Le dernier sommet européen confirme sans surprise la stratégie insensée poursuivie par les gouvernements de la zone euro, depuis le déclenchement des attaques spéculatives contre la dette grecque. Au lieu de protéger la zone euro et les peuples européens contre les méfaits de la spéculation, ces gouvernements entendent préserver le pouvoir des marchés financiers pour forcer les États récalcitrants à faire converger leurs politiques vers la régression des services publics et des droits sociaux. Au lieu de stopper net la spéculation, en reprenant le contrôle des mouvements de capitaux, l’Union européenne, associée au FMI, instrumentalise la pression des spéculateurs pour forcer les États en difficulté à s’engager dans une cure d’austérité et faire payer au salariés la crise nourrie par la libéralisation financière. Le mécanisme temporaire imaginé pour le sauvetage de la Grèce, visait uniquement à sauver les banques, en faisant payer le prix fort au peuple Grec, en soumettant le gouvernement grec à la tutelle de la Commission et du FMI. Pour mieux rassurer les marchés, l’UE s’est ensuite engagée dans un vaste plan de rigueur coordonné.
Le dernier sommet européen a décidé d’inscrire dans les traités cette manière de gérer les crises financières, en transformant une option temporaire en mécanisme permanent, en renforçant la surveillance préalable des politiques nationales et les sanctions infligées aux États qui s’écarteraient du dogme. Il s’agit d’ôter aux politiques économiques nationales le seul espace de souveraineté jusqu’ici préservé - celui de la politique budgétaire -, en sorte qu’ils ne disposent plus que du dumping social et fiscal pour affronter la libre concurrence et « séduire » les investisseurs. C'est là une façon de constitutionnaliser la régression sociale.
Ainsi, l’Europe est en train de subir le sort que le FMI a réservé aux pays pauvres à la suite de la crise de la dette des années 1980 : les fameux « plans d’ajustements structurels », grâce auxquels les riches du Nord ont imposé leur modèle aux pauvres du Sud. Avec cette différence redoutable que les européens ne sont pas victimes d’une domination étrangère, mais d’un asservissement imposé par leurs propres gouvernements.
Cette politique n’est pas soutenable. En imposant la rigueur généralisée à des pays déjà touchés par le ralentissement de l’activité et la montée du chômage, elle prépare une récession générale et durable en Europe, qui ne fera qu’aggraver le déséquilibre des finances publiques et le risque de défaut sur les dettes souveraines. Elle prépare donc seulement une crise encore plus grave, dont on ne pourra pas davantage sortir par une nouvelle saignée des dépenses sociales, des salaires et des biens publics. La tolérance des peuples à cette rigueur suicidaire a une limite. Les spéculateurs le savent bien d’ailleurs, et c’est pourquoi de nouvelles attaques spéculatives contre la dette publique se répèteront indéfiniment tant que les États ne fermeront pas le terrain de jeu de la spéculation.
Une autre politique est possible et deviendra de toute façon bientôt inévitable. A titre de mesure d’urgence minimale, le conseil européen aurait pu envisager d’interdire l’usage des instruments de spéculation contre les titres de la dette publique (vente à terme et à nu, achat de CDS par des investisseurs ne détenant pas d’obligations). Mais au-delà, la solution durable à la crise de la dette passe par les mesures suivantes :
- restructuration de la dette existante ;
- renationalisation du financement de la dette publique, en réservant les émissions de titres publics aux seuls investisseurs résidents de l’UE ;
- contrôle public des mouvements de capitaux avec les États non-membres de l’UE ;
- pourcentage minimum de détention d’obligations publiques à l’actif des banques et des fonds d’investissements ;
- intervention de banques publiques et de la Banque centrale européenne pour participer directement au financement des besoins publics ;
- suppression de la dépense fiscale qui grève les déficits publics et développement des ressources fiscales prélevées sur les hauts revenus, les revenus du capital et les transactions financières ;
- lutte contre le surendettement privé par la revalorisation des salaires et l’encadrement réglementaire du crédit à la consommation.
En sus des mesures propres à assurer un financement sécurisé, durable et équilibré des biens publics, la zone euro n’est soutenable à terme que si elle engage une stratégie de convergence progressiste des politiques économiques et sociales, à l’opposé de la stratégie actuelle de convergence régressive.
Les "banques", dont le rôle est de collecter l'argent pour opérer des placements, de préférence juteux, jouent le rôle d'intermédiaire pour draîner toujours davantage de ressources vers la rente du capital.
Les risques "insensés" qu'elles prennent de plus en plus souvent sont le strict corollaire du fait que la somme de toutes les dettes croît au même rythme sur un mode exponentiel que la somme de toutes les créances.
Aucun équilibrage n'est possible tant que nous aurons une monnaie qui, d'elle-même, ne circule que si elle génère l'intérêt monétaire et qui est de plus en plus thésaurisée (ne circule pas).
Il n'y a aucun espoir d'obtenir un équilibrage en faisant "payer les banques", car les banques doivent agir comme elles agissent, sous peine de disparaître.
Ce qu'il faudrait faire, c'est émettre un signe monétaire nouveau, un signe monétaire marqué par le temps (SMT) qui aurait pour carctéristique de porter une date dite de démurrage, date à laquelle il faudrait réactualiser le billet. Un démurrage entre 3 et 5% annuels serait suffisant pour rendre la monnaie inapte à la spéculation et pour assurer sa parfaite circulation. La conséquence immédiate serait la réduction et ensuite la disparition totale de la rente du capital.
Un mécanisme de désendettement général s'ensuivrait tout en maintenant une activité conjoncturelle suffisante pour assurer le plein-emploi.
Et tout cela au niveau mondial; il suffirait qu'une grande banque centrale s'y mette. Les autres suivront, cela est très probable, car le SMT se substituerait très avantageusement à la monnaie actuelle dès qu'il sera émis. Et les avantages économique pour la zone d'émission du SMT seraient tels que les autres suivront "de gré ou de force".
Cette innovation serait une vraie sortie du capitalisme tout en maintenant une éconmie libre de marché bien plus performante que l'actuelle. Cela marchera même en tenant compte des contraintes écologiques inéluctables dès à présent. Mieux cela serait la seule possibilité de les prendre réellement en compte sans risque social.