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AU NOM DE L'EUROPE C'EST "NON"

Par J-Genereux • Débat européen • Jeudi 10/02/2005 • 22 commentaires • Version imprimable

Fait unique dans l’histoire, ce sont aujourd’hui des pro-européens convaincus, ceux qui ont toujours dit oui à tout, les partisans d’une Europe politique plus démocratique et plus sociale, ce sont ceux-là qui se dressent aujourd’hui pour rejeter un traité qui détruit le rêve européen. Chaque semaine, jusqu’au prochain référendum, nous expliquerons ici les seules bonnes raisons de dire "non" : celles qui fondent le "non" des pro-européens et leurs propositions pour une vraie Constitution européenne.

J’ai dit "oui" à Maastricht et je ne regrette rien

En 1992, j’ai voté "oui" au référendum sur le traité de Maastricht. Certes, ce traité n’autorisait pas la mise en œuvre de l’Europe politique et sociale à laquelle aspire tout socialiste. Et pourtant, comme la majorité de mes camarades, j’ai voté "oui". Plus précisément, nous avons dit "oui" à l’euro. Pour trois raisons.
À court terme, la disparition des monnaies nationales nous débarrassait de la spéculation sur les taux de change intra-européens qui empoisonnait la conduite de la politique économique depuis les années 1980. L’euro nous protégeait ainsi contre l’un des méfaits majeurs de la dérégulation mondiale des marchés financiers.
À long terme, nous croyions à la "théorie de l’engrenage" : comme ce fut le cas tout au long de l’histoire de l’Union, un mauvais traité n’était que l’étape nécessaire à la reconnaissance des insuffisances qui nous inciteraient à faire un pas de plus vers l’Europe politique. En clair, nous espérions que l’horreur économique et sociale à laquelle nous destinait le fonctionnement d’un marché parfaitement intégré, sans une réelle politique européenne encadrant la compétition, manifesterait la nécessité de pousser plus loin l’intégration politique et l’harmonisation fiscale et sociale de l’Union, par le haut bien sûr !
Enfin, troisième raison, il y avait la portée symbolique de l’euro. Symbole d’unité indissoluble des peuples, alors que l’éclatement de la Yougoslavie réveillait une violence fratricide qu’on croyait d’un autre âge. Preuve inespérée de volonté et de capacité du politique, dans un océan d’impuissance face aux "contraintes" et aux "lois de l’économie".
Oui, vraiment, dans une Europe glacée par la guerre, la misère sociale et l’asthénie du politique, l’euro fut une divine surprise, le socle tangible qui manquait pour que renaisse dans nos esprits un "rêve européen", le rêve d’un nouveau monde où le marché ne serait plus l’ennemi de la démocratie et du progrès social, où l’union des peuples et la détermination de leurs élus rendraient au politique le pouvoir de gouverner.

Le piège libéral

Tout cela valait bien de considérer qu’aussi imparfaite fût-elle, l’étape de l’euro était une marche de plus sur le long escalier menant vers une Europe puissance au service du progrès social, et qui nous redonnerait la souveraineté que la mondialisation laminait au plan national. Personne n’était toutefois inconscient au point d’ignorer que l’engrenage censé mener vers cette Europe puissance pouvait tout aussi bien déboucher sur l’Europe espace de libre-échange où la compétition exacerbée anéantirait la capacité des politiques à entraver la victoire du modèle néo-libéral anglo-saxon. Car, depuis les origines, le projet d’une Europe politique au service du progrès social et de la paix se heurte au contre-projet libéral d’une "Europe espace" : espace de libre-échange et de libre concurrence où le politique s’efface et promeut l’extension de la logique marchande à toutes les activités.
Si donc la droite libérale se retrouve en 1992 aux côtés des socialistes pour soutenir l’union monétaire, c’est bien en raison d’un pari et d’un projet exactement inverse. Elle espère que, dans un contexte de libre concurrence, et sans possibilité d’action sur les taux d’intérêt, les taux de change et le budget, les États ne pourront maintenir leur compétitivité qu’en intensifiant le travail et sa flexibilité, en comprimant les coûts salariaux, les cotisations sociales patronales et les impôts. Cette contrainte conduira alors vers l’État minimum et la marchéisation progressive de la protection sociale, de l’éducation, de l’énergie et des transports collectifs. Ainsi, à partir de Maastricht, l’intégration européenne constituait un piège dans lequel chaque tenant d’une vision escomptait entraîner l’autre.
Plus de onze ans après le traité de Maastricht, force est de reconnaître que le piège s’est refermé sur les socialistes et non sur les libéraux. La flexibilité et la précarité du travail, la soumission aux règles de la concurrence libre non faussée par les interventions publiques, la baisse des charges patronales et des impôts, la privatisation, les licenciements boursiers et les délocalisations au profit du moins-disant social ont bon train. Quid de l’harmonisation fiscale et sociale par le haut ? D’une politique étrangère et de défense autonome face à l’imperium américain ? Du plein-emploi et de l’amélioration des conditions de travail ? De la réduction des inégalités ? Pas grand-chose !
Les socialistes français ont vite compris qu’ils étaient en train de perdre la partie. Dès 1997, ils ont annoncé qu’ils exigeraient des garanties nouvelles pour signer le traité d’Amsterdam. Mais ils n’ont quasiment rien obtenu et signé quand même. Trop isolés dans un rapport de forces singulier. En 1997, les socialistes et les sociaux-démocrates participent au gouvernement dans 13 pays de l’Union sur 15, mais la plupart d’entre eux se sont convertis au discours libéral en matière de dérégulation, de flexibilité du travail, et de réductions des dépenses publiques et des impôts. Ainsi, le piège européen ne se referme-t-il pas seulement sur la gauche mais avec elle et, plus encore, sur les centaines de millions de citoyens désormais enfermés dans un avenir à sens unique, dans une démocratie purement formelle où changer les gouvernements ne change plus les politiques. Et, presque partout en Europe, cette soudaine indifférenciation entre droite et gauche engendre l’échec électoral de la gauche, la montée de l’abstention et la progression de l’extrême droite.
Cette vague noire qui accompagne le reflux de l’éphémère vague rose, depuis la fin des années 1990, aurait dû inciter les néolibéraux à la plus grande prudence : on n’impose pas impunément aux peuples des mutations dont ils ne veulent pas. L’immense majorité des Européens redoute davantage l’insécurité sociale d’une société de compétition généralisée que les impôts et les règlements nécessaires à la cohésion sociale. En profitant d’un avantage politique momentané pour imposer leur modèle sans le moindre mandat populaire, les néolibéraux préparent leur prochaine éviction, non plus nécessairement au profit d’une gauche seulement moins libérale qu’eux, mais à celui des nationalistes, des anti-européens et, plus grave encore, des anti-démocrates. Le piège européen pourrait finalement se refermer sur l’ensemble d’une classe politique installée dans sa certitude d’avoir raison contre les peuples.


Une Constitution anti-démocratique

Mais, plutôt que la prudence, c’est l’aveuglement et l’esprit de revanche qui l’ont emporté. Le gouvernement Raffarin est l’avatar exagonal de cette folie européenne, lui qui interprète le réflexe républicain qui l’a porté au pouvoir comme un mandat pour mettre en œuvre le programme du MEDEF ! Les plus optimistes peuvent toutefois espérer que les Français feront bientôt une dernière fois confiance à la gauche pour remettre à l’ordre du jour le primat du progrès social. À moins qu’une constitution européenne ne barre définitivement la route à toute politique alternative.
En effet, le traité établissant une Constitution pour l’Europe (adopté à Bruxelles le 18 juin 2004 et signé à Rome le 29 octobre 2004) propose de poser un dernier verrou qui transformera le piège européen en prison à vie pour les partisans d’une Europe puissance au service du progrès social. Il s’agit en fait de rendre leur vision anticonstitutionnelle. Avant que, sous la pression des peuples, le rapport de forces ne soit bouleversé au profit de l’Europe sociale, les élites momentanément dominantes entendent graver à jamais dans le marbre d’une constitution la supériorité du principe de "concurrence libre et non faussée" sur toutes les autres finalités.
Non seulement ce projet ne barre pas la route à une concurrence fiscale et sociale exacerbée qui entraînera un alignement par le bas sur le moins-disant social. Non seulement il maintient toutes les limitations actuelles à la libre conduite de politiques nationales et ne donne en compensation aucun moyen à l’Union pour mener des politiques économiques et sociales actives. Mais en outre, et surtout, il rend non constitutionnelle toute politique qui ne respecte pas le principe de libre concurrence, ce qui est en réalité le cas d’à peu près toute politique qui vise autre chose que la maximisation des profits. Par conséquent, il pose la base légale qui autorisera le juge européen à condamner n’importe quelle législation ou réglementation nationale selon la conception plus ou moins extensive qu’il aura de la concurrence libre et non faussée. Autrement dit, il autorise à déclarer définitivement non constitutionnelle toute politique vraiment de gauche ! La révision d’une telle constitution étant de fait quasi impossible (l’unanimité des États est requise), seule la sortie de l’Union européenne permettra de mener une autre politique.
Ce texte est donc tout sauf la Constitution d’une démocratie européenne. Car, dans une démocratie, toute vision économique qui ne viole pas les droits de la personne humaine a droit de cité dans le débat et les politiques publiques. Et la constitution établit seulement les droits fondamentaux et les institutions grâce auxquelles les citoyens peuvent choisir entre des politiques plus ou moins libérales, plus ou moins socialistes. Or le traité que l’on nous propose consacre moins de 100 articles aux droits et aux institutions et près de 350 à la définition de l’orientation des politiques commerciales, fiscales, sociales, industrielles, etc. Il donne à ces politiques une orientation à sens unique : toujours dans le sens d’une plus grande concurrence et d’une moindre régulation politique des marchés, bref il s’agit largement d’une Constitution néolibérale !
La ratification d’une telle Constitution rendrait sans objet
t, au sein de l'Union, tout débat politique sur le degré de régulation politique des marchés, sur la part relative des biens publics et des biens privés dans la richesse nationale, ou encore sur le partage de la valeur entre travail et capital ; car toutes ces questions sont définitivement tranchées par le primat absolu de la libre concurrence sur tout autre finalité : le bon degré de régulation, c’est toujours le plus faible possible, et le bon partage c’est celui qui résulte de la libre compétition. Fin du débat !

Une Constitution anti-européenne


Que les élites politiques s’entendent aujourd’hui pour abolir définitivement le débat politique au niveau européen est une catastrophe pour la démocratie et pour l’Europe. Car, à moins d’abolir aussi la liberté des partis politiques et le droit de vote, ce diktat européen ouvrirait un boulevard électoral aux nationalistes et aux néo-fascistes. En effet, quand les peuples ne peuvent plus trouver dans le vote pour les démocrates pro-européens le moyen de rejeter la domination des politiques néolibérales, ils le trouvent ailleurs, ils se laissent persuader que rien de bon ne viendra plus d’une Europe où droite et gauche s’entendent de fait pour laisser libre cours à la domination des marchands.
C’est pour combattre cette montée du sentiment et du vote anti-européen qu’il faut dire "non" à cette Constitution, même si cela nous conduit à voter comme des anti-européens. Ne tombons pas dans le contresens imbécile qui consiste à dire que l’on fait le jeu des anti-européens en votant comme eux. On fait leur jeu en soutenant une politique européenne néolibérale qui désespère les classes populaires, on fait leur jeu en effaçant toute différence lisible entre le projet européen de la gauche et celui de la droite, on fait leur jeu en acceptant que les politiques européennes soient déterminées par quelques comités intergouvernementaux et une commission de technocrates et jamais par le vote des citoyens, on fait leur jeu si on les laisse être les seuls porte-parole de tous ceux qui ne veulent pas de l’Europe de la guerre économique, de l’Europe anti-démocratique, de l’Europe anti-sociale.
Cette Constitution est ainsi anti-européenne par le simple fait que sa ratification favorisera la montée du sentiment anti-européen, y compris chez les pro-européens, trompées par la propagande libérale, et qui comprendront (trop tard) les méfaits d’une Constitution non démocratique interdisant la régulation des marchés au profit du progrès social.
Cette Constitution consacre la victoire de ceux qui depuis les origines ne veulent pas de l’Europe politique, de tous ceux qui, à défaut de pouvoir détruire l’Union européenne de l’extérieur, ont entrepris de la détruire de l’intérieur en la transformant en un simple espace de guerre économique sans frein. Ils sont parvenus à faire que l’Europe, loin d’être un pouvoir politique renforçant le pouvoir des citoyens face à celui des marchés, soit un simple instrument technocratique imposant les lois du marché aux gouvernements et à leurs peuples.
Cette Constitution détruit tous les éléments fondamentaux du projet européen des vrais pro-européens. Nous voulions la paix entre les nations : cette Constitution consacre une logique de guerre économique permanente entre les Européens. Nous voulions l’Union pour être plus forts dans la compétition mondiale : cette Constitution consacre notre division par la compétition interne, elle nous prive de tous moyens financiers pour mettre en œuvre des politiques européennes ambitieuses en matière de recherche, de développement industriel, elle interdit l’usage efficace des politiques monétaires et budgétaires auxquelles ont judicieusement recours nos compétiteurs. Nous voulions une politique de défense européenne indépendante des États-Unis : cette Constitution écrit qu’aucune défense collective européenne n’est concevable ailleurs qu’au sein de l’OTAN, organisation militaire dominée par les États-Unis ! Nous voulions une Europe capable d’harmoniser progressivement les salaires, les conditions de travail et la protection sociale par le haut : cette Constitution interdit toute harmonisation du droit social !
Voilà pourquoi, fait unique dans l’histoire, ce sont aujourd’hui des pro-européens convaincus, ceux qui ont toujours dit oui à tout, les partisans d’une Europe politique plus démocratique et plus sociale, ce sont ceux-là qui se dressent aujourd’hui pour rejeter un traité qui détruit le rêve européen. Vous qui êtes pro-européens, vous restez peut-être incrédules face à nos arguments ; portés par votre sentiment naturel favorable à tout ce qui vient de l’Union européenne, trompés par le matraquage médiatique des mensonges sur le projet en débat, vous ne vous êtes pas encore sérieusement penché sur le texte même de cette Constitution. Il suffit pourtant de la lire et de la comprendre pour réaliser à quel point elle est inacceptable pour un démocrate et pour un Européen convaincu. Voilà pourquoi j’ai écrit un livre simple et léger pour vous inviter à cette lecture nécessaire. Voilà pourquoi, ici même, je continuerai chaque semaine, et jusqu’au prochain référendum, à expliquer le texte et les bonnes raisons qu’ont aujourd’hui les pro-européens de rejeter la fausse Constitution qu’on leur propose.

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Commentaires

Tout faux ... par Xavier le Lundi 21/02/2005 à 03:08

Vous vous réclamez de Jaurès. Mais lui savait sans doute que la politique est l'art du possible, et savait faire la part nécessaire entre l'utopie et la réalité.


Vous dites :
nous espérions que l’horreur économique et sociale à laquelle nous destinait le fonctionnement d’un marché parfaitement intégré, sans une réelle politique européenne encadrant la compétition, manifesterait la nécessité de pousser plus loin l’intégration politique et l’harmonisation fiscale et sociale de l’Union, par le haut bien sûr.

Horreur éco et sociale. Brr. Même les "libéraux" n'en veulent pas, et sont parfaitement conscients de la nécessité d'un encadrement (régulation, rôle de l'Etat et des autorités européennes). Ils désirent aussi, évidemment, une progression réaliste (pas tout, tout de suite, en raison des grandes différences entre les pays de l'Union. Laisser les moins avancés rejoindre les plus riches) de l'harmonisation fiscale et sociale.

Intégration politique : le sujet est beaucoup plus délicat. Vieilles traditions "jingoïstes" au Royaume-Uni, et, dans tous les pays, des nationalismes de clocher, et la prétention de voir midi à sa porte ou de jouer un rôle impérial, cf. les prétentions françaises ... imagine-t-on, par exemple, l'exception culturelle luxembourgeoise, ou la politique arabe de la Belgique :-)

Il est évident que l'intégration politique ne peut se décréter. Elle résultera d'un long et humble travail, de la fréquentation des autres, et sans doute aussi de l'émergence de leaders politiques d'envergure (on regrette, pour rester dans la mouvance socialiste, que M. Delors n'ait pas de successeur).

Mélanger le sujet de l'intégration politique dans une comparaison entre projets "libéraux" et "socialistes" pour l'Europe, relève de la plus parfaite mauvaise foi. D'autant que :
- le personnel politique socialiste français ne s'est pas différencié de celui des autres partis français par sa (déplorable) assiduité aux débats du Parlement. Comment faire de l'intégration politique si on est absent ?
- les élus socialistes français au Parlement européen ont joué un jeu particulièrement stupide lors des élections aux instances dudit Parlement, et a grandement contribué (il n'est pas le seul hélas) à une diminution spectaculaire de l'influence et de la représentation des intérêts français, tant au Parlement qu'à la Commission.
- le personnel politique socialiste français, en cela guère différent de celui des autres partis, est veule et hypocrite lorsqu'il attribue "à la faute de Bruxelles" les conséquences de décisions auxquelles il a été associé, ou rejette sur Bruxelles le mécontentement du à un mauvais management local.

Bien évidemment, c'est en disant non au traité que tout cela va s'arranger par miracle ...

Vos arguments sur le piège libéral. En somme, parce que vos idées se retrouvent (momentanément peut-être) en minorité, vous refusez le jeu normal démocratique et majoritaire. Vous le refusez d'ailleurs aussi dans votre propre parti ... Au choix, c'est une attitude d'apprenti dictateur léniniste, ou d'enfant capricieux. Franchement, ce n'est pas digne de l'idée qu'on peut avoir de la politique. Et c'est carrément irréaliste et puéril de se retirer du jeu lorsqu'on a la prétention de participer à la définition et à l'application des règles du jeu.

Les gens qui font de la politique devraient faire preuve de courage. Et oser entraîner leurs électeurs et sympathisants dans des voies difficiles, vers le haut et non vers le bas. J'ai été consterné de voir nombre de socialistes, utiliser les soi-disants désirs de leur électorat pour défendre leurs positions au Parlement ou lors du débat sur le traité constitutionnel. "Mes électeurs veulent ...". C'est exactement la stupide argumentation des gouvernements Chirac pour attribuer des faveurs aux bistrotiers, diminuer la progressivité et le rendement de l'IRPP, etc. C'est aussi ce que font les gouvernements Bush en politique intérieure. Quel manque de courage et de discernement. Quel dévoiement de la démocratie. Et depuis quand avons nous, en France, des mandats impératifs ?

Vous dites "une Constitution anti-démocratique". Allons donc, déjà les grands mots. L'anti-démocratie c'est peut être ce que vous prouvez par votre comportement (voir plus haut)!


Bien sûr, les textes (traités et annexes) sont terriblement longs et très touffus. Mais c'est tordre les textes et l'intention des rédacteurs des textes (dont des socialistes) que de prétendre, comme vous osez le faire, qu'ils conduisent à une confiscation de la démocratie. Vous êtes aveuglé par votre prétention immodeste à détenir la Vérité. Pour employer une locution populaire, vous faites l'ayatollah.

D'autre part vous prétendez êtes plus socialiste que la majorité des socialistes français, plus socialiste que les socialistes européens. Monsieur Je-sais-tout, Monsieur Plus du Plus. C'est un peu ridicule. Mais il y a beaucoup plus grave. On sait très bien, en politique, où mène la surenchère : au maximalisme et à l'extrémisme. Car il y aura toujours quelqu'un pour se prétendre plus socialiste (plus proche du peuple, des masses, etc.) que vous.

A propos d'extrémisme, vous dites : Cette vague noire qui accompagne le reflux de l’éphémère vague rose, depuis la fin des années 1990, aurait dû inciter les néolibéraux à la plus grande prudence : on n’impose pas impunément aux peuples des mutations dont ils ne veulent pas. Mais la vague noire, vous l'incarnez, non pas par votre idéologie (encore heureux ...) mais par votre comportement maximaliste. Et il est insupportable de lire sous la plume d'un prétendu démocrate et socialiste qu'une majorité de gouvernements majoritaires impose aux peuples des mutations dont ils ne veulent pas.

Et au fait, M. Je-Sais-Tout, il veut quoi, le peuple ? Eh bien, je vais vous le dire : il veut, ou plutôt il aimerait, le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière. Ce qui est normal. Je suis comme ça, et vous aussi. Mais le rôle du politique, ce n'est bien sûr pas de promettre tout cela (oui, il y a bien un certain Jacques C. qui fait cela avec un grand talent, mais c'est tout ce qu'il sait faire). Le rôle du politique, c'est de faire rêver au sourire de la crémière (on appelle cela, "grand dessein" ou "projet politique)", et en même temps, de façon réaliste et progressive, et en sachant le faire admettre par les électeurs, faire le partage entre le beurre et l'argent du beurre.

Le peuple, il veut de la protection sociale ? Qui n'en voudrait pas ? Cessez d'enfoncer des portes ouvertes (ou alors, exigez aussi qu'il fasse beau pendant les vacances, que l'amour dure toujours, etc.). De la protection sociale, oui, mais compatible avec la réalité du monde, de l'Europe, de la France tels qu'ils sont. OK pour la protection sociale maximale compatible. Mais en tenant un discours de vérité. Par exemple, osez proclamer à vos électeurs que le coût de la protection sociale va énormément augmenter. Osez leur dire qu'il faudra collectivement plus de travail pour payer cette protection. Osez leur dire qu'il faudra encore beaucoup plus de travail pour simplement maintenir le niveau de vie. Et davantage encore de travail pour augmenter le niveau de vie. Et encore davantage pour préserver les bases stratégiques du développement (infrastructures à haut débit, R&D, enseignement).

Il paraît que nous aurions un "modèle social européen". Encore qu'il n'y ait rien de commun entre les systèmes des différents pays. Mais ne pas confondre avec un modèle social français. Parce que là, les français ont tout faux. Personne (mais vraiment personne) ne veut de ce modèle catastrophique, qui conjugue inefficacité (taux de chômage, par ex.) avec mécontentement et coût extrêmement élevé.

Alors, avant de vouloir faire l'Europe sociale, qui plus est avec les idées minoritaires de socialistes français minoritaires, il faudrait un peu de modestie. Un peu moins d'exception française et d'attitude de donneur de leçons (tous partis confondus).


Oui, il faut faire l'Europe. A terme, peut être une Europe puissance. Oui, préserver une originalité "sociale". Tout cela prendra beaucoup de temps. Tout cela nécessitera des compromis entre partenaires européens. Et c'est en restant dans le jeu (n'est pas de Gaulle qui veut, avec sa politique de la chaise vide. Et de plus cela a été contre-productif), que l'on fait avancer les choses.

En attendant, il y a ce traité. Avec d'excellentes choses, et d'autres moins bonnes. Et il y aura la vie politique ... qui se chargera de traduire en faits le traité, ou plutôt, qui vivra sa vie. Aurait on imaginé les pratiques politiques françaises, après la mort de de Gaulle qui avait installé la constitution de la Ve République ? Se focaliser contre le traité, c'est nier la nécessaire et constatée adaptabilité et fluidité de la pratique politique, ou c'est avoir une conception stalinienne de la politique. On sait à quel point la constitution soviétique était parfaite (à l'inverse du traité constitutionnel européen).

Le traité constitutionnel offre des possibilités de jeu à ceux qui veulent jouer le jeu européen. Il ne suffit pas, M. Plus, de dire "nous sommes les seuls vrais pro-européens". Il ne suffit pas de dire "nous voulons une constitution parfaite (ou quasiment)". Il faut jouer le jeu.

Rester dans le jeu. Accepter de prendre des baffes (politiques) pour avoir la possibilité d'en donner. Donc voter OUI pour le traité. Mais peut être n'êtes vous pas assez courageux pour jouer le jeu. Jouer le jeu, se battre, pour, progressivement, amener ses partenaires à de meilleurs compromis. Se battre pour faire accepter ces compromis à ses électeurs (sans quoi, vous ne pourriez être élu ou réélu, et donc jouer un rôle auprès des partenaires européens. Mais peut être n'êtes vous pas assez courageux pour affronter les électeurs dans ce jeu là.

Monsieur Plus, vous êtes un poète. Un Rostand, un Villepin. Vous agitez de grands mots, de grands sentiments. Ce n'est pas suffisant pour prétendre à un rôle politique. Il vous manque la responsabilité.

De la politique, vous ne retenez que la politicaillerie. Les petites phrases sur Raffarin (le pauvre, il les mérite bien). La flatterie des électeurs (que vous pratiquez de façon plus élégante, en flattant l'intellectualisme pinailleur des Français, d'autres sont plus directs en arrosant les bistrotiers, mais que voulez vous, c'est eux qui tiennent la caisse pour le moment).

Du socialisme, vous retenez quoi ?

Je m'aperçois que j'ai été plutôt polémique. Ce n'était pas mon intention initiale. Veuillez m'excuser d'avoir été irrité par votre article. Mais n'avez vous pas fait exprès d'irriter tous ceux qui ne seraient pas totalement et complètement de votre avis, et par conséquence de nuire à un dialogue démocratique et politique ?

Je présente d'avance mes excuses à Jacques Généreux et aux lecteurs du site de Jacques Généreux pour ce commentaire trop long et parfois inutilement polémique (inutilement, si l'on souhaite dialoguer utilement et démocratiquement). Je maintiens que l'honneur du politique est de rester "dans le jeu", et que le métier politique est de construire des rapports de force pour, à son tour, espérer gagner dans le jeu. 


Le débat exige des arguments, de la rigueur, du respect et un minimum de courtoisie par J-Genereux le Jeudi 24/02/2005 à 18:11


Tout le monde aura compris en lisant ce "commentaire" qu'il n'appelle pas vraiment de réponse puisqu'il se présente comme un défoulement désarticulé, et non comme une discussion critique proposant l'analyse rigoureuse de tel ou tel argument. Défoulement émaillé d'insultes, de caricatures et de procès d'intention : "ayatollah" ! "M. Je-Sais-Tout "! "apprenti dictateur léniniste" ! C'est amusant. Surtout quand on met en parallèle la présentation que fait de moi un site Bolchevik commentant l'un de mes récents ouvrages : j'y apparais comme un "économiste bourgeois" au sens marxiste du terme, c'est-à-dire que je suis un authentique valet du grand capital et promoteur de l'idéologie néolibérale ! Comme quoi, toutes les caricatures inspirées par la colère ou la haine se rejoignent dans la bêtise. Que mes fans et les âmes sensibles se rassurent : ce genre de traitement ne m'affecte en rien. Que dis-je !, en vérité cela me fait plutôt passer un bon moment de rigolade.

Cela dit, le défoulement a souvent du bon. Cela fait du bien à celui qui se défoule. Comme en l'occurrence cela fait plutôt sourire celui sur qui on se défoule, pourquoi s'en priver. De plus, une fois défoulé l'esprit s'éclaircit, la colère s'apaise et laisse toute sa place à l'intelligence. Ainsi Xavier soulagé, tout à la fin de son "commentaire" fait-il preuve d'une humilité et d'une lucidité remarquables en reconnaissant que la forme de son message n'était sans doute pas appropriée et en s'en excusant. Cette attitude est la marque d'une grande honnêteté.

Alors cher Xavier, ne vous laissez plus emporter par l'agacement que peut susciter les propos de quelqu'un qui ne pense pas comme vous et qui vous reconnaît pleinement le droit de penser autrement. Méfiez-vous des conclusions péremptoires du genre "il a tout faux !". D'abord parce que, à moins que je sois un débile mental, c'est forcément inexact. Ensuite, parce cela vous oblige à une démonstration rigoureuse et complète, argument par argument, à laquelle vous ne procédez pas. Pour ma part, je ne me permettrai jamais de dire que vous avez tout faux. Mais je suis en revanche en mesure d'évaluer et de discuter tout vrai argument précis prenant appui sur le texte de la constitution et sur des faits et non sur de simples idées générales.

Exemple n°1. Vous dites que même "les libéraux … désirent aussi, évidemment,… une progression réaliste de l'harmonisation fiscale et sociale." Moi je ne fais pas des supputations sur ce que désirent les libéraux, je lis ce qu'ils ont écrit dans le traité constitutionnel sur le sujet. L'article III-210 dit qu'en matière de politiques sociales l'Union peut procéder à toutes sortes de coopérations (échanges d'idées, d'initiatives, etc.) mais je cite : "à l'exclusion de toute harmonisation des dispositions législatives et réglementaires des États membres". C'est sans appel, l'harmonisation sociale est purement et simplement interdite. Seulement l'harmonisation par le haut bien sûr. Car en l'absence d'harmonisation des normes de protection sociale, des normes salariales, des règles de licenciement, etc., la libre concurrence sur un vaste marché unique pousse les États à l'harmonisation par le bas.

Exemple n°2. Vous dites : "Se focaliser contre le traité, c'est nier la nécessaire et constatée adaptabilité et fluidité de la pratique politique, ou c'est avoir une conception stalinienne de la politique ". Êtes-vous bien sûr de savoir ce qu'est une Constitution démocratique ? Dans une démocratie, la "pratique" politique ne peut en aucun aller contre une prescription précise de la Constitution. Si la Constitution européenne interdit l'harmonisation des législations sociales, aucune "pratique" politique ne pourra contourner cette interdiction, précisément parce que nous sommes dans des États de droit qui respectent la hiérarchie des normes juridiques. Si la Constitution dit que seule la Banque centrale européenne décide de la politique monétaire et que celle-ci doit poursuivre une seule priorité (la lutte contre l'inflation), aucune pratique politique ne permettra aux citoyens d'obtenir une politique monétaire qui chercherait d'abord à favoriser l'emploi ou la croissance économique. Etc. etc. Les marges de manœuvre pratiques n'existent que là ou la Constitution en laisse. Or précisément, ce qui distingue cette Constitution européenne de toutes les autres Constitutions (sauf justement la Constitution soviétique !), c'est qu'elle détermine de façon très précise les orientations et l'usage autorisé des instruments des politiques économiques, sociales, fiscales, industrielles… Elle multiplie les interdictions à l'encontre de toute politique qui entraverait la libre concurrence, le libre-échange international, la libre circulation des capitaux, bref contre toute politique qui voudrait mieux encadrer les marchés en vue de promouvoir des objectifs sociaux autres que la maximisation des profits. La seule différence de cette Constitution avec la Constitution soviétique, c'est qu'elle constitutionnalise un modèle ultra-libéral, tandis que la soviétique constitutionnalisait un modèle collectiviste.

Je m'arrête là car le temps m'est compté. Je n'aurai naturellement pas la possibilité matérielle de répondre ainsi à tous et à chaque argument. Je voulais seulement illustrer ici ce qu'est un argument. Il ne tire sa force que de la connaissance des textes, de l'histoire, du droit, de l'économie et de la cohérence de l'argumentation. Il n'a nul besoin de mobiliser en renfort animosité, caricature, procès d'intention, insultes et autres faiblesses humaines qui manifestent au contraire l'absence d'arguments véritables.

Je rappelle par ailleurs que mon premier texte "Au nom de l'Europe c'est non" était une introduction générale et non la totalité de mon propos. Je reconnais que la substance de son argument n'était peut-être pleinement accessible qu'à des lecteurs déjà parfaitement informés des enjeux du débat européen et du contenu de la Constitution. Je vais donc, dans cette rubrique, poursuivre dans des textes plus courts et plus ciblés une série d'explications de texte pour au moins dissiper l'ignorance qui interdit tout véritable débat.


Re: Le débat exige des arguments, de la rigueur, du respect et un minimum de courtoisie par Xavier le Jeudi 24/02/2005 à 18:55

Cher Jacques, j'ai bien mérité une volée de bois vert :-) Mais de là à parler de haine ou de bêtise ... Bon, vous aussi, vous seriez vous légèrement laisser emporter ?

Stop à la complainte. Tous les torts sont de mon côté. Sans doute faut-il attribuer mon long post précédent à une nuit  insomniaque en compagnie d'une sciatique aigüe. Le coupable (aha ! serais je responsable, mais pas coupable :-)  ?) serait alors l' ordinateur portable resté sur mon lit et doté (ah le salaud) d'une connection Wifi.

Débattre et argumenter. Vous êtes un redoutable debater. Je vais donc "travailler mon dossier". Je ne doute pas de trouver, dans les textes mêmes, de quoi argumenter pour le OUI. Et dans l'histoire politique, de quoi désamorcer la polémique sur ces textes (très mal foutus il est vrai) qu'on nous soumet comme traité constitutionnel.



Alternatives pour Article III 185 par oulaaahhh le Samedi 23/04/2005 à 01:35

1. Que signifie pour vous cet article, et qu'engendra t'elle?

2. Pouriez vous proposer une alternative a cet article. Tout en promouvant une position de force qui permetra de faire levier au sein de l'ONU et de l'OMC, au benefice de valeurs universelles? (ie le development du tiers monde, la bonne entente internationale, la prévention de certaines pratiques inégales par des multinationales peu scrupuleuses, la protection de l'environment face a la polution et le controle des produits OGM et le controle de pratiques éstimé dangereuses: telephonie mobile, sonars ultra-basse fréquence experimenté en Atlantique, Pavillons de complaisance...)

3. D'autres articles nous offres t'elles des défenses alternatives contre ces problémes? Et seront elles fiables. Si non, dans quel contexte futur poura ton oeuvré pour des solutions a ces problemes?

SECTION 2
LA POLITIQUE MONÉTAIRE
Article III-185
1. L'objectif principal du Système européen de banques centrales est de maintenir la stabilité des
prix. Sans préjudice de cet objectif, le Système européen de banques centrales apporte son soutien
aux politiques économiques générales dans l'Union, pour contribuer à la réalisation des objectifs de
celle-ci, tels que définis à l'article I-3. Le Système européen de banques centrales agit conformément
au principe d'une économie de marché ouverte où la concurrence est libre, en favorisant une
allocation efficace des ressources et en respectant les principes prévus à l'article III‑177.

2. Les missions fondamentales relevant du Système européen de banques centrales consistent à:
a) définir et mettre en oeuvre la politique monétaire de l'Union;
b) conduire les opérations de change conformément à l'article III-326;
c) détenir et gérer les réserves officielles de change des États membres;
d) promouvoir le bon fonctionnement des systèmes de paiement.


Re: Tout faux ... par le Lundi 04/04/2005 à 17:26

Argumentation intéressante, mais le passage suivant, pour le coup, me semble lui aussi contre-productif si l'on entend se placer sur le terrain d'une défense du projet constitutionnel en tant possibilité d'ouvrir à un avenir politique: pas très judicieux de définir le raisonnable exclusivement par l'acceptation de la ''réalité telle qu'elle est'' (car qu'est-elle à la vérité?) En tous cas pas terrible pour argumenter sur un ''oui de gauche''...
Pas très malin non plus de prétendre à la défense du ''parler vrai''tout en proposant d'appâter le peuple (forcément toujours crétin) pour ne le réveiller qu'au lendemain des élections.
Tss tss tss... Très dommage, car l'entreprise de démontage du camp-du-refus-drappé-dans-sa-dignité me semblait bien parti.
Rendons donc à César le passage en question:
"Le peuple, il veut de la protection sociale ? Qui n'en voudrait pas ? Cessez d'enfoncer des portes ouvertes (ou alors, exigez aussi qu'il fasse beau pendant les vacances, que l'amour dure toujours, etc.). De la protection sociale, oui, mais compatible avec la réalité du monde, de l'Europe, de la France tels qu'ils sont. OK pour la protection sociale maximale compatible. Mais en tenant un discours de vérité. Par exemple, osez proclamer à vos électeurs que le coût de la protection sociale va énormément augmenter. Osez leur dire qu'il faudra collectivement plus de travail pour payer cette protection. Osez leur dire qu'il faudra encore beaucoup plus de travail pour simplement maintenir le niveau de vie. Et davantage encore de travail pour augmenter le niveau de vie. Et encore davantage pour préserver les bases stratégiques du développement (infrastructures à haut débit, R&D, enseignement).


Il paraît que nous aurions un "modèle social européen". Encore qu'il n'y ait rien de commun entre les systèmes des différents pays. Mais ne pas confondre avec un modèle social français. Parce que là, les français ont tout faux. Personne (mais vraiment personne) ne veut de ce modèle catastrophique, qui conjugue inefficacité (taux de chômage, par ex.) avec mécontentement et coût extrêmement élevé."



Re: Tout faux ... par anonyme le Mercredi 06/04/2005 à 09:11


Ne vous trompez pas de combat par Didier le Lundi 21/02/2005 à 11:31

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre analyse et en partage pas mal d'idées. Mais bizarement, ma conclusion est inverse.Vous reprochez à l'Europe actuelle son déficit sociale, la fatalité libérale, l'excacerbation de la concurrence, que sais-je encore. Mais cette Europe là n'est pas issue d'une génération spontanée que personne n'aurait controlé. Que je sache, l'Union est une Démocratie, les Gouvernements en place qui ont fait cette politique ont été élus. Alors restons démocrates. Admettons le principe démocratique et battons nous démocratiquement pour nos idées soient acceptées et appliquées. N'imputez pas à l'Union des fautes qui ne sont pas de sa compétence - ce n'est pas l'Union qui a créé le libéralisme, ce sont les politiques élus qui le mettent en place. Ce n'est donc pas contre l'Union qu'il faut se battre, c'est contre les politiques adoptées. Le Traité nous propose une règle du jeu, il ne préjuge en rien la manière dont les jouers vont jouer. Pour être un peu provocateur, vous me faites penser à Bush qui dit aux Irakiens voilà la démocratie qu'il vous faut. Les Irakiens ont voté, ils n'en veulent pas. Je suis le prmier à le regretter mais restons fidèles à nos idées de base at acceptons le verdict du plus grand nombre.

L'Union a été jusqu'à maintenant unijambiste (basée sur l'économie). On vous propose la jambre politique (institutionelle) et vous la refusez car vous considérez que la jambe économique est malade. Vous vous trompez de combat et vous vous trompez de lieu de combat et appelant à voter non.


Re: Ne vous trompez pas de combat par le Lundi 21/02/2005 à 17:58

Félicitations en tous cas, Jacques, pour cette démarche de pédagogie (l'alimentation d'un site promis à mises à jour régulières et participatif). Je crois que c'est ce qui a le plus manqué depuis le début de construction de ce "monstre", au sens étymologique du terme, qu'est l'UE.

Deux remarques pour ma part : il est singulier de consacrer une partie aussi volumineuse et détaillée (la partie III) d'une Constitution à la conduite de la politique économique. N'aurait-on pas pu se "contenter" de ce que règlent, en général, les constitutions, à savoir les procédures et principes de fonctionnement institutionnels ? en fait, la réponse est "non" et je crois que tout est là : il y a bel et bien deux projets politiques quasiment antagonistes et incompatibles à l'oeuvre, dans la construction de l'UE. Pour mettre tout le monde d'accord, et notamment les "pays du nord" (RU, Dk, Pays-Bas) avec ceux du "sud" (les "latins"), il fallait bien passer par la rédaction de ces principes d'économie politique dont l'Histoire a, en 1989, sanctionné la victoire.

D'où ma deuxième remarque : au fond, pourquoi une Constitution ? quel est l'enjeu ? qu'y a-t-il de si grave dans son adoption ou son refus par tel ou tel pays ? je serais personnellement preneur de compléments "pédagogiques" portant sur tel ou tel scénario. J'ai tendance à penser que le jeu (ce référendum) ne vaut pas cette chandelle-là (la lutte pour une alternative de politique économique, qui reste absolument d'actualité, car elle continue, adoption ou non adoption, à faire dramatiquement défaut). Constitution ou pas, nous sommes déjà 25 sans avoir pris le temps de digérer le passage de 12 à 15 et, dans ces 25-là, il y a probablement une forte tendance, sinon une majorité, à souscrire à la partie III de la Constitution. Alors, écrite ou non écrite...

Je ne place pour ma part d'espoir que dans la perspective de "coopérations renforcées" dont, que je sache, la Constitution ne prive pas. Mais peut-être est-ce que je me trompe. Mais si ces coopérations restent possibles, c'est-à-dire quasiment la reformulation du projet européen à quelques-uns pour entamer une deuxième étape historique d'intégration politique, alors l'essentiel est sauf.
Frédéric Descrozailles.


Re: Ne vous trompez pas de combat par J-Genereux le Jeudi 24/02/2005 à 18:41

Cher Didier,
Faites-moi l'amitié de me lire vraiment et non de lire ce que vous imaginez que je pense ! A aucun moment je ne dis qu'il faut se battre contre l'Union et que l'Union est responsable de quoi que ce soit. J'explique au contraire la même chose que vous, à savoir que ce sont bel et bien des choix politiques qui s'opposent et des choix politiques néolibéraux qui se sont largement imposés. Dénoncer les politiques que l'on condamne  n'a rien d'anti-démocratique. C'est au contraire jouer le jeu de la démocratie. Vous avez raison, il ne faut pas combattre l'Union mais combattre les politiques trop libérales. C'est exactement ce que je fais depuis toujours. Je suis un pro-européen plus convaincu que bien des partisans du oui. Je veux une Union politique démocratique des peuples d'Europe, je suis disposé à me soumettre à la volonté majoritaire des peuples d'Europe. Voilà pourquoi je veux une vraie Constitution européenne qui permette aux citoyens européens de déterminer par leur vote au Parlement européen l'orientation de toutes les politiques européennes. C'est ce qui nous manque aujourd'hui et la soi-disant Constitution que l'on nous propose ne nous apporte toujours pas la possibilité de choisir l'orientation des politiques tout comme, au niveau national, notre vote détermine ensuite un programme de gouvernement.
Ce que vous dites montre que vous ne savez pas en quoi consiste le traité en débat. Vous croyez qu'il ne s'agit que d'une règle du jeu (comme dans toutes les Constitutions démocratiques) mais le traité en question se distingue précisément de toutes les autres constitutions par le fait qu'il précise à l'avance l'orientation précise de toutes les politiques économiques et sociales et qu'il interdit explicitement certaines stratégies (par exemple l'harmonisation du droit social pour éviter le dumping social est interdite par l'art. III-210). Donc ce traité dit très exactement comment on doit jouer le jeu, et c'est toujours dans le sens de plus de compétition et moins de solidarité sociale, toujours plus de liberté aux marchés et toujours moins de possibilité politique pour encadrer la concurrence. Donc ce traité, contrairement à ce que vous croyez, ne nous donne pas la jambe politique qui lui manquait. Il vise au contraire à détruire à jamais toute possibilité d'élaboration d'une vraie démocratie européenne où seul le vote des citoyens déciderait si les politiques doivent être plus ou moins libérales, plus ou moins socialistes ou autres. 
Ma première raison de dire non est que je suis démocrate. Je ne veux pas d'une constitution socialiste, mais je ne veux pas davantage d'une constitution néolibérale. Je veux juste une Constitution démocratique, une vraie. Revenez souvent lire la suite, ou à défaut lisez mon prochain livre et vous verrez que cet argument est imparable.


Re: Re: Ne vous trompez pas de combat par Didier le Samedi 26/02/2005 à 10:08

Merci de votre réponse, je suis content de trouver des points de discussion. Je ne reviens pas sur la forme de ce que je vous ai dit qui a sans doute mal exprimé ce que je voulais dire car vous le ré-écrivez en disant justement ce que je ne dis pas - passons ce n'est pas grave.

L'article III-210 pour moi traite des questions de sécirité. Je fais un copier-coller du début : 

Article III-210


1. Les missions visées à l'article I-40, paragraphe 1, dans lesquelles l'Union peut avoir recours à des moyens civils et militaires, incluent les actions conjointes en matière de désarmement, les missions humanitaires ....

Je ne comprends pas votre argument.

Je prends un autre exemple pour illustrer votre propos : le Traité parle de " droit de travailler" que les partisans du non critiquent et veulent un "droit au travail". Je fais la lecture suivante : le droit au travail est quelquechose de nous devons exiger des hommes politiques qui dirigent les économies, ce n'est pas quelquechose que l'on peut exiger d'un texte. C'est pourquoi je ne comprends pas bien le reproche de fatalité de politique économique libérale contenue dans le texte. Le traité entérine des situations existantes ou constate des pratiques existantes (la concurrence par exemple). Doit on lui reprocher de dépeindre une réalité ?


Je déteste l'Europe économique néo-libérale et ne crois pas à l'Europe politique par Marianne le Jeudi 03/03/2005 à 01:54

Monsieur,

Je partage bon nombre de vos convictions politiques et en tant qu'ancienne élève et lectrice de vos manuels d'économie, je me suis beaucoup nourrie de vos enseignements. J'y puise une description claire de la réalité économique qui "met à nu" de manière très pédagogique les différents modèles et arguments de la vie politique. Il y a cependant un point sur lequel je n'arrive pas à vous suivre : celui de l'Europe sociale, de l'Europe des peuples, de cette Europe que vous nommerez je ne sais comment mais que vous attendez et que vous souhaitez construire.

Cela choquera certainement beaucoup de lecteurs, mais non seulement je suis absolument contre cette Constitution européenne parce qu'elle nous prive pour toujours du droit de définir notre modèle de société mais encore je n'attends rien de l'Europe, ou plutôt je n'arrive pas à attendre quelque-chose de l'Europe, je n'y crois pas. Je ne suis bien sûr pas insensible à l'élan pacifiste européen qui a réconcilié nos peuples après la guerre, je ne suis pas insensible à l'idée de l'Europe, aux idées des pères fondateurs, de Schuman, de Briand (et du devin Victor Hugo), je crois en l'alliance des peuples et des démocraties, mais voilà : de l'Acte unique au traité de Nice, des dérives néo-libérales de la gauche au technicisme de l'administration communautaire, la réalité objective m'empêche de croire à tout projet politique pour l'Europe : comment pouvez-vous attendre de l'Europe qu'elle consolide nos démocraties si elle n'est, jusque dans ses fondements, que technocratie et dévoiement du politique?  Croyez-vous vraiment que l'on puisse vider l'Europe de sa substance pour ne garder que les institutions alors qu'elles consacrent elles-mêmes la victoire de la technocratie sur la démocratie?  Qu'y a t-il de bon à garder dans l'Europe telle qu'elle est faite, hormis les bonnes intentions et quelques idées abstraites "socialo-démocratisantes"?

Pour moi, l'Europe incarne la lâcheté politique et le renoncement des peuples. C'est la consécration à un niveau supra-national de la mort de nos démocraties. Mes propos sont violents, je le conçois, mais je n'arrive pas à exprimer les choses autrement et je prierai les Européens convaincus de bien vouloir m'en excuser.

Je m'appuierai à présent sur vos propos pour tenter d'expliciter le malaise que je ressens à l'idée de l'Europe. Vous dîtes : "je veux une vraie Constitution européenne qui permette aux citoyens européens de déterminer par leur vote au Parlement européen l'orientation de toutes les politiques européennes" puis, un peu plus loin : "la soi-disant Constitution que l'on nous propose ne nous apporte toujours pas la possibilité de choisir l'orientation des politiques tout comme, au niveau national, notre vote détermine ensuite un programme de gouvernement." Voilà mon problème : je n'arrive plus à percevoir en quoi, au niveau national, notre vote "détermine [encore] un programme de gouvernement". Je voudrais aussi que les citoyens européens puissent "déterminer par leur vote au Parlement européen l'orientation de toutes les politiques européennes", mais n'est-il pas déjà si difficile de faire vivre la démocratie nationale, n'a t-on pas déjà tellement de mal à mobiliser les citoyens au plan national pour les faire participer à la démocratie et définir notre projet politique? Telle que je la perçois, la réalité du débat politique dans notre pays est qu'il est réservé à quelques élites (élites que le capital social, culturel, économique ou politique pousse à s'intéresser à la politique). En-dehors de ces cercles, c'est la démagogie et le populisme qui dialoguent avec l'indifférence et l'absence d'engagement et de citoyenneté. Pensez-vous que l'Europe est susceptible d'offrir un cadre politico-culturel qui réveillera les citoyens?  Croyez-vous que le débat peut se démocratiser à une autre échelle?

Autre remarque ou sentiment : vous appelez de vos voeux je crois l'harmonisation sociale "par le haut". C'est une belle idée à laquelle j'aimerais adhérer. Une idée humaniste et généreuse. Une idée dont je n'arrive toutefois pas à concevoir la concrétisation. D'une part parce que les modèles sociaux de nos pays sont très différents les uns des autres (principalement parce qu'ils reposent sur une histoire et une culture politique différentes!), et d'autre part parce qu'il est déjà bien difficile d'avoir un débat national sain sur le modèle social que nous voulons (ce que j'entends dire par "sain" c'est exposé clairement, avec hônneteté intellectuelle et idéologique).

En résumé, je ne vois pas en quoi la participation politique ferait plus sens pour les citoyens au niveau européen qu'au niveau national. Le projet politique néo-libéral que contient l'Union nous a été volé, il a été signé par des responsables politiques nationaux élus démocratiquement mais dont le travail ne reflétait plus complètement la volonté politique de leurs électeurs. Il est né selon moi de la faiblesse de nos démocraties. Je ne crois pas en effet que nous l'ayions choisie, ou du moins que nous l'ayions choisie en connaissant de cause. Les dirigeants nous ont demandé : "voulez-vous faire l'Europe?" Nous avons dit oui, et ils ont dit : "très bien, on la fera de cette façon et pas d'une autre, on fera l'Europe selon sa vocation première, celle d'un grand marché." L'Union européenne pourra t-elle se retourner contre le mal qui l'a engendrée?

Je me sens aujourd'hui isolée parce que je ne comprends pas les expressions qui courent : Europe politique (on l'a déjà il me semble, elle est néo-libérale); Europe sociale (selon quel modèle?). Et puis surtout je me demande quel est ce jeu qui consiste à se battre pour savoir qui est plus européen que l'autre. Le fait d'être pro-européen ne semble même pas devoir être débattu, il ne semble pas appeler d'arguments, il est un présupposé duquel ne seraient écartés que les souverainistes rétrogrades et les fascistes. C'est pourtant bien un projet politique que vous avez pour l'Europe. Pourriez-vous l'expliciter?

Voilà, mes idées sont dures et peu consensuelles. J'ai choisi de les exprimer hônnetement (et peut-être naïvement), soit pour que vous m'aidiez à les dépasser, soit pour que vous m'aidiez, par la confrontation de vos arguments contradictoires, à leur donner plus de rigueur.

Merci d'avance.


Re: Je déteste l'Europe économique néo-libérale et ne crois pas à l'Europe politique par catherine le Mardi 03/05/2005 à 17:03

Je partage les idées présentées dans cet article et j'aurais bien aimé lire une réponse de Jacques Généreux ...


Reponse à Didier par menettrier le Vendredi 25/02/2005 à 22:12

Didier,

Tu as parfaitement raison l'Europe c'est construit avec avec les chefs d'Eat et de gouverment des pays concernés. Je n"appartiens à aucun parti politique mais quand il y a une campagne éléctoral nationale je suis attentif aux dires des uns et des autres. A moins d'être sourd, je n'entends pas bien les politiques de nous parler d'Europe. Un fois qu'ils sont élus au niveau national ils font passer ce qu'ils veulent par l'intérmediaire du Conseil Européen, là il y a tromperie de l'electeur. Je voterais non au traité constitutionnel pour plusieurs raisons ( je l'ai lu 448 articles les annexes et les interprétations - pour ta gouverne la contitution française 89 articles) des article à intépretation variable ( II 62 le droit à la vie est garante, ça veut dire quoi?  IGV est interdite dans les pays qu'ils l'autorisent? mais


Re: Reponse à Didier par J-Genereux le Vendredi 25/02/2005 à 23:50

ATTENTION. Message supprimé par erreur et restauré par moi. Désolé d'avoir perdu l'identité de son auteur (J.Généreux)

le fondement essentiel de mon non UNE CONSTITUTION NE DOIT PAS IMPOSE UN MODELE économique qu'elle qu'il soit- La concurence libre et non faussée celà,s'appelle le liberalisme la demission de l'etat devant l'argent roi. Les traités antérieurs avait des dates limites d'existence, le traité constituttionnel ne pourra être modifié qu'à l'unaminité des pays


Re: Re: Reponse à Didier par Didier le Samedi 26/02/2005 à 10:16

Oui, on reproche beaucoup à ce Traité de contenir trop d'atcicles touchant à l'économie. Mais c'est que c'est cette partie là qui est la plus avancée et la quantité d'articles ne reflète que la situation actuelle de l'UE, à savoir essentiellement une communauté économique, la communauté politiaque restnt à faire. Le Traité entérine des accords existants et tiens compte de la réalité de l'économie mondiale, que peut il faire d'autre ? Nous sommes une économie ouverte soumise aux règles générales, on peut ,ne pas les aimeer mais c'est ainsi. Si on veut les changer, il faut modifier le rapport de force avec les USA notamment et c'est ensemble que nous pourrons le faire.

Quant au modèle économique imposé, j'ai beau passer du temps, lire et relire, je ne dis pas que tout me plait mais je n'y décèle pas une fatalité. Je dois être un incorrigible naïf ?


autre regard sur l'europe par cecile le Mardi 15/03/2005 à 16:38

 Socialiste, je partage tout à fait votre analyse et votre conclusion. Mais il me semble que le piège s'est refermé justement parceque l'on a voulu faire l'Europe Sociale. Il me semble que tout ce qui est social doit rester de la compétence des nations et non de l'Europe; Cela pour plusieurs raisons :
la première  est  historique , toutes les avancées sociales ont toujours été acquises par les peuples après des luttes et des revendications que les travailleurs ont bâties par rapport à leur vécu et à leurs situations présentes. Certes elles ont été données par des gouvernements, mais elles avaient été revendiquées et non pas estimées justes par des politiques qui les auraient ensuite imposées, ce qui à mon sens fait toutes la différence.
La deuxième est que donner des compétences sociales à l'Europe sera toujours s'exposer à ce qu'elles soient utilisées d'une manière destructrice et non pas progressiste pour les individus et cela en raison des fluctuations des majorités au sein de 'lEurope.
La troisième est que l'émergence du progrès social dans chaque état  se produira naturellement par comparaison envers les autres plus avancés dans ces domaines (pas forcément les mêmes pour les différents domaines en cause). C'est pour cela que des traités commerciaux qui permettent de conserver la paix, de favoriser les échanges culturels, de lutter contre la xénophobie me paraissent suffisants et c'est pour cela aussi que je trouve que le PS s'est mal embarqué à vouloir bâtir une europe sociale qui tient du mythe et qui le pousse à se contredire et à se ridiculiser. En résumé à trop vouloir bien faire... on se oonne le bâton pour se faire battre ! Européen, oui, mais bâtir l'europe sociale par le haut non, laissons les peuples la construire  en s'unissant  dans leurs revendications dans le but du progrès social.
Bien amicalement, je serais heureuse que vous me répondiez sur ce thème.....


Qu'est ce que l'Europe ? par Daniel Piollet le Dimanche 27/03/2005 à 14:05


Cher Monsieur,
Je trouve votre argument en faveur du non (pour combattre la montée du sentiment et du vote anti-européen) très juste et je l'ajoute à ma panoplie, déjà conséquente ! Mais votre raisonnement s'arrête à mi chemin, vous ne le poussez pas jusqu'au bout. Je comprends vos réticences par les a priori idéologiques, conscients ou inconscients que laisse supposer votre engagement politique ("du passé faisons table rase", "prolétaires de tous les pays unissez vous" etc. etc.). Cependant la racine du mal c’est la tentative des eurocrates d’arracher leurs identités aux peuples de l’Europe au moyen d’un tour de passe passe juridique ! Après quoi le grand marché libre échangiste sans foi ni loi sera facile à imposer à des peuples décervelés.

Cela est manifeste dès la lecture des titres I, II et III de la partie I :

Article I-1-I. Inspirée par la volonté des citoyens et des états de l’Europe......

Qu’est-ce que l’Europe ?

II. L’Union est ouverte à tous les États européens ......

Même question

III. Article I-2

L’Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine etc.

Toutes ces valeur ne définissent en rien l’Europe, mais une sorte d’ONU bis sans les pays à régimes dictatoriaux. Voilà le tour de passe passe, faire prendre des qualités évidentes et à valeur universelles pour la définition du tout.

Plus loint d’ailleurs on on lit à l’article I-5

1. L’Union respecte l’égalité des états membres devant la Constitution ainsi que leur identité nationale, inhérente à leur structure fondamentales politiques et constitutionnelles.

Ah j’ignorais que “l’identité nationale” des français commençait avec l’instauration de la Veme République. Mes ancêtres “honnêtes laboureurs étaient sans doute des martiens !

On ne peut pas rayer d’un trait de plume les deux mille ans d’histoire commune et/ou particulière (sans en oublier bien sur les “guerres civiles” comme l’écrivait Victor Hugo) qui fondent l’identité et la civilisation européenne. (D'ailleurs y a-t-il des expériences véritablement particulières à une nation européenne qui n'ai été copiées et reprises ensuite par les autres nations du continent ? Le monachisme, les cathédrales, les universités, la Réforme, les Lumières, la révolution industrielle, les utopies sociales, le Romantisme, l'aventure de la Modernité scientifique et artistique ....)

Vouloir le faire est proprement criminel et c’est exposer l’Europe à des retours de flammes que les expériences passées devraient inciter les apprentis sorciers à ne pas rendre possibles et même probables.

Avec l’entrée programmée de la Turquie dans l’Europe le cocktail sera prêt dans vingt ans pour réitérer l’expérience yougoslave à l’échelle du continent européen. Vu mon âge, j’espère ne plus être de ce monde pour assister à cette terrible catastrophe.

"Il ne peut être défendu à personne de rédiger lui-même dés aujourd'hui sa carte d'identité d'Européen, de se dire citoyen d'Europe et, malgré les frontières, de considérer fraternellement comme une unité notre monde multiple."

écrivait Stéphan Zweig en 1943 dans “Die welt von gestern” (le monde d’hier) avant de se suicider !

Sincèrement
D. Piollet


Les socialistes, l'Europe et l'Histoire par Guillaume D., Strasbourg le Mardi 29/03/2005 à 22:27

Les socialistes, l'Europe et l'Histoire

 

 

« Un jour viendra où il n’y aura plus d’autre champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées. Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d’un grand sénat souverain qui sera à l’Europe ce que le Parlement est à l‘Angleterre, ce que la Diète est à l’Allemagne, ce que l’Assemblée législative est à la France.  »

(Victor Hugo, 21 août 1849)

 

  L'Europe ne va pas de soi pour les socialistes. Certains des membres les plus éminents du PS ont avancé l'idée selon laquelle le débat sur le traité « constitutionnel » européen pourrait remettre en cause l'identité même des socialistes. Il s'agit ici, précisément, d'interroger cette identité, à l'aune de l'histoire des rapports qu'entretiennent les socialistes français avec l'Europe, en tant qu'idée et processus politique, et ce au cours du XX° siècle. Pour cela, il est nécessaire de comprendre, préalablement, la dynamique de l'histoire de l'intégration européenne. Celle-ci a été formulée par Robert Schuman, dans sa célèbre déclaration du 9 mai 1950, inspirée par Jean Monnet : l'Europe ne se fera pas dans une construction d'ensemble mais par une démarche fonctionnelle et sectorielle, par des « solidarités de fait », des « réalisations concrètes », obtenues par la négociation entre Etats et la mise en place d'institutions supranationales. Il a résulté de ce processus, grâce aux mécanismes de la délégation de souveraineté et de l'harmonisation des normes, une extension croissante du champ des compétences de la Communauté puis de l'Union, ainsi que l'émergence progressive d'une citoyenneté européenne et d'un espace public démocratique à l'échelle de l'Europe. Pour établir une paix durable en Europe, il ne s'agissait pas seulement, selon la formule de J. Monnet, de « coaliser des Etats » mais « d'unir des hommes ».

Dès lors, les institutions européennes se fondent sur une double légitimité : celle, d'une part, des Etats, et celle, d'autre part, de la communauté des citoyens européens[1]. Si la légitimité issue des Etats reste prépondérante lors des phases de re-fondation de l'Europe, c'est-à-dire lors de l'élaboration des traités successifs - le Traité de Bruxelles représentant de ce point de vue une innovation avec l'institution d'une Convention pluraliste ayant pour objet de présenter un projet de traité négocié ensuite par la Conférence intergouvernementale -, celle fondée sur la communauté des citoyens européens est devenue centrale dans le processus décisionnel de l'Union, c'est-à-dire pendant le cours normal de son histoire (à travers notamment le Parlement européen, dont les pouvoirs se sont accrus depuis 1979[2], année où les députés qui y siègent furent pour la première fois élus au suffrage universel direct). Deux logiques sont par conséquent à l'œuvre dans la construction européenne : la logique internationale classique, c’est-à-dire inter- étatique (celle de la négociation intergouvernementale) et la logique supranationale, c’est-à-dire fédérale (issue de la répartition des compétences entre les institutions supranationales de l'Union et les Etats membres).

Cette voie vers l'intégration, qui a montré son efficacité, présente aussi une certaine opacité: l'Europe s'est essentiellement construite dans les cercles étroits des négociations diplomatiques, sauf à de rares occasions, où l'opinion a pu être mobilisée. En France, ce fut le cas une première fois en 1972 (référendum relatif à l'élargissement de la CEE au Royaume-Uni, à l'Irlande et au Danemark) et à deux reprises ensuite, en 1992 (référendum sur l'adoption du Traité de Maastricht sur l'Union européenne) et en 2004 (en vue du référendum annoncé sur l'adoption de la « Constitution » européenne). Cette relative opacité explique, pour beaucoup, la vivacité du débat actuel.

Nous tenterons tout d'abord de mesurer la place qu'a occupé l'Europe dans l'histoire des socialistes français (I) avant de nous attacher à décrire le rôle que ces derniers ont joué et peuvent encore jouer à l’avenir, avec leurs alliés, dans l'histoire de l'Europe (II).

 

 

I. L'Europe dans l'histoire des socialistes français

 

L'année 1948 peut être considérée comme le tournant européen des socialistes français, avec le discours de Léon Blum prononcé à la conférence de Stresa devant l’Internationale socialiste. Si, pendant la première moitié du XX° siècle, l’internationalisme et le socialisme avaient la primauté (1), en revanche, après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe devenait pour les socialistes un nouveau territoire d’action pour leur pacifisme universaliste (2).

I.1. Jusqu'en 1948 : internationalisme et socialisme d'abord !

Le pacifisme qui anima la SFIO avait pour horizon le monde dans sa globalité et non pas simplement l’Europe (1), tandis que la réalisation du socialisme restait la priorité de l’action politique (2).

I.1.1. L'Univers comme cadre de référence du pacifisme des socialistes français

Pour les socialistes de la SFIO, l'Europe n'existait pas encore en tant que cadre conceptuel d'une action internationale visant à instaurer la paix, même si on peut remarquer un début d’inflexion après le premier conflit mondial. Après 1918, en effet, certaines personnalités de gauche s'exprimèrent dans ce sens (notamment dans le milieu « genevois ») et des organisations favorables à la construction d'une entité politique européenne virent le jour ([3]). Des socialistes prirent des responsabilités au sein de ces organisations, tel L. Blum, qui devint président de la section française du Mouvement paneuropéen en 1927. Mais, à gauche, ce sont essentiellement les radicaux qui furent les plus engagés dans la voie d'une organisation de l'espace européen. Si l’attitude de ces derniers pouvait être qualifiée d’« européiste », en revanche, l’internationalisme des socialistes, à cette époque, pourrait être défini comme un « mondialisme ».

I.1.2. La réalisation du socialisme avant la construction de l'Europe

L'avènement du socialisme, par la « conquête du pouvoir » (L. Blum), était considéré (par Jean Jaurès notamment) comme le préalable à toute autre considération géopolitique. La nation demeurait le cadre le plus naturel, le plus familier, pour l’épanouissement de la société socialiste.

I.2. Après 1948 : le choix européen des socialistes français

Après la Seconde Guerre mondiale, les socialistes français firent le choix de l’Europe, choix clairement exprimé par L. Blum dans le discours qu’il prononça lors de la conférence de l’Internationale socialiste à Stresa, en avril 1948. Cette conversion, qui trouva son origine dans la guerre et la conscience de la faillite de tous les systèmes internationaux de sécurité collective imaginés depuis les années 1920 (1), posa dès lors la question des objectifs et des partenaires du projet européen des socialistes (2).

I.2.1. Les origines de la conversion européenne des socialistes français

Dans A l'échelle humaine (1941), L. Blum énonça déjà clairement le principe de supranationalité, qui allait devenir essentiel dans la manière de concevoir l’Europe de l’après-guerre.

L’échec de l'ONU, paralysée par la « guerre froide », ne put que favoriser cette conversion à l’Europe[4].

Celle-ci apparut aussi comme un nouveau cadre de référence possible pour la construction du socialisme.

I.2.2. Quelle Europe pour les socialistes français ?

Les socialistes français adoptèrent, non sans débat, la méthode Monnet et le plan Schuman. Ils acceptèrent la constitution d’une Europe de l’industrie et de l’énergie (CECA, Euratom), d’une Europe économique (OECE puis CEE), dans l'espoir d'imposer la planification tout en bénéficiant de l'aide américaine, la prospérité étant garante de la réussite des réformes sociales[5]. La réalisation de l'Union économique et monétaire devait parachever dans les années 80-90 cette dynamique historique, même si des réticences se firent jour dès le départ par rapport à une Europe considérée comme trop exclusivement libérale.

Mais les socialistes rejetèrent par ailleurs l'Europe de la défense (CED) en 1954, par peur du réarmement allemand[6]. L’objectif affiché demeurait néanmoins la construction d’une Europe fédérale garantissant la paix entre les ennemis d’hier.

 

Quel partenaire privilégié la France pouvait-elle trouver pour être le moteur de l'Europe, telle que l’envisagèrent les socialistes français ? A cet égard, on peut parler, initialement, d’un véritable tropisme britannique des socialistes français[7], même si le manque d’ambition européenne du Parti travailliste déçut rapidement ceux-ci. A l’instar de Marx qui voyait dans l’Angleterre le foyer de la Révolution mondiale, les socialistes français imaginaient alors le Royaume-Uni comme force motrice dans la voie de l’intégration européenne.

Le choix de l'Allemagne comme partenaire moteur dans la construction de l’Europe est assez récent. Sur ce plan, François Mitterrand poursuivit et consolida la politique de De Gaulle et de V. Giscard d’Estaing.

 

Le « Traité établissant une Constitution pour l’Europe », qui pose question aujourd’hui, concentre des débats récurrents au sein du parti socialiste français : Europe libérale vs Europe sociale ; l'Europe libérale comme obstacle à la réalisation du socialisme ; zone de libre échange vs Europe politique ; Europe « anglaise » vs Europe « française » ou « franco-allemande ».

Si les socialistes peuvent s'accorder sur les insuffisances du texte qui doit être ratifié par les 25 Etats membres (texte qui est un traité international et non une constitution, faut-il le rappeler ?[8]), le désaccord porte davantage sur la stratégie à adopter. Cela pose la question du rôle des socialistes dans l'histoire de l'Europe.

 

 

II. Les socialistes dans l'histoire de l'Europe

 

Si l'Europe occupe une place de plus en plus importante dans l'histoire des socialistes français et met au jour leurs divisions, on doit également mesurer le rôle des socialistes, français et européens, dans l'histoire de l'Europe (1). La question est de savoir aujourd'hui dans quel sens les socialistes peuvent espérer influer sur le cours de l'Histoire. C'est là que les stratégies divergent entre les partisans du « oui » et ceux du « non » au traité « constitutionnel » (2).

II.1. Le rôle des socialistes dans la construction européenne

Les socialistes français, lorsqu'ils ont été en situation de responsabilité, ont eu un rôle déterminant dans l'histoire de la construction de l'Europe (1), mais on ne peut que déplorer l'absence de démarche unitaire de la part des partis socialistes européens (2).

II.1.1. Le rôle déterminant des socialistes français dans la construction d'une Europe unie

Il faut rappeler que c'est sous le gouvernement de Guy Mollet que fut signé le Traité de Rome en 1957.

François Mitterrand, bien entendu, a joué un rôle fondamental, à partir de 1983 et autour de l'axe franco-allemand, dans l’histoire récente de la construction européenne : désignation de Jacques Delors à la tête de la Commission européenne, Acte unique, Traité de Maastricht (UEM).

II.1.2. L'absence d'unité des socialistes européens autour d'une vision commune de l’Europe

Dans les années 90, c’est bien la coordination au sein de la famille sociale-démocrate européenne qui fit défaut. Aucune vision commune de l’Europe ne put être dégagée, les débats étant centrés sur la « Troisième Voie » et le manifeste Blair - Schröder.

Dans un contexte où les négociations en vue de l’élargissement de l’Union furent menées avant même que les institutions européennes n’aient été renforcées, la « vague rose » de la fin des années 90 ne permit pas de réorienter la construction européenne vers davantage d’intégration politique.

II.2. Quelle stratégie des socialistes pour une Europe politique ?

Comment réorienter la construction européenne et peser dans le sens d'une Europe politique, d'une Europe plus solidaire et plus intégrée, d’une Europe démocratique et fédérale, où la communauté des citoyens européens pèserait de tout son poids dans ses institutions politiques ? Deux types de stratégie sont envisageables : soit la rupture avec la dynamique européenne (1), soit le réformisme d’une gauche européenne rassemblée (2).

II.2.1. Les stratégies de rupture avec la dynamique européenne

Il y a deux stratégies de rupture avec la dynamique de l'intégration européenne, dynamique qui repose, comme on l'a déjà dit, sur la double logique intergouvernementale et fédérale. La première stratégie, celle de la crise internationale, s'appuie sur la seule logique intergouvernementale en surestimant la capacité motrice d’une France isolée dans l'Europe des 25, tandis que la seconde, celle de la subversion transnationale par l'irruption de la communauté des citoyens européens, s'appuie quant à elle uniquement sur la logique supranationale, en négligeant la dimension intergouvernementale de la construction européenne.

                       

La stratégie de la crise internationale

 

L'Europe démocratique, selon cette thèse, pourrait naître de la seule volonté politique française, la France ayant historiquement un rôle moteur dans la construction européenne. Si l'histoire de l'Europe est vue comme une histoire linéaire depuis 1945 (intégration économique « étape par étape » autour d'un noyau d'États fondateurs, élargi au fur et à mesure, puis constitution progressive d'un grand marché doté d'une monnaie unique), cette histoire devrait être marquée par un sursaut politique initié par la France, provoquant une crise qui se voudrait salutaire puisque la dynamique européenne des petits pas serait incapable de faire ce saut qualitatif vers l'Europe politique. Les bases de la construction de l'Europe sont dans cette perspective considérées comme intangibles et il n'y a dès lors pas de risque de chaos en cas de « non » au Traité de Bruxelles. Mais il faudrait un sursaut français et, par contagion, européen, pour réorienter la construction européenne et faire avancer l'Europe politique. Les partisans du non prétendent obtenir satisfaction, comme par enchantement, par la renégociation de certaines parties du traité ! Mais compte tenu des rapports de force existant aujourd'hui (les gouvernements qui ont négocié ce traité seront encore en place dans les deux ou trois années qui viennent ; la droite est majoritaire au Parlement européen jusqu'en 2009), on ne peut raisonnablement pas obtenir mieux dans le cadre d'une négociation intergouvernementale.

 

La stratégie de la subversion transnationale

 

L'Europe politique, démocratique, ne pourrait ici advenir que par l'irruption de la communauté des citoyens européens dans l'espace public transnational et la subversion de l'ordre interétatique. Dans cette optique, l'Europe, telle qu'elle a émergé depuis les années 1950, est jugée comme d’essence libérale, plus soucieuse du marché que de la démocratie. Seule une rupture fondée sur la communauté des citoyens européens, serait à même de réorienter radicalement l'Europe dans un sens politique et social, en « court-circuitant » les Etats et en demandant, par exemple, l'instauration d'une Assemblée constituante européenne et/ou l'organisation d'un référendum transnational, en dehors des dispositions constitutionnelles prévues par les droits internes des Etats. Mais nous n'en sommes pas à ce stade, compte tenu justement du poids de la logique inter- étatique à l'œuvre dans la construction européenne et de l'absence d'un espace public européen structuré par des échanges homogénéisés.

II.2.2. La stratégie réformiste de la gauche européenne

C’est la stratégie la plus en adéquation avec la dynamique européenne, qui repose à la fois sur les Etats et sur les citoyens de l’Union. L'Europe politique est conçue comme le résultat d'un processus patient et fragile, d'une construction institutionnelle à la fois intergouvernementale et supranationale. Cette construction se fait par paliers successifs, compromis après compromis, vers l'unification de l'espace européen, par la « politisation » de ses institutions, au-delà même des seules « solidarités de fait ». Le « oui » au Traité de Bruxelles résulte de cette vision gradualiste, réformiste, de l'histoire sociale et politique de l’intégration européenne. Le saut qualitatif vers une Europe politique viendra par surcroît, même si cela doit prendre du temps. Mais chaque étape doit être franchie, chaque acquis, même minime, doit être engrangé, au risque, sinon, d'une dilution du projet politique. Si l'Europe n'avance pas, elle perd sa dynamique dans la mesure où ce sont encore les États qui la font avancer, et singulièrement la France, par la négociation et le compromis ; ce sont encore les États qui ont la part belle dans le processus de la construction européenne, en tout cas dans ses moments forts de (re)fondation, un espace public démocratique transnational n'ayant pu voir le jour (timidement encore) que grâce à ces efforts de diplomatie. Mais, pour créer un rapport de forces favorable visant à faire avancer l'Europe politique, il faut commencer par constituer une véritable force politique européenne rassemblant tous les socialistes autour d’un projet commun, avec leurs alliés (les Verts, notamment) et avec le monde associatif et syndical. Il s'agit de faire l'Europe des socialistes et des progressistes, de faire advenir celle-ci par-delà les organisations politiques nationales. Il s'agit pour cela d' « émouvoir les sensibilités, les imaginations, les passions » (L. Blum). Cette force existe à l’état embryonnaire encore. Il s'agit du Parti socialiste européen (PSE), où la bataille pour la présidence entre Giulano Amato et Poul Rasmussen a d’ailleurs révélé deux ambitions différentes pour cette organisation: soit un simple club des dirigeants des partis nationaux, soit une véritable force politique transnationale, supranationale[9]. Le PSE serait le pivot d'une coalition, le co-producteur d'un projet européen de la gauche européenne. Cette stratégie commence par la ratification du traité « constitutionnel », pour engranger les acquis du travail accompli par la Convention européenne et la Conférence intergouvernementale, en vue de construire une démocratie européenne, une République européenne, consciente et maîtresse de son destin.

 

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Indication bibliographique :

 

FRANK Robert, « La gauche et l’Europe », in Histoire des gauches en France – dir. Jean-Jacques Becker et Gilles Candar, vol. II, Paris, La Découverte, 2004



[1] Cette distinction nous paraît plus opératoire que la traditionnelle opposition entre légitimité des Etats et légitimité des peuples, dans la mesure où ce sont les peuples qui, précisément, fondent la légitimité des Etats membres de l'Union européenne. La communauté des citoyens européens transcende les Etats-nations et, par conséquent, la légitimité qui en est issue peut être distinguée de la légitimité issue des Etats.

[2]  Nous songeons ici en particulier à la procédure de co-décision, constamment étendue à de nouveaux domaines.

[3] Par exemple, la Coopération européenne d'Emile Borel.

[4] Cet échec, stigmatisé par L. Blum, représente d’une certaine manière pour les socialistes ce que fut, pour les radicaux, celui du protocole de Genève élaboré par les gouvernements français et britannique (E. Herriot et R. MacDonald) en 1924 et qui visait à un renforcement de la SDN.

[5] Il faut souligner ici le rôle important joué par L. Blum et A. Philip (avec notamment le Comité pour les Etats-Unis socialistes d’Europe, qui deviendra ensuite le Mouvement socialiste pour les Etats-Unis d’Europe).

[6] Rejet du traité instituant la CED par 53 voix contre 50.

[7] Si, en 1972, le PS pouvait se réjouir de voir les « gaullistes » se rallier à l’idée de faire entrer le Royaume-Uni dans la CEE, il appela néanmoins à l’abstention lors du référendum qui fut organisé, estimant que G. Pompidou chercha, par cette consultation, à diviser la gauche.

[8] Nous ne mentionnons ici que la problématique liée à la Charte des droits fondamentaux. Si celle-ci a bien, avec le nouveau traité, une valeur juridique, en revanche sa portée est limitée à la mise en œuvre du droit de l'Union. Mais cela représente un pas considérable car la charte offre une protection contre d’éventuelles atteintes que pourraient porter la droite à ces droits, dans le cadre de la législation européenne.

[9] La double logique, internationale et supranationale (i.e. fédérale), à l’œuvre au sein des institutions de l’Union, est, d’une certaine manière, également présente dans les organisations politiques européennes.


Re: Les socialistes, l'Europe et l'Histoire par anonyme le Mercredi 06/04/2005 à 09:15


Re: Les socialistes, l'Europe et l'Histoire par oulaaahhh le Vendredi 22/04/2005 à 23:53

" Le PSE serait le pivot d'une coalition, le co-producteur d'un projet européen de la gauche européenne. Cette stratégie commence par la ratification du traité « constitutionnel », pour engranger les acquis du travail accompli par la Convention européenne et la Conférence intergouvernementale, en vue de construire une démocratie européenne, une République européenne, consciente et maîtresse de son destin."

Donc ratifications par le "NON" maintenant, ou dire "OUI" et ratifier par la suite? Defend-t'on des aquis par le "OUI" ou au contraire le "OUI" nous piege t'il.

Ce que j'ai déduit: Le "NON" n'apporte rien au court terme puisque il y'a majorité néo-libérale. Donc la solution serait de dire "OUI", et ratifier paar la suite???

Au-secours!!!!


l'europe que je veux est aussi simple que cela par karima le Vendredi 01/04/2005 à 02:14

je serai aussi brève que l'éclair et aussi efficace que la liberté. je veux une EUROPE TRASPARENTE mais pour cela il me faut d'abord donner l'exemple Seulement voilà, comment voter oui,alors que je n'ai pas les moyens d'être un modèle en matière de transparence dans la communauté europèenne? Alors je voterai non, j'avancerai avec l'euro, je lutterai pour que cela change d'abord en France, et ensuite seulement je serai en mesure d'avoir une constitution digne de ce nom.En tant que citoyenne de ce pays, j'en ai assez d'entendre des discours creux,populistes,non-sens permanent, des politiques sans aucune éthique,et où le peuple est méprisé à chaque instant, sans omettre la sublimation du médiocre prenant la place de la compétence.La vérité, et que nous vivons dans une répulique bannanière confirmée. notre seul point commun c'est le non, mais vous persistez encore dans un langage utopique auquel le commun des mortels n'y comprend rien comme d'ailleurs vous même. Sans vouloir vous manquer de respect, vous êtes encore prisonnier de certaines idées  bien ringardes.  (je n'ai jamais rien lu de vous,mais cela ne m'empêche d'avoir une conscience. Et d'ailleurs j'ai décidé de faire grève et de ne lire aucun utopiste, mon livre de chevet reste ARENDT.


Re: l'europe que je veux est aussi simple que cela par karima le Vendredi 01/04/2005 à 03:14

<p>RECTIFICATIF SUR LE TEXTE PRECEDENT (à J.GENEREUX)</p><p>Je retire le terme utopique est tout ce qui en découle car je n'avais pas pris connaissance de votre texte " huit raisons de dire non". Effectivement, je dois reconnaître après une premiere lecture, votre critique sur la pseudo-constitution est solidement argumentée et je partage votre analyse. Cependant, je reviendrai sur votre site qui semble pertinent et je resterai toujours très critique si je venais à rencontrer des approches staliniennes dissimulées.Bonne chance pour le non et l'union fait la force.</p>



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