne pas souhaiter cette victoire, il est
difficile de soutenir qu’il vaut mieux aborder les prochaines élections avec la
motion 1 plutôt qu’avec la motion de synthèse.
On peut estimer que la synthèse ne modifie pas
suffisamment la ligne politique par rapport à notre projet idéal, mais le fait
est qu’elle la modifie sensiblement et dans le bon sens par rapport à ce qu’elle
serait inéluctablement si nous avions refusé la synthèse. Qui plus est, cette orientation alternative est associée
à une direction alternative. Contrairement au Congrès de Dijon, celui du
Mans n’accouche pas d’une direction reconduisant purement et simplement
l’équipe qui a perdu (le 21 avril ou le 29 mai). Elle intègre ou réintègre ceux
qui, le 29 mai dernier, était en phase avec les classes populaires et avec le
vote majoritaire de nos électeurs.
Le
secrétariat aux questions européennes est désormais sous la responsabilité d’un
camarade qui était partisan du « non » à
Là encore, nous
avions le choix entre ça ou rien. Une direction inchangée ou une direction
renouvelée confiant à la gauche du parti et aux partisans du « non »
des postes clefs pour peser sur l’orientation de notre projet dans les mois qui
viennent. À moins de sombrer dans l’infâme procès d’intention insinuant que les
nouveaux dirigeants issus de notre motion n’aspirent à rien d’autre qu’une
place dans cette direction, il est clair que la synthèse du Mans n’est qu’un
point de départ et non le point d’arrivée. Elle a changé la donne. Ou bien la
direction devra composer avec les propositions avancées par ses nouveaux
membres et préserver ainsi ses chances d’arriver rassemblée en 2007 pour battre
la droite ; ou bien elle devra assumer l’échec du rassemblement et
affronter la désaffection d’une partie de l’électorat dépitée par le rejet des
propositions les plus progressistes.
Les raisons d’être contre la
synthèse
Observons tout d’abord qu’aucun des dirigeants de NPS
n’a exprimé d’opposition de principe à toute synthèse. Personne n’a demandé aux
délégués NPS du congrès de se prononcer pour ou contre ce principe. Il s’en suit
normalement que la contestation de la synthèse est fondée uniquement sur son
contenu jugé très insuffisant. Notre délégation à
La question européenne
En ce domaine, les détracteurs de la synthèse ont
plusieurs raisons de penser que le compte n’y est pas. Ont en effet été refusé par la motion de
synthèse :
- les « critères de convergence sociaux »
qui constituaient l’un des engagements de notre programme aux élections
européennes ;
- l’objectif « d’indépendance » de
- la perspective d’une « République
européenne » ;
- le demande de réactivation du « tarif extérieur
commun » ;
En ce qui me concerne, la difficulté réelle de la synthèse tient plutôt à la conviction intime
de l’ex-majorité que nous ne pouvons pas obtenir mieux de l’Union européenne
que la constitutionnalisation du libéralisme qui nous était proposé le 29 mai
dernier. Voilà en effet un clivage durable entre nous. Clivage avec lequel
il faut bien vivre pour rester au moins unis dans le combat contre la droite,
mais qui n’est en rien effacé par la synthèse.
En revanche, si l’on s’en
tient au texte de la motion de synthèse, l’intérêt de nos amendements acceptés
me paraît sincèrement plus tangible que la lacune constituée par la non-intégration
des amendements énumérés ci-dessus (je pense m’être suffisamment
« mouillé » dans la campagne contre le TCE pour ne pas être suspecté
ici de venir au secours des partisans du « oui »). En effet, dans nos amendements acceptés, il y a
au moins un certain nombre d’objectifs concrets et incontestablement positifs
(un SMIC européen, un budget à 2% du PIB, une réforme des objectifs et un
contrôle parlementaire de la politique monétaire). Dans les amendements refusés,
il y a surtout des objectifs hautement symboliques dans notre motion mais aussi
hautement discutables et controversés.
En ce qui me concerne, je ne suis pas favorable à l’énoncé de « critères de convergence
sociaux » simplement repris d’un appel pour un traité social lancé par
Pierre Larouturou en compagnie de Michel Rocard. Un simple objectif de chômage
à moins de 5%, par exemple, fait peser un danger sur le modèle social européen,
car il est bien des moyens d’atteindre un tel objectif, et les moyens
ultralibéraux peuvent être en la matière plus expéditifs. Le blairisme
généralisé peut constituer la voie choisie pour assurer la convergence sociale.
Mais ce pourrait donc être la convergence vers l’insécurité sociale, la
radiation prématurée des chômeurs, le travail forcé, l’emprisonnement des
pauvres, la baisse des salaires, etc. La
vraie convergence à laquelle nous aspirons, c’est celle des normes sociales qui
n’autorisent pas n’importe quelle façon de régler le problème du sous-emploi
(c’est précisément ce en quoi consiste un objectif de SMIC européen). Voilà
donc un amendement bâclé - que le parti avait lui-même retenu en 2004 parce
qu’il est censé faire un bon effet sur l’électeur – mais sur lequel nous devons
à l’évidence retravailler.
Je ne suis
pas davantage favorable à l’intégration également bâclée de l’idée d’une
République européenne. Là encore, on
a joué du symbole cher à nos camarades justement passionnés par les questions
institutionnelles. Mais on n’a pas pris le soin de définir un objectif crédible
et un chemin plausible pour une Europe de type fédéral. Pour faire une
« République » européenne il faudra attendre l’abolition des monarchies
(en Belgique, au Royaume-Uni, en Espagne, etc.) ! Ce n’est donc pas en
annonçant un objectif aussi saugrenu pour la décennie à venir que l’on fera
progresser l’Europe politique et sociale. Le seul objectif plausible est celui
d’une Fédération des États nation qui réunirait les seuls pays prêts pour une
union politique démocratique plus poussée et servirait de modèle attractif pour
les autres. C’est à l’élaboration plus fine et plus concrète de ce projet que
nous devons travailler.
Je pense
aussi que nous ne perdons rien avec le rejet de notre amendement sur
l’abolition de l’indépendance de
Je suis en
revanche d’accord avec le reproche fait à la synthèse de ne pas demander le
recours au tarif extérieur commun
notamment pour protéger l’industrie européenne contre un dumping social ou des
délocalisations extra-européennes. Soit, mais on ne peut pas tout obtenir d’un
seul coup dans une synthèse. Nous avons au moins obtenu de nos camarades qu’ils
reconnaissent la nécessité d’une « protection ». C’est une première
brèche dans l’idéologie du libre-échange qu’il nous faudra élargir. Il y a à
peine six ans, quand on se prononçait pour des hausses des impôts, on nous
considérait comme des cinglés. Désormais c’est dans notre programme. Idem pour
la renationalisation des services publics. Parions qu’en matière de protection
extérieure aussi, la grande majorité de nos camarades finira par se rendre à
l’évidence que nous rappelons déjà depuis quelques temps.
La question sociale
Il y a bien ici deux
lacunes essentielles. Sur la
question des licenciements boursiers, tout d’abord : notre proposition
de restaurer un contrôle a priori par l’inspection du travail et la possibilité
d’interdire des licenciements sans justifications économiques réelles s’est
heurtée à une fin de non recevoir. Le vague engagement de renforcer la
dissuasion financière contre ce type de licenciements n’est évidemment pas
suffisant. Sur la question des retraites, ensuite : l’objectif de la
retraite à 60 ans n’est pas réaffirmé.
Ces deux lacunes sont sérieuses. Sont-elles
rédhibitoires ? La motion de synthèse ne pas verrouille toute possibilité
d’avancer sur ces deux sujets. Elle ne rejette pas explicitement le principe
d’une retraite à 60 ans. Notre projet précis reste sur ce point à construire.
De même, la motion de synthèse laisse bien du grain à moudre sur les moyens de
« dissuader » les licenciements boursiers : à l’extrême limite,
par exemple, l’imposition à 100% des plus-values boursières et des bénéfices
au-delà d’un taux de rendement « normal » supprime les licenciements
boursiers en les rendant sans objet ! Par ailleurs, la liberté du
licenciement est supportable dans une économie de plein-emploi. Négocions donc
cette liberté de gestion, notamment contre l’engagement de restaurer le droit
au travail, par la création des tous les emplois publics aujourd’hui
nécessaires, par l’introduction de normes d’emploi minimum dans les services
privés, par la formation tout au long de la vie, par l’investissement dans le
logement et l’environnement, etc.
Encore une fois, on ne pouvait pas espérer régler une
question aussi complexe et controversée que celle d’un contrôle administratif
des licenciements en une seule nuit de discussion. Rappelons que notre propre
proposition en la matière n’a fait l’objet d’aucun débat approfondi, d’aucune
étude d’impact, d’aucune analyse comparée et argumentée des différentes pistes
pour combattre les licenciements dits « boursiers ». Une seule chose
est certaine, cette question sera essentielle dans l’appréciation que nos
électeurs porteront sur notre projet pour 2007. C’est à nous de faire
progresser la conscience de cet impératif au sein de la direction du parti. À
nous aussi de développer un argumentaire et des propositions crédibles sur ce
sujet, d’en débattre avec les syndicats, de mobiliser l’opinion. Bref, de faire
le travail qu’une année quasi ininterrompue de campagnes internes et externes
nous a empêché de mener à bien.
Une fois encore, je crois que notre énergie sera plus
utile au pays si nous la consacrons à ce travail plutôt qu’à la compétition
entre un courant pro synthèse et un courant anti-synthèse. La motion de synthèse
s’engage pour une nouvelle loi de modernisation sociale renforçant la
dissuasion pour les licenciements boursiers. Eh bien chiche ! Écrivons-là
camarades, cette loi vraiment dissuasive ! Si, à l’arrivée, la nouvelle
direction de ce parti ne veut pas d’une vraie dissuasion, il sera toujours
temps d’entrer en résistance.
La réforme des institutions
En ce domaine, la motion de synthèse n’est pas vide.
Elle reconnaît la nécessité de repenser la répartition des pouvoirs à la tête
de l’exécutif et de renforcer les pouvoirs du parlement. Mais on est là effectivement
très loin du compte : la
perspective claire d’une VIe République de type primo ministériel a été refusée
dans la négociation de la synthèse. On comprend naturellement que cela pose
un sérieux problème à Arnaud Montebourg et à tous ceux qui, à ses côtés, ont
fait de cet objectif le socle de leur projet et de leur identité politique.
Mais, si le résultat de la négociation sur cette
question est incontestablement un échec pour NPS, il ne me semble pas
constituer un motif suffisant pour rejeter la synthèse. Pour que les choses
soient claires, je rappelle que je suis l’un des administrateurs fondateurs de
Je crois
seulement que ce n’est pas sur cette question que les Français nous attendent
en priorité en 2007. Et encore une
fois, la seule question pertinente est pour moi de savoir si la synthèse contribue
ou non à élaborer un projet qui aide concrètement notre pays à sortir de
l’impasse ultralibérale dans laquelle la droite a entrepris de le conduire. Nos
électeurs nous attendent sur la question de l’emploi et de la protection contre
un capitalisme sauvage, sur la question du service public, sur celle de
l’Europe sociale. Si donc je mets en balance d’un côté, l’engagement de rendre
aux salariés les 10% pris par le capital dans la répartition des revenus et, de
l’autre, le refus de redonner dès 2007 tous les pouvoirs exécutifs au Premier
ministre : il n’y a pas photo !
La question des institutions est certes essentielle,
mais (et je le déplore) elle est encore la seule affaire d’élites militantes et
non la préoccupation prioritaire de nos concitoyens. C’est donc, là encore, à
nous de faire progresser la prise de conscience collective. Mais le meilleur
moyen d’y contribuer ne consiste pas à donner l’impression que le débat
institutionnel est précisément ce qui interdit le rassemblement des socialistes
pour proposer des politiques économiques et sociales alternatives à celle de la
droite. Cela nourrirait au contraire le sentiment que le débat constitutionnel
reflète des enjeux de pouvoirs utiles aux seules élites politiques et
déconnectés des aspirations populaires.
Au total, il y a naturellement des motifs réels et
sérieux de rejeter la synthèse pour quiconque estime que les amendements
rejetés sur les questions européennes, sociales ou institutionnelles sont
précisément les plus fondamentaux. Pour ma part, je crois que l’inflexion du
programme politique du parti et les changements intervenus dans sa direction à
des postes clefs, justifient de consacrer notre énergie à de nouveaux progrès
de nos idées dans le cadre de cette synthèse, plutôt qu’à une campagne interne
de résistance à la synthèse. Je crois même qu’en raison du contenu de cette
synthèse et des raisons qui plaident en sa faveur, elle n’aurait pas suscité
autant d’émotion et de protestation si elle avait été réalisée dans de
meilleures conditions.
La façon dont cette synthèse s’est réalisée.
Je suis en effet convaincu que la réaction
d’incompréhension ou de rejet de la synthèse par de nombreux camarades est
justifiée par les conditions dans lesquelles elle s’est opérée.
Il est vrai que les 25 000 militants qui ont voté
pour la motion 5 n’ont jamais entendu parler d’une telle éventualité. L’hypothèse
d’une synthèse générale n’a jamais été pleinement considérée ni débattue dans
les AG militantes. On a donc de fait plutôt préparé les militants à la
certitude qu’il n’y aurait pas de synthèse. Les amendements proposés par notre motion n’ont pas davantage été
débattus ou simplement communiqués aux délégués du congrès. La composition de
la délégation envoyée en commission des résolutions a été décidée au sommet
sans information ni discussion collective préalable. Dans ces conditions, quel
que puisse être l’intérêt en soi d’une synthèse, on ne pouvait éviter qu’un
grand nombre de militants aient le sentiment d’une affaire menée en cachette
contre leur conviction première.
Eût-on pris le soin d’évoquer l’hypothèse d’une
synthèse générale et d’en débattre, je crois alors que même des militants a
priori opposés à la synthèse se seraient rangés au choix majoritaire de leurs
délégués au Congrès. Nous aurions pu alors rester unis, partisans et non
partisans de la synthèse, pour nous consacrer à la tâche essentielle :
s’assurer que nos propositions progressent encore dans l’opinion et dans la
direction effective du parti. Au lieu de cela, l’absence d’un débat et de choix
suffisamment transparents a conduit à la division. Et le pire effet de cette
absence - on l’a hélas constaté dans la violence de certaines réactions - est
qu’une action menée sans transparence nourrit la crainte de motivations
également cachées.
Mais je
remets ici en garde les militants contre les procès d’intention destructeurs et
par définition insensés. On ne juge
pas une politique à des intentions supposées ; on découvre les intentions
d’une politique en en constatant les effets réels. Jugez le texte de la
synthèse, jugez ensuite, dans les mois qui viennent les propositions que
portent nos camarades dans la nouvelle direction, jugez ce que nous obtiendrons
ou non dans la rédaction du projet ! La simple insinuation qu’Henri
Emmanuelli aurait bradé la synthèse au profit d’un quelconque marchandage sur
sa place dans le parti ou aurait trahi les électeurs du 29 mai est
insupportable (particulièrement quand elle vient de ceux qui sont restés
planqués durant la campagne référendaire, tandis qu’Emmanuelli assumait une
campagne publique et nationale pour le rejet du TCE).
Par ailleurs, quoique
regrettables et contestables soient les conditions dans lesquelles nous avons
mené - ou plutôt insuffisamment mené - le débat sur la synthèse, il est abusif
de soutenir que cette dernière résulte purement et simplement d’un
« putsh ». Henri Emmanuelli et Vincent Peillon ont assurément
pesé de tout leur poids pour faire passer une synthèse qui n’enchantait pas
spontanément nombre de militants. Mais c’est en vertu d’un mandat qui a été
voté par une écrasante majorité par nos délégués au Congrès. Et à ce moment au
moins, Henri Emmanuelli fut très clair. On lui fait même aujourd’hui reproche
d’avoir soutenu devant l’AG des délégués, juste avant la nuit des résolutions,
que le contenu des amendements importait assez peu, qu’une synthèse ne serait
pas une « victoire politique » de NPS, et, en substance, que la
synthèse était d’abord le seul moyen que nous avions aujourd’hui de contribuer
à la victoire de la gauche en 2007. Devant un tel discours, et sachant bien par
ailleurs que, pour Vincent Peillon, la synthèse générale était depuis longtemps
l’option préférée, les délégués savaient
à quoi s’en tenir. S’ils ne voulaient pas de synthèse ou d’une synthèse qui
sacrifierait quelques amendements essentiels à leurs yeux, ils pouvaient
refuser de donner le mandat pour négocier cette synthèse.
Au cours de cette AG décisive, Arnaud Montebourg,
mandataire de notre motion, avait la possibilité de demander aux délégués de
voter contre la négociation d’une synthèse. Il pouvait aussi leur demander un
mandat impératif refusant la synthèse dans le cas ou l’amendement sur
Certes, à l’issue de ce processus, une fois devant le
compromis négocié en Commission des résolutions, chacun est libre d’estimer en
conscience que le compte n’y est pas ou que c’est une synthèse « à vil
prix ». Mais il n’y a là ni « coup d’État », ni « trahison »
des délégués. Face à la divergence politique d’appréciation sur la portée de
cette synthèse, la question n’est pas de savoir qui sont les gentils et qui
sont les méchants. Elle est de savoir d’une part, si cette divergence justifie
au sein de tous ceux qui ont soutenu la motion NPS-AS une logique de division
et d’exclusion réciproque, et d’autre part, quelle est la conduite susceptible
de servir au mieux nos objectifs politiques et nos concitoyens, à présent que
la synthèse est en action.
La situation créée par l’éclatement
de NPS : l’impasse de la division
Je voudrais ici insister à nouveau sur la méthode qui
m’anime dans cette analyse et dont je voudrais convaincre chaque militant
qu’elle est la seule raisonnable et utile.
D’abord le
respect de toutes les positions adoptées par les uns et les autres sur ce
sujet. Ainsi, en présentant mes
raisons de trouver la synthèse souhaitable, je sais bien que tous mes arguments
peuvent être retournés pour pencher en sens inverse, dés lors qu’on aborde la
question avec une autre échelle de préférences et de priorités. Je ne suis pas
sûr que la mienne soit la meilleure… je
suis seulement sûr que c’est la mienne et qu’il en est d’autres tout aussi
respectables !
Ensuite, le
souci de ne pas se tromper de combat et d’objectif. Nous ne militons ni pour nous faire plaisir ni pour
être président de
Nous ne sommes
pas à un moment ordinaire où nous pourrions nous contenter de notre débat
interne sans nous préoccuper de son
incidence externe, de ses conséquences pour le pays. Nous sommes à 18 mois
d’une élection présidentielle qui est loin d’être gagnée d’avance, et où notre
défaite impliquerait cinq années au moins, et peut-être bien davantage, de
démantèlement du pacte social et républicain qui distingue encore notre société
d’une « dissociété » néolibérale à l’américaine.
Chaque
militant devrait se poser la question de savoir à quoi il convient de consacrer
son énergie durant ces dix-huit mois décisifs, qui pourraient même être moins nombreux si Jacques Chirac décidait
d’anticiper les élections pour prendre Sarkozy et la gauche de court.
Personnellement, dans ce contexte, j’estime que les adversaires de la synthèse
et ses partisans auraient dû s’entendre au moins sur la nécessité de reporter à
plus tard la question de savoir dans quel courant il mènerait le combat du
prochain congrès du PS ! À force de ne plus rencontrer que des militants,
nous risquons de surestimer vraiment au-delà du raisonnable l’intérêt que
représente pour nos concitoyens la question de savoir s’il fallait ou non faire
la synthèse. Je crois qu’ils attendent surtout le projet des socialistes pour
2007 et que notre tâche urgente est de peser par tous les moyens sur le contenu
de se projet.
Cela ne veut pas dire que nos préoccupations internes
au PS sont sans importance : il est parfaitement utile et légitime que
chacun tire les leçons du diagnostic qu’il fait sur l’issue de notre congrès et
sur le fonctionnement ou les dysfonctionnements de notre motion. Mais il est un
temps pour tout ! On n’ouvre pas un débat d’exégète sur la taille et la
couleur optimale des bouées quand les gens sont en train de se noyer : on
les sort de l’eau d’abord, on reprend le débat après. Nous sommes dans cette
situation. Après le signe fort d’un
rassemblement des minorités du PS, et devant l’enjeu historique du débat
politique à venir dans le pays, n’est-il pas ridicule de nous voir à nouveau
divisés (au bout de huit semaines) et attelés à la tâche dérisoire de
redistribuer les troupes entre nos différentes sensibilités internes,
sensibilités dont 99 % des Français ignorent même l’existence ?
Je crois pour ma part que le bon sens exigeait que
nous fassions tout, au moins à court terme, pour ne pas nous enliser dans les
règlements de comptes internes, pour respecter les positions des uns et des
autres, et rester ensemble, attelés à la seule tâche décente : écrire et
réécrire les propositions qui dans le projet socialiste redonneront l’espoir
d’une alternative en 2007. Nous pouvions rester ensemble dans cet esprit de
responsabilité qui aurait pour le moins reporté les clarifications internes.
Mais la
logique folle de la division et de l’exclusion l’a emporté. Personne n’a demandé à Arnaud de nous quitter,
beaucoup au sein de la direction de NPS lui ont demandé de rester. Mais il est
parti. Marc Dolez et Gérard Filoche, eux, ne sont pas partis, ils ont même
demandé à rester dans la direction de NPS ; ils en ont été exclus ! À
l’évidence, le débat sur la synthèse a enclenché le cercle vicieux de la
division qui donnera à l’extérieur la triste impression que nous nous livrons à
une sorte de purification clanique, chacun aspirant à ne se retrouver qu’en
compagnie des « siens ». Notre rassemblement est-il devenu impossible
parce que, hormis cette quantité négligeable que constituent les militants (!),
personne n’en voulait vraiment ? Parce que personne n’en acceptait le prix
: supporter un débat interne au courant, pour les uns, accepter de taire
momentanément des divergences en vue de promouvoir une action commune, pour les
autres ? Ne comptez pas sur moi pour désigner un coupable. Dans un cercle vicieux, tous ceux qui sont
dans la ronde ont leur part de responsabilité et tous peuvent, s’ils en ont la
volonté, tenter d’inverser le processus, de faire le premier pas qui
réenclenche le cercle vertueux du respect et du rassemblement autour
d’objectifs communs.
Pouvons-nous encore enclencher ce cercle
vertueux ? Si chacun a bien le droit de réunir son club, son association,
son réseau de militants (tout le monde le fait) pour débattre et proposer, cela
ne nous interdit pas de rester ensemble pour achever d’accomplir le mandat
donné par les militants qui ont voté pour notre motion : la réorientation
du projet de notre parti. Si nous ne faisons pas ce choix, alors on sait bien à
quoi risque d’être consacrés les 18 mois qui viennent : chacun se retrouvera
chez soi, dans son clan, son sous-courant et va passer son temps à dire le plus
grand mal des traîtres ou des sectaires qui sont dans la sous chapelle d’en
face ! Il s’agira de conserver ou d’étendre des troupes pour des batailles
de congrès à venir, au lieu de mobiliser toutes les troupes pour la seule
bataille qui compte à présent, celle de 2007.
Une maison et une action communes ?
Si les leaders de notre motion ne peuvent s’entendre
pour poursuivre le travail commun, tous les militants qui ne souhaitent pas se couper
des camarades avec lesquels ils ont jusqu’ici travaillé, mené campagne contre
le TCE ou pour la motion 5 ne sont en rien contraint de le faire. Nous avons juste besoin d’un espace où le
débat, la réflexion et le travail commun restent possibles, sans que
personne ne soit sommé de dire à quel clan il appartient, s’il est pour ou
contre la synthèse ; un espace de respect où le débat vraiment utile sur
la synthèse est possible parce que déconnecté de tout enjeu de pouvoir ;
un espace qui préserve entre nous le lien et laisse ainsi ouverte l’opportunité
d’un nouveau rassemblement ; un lieu d’ouverture sur l’extérieur et les
attentes de nos sympathisants ; un outil de travail commun pour associer
les militants à la réflexion sur le projet.
Si nous reconnaissons qu’il y avait pour les uns et
les autres des bonnes raisons de na pas faire la synthèse ou de bonnes raisons
de la faire ; si nous admettons l’insuffisante préparation démocratique de
ce débat et la nécessité de mettre en place d’autres façons de militer
ensemble ; si nous voulons bien juger le résultat de cette synthèse sur
pièces, au fil des mois ; si nous attachons un peu plus d’importance
immédiate à la préparation du projet socialiste qu’à la préparation des motions
du prochain congrès… alors, nous pouvons nous retrouver dans des espaces
communs.
Avec un certain nombre de camarades, j’ai fondé cet
été l’un de ces espaces communs. J’avais
résolu au printemps dernier d’entreprendre un travail de réflexion et de
dialogue avec les sympathisants de notre parti sur les voies d’un renouveau
socialiste en France et en Europe. Un travail politique hors courant et donc
immunisé contre les enjeux de pouvoirs. (Vous trouverez les informations
nécessaires sur le club né de cette résolution durant l’été dernier sur le site
http://renouveausocialiste.fr).
Ce club pour le Renouveau socialiste européen (RSE) n’est
en effet ni un courant ni un sous-courant. Il est ouvert à tous les
socialistes et à tous les simples citoyens qui se reconnaissent dans sa
déclaration de principes[4].
Ensemble, nous chercherons à :
- mener dans l’opinion la bataille culturelle contre
l’idéologie néolibérale ;
- expliciter et réhabiliter les valeurs du socialisme
authentique ;
- former et informer sur les politiques progressistes
possibles et adaptées aux défis d’aujourd’hui ;
- offrir aux sympathisants une suite à notre rencontre
durant la campagne référendaire et mener avec eux la bataille pour une vraie
Constitution d’une vraie Europe politique et sociale.
Des camarades de nombreuses fédérations se sont déjà
proposés pour assurer l’animation de RSE dans leur département, une fois passée
la bataille du Congrès. Je vais donc progressivement me rendre dans chaque
fédération pour participer au lancement public de RSE, dans l’ordre des
demandes formulées par les camarades. Cela sera notamment l’occasion de mettre
en place un programme de travail. En ce
qui concerne la synthèse et le projet du parti, je suggère que la ligne de
conduite et les axes d’intervention de RSE s’articulent autour des points
suivants :
1°) Reconnaissant la sincérité et l’intérêt des arguments
des uns et des autres sur l’opportunité et le contenu de la synthèse, il ne
s’agit plus de refaire le Congrès, mais de travailler
sur le projet et de se battre pour que soient levés les ambiguïtés et comblées
les lacunes de la motion de synthèse.
2°) Au lieu d’affaiblir notre ligne collective pour
renforcer tel ou tel clan, je propose que nous travaillons ensemble à rendre
notre ligne plus crédible et plus convaincante.
Sur chaque amendement litigieux dans la motion de
synthèse constituons un groupe de travail chargé de formuler une proposition
pour le projet socialiste (sur l’âge
de la retraite, sur la lutte contre les licenciements boursiers, sur la
protection extérieure de l’Union, sur la convergence des normes sociales
européennes, etc.)
3°) Au lieu de nous replier sur nos débats internes ouvrons-nous au dialogue et au travail en
commun avec nos sympathisants. Tel est en effet l’une des objectifs
initiaux de RSE. Cela passe par la tenue de réunions publiques, de
cafés-débats, de groupes de formation, de rencontres avec les syndicats… autant
d’occasion de faire progresser notre ligne et d’attirer à terme de nouveaux
militants pour la soutenir.
4°) Au lieu de spéculer et de nous perdre en procès
d’intention sur l’horizon de la présidentielle, affichons clairement notre
quête d’un débouché politique au vote du 29 mai. Nous entendons bien promouvoir en priorité l’investiture d’un candidat qui s’est trouvé en
phase avec la grande majorité du peuple de gauche dans le vote du 29 mai. La
quête de ce débouché politique est aussi l’un des objectifs premiers de RSE.
Voilà me semble-t-il un programme de travail qui peut
rassembler ceux qui souhaitent le rassemblement, dans un cadre ouvert à et
respectueux de tous les camarades quel que soit leur réseau d’affiliation. Avec
une ligne claire, avec en interne, un objectif précis pour le projet et
l’élection de 2007, et en externe, un objectif déterminé d’influence et
d’attraction. Ce cadre de travail n’est pas concurrent de celui de NPS ou de tout
autre nouveau courant, puisqu’il est
destiné à faire très précisément ce que ne peuvent pas faire les associations
affiliées à un courant : accueillir les sympathisants qui ne veulent
pas adhérer à un courant du PS, réunir les militants PS issus de courants
différents ou d’un courant éclaté.
Pouvons-nous ainsi préserver une maison commune pour
ne pas détruire complètement l’esprit, les liens et l’intérêt politique
d’un rassemblement qui se trouve momentanément
annulé par l’éclatement de NPS ? Éclatement au sommet qui n’interdit pas à
la base de continuer à se retrouver et à manifester l’exigence d’unité dans le
respect d’un débat interne qui doit rester ouvert et libre en permanence.
Si RSE n’est ni un courant, ni un sous-courant, ce
n’est pas davantage le dernier cercle des naïfs. Il s’agit bien de constituer une
force politique qui pèse par la qualité de ses propositions, le nombre de ses adhérents,
l’autorité de son conseil scientifique, son impact médiatique et sa capacité à
soutenir le moment venu telle ou telle proposition ou option politique, à
l’intérieur comme à l’extérieur du parti.
Aux
camarades qui envisagent de quitter NPS en raison de leur opposition à la
synthèse, je demande une ultime réflexion. Ce départ ne me semble ni souhaitable ni utile. Quand le parti a pris
position pour le TCE, nous n’avons pas quitté le parti, nous avons continué à
défendre notre position. La majorité a choisi la synthèse, soit. Cela ne vous
interdit pas de porter vos propositions pour corriger tous les défauts que vous
trouvez à cette synthèse. Et ce d’autant plus que la plupart de ceux qui
acceptent cette synthèse sont d’accord avec vous sur l’essentiel de ce qui lui
manque. C’est naturel. Avons-nous déjà oublié que nous nous sommes tous battus
pour la même motion ? Tous ceux qui l’ont fait avec sincérité continueront
à travailler en vue de promouvoir toutes nos propositions, y compris celles qui
ont été refusées par la motion de synthèse. Il n’y aura pas de projet 2007
gagnant sans un discours fort et crédible sur la prévention de licenciements
« boursiers », sur l’harmonisation des normes sociales en Europe, sur
les droits à la retraite. Voulez-vous
être de ceux qui se battent pour l’élaboration de ce projet gagnant ou de ceux
qui se battent contre une synthèse déjà adoptée et déjà dépassée ?
Cet appel ne touchera bien évidemment pas les
camarades qui suivent Arnaud Montebourg avec l’objectif prioritaire de
reconstruire, pour l’avenir, un nouveau courant homogène autour du socle
politique constitué par le projet d’une VIe République. Si tel est l’objectif, en
effet, le contenu du projet pour 2007 et notre rassemblement pour y contribuer n’ont
guère d’importance. Et l’on voit bien en revanche l’intérêt qu’il y a dès lors à
constituer un front du refus de la synthèse pour nourrir les troupes de ce
nouveau courant. C’est là un choix tout aussi respectable qu’un autre. Nul n’a
le monopole des justes finalités de l’action politique et chacun choisi les
siennes.
Il convient
donc seulement de ne pas s’abuser sur les finalités effectives que sert telle
ou telle option politique. Le front
du refus sert assurément pour une prochaine bataille de congrès. Mais il
contraindra ses artisans à diriger l’essentiel de leurs critiques vers des
camarades qui sont pourtant sur la même ligne politique et se battent pour les
mêmes objectifs qu’eux-mêmes. Je préconise, au moins dans l’immédiat une attitude de patience et de vigilance.
Patience, car l’urgence est de peser de tout notre poids commun dans
l’élaboration du projet qui fera l’objet d’une convention nationale du parti en
mars prochain et doit être ensuite adopté au mois de mai. Patience, car on peut
au moins laisser à nos camarades présents dans la direction quelques mois pour
porter leurs propositions. Il sera grand temps de juger le résultat en mars ou
en mai prochains. Vigilance, car personne, y compris les partisans de la
synthèse, ne souhaite qu’à l’arrivée, le PS s’en tienne à un projet qui ne
saurait qu’une variante édulcorée de la motion 1. Menons cette veille ensemble.
Et ensuite, en connaissance de cause, sur l’état réel du projet socialiste,
chacun fera ce que sa conscience lui dicte.
Fraternellement,
Jacques Généreux
[1] Cf. mon « Discours d’Argeles », in Chroniques d’un autre monde (Seuil, 2003).
[2] Mon camarade Gérard Filoche a élaboré un argumentaire complet des critiques adressées à la synthèse. Son « analyse détaillée de la synthèse » est disponible sur le site de Renouveau socialiste (http://renouveausocialiste.fr) et bien sûr aussi sur celui de démocratie et socialisme.
[3] Cf. mon Manuel critique du parfait Européen (Seuil, 2005), pour plus d’explications.
[4] Notez que cette déclaration de principe exclut toute dérive centriste et toute pollution du socialisme par les valeurs néolibérales ou leurs variantes blairistes. Elle pose par ailleurs les bases d’un authentique renouveau du socialisme sur les questions liées à la démocratie, au développement économique et à l’écologie.
Monsieur,
J'ai milité pour le non avec des milliers d'autres membres du PS. J'ai ensuite milité pour la motion 2 sur la base des arguments "abrogation des lois de droite" et surtout parce que je pense qu'il ne fallait pas tous nous retrouver dans la mtion 5 car il y a eu beaucoup de camarades qui ne se retrouvaient que dans la motion 2.
Après avoir été invitée par FM 75 à représenter FM au collectif du non parisien (alors que j'étais ni adhérente mais seulement observatrice d'une ou deux de leurs réunions pour me déterminer dans mes choix),, j'ai pu découvrir avec plaisir que ceux de la motion 2 avec les révolutionnaires de l'ex-motion 5. Tout d'abord, j'aime à penser par moi-même et je réfléchis avant de rejoindre un camp ou un autre. C'est donc en vain que j'ai cherché à comprendre, au sein de l'ex-motion 2, le fond du ralliement. Ce que j'ai vécu "motion 2, on se tait ou on s'en va" pour résumer.
J'étais aussi pour une majorité et une direction alternative du PS, mais ce que j'ai vécu le jour du congrès fédéral parisien (auquel j'étais déléguée et non une invitée magouilleuse) m'a démontrée qu'il y avait beaucoup à faire au sein de toutes les motions en matière de démocratie (et pas moins chez 2 et 5 que dans la 1).
Je suis pour offri un débouché polituqe au rejet des politiques néolibérales, ce que n'offrent pas les altermondialistes très médiatisés.
J'aurais voulu que le PS soit en capacité d'incarner pour 2007 une alternative crédible. Je dois dire que je suis extrêmement inquiète du devenir de notre parti, et par voie de conséqunce de notre avenir de citoyens français.
Je me suis posée la question de rester ou non : prendre des coups de la part de mes amis avec lesquels j'ai tracter ou coller, de la part des droitiers du PS, c'est beaucoup. Je ne cache pas mes appartenances à mon travil, mais c'est difficile d'être membre du PS. Un rayon de soleil a éclairer cette atmosphère lors de la campagne pour le 29 mai 2005. J'ai représenté mon collectif du 29 mai au conseil national du 29 mai début décembre 2005 et chacun connaît mes appartenances.
Ils sont plutôt fiers de ce que je sois avec eux.
Je n'ai su que penser de la synthèse. J'admire Marc Dolez pour avoir été le suel à voter non lors du congrès de Versailles. Mais je ne peux le suivre par pure discipline de pensée. C'est vrai que chez les fabusiens, il se dit "fabius a dit, il a donc raison". Je ne suis ni une élue, ni une salariée du PS et je n'aspire à aucune de ces deux fonctions. Je peux donc penser en toute indépendance.
A l'image du PS, ne regardant que nous mêmes, nous ne nous sommes pas suffisamment battus pour infléchir la motion. Certes, tout a été très vite, et il fallait réfléchir vite. La tendance dans le PS étant de penser que seuls, les esprits acérés peuvent prendre des décisions rapides.
Ceux qui ont voté motion 2 sont nombreux à s'interroger. Pourquoi les rejeter , Nous avons pris l'initiative Thao et moi de tenir des réunions sur la fiscalité et l'analyse du projet de loi de finances pour 2006 au sein du PS à Paris. Je fais de même dans mon collectif 29 mai de Malakoff.
Parce que notre électorat potentiel est là et qu'il convient de ne mépriser personne au motif que nous ne sommes pas toujours d'accord.
Je souhaite consacrer les 18 mois à venir à tenter d'influer sur la motion de synthèse pour essayer d'aider à contrer la politique libérale que nous nous prenons tout un chacun en pleine figure.
Voilà pourquoi je souhaite faire un bout de chemin avec RSE.
Tu peux prendre contact avec moi par mon courriel et mon portable est 06 70 95 48 14
Amitiés socialistes.
Condamnée par nombrceux ceON