Chers camarades,
Nombre de nos dirigeants, supposant que vous êtes peu au fait du débat politique qui traverse ce parti et toute la gauche européenne, s’efforcent de vous persuader du contraire : l’orientation des socialistes serait censée être identique quel que soit le ou la candidate, et votre responsabilité se limiterait à identifier parmi des prétendants interchangeables sur le fond celui qui est le
plus populaire. Ces mêmes dirigeants comptent sur la campagne massive d’adhésion à 20 euros, pour transformer ce qui devrait être un débat politique en un concours de popularité ; ils parient sur l’idée que les nouveaux adhérents
se contenteront de désigner le ou la candidat(e) qui sera en tête des sondages,
au moment du vote, reléguant ainsi au second plan le débat d’orientation
politique qui a divisé les socialistes sur
En effet, je
crois, pour ma part, que vous avez adhéré avec le souci légitime et méritoire
d’apporter votre contribution à la victoire de la gauche en 2007 et pour éviter
la répétition de la catastrophe du 21 avril 2002. Il serait donc pour vous
singulièrement désespérant de n’avoir été, au bout du compte, que les
instruments d’une manœuvre d’appareil assurant le contrôle du parti à ceux qui
ont été massivement désavoués par les électeurs de gauche le 29 mai 2005, et
conduisant la gauche à un inéluctable échec au printemps 2007. Convaincu que
l’immense majorité d’entre vous ne nous a pas rejoint pour cela, mais pour
juger en conscience de ce qui peut aujourd’hui sauver le pays du projet
antisocial et antirépublicain de Nicolas Sarkozy, je vous propose ici de
considérer en toute rigueur le choix dont vous devrez assumer la
responsabilité.
Comment éviter
une défaite de la gauche ?
Le simple rejet
de la droite ne garantit pas l’alternance en faveur de la gauche. Les facteurs
de la défaite d’avril 2002 sont toujours aussi actifs. L’électorat populaire
n’est disposé à voter socialiste (cf. régionales et européennes) que sur une
ligne d’affrontement avec la droite néolibérale. Mais il rejette massivement la
position du PS, dès que le parti s’écarte de cette ligne et manifeste la
moindre convergence avec la droite (29 mai 2005). La sociologie imaginaire qui avait conduit Lionel Jospin à tenir un discours de séduction des « classes moyennes » et à soutenir des positions ambiguës (fiscalité, retraites, services publics, « projet pas socialiste » !) a été invalidée et lourdement sanctionnée par le vote du 21 avril 2002.
Elle l’a été à nouveau le 29 mai 2005 et le sera assurément en 2007 si les socialistes se retrouvent une fois de plus à côté de leur camp, et non à ses côtés dans la bataille contre le Medef et contre l’Europe néolibérale.
Pour être au
second tour, en l’absence de candidature unitaire à gauche, il faudra mobiliser la totalité de
l’électorat socialiste et cela n’est possible qu’en tournant le dos à la
stratégie suicidaire de 2002. Une fois passé le premier tour, pas une seule
voix de gauche ne devra manquer au candidat socialiste. Et, là encore, deux options se présenteront : faut-il
rassembler l’électorat de gauche, ou bien séduire d’hypothétiques électeurs
centristes en faisant droit aux thèmes de campagne de la droite ? Certes,
il ne faut pas laisser à la droite le monopole de l’expression sur la sécurité
ou l’immigration. Mais les socialistes ne peuvent en ces matières que dénoncer
l’insécurité croissance engendrée par la politique soi-disant sécuritaire de
Sarkozy, proposer un développement partagé avec les pays d’émigration et
dessiner la perspective d’une société pacifiée par le plein emploi, l’éducation,
l’intégration républicaine, etc. Tenir cette ligne ne nous rapporte guère de
suffrages, car celle-ci exige d’être pleinement mise en oeuvre pour être
crédible. Mais ce n’est pas une raison pour singer le discours répressif et
conservateur de la droite : ce discours est inconciliable avec le projet
socialiste et contraire à l’intérêt général. Afficher la moindre convergence avec la droite sur ces questions, ne fait que valider les thèses de cette dernière, conforter ses électeurs dans leur choix et dégoûter du socialisme toujours plus d’électeurs.
Seule une
gauche assumée et concentrée sur la question sociale peut gagner en 2007. Elle
seule peut remobiliser les classes populaires et séduire la part des classes
supérieures qui aspire à une société de solidarité et de paix sociale.
N’oublions pas qu’en avril 2002, le vote des cadres supérieurs pour le PS s’est
effondré autant que le vote ouvrier ! En
faisant une part quelconque au discours néolibéral ou néo-conservateur, un
candidat socialiste ne prend aucune voix à la droite : il perd des voix
dans toutes les catégories sociales.
C’est ce dernier
diagnostic qui, en
Le projet de la
droite néolibérale est de passer outre le vote des Français, en obtenant la
ratification d’un mini traité strictement institutionnel et en laissant en
l’état tous les traités qui organisent l’Union en espace de guerre économique
et de marchandisation progressive des biens publics. Si le candidat socialiste
fait de cette renégociation un enjeu du débat et prend l’engagement d’assurer
un réel débouché politique au « non » de gauche et pro-européen, il
remobilisera en sa faveur tous les réseaux militants qui ont fait la victoire
du « non ». Dans le cas contraire, ces mêmes réseaux mèneront une
campagne contre le (la) candidat(e) socialiste. Durant la campagne nationale
que j’ai menée pour le « non socialiste » dans des dizaines de
villes, j’ai mesuré la reconnaissance du peuple et des militants de gauche pour
la manifestation de cette autre voix (autre voie) socialiste. Mais j’ai
enregistré partout la même promesse que ce mouvement de résistance populaire n’apporterait
pas son soutien à un candidat socialiste qui aurait fait campagne pour le
« oui ».
Certes, il nous
faut aussi le soutien de la forte
minorité d’électeurs socialistes qui a voté « oui » au référendum. Mais
ce soutien ne fera pas défaut à un partisan du « non » qui se bat
pour un nouveau traité européen plus proche du projet socialiste. En revanche, l’investissement personnel intense qu’a
constitué la conversion au « non », pour des électeurs et des
militants traditionnellement favorables aux traités européens – ajouté au mépris public pour leur position –
a nourri chez ceux-ci le sentiment d’une victoire inespérée contre le
néolibéralisme dominant. Ils attendent désormais un débouché politique concret
à cette victoire.
Croire
qu’aujourd’hui, pour eux, c’est déjà une histoire ancienne qui ne pèsera en
rien sur leur choix en 2007 est une dangereuse illusion. Nombre d’entre eux
prendront pour un pur mépris du vote populaire, un déni de leur incontestable
victoire, la candidature d’un(e) socialiste, qui se serait distingué(e) par une
admiration sans borne pour le TCE et des propos affligeants sur les
« nonistes ». Cette réaction est d’autant plus probable que, au cours
des derniers mois, nous avons tellement insisté sur la nécessité de
« dépasser » notre division interne entre le « oui » et le
« non », que beaucoup de nos concitoyens redoutent que ce dépassement soit en fait l’enterrement de l’écrasante victoire du
« non ».
Allons-nous
expliquer au Français que la préservation de notre unité, de notre appareil,
passe avant l’intérêt général du pays, passe avant le respect du mandat donné
par le peuple pour exiger une réorientation de la construction
européenne ? Ferons-nous l’unité des socialistes en aggravant notre
désunion avec le peuple de gauche ?
Alors, certes, il faut nous rassembler et dépasser notre
division. Mais la seule façon de la dépasser sans finir dans le ravin de la
défaite, c’est de reconnaître que nos électeurs ont tranché le débat en
préférant le « non » socialiste au « oui »
socialiste ; c’est de signifier, par notre vote en novembre, que
l’aspiration massivement majoritaire dans le pays est désormais majoritaire
dans le parti.
Comment évaluer
les candidatures ?
Pour répondre à
cette question, il faut nous en poser quelques autres. Qui évitera de répéter
les erreurs de diagnostic de 2002 ? Qui est le plus en phase avec le
mouvement social anti-néolibéral qui s’est manifesté le 29 mai 2005 ? Qui
a renoncé a la stratégie suicidaire qui tire le discours politique vers un
centre inexistant, brouille l’identité socialiste et nourrit le vote aux
extrêmes ? Qui s’écarte le plus résolument d’une stratégie de
« triangulation » consistant à mordre sur l’électorat de la droite en
reprenant certains de ses thèmes de campagne ? Qui peut rassembler le PS et le
PC sur un combat commun au second tour, et s’assurer aussi le soutien de tous
les réseaux militants de la gauche ? Qui a la crédibilité pour promettre
aux Français qu’il ne signera pas un nouveau TCE à peine amendé et ne tournant
pas le dos à l’Europe espace de libre concurrence déloyale ? Qui manifeste
le plus de respect pour le projet socialiste ?
Les
postulant(e)s à l’investiture ont d’ores et déjà apporté des éléments de
réponse à ces questions par les positions qu’ils ont prises publiquement.
L’orientation
et les déclarations de Ségolène Royal mettent la gauche en danger
Ségolène Royal a multiplié les déclarations
visant à occuper le terrain électoral de la droite (sur la
sécurité, l’école, l’encadrement de la jeunesse, « l’éducation » des
parents, la carte scolaire, etc.), n’hésitant pas au passage à dire le
contraire de ce qui constitue le projet commun du parti socialiste et à
indisposer sérieusement nos partenaires communistes [ceux-ci ont déjà fait
savoir qu’avec Ségolène Royal toute entente PS-PC paraissait impossible].
Ségolène Royal manifeste ainsi sa conviction que la victoire dépend moins du
rassemblement de la gauche, sur les exigences spécifiques de la gauche, que du
débauchage d’une fraction de l’électorat de la droite. Ce faisant, elle divise la gauche et nous expose, au
second tour, à l’hostilité manifeste de dizaines de milliers de militants de
gauche. Et la mobilisation de ces derniers contre nous se traduirait au
minimum par une poussée de l’abstention au second tour.
En refusant le débat avec les jeunes
socialistes, en prenant ses distances à l’égard du « projet », Ségolène
Royal révèle une conception du politique conforme à la logique présidentialiste
de
Au mépris du
projet, du débat avec les militants, et de la conception socialiste des
institutions, Ségolène Royal s’est engagée dans une campagne personnelle de
séduction dont l’efficacité médiatique met la gauche en danger : elle
détruit la possibilité d’un rassemblement effectif de la gauche, elle
transforme le parti en club de supporters et confie aux sondages d’opinion le
soin d’arrêter les orientations politiques, elle pousse à son dernier degré la
personnalisation de la vie publique, ce cancer qui tue la démocratie. Elle a
ainsi déjà détruit la seule chance qu’il lui restait pour faire oublier son
adhésion enthousiaste au TCE rejeté par les trois quarts des électeurs de
gauche.
Seul Laurent
Fabius peut rassembler à gauche
Pour
l’information des nouveaux adhérents, je ne suis pas « fabiusien ».
Bien avant 2002, je suis de ceux qui ont critiqué dans la presse une dérive
centriste de certaines mesures économiques engagées sous la responsabilité de
Dominique Strauss Kahn puis de Laurent Fabius (notamment en matière de
fiscalité). Mon analyse politique n’a pas changé et fut hélas confortée par le
double effondrement du parti dans les classes populaires en 2002 et en 2005.
En revanche, Laurent Fabius a opéré une
inflexion majeure dans son combat politique. Il est le seul dirigeant de l’ancienne
majorité qui ait tiré, comme leçon du 21 avril 2002, la nécessité de prendre un
autre cap et de rassembler en priorité la gauche sur une ligne d’opposition
frontale au modèle de la droite. Il est, au sein de cette majorité, le premier
à avoir placé l’ « écologie sociale » au cœur du projet
socialiste. Il est encore le seul des candidats à être resté aux côtés des
communistes, du mouvement social et des altermondialistes, dans le combat pour
une autre Europe. Il est ainsi, de fait, le
seul susceptible de susciter un rassemblement de tous les électeurs de gauche,
au second tour de l’élection présidentielle.
Certes, Laurent
Fabius – comme Ségolène Royal et Dominique Strauss Khan – est solidairement
responsable du bilan du gouvernement Jospin et donc aussi de la défaite en 2002.
Mais, de tous les candidats, il est le seul à assumer sa part de
responsabilité, sans se défausser sur des boucs émissaires qui nous éviteraient
l’examen lucide des raisons qui ont nourri la défection de l’électorat
populaire. S. Royal et D. Strauss Kahn ont fait une analyse commune du 21 avril
et du 29 mai. Selon eux ce n’est pas leur orientation politique qui est en
cause, mais la colère confuse et l’incompréhension de classes populaires
désorientées et sur lesquelles le PS ne peut plus compter pour conserver le
pouvoir. D’où la nécessité où nous serions de chercher des voix ailleurs.
Pour Laurent Fabius et tous ceux qui le
soutiennent, le fait que les petits, les sans grades, les estropiés de la
concurrence sauvage nous aient abandonné en 2002, ne justifiera jamais que nous
les abandonnions à notre tour !
À moins de dire
définitivement adieu au socialisme, nous
n’avons pas d’autre issue que de défendre et de rassembler le peuple de gauche.
Il s’agit de reconquérir sa confiance par une rupture assumée avec les
ambiguïtés passées. Seul Laurent Fabius ouvre cette perspective en tournant
le dos aux privatisations, à la concurrence dans les services publics, aux
avantages fiscaux concédés aux détenteurs du capital et des plus hauts revenus.
Seul Laurent Fabius entend faire campagne, en priorité, sur le pouvoir d’achat
des bas salaires, sur le logement social, sur la réhabilitation de l’État
républicain et laïc, sur la protection contre les délocalisations, sur la
défense des services publics contre leur démantèlement programmé par
Seul Laurent Fabius rompt avec le
présidentialisme et s’engage à soumettre rapidement par référendum une
réforme instituant une nouvelle démocratie parlementaire, tandis que Ségolène
Royal manifeste son attachement à la conception gaulliste de la fonction
présidentielle. Cette différence est essentielle, car dans la logique actuelle
de nos institutions, l’orientation fondamentale d’un nouveau gouvernement ne
sera pas celle que les militants ont validé, mais celle du ou de la
président(e). En s’engageant publiquement pour une autre conception de
En conformité
avec cette conception de la politique, seul Laurent Fabius respecte le projet de notre parti. Il ne fait aucune
proposition contraire à ce projet ; il a présenté ses « engagements pour
2007 » comme la concrétisation tangible et immédiate d’orientations
inscrites dans le projet commun des socialistes. Certains ironisent aujourd’hui
sur la nature « électoraliste » de certaines de ses promesses (celle sur le Smic, notamment). Mais c’est bien
avec des promesses que la gauche a accédé au pouvoir et c’est en les tenant
qu’elle peut s’y maintenir. Il nous faut
juste ne pas nous tromper de slogans : je préfère « 100 euros de plus pour
le Smic » à l’« encadrement militaire des jeunes ».
Le mirage de
l’opinion
J’attends donc toujours l’exposé des bonnes
raisons que nous aurions d’investir une candidate qui prend des positions
contraires au « projet », qui divise la gauche, exploite la stratégie
électorale de rassemblement au centre qui nous a conduit à la catastrophe du 21
avril 2002 et n’a toujours pas reconnu la victoire du « non » de
gauche, le 29 mai 2005. Je n’ai à ce jour entendu qu’un seul argument en
sa faveur : sa popularité persistante dans les sondages d’opinion. Les
dirigeants qui soutiennent Ségolène Royal assument clairement cette seule et modeste
raison de leur choix : « les sondages montrent qu’elle a le plus de
chance de gagner ».
Du point de vue
de la science politique, cet argument est parfaitement inconsistant. Mais, même
s’il avait la moindre consistance il serait politiquement et moralement
inacceptable. Pour ma part, je ne soutiens jamais un candidat ou une position
politique parce qu’ils ont le plus de chances de gagner, mais parce que je veux
qu’ils gagnent et que je mène la bataille politique nécessaire à leur victoire.
N’inversons jamais la fin et les moyens.
Pourquoi nous battons nous ? Pour être dans le camp des vainqueurs ?
Ou pour faire gagner notre camp ? Depuis des mois, trop de camarades cherchent
dans les sondages la réponse à la question « qui va gagner » pour
savoir qui ils doivent soutenir, au lieu de se poser la seule question digne
d’un militant politique : « pour quelle orientation politique et, par
conséquent, pour quel candidat doit-on se battre » ? Battez-vous
pour le seul candidat qui respecte le projet socialiste et le mandat donné par
nos électeurs pour engager la bataille contre l’Europe néolibérale et pour
l’Europe sociale ! Et alors, même si vous ne serez jamais sûrs de la
victoire, vous serez certains d’accomplir votre devoir de militant..
Pour ceux qui
restent néanmoins sensibles aux sondages d’opinion, je rappelle que l’expérience comme la science politique
nous enseignent qu’à partir de deux mois et au-delà d’une élection, les
sondages ne nous apprennent strictement rien sur le résultat probable. « Suivre
l’opinion » n’est pas seulement une posture indigente pour un militant,
c’est une illusion trompeuse comme un mirage. L’opinion, ça n’existe pas, ça se
fabrique et se modèle par la communication et par le combat politique. Si l’on
veut se faire une idée de l’orientation et du type de campagne susceptible de
conduire à la victoire, nous avons mieux que les sondages d’opinion : nous
avons les votes de nos électeurs en 2002, en 2003, en 2004 et en 2005 et les
enquêtes sur la composition sociologiques des votes et les motivations des
électeurs. Sur cette base plus fiable, on sait que l’orientation
néo-conservatrice des propos de Ségolène Royal et sa quête d’électeurs nouveaux
au centre-droit nous conduisent à la défaite électorale. Les électeurs ne
soutiennent les socialistes que sur un programme de transformation sociale en
opposition radicale au néolibéralisme et au néo-conservatisme de la droite. Les
électeurs de gauche ont massivement choisi le « non » socialiste à
Tant que les
électeurs ne sont pas confrontés au vrai choix, l’opinion exprime sa méfiance
et son incertitude face à des options connues de longue date ; le désir de
changement favorise mécaniquement une option nouvelle et inattendue et le
mimétisme (bien établi par la psychologie sociale) fait le reste : tant
qu’il n’y a pas d’enjeu véritable, la majorité des sondés se contente de
ratifier le mouvement majoritaire ! Mais au jour du vrai choix et quand
l’enjeu est de taille, les fondamentaux reprennent toujours le dessus. Les
électeurs qui au premier tour, auront voté communiste ou auront usé d’un
bulletin d’extrême gauche pour exprimer leur protestation, ceux-là ne voteront
pas mécaniquement au second tour pour n’importe quel (le) socialiste. Laurent
Fabius a une chance de
mobiliser tous ceux-là pour battre la droite. Ségolène Royal, qui fait déjà
campagne pour séduire d’autres électeurs que ceux-là, ne peut s’attendre qu’à
leur défection.
La bulle des
sondages éclatera et avec elle l’espoir d’une autre politique. Ne répétons pas
l’erreur de 2004. Durant l’automne 2004,
combien de camarades ont dit « oui » au référendum interne, parce
qu’alors les deux tiers des Français disaient « oui » dans les sondages ?
Le « oui » était au sommet de sa popularité. Des hommes et des femmes de gauche indifférents à l’écume
médiatique, confiants dans le pouvoir du combat politique, se sont alors mis en
campagne et, six mois plus tard, les deux tiers des électeurs de gauche et 55 %
des Français votaient « non ». Nous voici aujourd’hui dans le même
décalage trompeur entre l’humeur de sondés qui ne sont ni dans l’isoloir, ni en
fin de campagne électorale. À la fin, il se produira la même chose qu’en mai
2005. Quand Sarkozy aura eu des dizaines d’occasions de souligner les points
sur lesquels il est d’accord avec Ségolène Royal, quand tous les réseaux
militants de la gauche non socialiste auront fait implicitement ou
explicitement campagne contre une candidate à leurs yeux inacceptable, des
centaines de milliers de nos électeurs potentiels diront « non » à un
PS inconsistant et illisible face à une droite consistante et limpide.
Jacques Généreux
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Que penses Laurent Fabius de celui qui l'a si ardemment soutenu pendant la campagne du non, le désormais TRICHEUR NIKONOFF, taupe stalinienne chez les alters.