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Huit bonnes raisons de dire non à la “Constitution”

Par Jacques Généreux • Débat européen • Jeudi 03/03/2005 • 70 commentaires • Version imprimable

Extraits et synthèse de mon discours prononcé à l'Université de rentrée Nouveau Monde & Forces Militantes (Douai, 1-3 octobre 2004). Cet argumentaire présenté ici de façon assez télégraphique s'adressait à des militants parfaitement informés sur les questions en jeu. Il est intégralement développé, démontré, et surtout explicité en termes simples et accessibles à tous dans mon livre paru ce mois-ci.

Manuel critique du parfait Européen.
Les bonnes raisons de dire "non" à la Constitution

168 pages, 12 € - Editions du Seuil.


SOMMAIRE

1ère raison : Le piège dans lequel nous espérions enfermer les libéraux s’est refermé sur nous.
2e raison : Ce n’est pas une Constitution ! Et nous voulons une vraie Constitution
3e raison : C’est la consécration d'une société de marché où la compétition prime sur la solidarité
4e raison : Aucune avancée réelle de la démocratie
5e raison : Aucune avancée réelle des droits sociaux
6e raison de dire non : Éviter l’impuissance et la vassalisation des nations européennes
7e raison de dire non : Il n’y a aucune bonne raison de dire oui
8e raison de dire non : C’est le meilleur moyen de combattre les mauvaises raisons de dire non et d’éviter l’anéantissement du projet européen


Copier ou imprimer la version mise en page par Stéphane Landry
  

Chers camarades,

On m’a demandé de procéder ici à une “explication de texte”. Or, en politique, comme vous le savez, il n’est pas d’explication de texte sans explication du contexte qui donne son vrai sens au texte, sans explication de la vision qui oriente notre regard sur le texte.

Quel est le contexte ?

(et notre première raison de dire non)

Le piège dans lequel nous espérions enfermer les libéraux

s’est refermé sur nous

 
Certains de nos camarades disent "oui" au nom de notre projet européen. Nous voulons faire entendre ici que nous disons "non", au nom de ce même projet européen. C'est au nom de ce projet européen que nous avons soutenu l’Acte unique en 1986, dit oui à Maastricht en 1992, accepté Amsterdam en 1997, et même l'affreux traité Nice en 2000. Depuis lors, nous n'avons pas changé, ni de projet, ni de critères d'évaluation de la construction européenne. C'est donc à peu près exactement les mêmes raisons qui nous conduisirent à soutenir les étapes précédentes et qui nous amènent aujourd'hui à dire non.

L’Union est un outil au service d’un projet, pas une fin en soi

Jusqu’ici, nous avons dit oui à tout au nom d’un projet et d’une stratégie :

Notre projet : c’est l’Europe politique et sociale, c’est l’Europe puissance capable de maîtriser les marchés, c’est donc une vraie Constitution qui pose les bases d’une fédération des nations européennes partageant un même idéal. 

Notre stratégie : la stratégie de l’engrenage, identique à celle des pères fondateurs. L'intégration économique comme levier de l'intégration politique. Avec des compromis concédés aux libéraux en échange d'une lente progression de la coopération et de l'union politique.

Mais face à nous depuis les origines de la construction européenne les libéraux ont un autre projet et une autre stratégie.

Le projet de l’Europe Espace de libre-échange et de l’État minimum transformé en simple auxiliaire entretenant le cadre idéal pour la libre expansion des affaires, une société de marché ou la compétition l’emporte sur la solidarité.

La stratégie libérale repose sur une autre version de la stratégie de l’engrenage : le grand marché, puis la monnaie unique introduisent dans l’engrenage social-démocrate une nouvelle logique qui fera dérailler le projet de l’Europe politique et enclenchera une marche accélérée vers l’Europe des marchands.

Depuis près de 20 ans les deux visions s’affrontent au sein de l’Union et tout le monde tombe d’accord pour aller de l’avant parce que tout le monde croit pouvoir piéger l’autre. Mais à la fin, il doit bien y avoir un gagnant et un perdant.

Pour l’instant, le projet néolibéral est victorieux

On sait aujourd’hui, près de treize ans après le traité de Maastricht, qui a gagné cette bataille : le piège européen s’est refermé sur les socialistes et non sur les libéraux. La flexibilité et la précarité du travail, la soumission aux règles de la libre concurrence, la baisse des charges patronales et des impôts, le dumping fiscal et le dumping social, la privatisation des biens publics, les délocalisations, l’ouverture des services publics à la concurrence, et les licenciements boursiers, tout cela va bon train. Quid de l’harmonisation fiscale et sociale par le haut ? D’une politique étrangère et de défense autonome face à l’imperium américain ? Du plein-emploi et de l’amélioration des conditions de travail ? De la réduction des inégalités ? Pas grand-chose ou rien du tout !

Ainsi, les aspirations et la confiance des Européens ont été trahies. Ceux-ci n’ont cessé de sanctionner les politiques libérales dans leurs votes, mais ont été néanmoins livrés à l’Europe néolibérale dont ils ne veulent pas, et dont on ne débat pas. À présent que, par miracle, on leur demande leur avis dans une dizaine de pays, vont-ils mordre encore à l’hameçon rouillé de l’engrenage vertueux, du mauvais traité qui constitue une avancée indispensable, du mal qui nous fera du bien, un de ces jours, à la fin des temps, qui sait ?

Tout le monde sait aujourd’hui que l’engrenage par nous annoncé n’a plus rien à voir avec l’engrenage réel ; que l’Europe est en marche vers une société néolibérale à l’américaine — une société de compétition généralisée —, et que l’Union n’est plus le rempart qui nous protège contre cette issue mais l’instrument qui nous y entraîne.

Cela dit, aujourd'hui, nous ne renions en rien les choix faits jusqu'ici. Notre pari était tenable. Mais quand on a perdu, on a perdu. Et il faut savoir le reconnaître. Et nous ne pouvons nous défiler davantage devant notre responsabilité. C'est nous principalement qui avons engagé nos concitoyens dans cette voie. C'est à nous de les tirer du piège où nous sous sommes laissés prendre.

La première question à nous poser est donc de savoir si ce traité nous autorise à sortir du piège, s'il amorce un revirement dans l'orientation de la construction européenne. Autrement dit, la question n'est pas de savoir si le nouveau traité est plus libéral ou pas que les précédents, elle est de savoir si il l'est moins, s'il fait reculer le néolibéralisme aujourd’hui dominant.

Ce traité n’est pas moins libéral. Voilà le premier et colossal “ recul ”

Tous les commentateurs, qu’ils soient pro- ou anti-Constitution se rejoignent au moins sur un constat : celle-ci ne remet nullement en cause l’état actuel des traités en matière économique et sociale. Les pros y voient même un argument favorable à la ratification : ce texte reste dans la continuité du mouvement actuel de l’Union, il n’est ni plus ni moins libéral que le traité de Nice actuellement en vigueur : il se contente d’en reprendre le contenu en ce qui concerne les politiques économiques et sociales. Par conséquent, nous disent-ils, quiconque juge l’orientation actuelle de ces politiques globalement positive doit soutenir la Constitution.

En admettant provisoirement cette lecture que je discuterai ensuite, il s’ensuit déjà que tout citoyen contestant la tournure donnée aux politiques économiques et sociales depuis le traité de Maastricht, doit s’opposer à un nouveau traité qui ne la remet nullement en cause. Quiconque récuse la marche actuelle de l’Union n’a pas d’autre façon de se faire entendre qu’en disant non à la Constitution. Cela ne remet pas en cause l’Union et ne provoque aucun cataclysme : nous restons simplement dans le cadre actuel du traité de Nice (traité qui restera d’ailleurs en vigueur jusqu’en 2009, même si la Constitution est ratifiée). Le non ne détruit absolument rien. En revanche, il autorise tout : la tenue d’un vrai débat démocratique sur la finalité de l’Union, la remise à plat du projet européen des uns et des autres, et la recherche des nouvelles modalités de coopération autorisant la coexistence pacifique de projets différents.

Mais, en outre, dire oui constitue en soi un “ recul ” colossal.
Dissipons ici un grand malentendu, surtout à gauche, qui semble brouiller l’esprit des partisans du oui. Ces derniers soutiennent que le texte de la Constitution n’inclut aucun “ recul libéral ” par rapport au traité de Nice. Dans l’esprit, si ce n’est dans la lettre de cet argument, ils n’ont pas tout à fait tort. Presque tout ce qu’il y a de néolibéralisme insupportable dans cette Constitution est déjà présent dans le droit de l’Union… et réciproquement ! Franchement, est-ce vraiment une raison pour dire oui ?

Mais cet argument de juriste manifeste une totale ignorance de la réalité économique. En effet, par le fait même que nous sommes déjà dans un grand marché de libre-échange trop peu régulé par le politique, les dégâts sociaux de la compétition généralisée s’étendent de jour en jour et s’étendront indéfiniment, même si l’on ne change pas une virgule du traité de Nice. Autrement dit, pour progresser dans la réalité, le modèle de société néolibéral n’a plus besoin de la moindre avancée juridique en sa faveur. Les détenteurs du capital ont déjà toute liberté pour imposer l’intensification du travail, la baisse des impôts, les privatisations, etc. Le simple statu quo juridique entraîne donc, dans les faits, une irrésistible avancée du modèle néolibéral, et il constitue un recul continu de l’Europe sociale.

Par conséquent, même si le texte de la Constitution ne contenait strictement aucun pouvoir nouveau consenti aux marchands, le fait qu’il ne contienne, non seulement aucune restriction, mais aussi aucune possibilité future d’imposer de nouvelles restrictions à la libre concurrence, au libre-échange ou à la libre circulation des capitaux, ce seul fait constitue une régression sociale majeure, consacre la défaite des tenants de l’Europe politique et sociale, et la victoire du néolibéralisme.

Dire non c’est la seule façon de donner enfin le premier coup d’arrêt au dévoiement néolibéral continuel du projet européen. Et c'est donc là notre première raison de dire non.

Dans ce contexte, que voulons nous ?

Cinq exigences pour faire progresser l’Europe,

grâce au primat restauré du politique, de la démocratie

et des droits sociaux sur les exigences des marchés


Nous voulons :

 Une vraie Constitution, limitée aux questions constitutionnelles, et révisable
• La possibilité de revenir sur les acquis du néolibéralisme et de combattre le dumping fiscal et social
• La possibilité pour les citoyens de déterminer l’orientation des politiques européennes
• Une vraie protection constitutionnelle des droits sociaux contre les assauts de la concurrence
• L’émergence d’une puissance politique européenne capable de défendre en Europe et dans le monde un autre modèle que le modèle marchand et impérialiste des États-Unis.

Est-ce que ce traité répond aux cinq exigences ci-dessus ?
Pour nous, la réponse est cinq fois non, ce qui nous donne cinq bonnes raisons supplémentaires de dire non et sur lesquelles je vais maintenant revenir.

Deuxième raison de dire non

Ce n’est pas une Constitution !

Et nous voulons une vraie Constitution

 

Ce n’est pas une Constitution, c’est un programme politique.

 

Accepteriez-vous que la Constitution de votre pays fige l’état actuel du code du travail, du code du commerce, du système fiscal et du système social, etc., et rende ainsi à l’avenir anti-constitutionnelle toute politique ou tout système alternatifs ? L’accepteriez-vous si, en outre, elle introduisait un biais en faveur des seules politiques libérales et interdisait tout renforcement des contrôles et des régulations encadrant le fonctionnement des marchés ? L’accepteriez-vous, enfin, si un tel monstre constitutionnel, déjà inacceptable en soi, était quasi impossible à réviser ?

C’est pourtant là à peu près tout ce que réalise le traité de Bruxelles “ établissant une Constitution pour l’Europe ”. Sur 448 articles, seule une centaine aurait sa place dans une Constitution, tous les autres déterminent les politiques et en particulier l’orientation idéologique et les modalités des politiques économiques, commerciales et sociales.

Une Constitution ne doit être ni libérale, ni socialiste ni quoi que ce soit d’autre qu’un ensemble d’institutions et de règles du jeu qui déterminent comment les citoyens souverains pourront, par le biais de leurs représentants élus, déterminer l’orientation des politiques. Or cette soi-disant Constitution interdit nombre des politiques sociales de gauche (salaire minimum européen, harmonisation sociale par le haut, protection contre les licenciements boursiers, etc.) et impose le primat des politiques néolibérales (flexibilité du travail, généralisation de la concurrence à toutes les sphères d’activité, etc.). C’est une « Constitution néolibérale », une « Constitution de droite ». N’importe quel citoyen, même de droite, même ultralibéral, mais par ailleurs démocrate, doit refuser cette insulte à la démocratie.

La révision à l’unanimité est doublement inacceptable.

Ce traité n’est révisable qu’à la double unanimité: une adoption unanime par la Conférence intergouvernementale suivie d’une ratification unanime dans les pays membres. C’est inacceptable. D’abord et c’est évident pour tous, parce que ce traité inclut toutes les politiques libérales que nous récusons et qu’il n’est pas question de donner aujourd’hui à 25 pays un droit de veto capable de bloquer pour toujours toute volonté, même largement majoritaire, d’abolir ces politiques libérales.

N'oublions pas que, pour les libéraux, ce traité doit être le dernier ; ils ont en effet tout ce qu’ils souhaitaient : un grand marché sans aucune puissance politique capable de et autorisée à entraver la libre concurrence. L’unanimité étant requise pour réviser ce traité, les libéraux bloqueront à l’avenir toute tentative de révision, car celle-ci ne pourrait par définition avoir pour objet que de renforcer le pouvoir politique et l’Union politique au détriment de la liberté des marchés. Une fois ratifié, ce traité le sera donc pour longtemps. Les libéraux ne laisseront passer, et avec enthousiasme, que les traités d’adhésion de nouveaux membres qui, en élargissant toujours plus l’espace européen, repousseront toujours plus loin le spectre d’une Europe Puissance politique.

La révision à l'unanimité est aussi inacceptable pour une raison moins soulignée, mais tout aussi fondamentale. Pour les juristes, la révision à l'unanimité est le trait distinctif d'un traité international et implique clairement que ce texte n'est pas une Constitution. La Constitution est le contrat fondamental qu'établissent entre eux les membres d'une communauté politique, et le propre d'une communauté politique démocratique est le fait que chaque membre accepte de se soumettre aux choix de la majorité, majorité simple pour les lois ordinaires, majorité qualifiée pour les lois constitutionnelles. Le texte qu'on nous propose n'est donc qu'un traité diplomatique de plus et non une vraie Constitution.

Alors pourquoi l'a t-on appelé Constitution contre l'évidence ?
 

Une manipulation de l’opinion intolérable

L’appellation de Constitution manifeste au départ le délire de grandeur des conventionnels. La déclaration de Laeken leur avait seulement demandé d'ajouter quelques pages aux traités, tandis qu'eux voulaient écrire une page de l'histoire. L'acceptation de ce nom par les gouvernements est une pure et pitoyable opération de marketing politique. Comment faire avaler la pilule indigeste d'un nouveau traité qui ne modifierait en rien la marche libérale et de plus ne plus contesté de l'Europe ? En créant l'illusion qu'il s'agissait d'une avancée historique de l'Europe politique. En exploitant le désir profond d'une Europe politique capable de contrer la toute puissance des marchés, mais pour faire ratifier un traité qui consacre la toute puissance des marchés !

Le devoir des socialistes est de dénoncer cette manipulation. Au lieu de cela, certains l'instrumentalise pour promouvoir le oui à cette fausse Constitution. En effet, certains de nos camarades comprennent un peu tard que le terme "Constitution" risque de dramatiser le débat et inciter les citoyens à y réfléchir deux fois plutôt qu'une. Alors, nombre de ceux qui ont depuis des mois dramatisé le non, en expliquant qu'on ne pouvait s'opposer à ce moment historique fondamental, nombre de ceux-là disent aujourd'hui que ce n'est pas si grave de dire oui, puisqu'il ne s'agit que d'un traité, voire un modeste règlement intérieur de l'Union ! Oublient-t-ils que les socialistes ont été les premiers à porter ce projet d'une Constitution pour l'Europe, les premiers à expliquer aux citoyens que pour surmonter les défis de l'élargissement et redonner au politique la force que lui a ôté le pouvoir des marchés, il nous fallait une vraie Constitution ? À qui feront-ils croire ensuite qu'ils vont relancer l'idéal d'une vraie Constitution juste quelques mois après l'avoir renié ?

Pour nous qui ne renions rien, le fait qu'il ne s'agisse pas d'une vraie Constitution n'est pas une circonstance atténuante, mais une circonstance aggravante, une raison supplémentaire de dire non. Car nous voulons une vraie Constitution pour l'Union européenne.

Dire non à la fausse Constitution est la seule façon de dire oui à une vraie Constitution de l’Union européenne, la seule manière de laisser une porte ouverte à l’élaboration prochaine d’une telle Constitution.

Dire non à cette fausse Constitution c’est affirmer notre rejet des arrangements au sommet, des soi-disant “ représentants ” qui se délivrent à eux-mêmes des mandats pour faire tout et n’importe quoi en notre nom. C’est exiger qu’une affaire aussi sérieuse que la Constitution soit confiée à une instance dûment mandatée par les citoyens européens à cet effet. 

Dire non à cette pitoyable opération de marketing politique, c’est affirmer que nous refusons d’être les complices de la désinformation et de la manipulation des Européens.

  

Troisième raison de dire non

C’est la consécration d'une société de marché où la compétition prime sur la solidarité

Le règne de la libre concurrence

Le primat de la “ concurrence libre et non faussée ” et “ l’économie ouverte ” qui restent des objectifs de l'Union (I-3) et qui s’imposent à toutes les politiques (III-177 et III-178).

• La promotion du libre-échange. “ L’Union contribue... à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et aux investissements étrangers directs, ainsi qu’à la réduction des barrières douanières et autres ” (III-314). Notez ici un vrai recul par rapport aux traités antérieurs : la mention “ et autres ” a été ajoutée et vise à prohiber toute forme de protection (y-compris par ex. les normes sociales, sanitaires, etc.).

• La promotion du libre-échange dans les Pays en développement (III-292-1-e) 

• L’interdiction des restrictions à la libre circulation des capitaux (I-4) à l'intérieur de l'union, et vis-à-vis des pays tiers (III-156), sauf décision contraire mais à l’unanimité (donc une quelconque restriction n’a aucune chance de voir le jour)

• Le primat de la libre concurrence est tellement absolu que : “ Les États membres se consultent en vue de prendre en commun les dispositions nécessaires pour éviter que le fonctionnement du marché intérieur ne soit affecté par les mesures qu’un État membre peut être appelé à prendre en cas de troubles intérieurs graves affectant l’ordre public, en cas de guerre ou de tensions internationales graves constituant une menace de guerre... ” ! ! (III-131)

La porte ouverte au dumping fiscal ou social et aux délocalisations

 

• Pas une seule phrase pour seulement regretter le règne de la concurrence fiscale et sociale et recommander la recherche d’une harmonisation progressive favorable aux travailleurs et à la protection des biens publics.

• Les questions fiscales relèvent de l'unanimité. Il est donc concrètement impossible au dumping fiscal puisqu’un seul des 25 pays peut interdire toute harmonisation fiscale. L’harmonisation continuera donc à ce faire par la baisse continue des impôts sur les bénéfices, les plus-values, etc., et donc par la réduction continue des biens et ses services publics.

• L’action de l’Union en matière sociale “ ne s’applique pas aux rémunérations ” (III-210-6). Elle ne peut donc en aucun cas prêter son concours à la mise en place d’un salaire minimum.

L'harmonisation du droit social explicitement interdit (III-210) et à plusieurs reprises il est précisé que les lois de l'Union ne peuvent entraîner d'harmonisation des lois et règlements nationaux (I-14-5) et (I-18-3)

• C'est donc la porte ouverte aux délocalisations croissantes avec non plus une Irlande mais sept ou huit bien décidées à jouer le jeu du moins disant social, salarial et fiscal

La porte ouverte à la marchéisation des biens publics

 
• “ l’Union
reconnaît et respecte le droit d’accès aux prestations de sécurité sociale et aux services sociaux... ” (II-94-1). L'union "reconnaît et respecte l’accès aux services d’intérêt économique général... prévu par les législations nationales... ” (II-96).

En clair, l’Union respecte ce que font les États, y compris quand ils ne font rien ou détruisent les acquis du progrès social : nulle part il n’est écrit que tous les États doivent mettre en place ces “ accès ” et converger vers un haut niveau. Le “ respect ” de l’Union est compatible avec la privatisation intégrale de la protection sociale.

• Le droit à l’éducation “ comporte la faculté de suivre gratuitement l’enseignement obligatoire ” (II-74-2), il n’est pas interdit de le rendre facultatif et donc intégralement payant !

• Les services publics restent soumis au principe de concurrence libre et non faussée, et donc contraint à terme, par la pression de la concurrence, de se comporter comme des entreprises capitalistes. (III-162 et III-166)

Les politiques économiques condamnées à l’impuissance

Impossibilité de conduire une politique budgétaire efficace au plan national puisque le pacte de stabilité est maintenu (III-184) et que la BCE peut menacer les États d’un durcissement de la politique monétaire s’ils ne respectent pas la “ discipline budgétaire ”.

• Cette impuissance nationale n'est pas compensée par des politiques européennes puisque :

- le budget doit être équilibré (I-53-2).

- le budget de l’Union est intégralement financé par des ressources propres ” (I-54-2) L’Union n’a pas de le droit d’émettre des emprunts !

- la BCE vise toujours en priorité la stabilité des prix (III-185) et ne rend de comptes à personne.

• L’union ne peut donc pas mener de politique budgétaire de soutien de l’activité (déficits interdits) elle ne peut pas emprunter pour financer un quelconque projet (grands travaux, recherche, etc.). Ces contraintes pourraient être compensées par une augmentation substantielle des ressources propres de l’Union (impôt européen), mais ce n’est pas le cas : le budget est plafonné à 1,27% du PIB, et cela ne peut être modifié qu’à l’unanimité des 25 États membres (c.a.d. jamais).

• L’Union est la seule région du monde ou la politique monétaire donne une priorité absolue à la stabilité des prix. Mêmes les États-Unis ­— soi-disant bastion du néolibéralisme — mènent des politiques budgétaires et monétaires keynésiennes pour soutenir en priorité la croissance et l’emploi, et conduisent une politique industrielle et de recherche très active.

La reconnaissance formelle d’autres objectifs est un leurre

• Les partisans du oui ne peuvent bien évidemment pas contester tout ce qui précède puisque c’est écrit noir sur blanc dans le traité. Mais ils soutiennent que les principes libéraux ont dans ce traité des contrepoids : des principes et des objectifs autres que la libre concurrence et plus proches des finalités des sociaux-démocrates. C’est une pure illusion pour trois raisons.

1°. À chaque fois que les libéraux ont concédé un terme susceptible de porter ombrage au primat de la libre concurrence, on lui a accolé une qualification qui le vide de sens : le commerce équitable devient le “ commerce libre et équitable ” (I-3-4), l'économie sociale de marché devient “ l'économie sociale de marché hautement compétitive ” (1-3-3). L'action en matière de politique sociale est conduite " en tenant compte de la nécessité de maintenir la compétitivité de l'économie de l'Union" (III-209). Certes, “ L’objectif consistant à atteindre un niveau d’emploi élevé est pris en compte dans la définition ... des politiques de l’Union ” (III-205-2). Mais un niveau d’emploi élevé n’est pas le plein-emploi ! Et l’emploi élevé peut être obtenu par le dumping fiscal et social, par le travail à temps partiel forcé, par le développement de la précarité, par la baisse des coûts salariaux. Bref, sauf dispositions explicites privilégiant les politiques de l’emploi respectueuses des conditions de travail, de la dignité et du pouvoir d’achat des salariés et de la satisfaction des besoins collectifs, l’objectif d’emploi élevé peut constituer un moyen supplémentaire pour imposer le programme néolibéral du patronat. Le seul article explicitant un peu le type de politique de l’emploi encouragé par l’Union soutient explicitement les mesures renforçant la flexibilité des travailleurs et du marché du travail (III-203).

2°. Ce qui compte vraiment, en droit et dans les faits, c’est la hiérarchie des finalités.

Or, par deux fois (III-177 et III-178) il est précisé que la politique économique est conduite dans le “ respect du principe d'une économie de marché ouverte où la concurrence est libre ”. Ce “ principe ” est donc supérieur à tout autre objectif (emploi, développement, justice sociale) dont la poursuite ne saurait justifier la moindre entrave au libre-échange et à la libre concurrence. Au cas où certains n’auraient pas bien compris le modèle qui sert de référence à la conception de la politique économique l’art III-178 précise la raison de la soumission au fameux “ principe ” : il favorise “ une allocation efficace des ressources ”. C’est ainsi la loi fondamentale de la théorie économique néolibérale qui entre dans le traité : l’économie de marché libre assure l’allocation efficace des ressources. Il faut tout de même savoir que cette loi a été parfaitement démentie par un siècle de développement de la théorie économique orthodoxe ! (cf. mon livre Les Vraies lois de l’économie).

Le “ principe d’économie ouverte où la concurrence est libre ” bénéficie d’un traitement de faveur évident par rapport à tous les autres objectifs, toutes les autres finalités. C’est le seul pour lequel on précise que les politiques doivent, non pas le “ prendre en compte ”, mais le “ respecter ”. Les autres principes ne feraient donc contrepoids que s’il était (ne serait-ce qu’une fois) fait allusion au fait que la libre concurrence et le libre-échange peuvent être amendés au nom de l’emploi, de la réduction des inégalités, du développement des biens publics, de la protection de l’environnement, etc.

3°. Les finalités sociales n’ont pas besoin de reconnaissance, mais de protection contre la concurrence.

Ce qui importe dans la société réelle c’est uniquement l’intensité de la compétition et les limites concrètes que le politique peut lui imposer. Ce n’est pas le manque de reconnaissance qui menace les services publics, les biens collectifs, c’est leur exposition à la concurrence. Les services d’intérêt généraux sont déjà “ reconnus ” depuis le traité d’Amsterdam. Cela n’a pas empêché leur démantèlement et leur privatisation progressive. Car le traité de l’Union interdit tout monopole public (III-162 et III-166) et interdit les aides publiques aux entreprises (III-167). Or c’est l’ouverture à la compétition qui pousse les services publics à se comporter comme des services privés, pas le manque de reconnaissance !

Le traité ne se contente pas de “ reconnaître et respecter ” la libre concurrence, il l’impose !

Quatrième raison de dire non

Aucune avancée réelle de la démocratie

• Quelques avancées institutionnelles certes (rappel des principales innovations) 

• Mais il est singulièrement abusif de parler d’une “ avancée démocratique ”.
La démocratie représentative c’est avant tout la possibilité offerte aux citoyens de déterminer les politiques par l’intermédiaire de leurs représentants au Parlement. Or qui fait la loi européenne aujourd’hui comme demain si ce traité est ratifié ? Les gouvernements et leurs représentants à la Commission. Le Conseil européen définit les grandes orientations politiques (I-21), la Commission a le quasi-monopole de l’initiative des lois (I-26), et le Conseil des ministres renégocie ensuite un texte susceptible de faire l’unanimité ou de rassembler la majorité requise. Pour l’essentiel le droit européen résulte ainsi de négociations opaques entre gouvernants ou entre représentants des gouvernements.

• En bout de course, le Parlement est reconnu comme co-législateur avec le Conseil.
Mais le Parlement n’a pas l’initiative des lois.

• Le droit d’initiative citoyenne est une farce (I-47). Un million de citoyens peuvent “ inviter la Commission ” à proposer une décision européenne..... Primo, il n’y a là aucun droit nouveau. Que je sache, aucun pays européen n’interdit aux citoyens de signer des pétitions ! On reconnaît donc simplement un droit de pétition que les Européens ont déjà ! Mais la Commission n’est en rien tenue de donner suite. Elle n’est même pas tenue d’expliquer sa décision aux citoyens. Franchement, il eut mieux valu ne rien écrire à ce sujet que d’écrire noir sur blanc ce souverain mépris de la souveraineté populaire.

• On pourrait à la limite parler «d’avancées démocratiques » si nous étions en présence d’une vraie Constitution qui exclurait tout élément de définition et d’orientation des politiques européennes, autrement dit, si toutes les politiques, hormis celles qui violent les droits fondamentaux de la personne, étaient autorisées par la Constitution. Mais, on l’a vu, toute entrave à la libre concurrence et au libre-échange est interdite, les déficits sont interdits, les objectifs de la politique monétaire ne sont pas libres, l’harmonisation des politiques et des systèmes sociaux est interdite, etc., etc.

• Les plus belles innovations institutionnelles ne changeront rien à cette réduction a priori du champ des choix politiques possibles. Les soi-disant avancées démocratiques sont tout simplement vides de sens dans une fausse Constitution qui interdit les politiques antilibérales. Il en irait bien sûr de même si cette fausse Constitution interdisait les politiques libérales. Car encore une fois nous ne voulons surtout pas d’une Constitution socialiste. Nous ne voulons que le respect de la démocratie, la vraie, celle qui reconnaît qu’aucune loi économique n’est au-dessus des lois voulues par les peuples et leurs députés.

Cinquième raison de dire non

Aucune avancée réelle des droits sociaux

La Charte des droits ne consacre aucun droit que nous n’ayons déjà.

La Charte récuse le droit au travail et le remplace par le droit “ de ” travailler ! ! (II-75)

• En reconnaissant que “ tout travailleur a droit à une protection contre tout licenciement injustifié ” (II-90), la Charte autorise tous les licenciements pourvu qu’ils aient un motif !

La Charte ne contraint en rien les politiques nationales. Elle ne s’applique qu’aux actes mettant en œuvre le droit de l’Union (II-111). Elle ne s’applique pas aux politiques sociales et au droit social des Etats membres.

Les principes contenus dans la charte ne peuvent être invoqués devant le juge pour contester une politique nationale ou européenne qui contrevient à ses principes. (II-111-5).

Il résulte de tout cela que cette Charte ne change rien à rien. Elle ne permet pas d’imposer le respect d’un droit quelconque à un membre de l’Union.

• Rappelons enfin, que les droits sociaux, comme les services publics n’ont pas besoin de “ reconnaissance ” : ils ont besoin de protection effective contre la libre concurrence.
 

Sixième raison de dire non

Éviter l’impuissance et la vassalisation des nations européennes

Rappelons simplement en bref que face aux stratégies de puissance nationaliste mise en œuvre par les États-Unis, la Chine, l’Inde, la Russie et le Japon, l’Europe a le choix entre devenir un simple terrain de jeux pour les marchands et dépendante des États-Unis pour sa défense et sa politique extérieure, ou bien devenir une Puissance politique et économique capable à la fois de défendre son propre modèle de civilisation et sa conception des relations internationales.

Une Europe Puissance, suppose 1°) la volonté politique, 2°) des moyens économiques, 3°) des moyens militaires et 4°) l’indépendance de notre politique de défense à l’égard de l’OTAN. Or, le traité qui nous est proposé empêche la satisfaction de ces quatre conditions.

1°) La volonté politique.

• La guerre en Irak a révélé la division de l’Union entre d’une part, des pays marchands qui n’ont que faire d’une Europe Puissance et compte sur l’Amérique pour faire régner la paix, et d’autre part, des pays soucieux d’indépendance, soucieux de rester, collectivement, des nations prêtes à assurer leur propre défense et à défendre leur conception de l’ordre international (fondé sur le multilatéralisme, le droit international et l’ONU). Tant que l’unanimité est requise en ces matières, un seul pays atlantiste interdit la construction de l’Europe Puissance.

• Le traité divise en trois l’expression de la “ volonté européenne ” sur la scène internationale (Président du Conseil européen, président de la Commission, ministre des affaires étrangères)

2°) Les moyens économiques.

• La puissance passe par une politique industrielle et une politique de recherche européenne solidaire et coordonnée. Le traité prohibe tout moyen financier supplémentaire et donc toute politique d’envergure (cf. 3e raison de dire non ci-dessus).

• La puissance passe par une économie européenne solidaire en quête de progrès général et non par un espace de guerre économique entre les États de l’Union. Les États fédérés américains ne sont pas en guerre les uns contre les autres. Le seul Budget fédéral américain prend à sa charge entre 20 et 30 % d’un choc conjoncturel affectant négativement l’activité économique de l’un des États ! Le Budget européen ne peut compenser au mieux que 2 à 3 % d’un tel choc. La politique monétaire américaine est au service des intérêts de l’économie américaine (croissance et emploi) ; la politique monétaire européenne est au service d’un dogme monétariste erroné qui engendre des taux d’intérêt deux fois plus élevés et un taux de croissance deux fois plus faible qu’aux États-Unis. Le traité conforte cette situation.

3°) Les moyens militaires.

Non seulement le traité ne prévoit pas les moyens nécessaires à la constitution d’une défense européenne plus efficace, mais il affirme explicitement que c’est aux États membres de prendre en charge la défense. Les États s’engagent à améliorer progressivement leurs capacités militaires ” ”(I-41-3). Incitation curieuse au militarisme et à l’augmentation des dépenses publiques ! Peut-on imaginer un amendement à la Constitution américaine confiant aux États de l’Union le soin de développer les capacités militaires ? La rationalité militaire et l’efficacité économique de la dépense commande au contraire, la réduction des dépenses militaires nationales et le financement collectif de forces communes, et notamment de forces d’intervention hors de l’Union pour garantir la sécurité extérieure des ressortissants de l’Union, la protection extérieure de nos intérêts, la prévention des génocides, le concours de l’Union aux opérations décidées par les Nations Unies. 

4°) L’indépendance à l’égard de l’OTAN

Le traité est sur ce point on ne peut plus clair. “ La politique de l’Union (...) respecte les obligations découlant du traité de l’Atlantique Nord pour certains États membres qui considèrent que leur défense commune est réalisée dans le cadre de l’OTAN et elle est compatible avec la politique commune de sécurité et de défense arrêtée dans ce cadre ” (I-41-2). Il est par ailleurs rappelé que l’OTAN “ reste, pour les États qui en sont membres, le fondement de leur défense collective et l’instance de sa mise en œuvre. ” (I-41-7)

Si quelqu’un osait suggérer l’introduction de telles clauses dans la Constitution nationale cela provoquerait un tollé général. Comment peut-on ligoter par avance et de façon définitive (cf. supra la quasi-impossibilité de réviser le traité sur des enjeux majeurs) notre politique de défense, par une exigence de compatibilité avec la politique d’une organisation dominée par les États-Unis ? C’est une concession inacceptable aux atlantistes qui n’aspirent en effet, pour l’heure, qu’à faire du business sous la protection militaire des Américains.

Le « fondement de la défense collective » des Européens et « l’instance de sa mise en œuvre », ce n’est pas l’Union européenne, c’est l’OTAN. Il n’y a pas de défense européenne indépendante. C’est écrit et cela se passe de commentaires.

Septième raison de dire non

Il n’y a aucune bonne raison de dire oui

Si on veut entériner la marche libérale des politiques européennes, empêcher la construction d’une vraie Union politique, enterrer le projet socialiste d’une Europe fédérale, il faut dire oui. C’est pourquoi P.A Seillère déclarait cet été à l’Université du MEDEF que cette Constitution “ est bonne pour les entreprises ”. C’est pourquoi Tony Blair explique que cette Constitution est exactement conforme à la conception britannique de l’Europe (consultez le site internet du Gouvernement britannique).

• Il y aurait eu une bonne raison de dire oui si ce texte constituait une réelle avancée dans la démocratisation de l’Union et dans la protection des droits sociaux. Mais il n’en est rien (cf. 4e et 5e raisons ci-dessus).

Il y aurait eu une raison de dire oui si ce traité offrait ne serait-ce qu’un seul instrument, un seul moyen nouveau, pour imposer une régulation politique renforcée des marchés et limiter le principe de libre concurrence. Il n’y en a aucun.

• Que reste-t-il en faveur du oui ?
Seulement une liste variable et extensible de faux prétextes pour dire oui à un traité que, tout le monde à gauche reconnaît comme mauvais, puisque même les partisans du oui expliquent qu’une fois le traité ratifié, il faudra engager la bataille pour sa révision ! Aux prétextes se mêlent aussi des mensonges scandaleux et des contresens vertigineux.

• “ Ce qui n’est pas rendu possible par ce traité, nous pourrons le faire avec les pays qui le souhaitent dans le cadre des coopérations renforcées dont l’usage est simplifié ”. C’est faux.
• “ Il y a urgence, sans ce traité, l’Union à 25 ne fonctionne plus”. C’est faux.
• “ Cette Constitution n’est pas plus libérale que l’état actuel des traités ”. C’est faux. Et même si c’était vrai, il faudrait dire non à un texte qui prétend constitutionnaliser les seules politiques libérales.
• “ Ce traité n’est pas plus difficile à réviser que les précédents ”. C’est faux. On est 25 et bientôt 27 puis 30, et non plus quinze pays de l’Ouest.

• “ Ce n’est qu’une étape, avant de reprendre le combat pour un autre traité ” Il faudrait dire oui pour ensuite, au lendemain de la ratification, engager le combat pour la dénonciation d’un mauvais traité ? C’est absurde.
• “ Le non nous isole en Europe et dans le mouvement socialiste ”. Il nous isole de Blair et de Schröder qui sont favorables à la directive Bolkestein. Tant mieux ! Il nous isole d’une sociale-démocratie à la dérive qui s’est ralliée aux politiques néolibérales et a été chassée du pouvoir par les électeurs dans la plupart des pays de l’Union. Tant mieux !
• “ C’est un compromis, on aura pas mieux en disant non ”  (Ceux qui disent cela disent aussi qu’il faut dire oui pour entamer ensuite les négociations pour un nouveau traité).

Etc., etc. Je n’ai pas le temps de poursuivre, mais tous ces pseudos arguments et bien d’autres aussi peu consistants sont entièrement démontés dans mon livre.

Une seule bonne raison de dire oui : être favorable au projet néolibéral d’une Europe livrée à la compétition généralisée et disposé à renier la démocratie en osant fixer dans une Constitution l’orientation idéologique des politiques économiques et sociales.

 

Conclusion et Huitième raison de dire non

Dire non, c’est le meilleur moyen de combattre les mauvaises raisons de dire non et éviter l’anéantissement du projet européen

 

En validant un projet ficelé par les seules élites politiques que l’on s’apprête à faire ratifier par ces seules élites dans la plupart des pays concernés, en soutenant une vision ultralibérale non conforme à la culture et aux aspirations de l’immense majorité des Européens, on renforcerait tous ceux qui ont de mauvaises raisons de dire “ non ”, les anti-européens, les eurosceptiques, les souverainistes de tous bords. Car, si les citoyens ne peuvent trouver auprès des pro-européens ceux qui leur offrent une autre perspective que l’Europe de la guerre économique et de la régression sociale, alors ils les chercheront ailleurs.

Depuis la fin des années 1990 nous avons suffisamment observé comment l’indifférenciation progressive du modèle de société de la gauche et de la droite persuade une fraction croissante de l’électorat que l’alternance politique n’est plus source d’alternative économique et sociale. Aussi, partout en Europe, la convergence des élites politiques en faveur d’une Europe espace de libre-échange et au détriment de l’Europe sociale alimente la crise du politique, l’abstention et la montée de l’extrême droite. Imposer un nouveau traité trop libéral, sans l’assentiment massif des citoyens européens est possible à court terme, mais pas à moyen ou long terme. Si nous nous engagions dans cette nouvelle Europe, où le seul moyen de retrouver la capacité de conduire des politiques sociales volontaristes consistera à sortir de l’Union, cette faculté (prévue dans le projet de constitution) finira par être effectivement employée. Et les populistes et autres fascistes, qui ne manqueront pas de faire campagne sur cette sortie, ne cesseront de marquer des points. Voilà pourquoi cette pseudo Constitution est au fond anti-européenne : elle porte en elle le germe de la désintégration de l’Union, du retour en force du nationalisme, de la peste brune que le projet européen avait pour vocation première de combattre. Si le “ non ” des pro-européens à la Constitution ne l’emporte pas aujourd’hui, alors ce sera bientôt un “ non ” à l’Europe qui l’emportera.

Copier ou imprimer la version mise en page par Stéphane Landry

Commentaires

par husson le Vendredi 04/03/2005 à 20:36

<p>J'ajouterai à votre argumentaire une autre raison de dire non. </p><p>La mort annoncée de la loi de 1905 dont non allons célébrer le centenaire  et dont tout les laïques convaincus  doivent savoir que l'article 52 (alinéa 3) de la Constitution semble en annoncer la fin !</p><p>Comment autant de gens sincèrement à gauche peuvent-ils se laisser fagociter par un tel projet ? Pour moi c'est un mystère! </p><p>Sachez enfin que j'apprécie votre combat et la solidité de vos argumentations  et à défaut d'avoir eu le temps de vous lire, je vous retrouve de temps en temps  sur France Culture où je regrette votre absence maintenant à l'émission "l'économie en question".</p><p>Espérons quand même la victoire du non pour sauver l'Europe!</p><p>D. Husson</p><p />


Re: par guion le Jeudi 17/03/2005 à 19:45

<p>Cher ami,</p><p>il faut arreter d'etre contre tout, et d'etre négatif. Sachez que la constitution qui vous est proposée est un consensus entre certains parlementaires europeens et que tout ce petit monde a essayé de garder le plus possible ses idees nationales.</p><p>Etait il mieux d'attendre un accord des 25 pays membres ???</p>


Un socialiste qui vote OUI par anonyme le Mardi 05/04/2005 à 17:24


Re: Un socialiste qui vote OUI par ploum le Mercredi 06/04/2005 à 00:06

Tiens c'est marrant, moi je pensais que quand on etait (vraiment) de gauche, on votait plutôt non ??!!

Bon allez Nicolas, arrête tes collages sauvages sur le blog on t'a reconnu !!;-)))


Re: Un socialiste qui vote OUI par J-Genereux le Mercredi 06/04/2005 à 02:53

Mais le 29 mai, les électeurs de gauche voteront en majorité "non".
Si le "non" l'emporte, ils pardonneront peut-être au PS d'avoir fait campagne pour le même projet de Constitution que celui promu par Raffarin, Seillère, Chirac, Sarko, en renonçant même à expliquer en quoi ils ne partagent pas la vision européenne de la droite libérale. Ils pardonneront, si le nouveau projet socialiste tient compte de ce "non" et reflète la ligne politique de ceux qui se sont battus pour le "non". Cela sera éventuellement possible parce seul le "non" rassemble aujourdh'ui des responsables et des militants de tous les partis de gauche et peut compter sur le soutien du mouvement social. 
Si le "oui" l'emporte, ils ne pourront s'empêcher de penser que c'est une victoire pour la droite et contre le mouvement social, et une victoire des libéraux à cause du PS... Là je le crains, ils ne pardonneront rien. 


Re: Re: Un socialiste qui vote OUI par ploum le Mercredi 06/04/2005 à 18:29

"Re: Un socialiste qui vote OUI
par J-Genereux, le Mercredi 6 Avril 2005, 02:53!!!!!!

Jacques, ce n'est pas très raisonnable de travailler aussi tard !! Si vous ne dormez pas un peu, comment voulez vous être en forme pour tous vos meetings jusqu'au 29 Mai ??  ;-))

ploum


Re: Re: Un socialiste qui vote OUI par Dorian le Dimanche 17/04/2005 à 23:59

Que vois-je écrit ici ?

"seul le "non" rassemble aujourd'hui des responsables et des militants de tous les partis de gauche et peut compter sur le soutien du mouvement social."

Seul le non rassemble aussi les voix du FN, des souverainistes (droite comme gauche confondus, bien sûr), de l'extrême gauche, et pêle-mêle d'une minorité du PS, avec le PC, etc.

Sérieusement, pour ceux qui vont voter 'non' le 29 mai : avez-vous une alternative crédible à nous proposer ? Pensez-vous sérieusement que la France pourra imposer unilatéralement SON traité constitutionnel ? Allons, allons ! Il faut arrêter de se voiler la face ! Le traité proposé est un très bon compromis, il n'est certes pas parfait, mais c'est mieux que l'Europe de Maastricht ! (ce vers quoi nous fonçons si le traité est rejeté le 29 mai !!)

Si le non l'emporte, si tout le processus de construction européenne s'arrête le 29 mai, on pourra remercier tous les anti-européens (français, ça doit être l'exception culturelle...) d'un jour (mais pas de toujours, pour pas mal d'entre eux, je tiens à le préciser) d'avoir monumentalement assommé l'Europe ! Alors, par pitié, ne vous trompez pas de colère (Raffarin, c'est pas génial, ok, mais il n'a rien avoir avec l'Europe) et ne tournez pas le dos à plus de 50 ans de construction européenne !!


Re: Re: Re: Un socialiste qui vote OUI par André Leclercq le Lundi 25/04/2005 à 19:31

Je ne crois pas que dans l'Union Européenne, il n'y a que des Français à dire "non" à ce traité! En Belgique, il y en aurait sûrement plus si le débat n'avait pas été étouffé (on aurait eu un référendum si certains ne craignaient pas, par manque de courage politique, que l'extrême-droite flamande profite de l'affaire!).

D'autre part, il m'apparaît important de souligner que mon positionnement serait sans doute bien différent s'il s'agissait d'un traité "comme les autres" (on aurait pu l'appeler "traité de Bruxelles") et si les "conventionnels" n'avait pas perdu de vue leur mandat. Le débat se résumerait alors à savoir si, globalement, ce traité progresserait ou non par rapport au traité de Nice, et alors là, je pourrais comprendre qu'on puisse se dire de gauche et voter oui, alors que mon part, aujourd'hui, j'aurais plutôt tendance à s'abstenir... Mais on n'en est pas là et le "non" a toute sa pertinence, ne méritant pas


Re: Re: Re: Re: Un socialiste qui vote OUI par André Leclercq le Lundi 25/04/2005 à 19:33

... l'accusation d' "europhobie" que font certains!


Re: Re: Re: Un socialiste qui vote OUI par Marion le Jeudi 28/04/2005 à 16:08

"Si le non l'emporte, si tout le processus de construction européenne s'arrête le 29 mai"

En quoi est ce que la victoire du non arrêterait tout le processus de construction européenne ?


Re: Re: Re: Re: Un socialiste qui vote OUI par Dorian le Vendredi 29/04/2005 à 12:26

Ce traité est une occasion unique de faire avancer l'Europe, car c'est un superbe compromis.

Ce n'est pas avec des échecs que l'on fait avancer l'Europe. Ce traité n'est pas parfait, c'est sûr, mais il est bien meilleur, sur TOUS LES PLANS, que tous les traités précédents. Et rien n'est gravé dans le marbre, un traité peut toujours s'améliorer.

Ce qui est marrant, c'est qu'en France, tous les partisans du "non" ne défendent que leurs propres intérêts, et non les intérêts de la France ou de l'Europe. Chacun veut son Europe, mais les partisans du "non" ne veulent pas de compromis, puisque d'une part ils rejettent ce traité, et que d'autre part, ils critiquent une Europe trop libérale, trop puissante, trop ceci ou trop cela, etc. etc. mais je rappelle que l'Europe ne fonctionne pas comme ça et que le "non" ne permettra pas de renégocier un traité !! Il faut arrête de se voiler la face et de jouer les Français égoïstes.

De plus, les partisans du "non" (du moins une bonne partie) jouent énormément sur les peurs des gens pour les inciter à rejetter le traité. Quand on prend un De Villiers qui balance son flot de mensonges, je ne doute pas que cela plaise à beaucoup de Français, et c'est bien dommage. Idem pour Le Pen.
Quant aux partisans du "non" qui veulent une Europe plus sociale, je ne comprends pas en quoi la Charte des droits fondamentaux, entre autres, et pas mal d'articles qui garantissent les SIEG, vont empêcher une Commission de mener une politique sociale...

J'ai l'impression que les Français n'ont pas encore vraiment compris ce qu'est l'Europe. C'est dommage...


Re: Re: Re: Un socialiste qui vote OUI par DAVIS le Lundi 16/05/2005 à 21:45

Quand l'idéologie l'emporte...


Re: Re: Un socialiste qui vote OUI par Humble Frederic le Mercredi 04/05/2005 à 15:09

Pouvons nous vraiment souhaiter l'infaisable en considérant sa position comme pragmatique et...serieuse ?
Je ne le pense évidemment pas. Le traité soumis au référendum du 29 mai est un parfait consensus dont la France est la principale inspiratrice et, par suite bénéficiaire (cf. la pondération des voix au Conseil européen).
Une constitution sert elle à imprimer tous nos idéaux dans un texte ? Vous me répondrez que la partie III décrit la marche politique à suivre. Je rétorquerai que cette partie est déjà en place; j'ajouterai qu'elle est indispensable à un développement sain de l'Union européenne.
Ces idéaux que toutle monde aimerait voir apparaitre dans un texte sur lequel ils auront à se prononcer représentent un arme contre le consensus et ainsi contre la construction européenne. Ouvrons les yeux sur le monde ! observons scrupuleusement les 10% de chômage qui hantent la France depuis 20ans et permettons à la France et à l'Europe de suivre une voie économique plus saine, plus performante; le social suivra inévitablement! Il est d'ailleurs largement présent (partieII) mais ne nous voilons pas la face, la croissance est le moteur du social, et non l'inverse. Ce traité ouvre une voie indispensable vers l'Europe de la croissance. Alors, ne nous perdons pas dans des considérations personnelles (personnellement j'aimerais voir dans ce texte des garanties vis à vis de la non discrimination des sattellites, ou contre la depression... c'est loin d'être illusoire...mais je m'adapte et prends du recul )
Sentiments dévoués.


Re: Re: Re: Un socialiste qui vote OUI par Nathan le Jeudi 12/05/2005 à 01:39

suivre une voie économique plus saine, plus performante; le social suivra inévitablement! [...] ne nous voilons pas la face, la croissance est le moteur du social, et non l'inverse.
Et bien si, justement, c'est l'inverse: le social est le moteur de la croissance (relire Adam Smith, Ricardo, ...).


Re: Re: Re: Re: Un socialiste qui vote OUI par Humble Frederic le Lundi 16/05/2005 à 11:32

Désaccord.

Si Ricardo ou Smith ont affirmé cela, c'était sans doute dans le but d'une cohésion sociale.

Comparons-nous serieusement au Royaume-Uni.

Cordialement.


Oui: "comparons-nous sérieusement au Royaume-Uni" par Nathan le Lundi 16/05/2005 à 13:18

En 1994, le taux de chômage en France était de 12% et de 9,7% au Royaume Uni.
En 10 ans, le nombre d’emplois a cru de 11% au R-U et de 14% en France!
Soldes chômage après création d'emplois:
  • en France, 12% - (1-12%)*14% = 0%
  • au R-U, 9,7% - (1-9,7%)*11% = 0%
Donc après création d’emplois, égalité des scores.

En 10 ans, la population active a cru de 6% au R-U et de 12% en France.
Soldes chômage après accroissement de la population active:
  • en France, 12%
  • au R-U, 6%
Donc à peu près les taux de chômage de ces deux pays aujourd'hui.

La croissance de la population active explique à elle-seule la différence des taux de chômage.
Depuis 1997, 861 000 emplois créés au R-U sont des emplois du secteur public, 300 000 emplois créés dans le secteur administré en France sur la même période.
Note: les deux pays ont des populations comparables: la population active y est de l'ordre de 28 millions de personnes.

Conclusion : si le chômage est moitié moindre au R-U, c’est parce que
  1. notre population active croit deux fois plus vite qu’outre-Manche (effet dominant)
  2. le R-U a créé presque trois fois plus d'emplois dans le secteur public que la France (près de 50% des emplois créés au R-U l'ont été dans le secteur public!)
ce n'est pas parce que
  1. la France ferait moins bien que le R-U en terme de créations d'emplois: la France crée 1,3 plus d'emplois (dont 85% dans le secteur privé) que le R-U.
Données : Alternatives Économiques n°235, page 11.


Oui: par Humble Frederic le Mardi 17/05/2005 à 10:36

Je ne puis qu'être séduit par vos recherches. Tout cela est fort interessant.

Toutefois, je m'inquiete d'un nombre d'actifs qui serait trop élevé. C'est l'argument des nationalistes qui ne me convaint pas. Ces actifs sont des consommateurs qui doivent générer de l'emploi. Et cela fonctionne car la France créé plus d'emploi que le Royaume Uni. d'apres vos données.
Le R-U s'en sort trees convenablement avec une augmentation du SMIC continuelle et une population sous le seuil de pauvreté à un taux à peu pres équivalent à la France. J'integre toutefois vos remarques.

Mais quelles solutions apporter ?

Fonctionner dans un grand marché (l'UE)  qui parle d'une seule voix au niveau mondial me parait être une solution fiable. En regroupant nos forces et en éliminant nos faiblesses; en se spécialisant au maximum et en créant des instituts de recherches en innovation au niveau européen; l'espoir ne peut être absent.

Cordialement.


Heu... par Nathan le Mardi 17/05/2005 à 16:10

Toutefois, je m'inquiete d'un nombre d'actifs qui serait trop élevé. C'est l'argument des nationalistes qui ne me convaint pas. Ces actifs sont des consommateurs qui doivent générer de l'emploi. Et cela fonctionne car la France créé plus d'emploi que le Royaume Uni. d'apres vos données.
Le R-U s'en sort trees convenablement avec une augmentation du SMIC continuelle et une population sous le seuil de pauvreté à un taux à peu pres équivalent à la France. J'integre toutefois vos remarques.
Pourriez-vous expliciter plus avant ces idées?
Je ne suis pas sûr de comprendre.
Merci.


Manque de clarté ? par Humble Frederic le Mercredi 18/05/2005 à 10:24

Je ne faisais que répondre à vos pertinentes recherches statistiques et économiques.

Si le nombre d'actifs varie en même temps que le chômage,  il conviendrait de s'interroger sur les pays à pop. active trés élevée telle la Chine d'ici qques années.
Finalement je ne comprends pas ce que vous ne comprenez pas.

Puis, je remarquais ensuite que la situation sociale du Royaume Uni est loin d''être catastrophique, malgré les idées reçues.

Sincérement.


Manque de clarté ? par Humble Frederic le Mercredi 18/05/2005 à 10:24

Je ne faisais que répondre à vos pertinentes recherches statistiques et économiques.

Si le nombre d'actifs varie en même temps que le chômage,  il conviendrait de s'interroger sur les pays à pop. active trés élevée telle la Chine d'ici qques années.
Finalement je ne comprends pas ce que vous ne comprenez pas.

Puis, je remarquais ensuite que la situation sociale du Royaume Uni est loin d''être catastrophique, malgré les idées reçues.

Sincérement.


Re: Re: Un socialiste qui vote OUI par DAVIS le Lundi 16/05/2005 à 21:43

Comment ont-ils pu en arriver là ?


Re: Un socialiste qui vote OUI par DAVIS le Lundi 16/05/2005 à 21:36

TU ES DE GAUCHE, certes

MAIS TU VISES A DROITE


NON au masochisme. par Etienne ROBERT le Lundi 07/03/2005 à 01:03

Il n'y a rien à redire à l'argumentaire de J; GENEREUX. C'est techniquement, politiquement et socialement pertinent, voire indiscutable. Son revers est celui de se placer sur le même terrain que les partisans du OUI, là où le combat ne peut être que perdu compte tenu de la puissance médiatique à l'oeuvre dans notre "démocratie" à bout de souffle. Tout le monde est d'accord sur l'orientation ultralibérale de ce traîté, le OUI de droite pour s'en réjouir discrètement tout en amusant la galerie avec l'histoire de la Turquie, le OUI de gauche pour parier que l'impérieuse et évidente nécessité de la réforme sociale s'imposera face au capitalisme dégénéré mais encore triomphant dont le statut se trouve gravé dans le marbre.Le premier est pragmatique et arrogant, le second est innocent et oublieux de notre passé politique récent.
Le devenir immédiat de l'Europe,qu'une écrasante majorité souhaite indépendante, puissante et sociale, n'est pas le lieu réel du débat que les militants de gauche doivent animer pour éviter d'être pris au piège de discours confus dominés par je ne sais quelles considérations morales et principes transcendants qui se substituent au discours politique exprimant les choix et les objectifs du système social européen que nous souhaitons.A ce titre nous ne devons plus faire crédit aux stratégies de gauche qui ont conduit à la désillusion de 1983 et à la déroute de 2002 . Le principal vice de ces stratégies resida surtout dans l'opacité des raisons objectives qui les imposérent, nos dirigeants se contentant de l'incantation "TINA" chère à Mme.THATCHER (There Is No Alternative). Ne revenont pas sur le manque de courage et l'autisme de nos dirigeants de l'époque, même en leur concédant de la bonne volonté et une frileuse loyauté envers leurs convictions. N'est pas MENDES-FRANCE qui veut!
Pouvons nous croire un seul instant que LE PEN aurait disputé le second tour de l'élection présidentielle si, par exemple:
-JOSPIN, après avoir concédé que son programme n'était "pas socialiste" avait expliqué clairement pourquoi, exposé les contraintes, son analyse, les perspectives, les projets à terme.....
-le même JOSPIN, après avoir dit aux ouvriers de Michelin que "l'Etat ne pouvait pas tout faire"avait précisé le pourquoi et le comment et qui il fallait combattre pour que l'Etat puisse retrouver un rôle légitime ?
Pouvons nous croire encore que la régression sociale eût été si brutale, si nos responsables de gauche n'avait pas encouragé avec ferveur et frénésie le vote plébiscitaire pour CHIRAC, en maltraitant de plus l'arithmétique électorale (confusion entre poucentage et valeur absolue) et en laissant croire que les élections législatives pouvaient être gagnées (défi à la  politologie la plus simpliste). Arrivé à ce point d'inconsistance, on comprend puorquoi on ne pouvait plus exiger de JOSPIN l'aveu de son vote blanc au second tour.

Il est nécessaire de ne plus se faire piéger dans ce genre de processus que nous propose encore le PS et de ne plus vouloir souffrir de nouvelles déceptions.
Contre le OUI de la fatalité il faut donner un NON d'espoir et de construction pour une Europe qui en a vu d'autres et qui a l'occasion de trouver une nouvelle jeunesse.
Une victoire du NON redonnerait vigueur à l'émergence d'idées , au débat démocratique et ranimerait des espérances trop longtemps décues.

Restons réalites et clairvoyants mais cessons d'être masochites!

E.Robert.


Re: NON au masochisme. par Nathan le Mercredi 13/04/2005 à 14:02

Le principal vice de ces stratégies résida surtout dans l'opacité des raisons objectives qui les imposèrent
Pour ma part, je ne suis même pas sûr que de telles raisons existent. Ma sensation est que les responsables de l'époque se sont rendus à l'air du temps et aux discours alarmistes et/ou menaçants.


Convaincu par Vinzzz le Mardi 08/03/2005 à 13:48

Merci pour ce travail d'analyse du Traité qui permet enfin de faire la part des choses et de disposer des éléments indispensables pour prendre position. Je suis plus que jamais convaincu de la nécessité de voter non au réferendum et je vous apporte tout mon soutien dans votre campagne. Assez régulièrement, j'ai eu l'occasion de commenter sur mon blog la politique actuelle du gouvernement au moyen de détournements d'images. Je vous propose, si vous le souhaitez, d'y jeter un oeil et pourquoi pas d'y puiser du matériel de campagne que je met à votre entière disposition. N'hésitez pas à me contacter.
Cordialement

Vinzzz


Merci de nous aider à penser. Par Bruno Moysan par J-Genereux le Dimanche 20/03/2005 à 17:34

NDLR : Commentaire envoyé par le lien "Contact" publlié ici avec l'accord de son auteur.

Cher Monsieur,

Je viens d'acheter votre livre hier et je viens de le commencer. Vos arguments sont très percutants. Je suis pro-européen, pourtant, mais je crois que je vais voter non à la Constitution européenne et vos arguments achèvent d'emporter mes hésitations. Des élites qui ne peuvent plus proposer que l'équation nihisme + medef = progrès doivent être "lourdées" si vous acceptez cette expression de la part d'un de vos collègues de sciences-po. De mon vieux fond orléaniste, je garde une sensibilité libérale, mais à l'ancienne (Constant, Tocqueville) et le spectacle d'une oligarchie qui se satisfait d'une société bloquée, sourde à la souffrance du Peuple, insensible à la détresse de jeunes qui meurent d'overdose dans des cages d'escalier, nourissent leurs anorexies avec des anti-dépresseurs et se suicident parce qu'ils n'ont pas de perspective d'avenir me laisse désemparé et me conduit progressivement à me désolidariser de mon camp. Or, il y a un formidable potentiel dans la génération
qui arrive, comme dans toutes les générations d'ailleurs, et nous en sommes responsables. Tout est repenser et il faut du neuf. Je trouve, opinion personnelle, que la République est totalement anémiée faute de renouvellement comme la Cour avant 1789. Merci encore de nous aider à penser.
Bruno Moysan


Re: Merci de nous aider à penser. Par Bruno Moysan par le Lundi 21/03/2005 à 14:32

Monsieur Quand j'ai voté oui à Maastricht je pensais à la paix et à l'idée d'une Europe unie à laquelle songeait je crois HenriIV. Je suis fort ignorant en politique. Je vote régulièrement tout en ne croyant pas beaucoup à la vertu du suffrage universel. Mais la faculté de s'exprimer est si peu accordée dans le monde que je tiens à l'exercer. L'état de notre société et en particulièrement le sort déplorable fait aux jeunes tel que vous le décrivez me révolte. Je voterai  probablement non ou au moins nul à ce referendum.


Re: Re: Merci de nous aider à penser. Par Bruno Moysan par J-Genereux le Lundi 21/03/2005 à 21:18

Cher monsieur,
si vous voulez manifester votre désaccord, il faut voter "non"  plutôt que "nul".
Le bulletin nul est compté pour rien. Bien à vous ...


Re: Re: Re: Merci de nous aider à penser. Par Bruno Moysan par Martine le Mardi 26/04/2005 à 18:58

quote[si vous voulez manifester votre désaccord, il faut voter "non"  plutôt que "nul".
Le bulletin nul est compté pour rien.]quote

Malheureusement, beaucoup de gens pensent qu'ils peuvent manifester leur mécontentement par un bulletin nul, sans réaliser que voter nul équivaut à ne pas voter. Cette pratique ne peut se justifier que dans un petit village où l'on se sent obligé de faire acte de présence.

Spectatrice assidue des émissions politiques, c'est au cours de l'une d'elles que j'ai découvert Jacques Généreux, puis son site qui propose enfin un exposé richement étayé et compréhensible.

Au risque de me tromper, il ne me semble pas que le discours de Jacques Généreux soit dicté par  l'intérêt personnel, ce qui n'est le cas ni des députés européens dont on peut se demander quand ils prônent le OUI à coup d'arguments discutables, s'ils n'en sont pas à  défendre leur bifteck, ni des élites arogantes qu'une Europe aux mains des lobbies arrange au plus haut point.

Pas sûr que le CAC40 ne s'enrhume si le NON l'emporte!

Que l'on me démontre que les directives pondues par les commissaires ne sont pas dictées par des groupes de pression.

Petit exemple qui ne me concerne pas directement: en 2004 est entrée en vigueur en France une directive européenne qui a mis sur la paille un certain nombre d'éleveurs de chiens de race : "Interdiction de couper les queues et les oreilles des chiens" Les queues se coupent à 2 jours, un coup de ciseaux, pip! et c'est fini. Les oreilles se coupaient sous anesthésie"

A qui profite cette directive aussi débile qu'injustifiable qui stoppe net l'élevage de nombreuses races de défense dont le Doberman? Au Berger Allemand dont l'élevage représente un important lobby en Allemagne.Il y a du reste belle lurette que le lobby des Bergers Allemands s'ingénie à supprimer toute concurence en Allemagne.

S'il s'agissait là d'une mesure à caractère "humanitaire", à quel tître la corrida subsiste-t-elle? 

Cerise sur le gateau: le lobby des chasseurs a obtenu que l'on continue à couper la queue des chiens de chasse.

Qui a songé à défendre les intérêts des éleveurs proffessionnels concernés, qui dépendent du régime agricole dont ils ont tous les inconvénients sans une parcelle d'avantage??? trop menu fretin! les députés européens ont d'autres chats à fouetter, c'est leur avenir qu'ils tentent de stabiliser, leur Europe, leur gâteau des rois.


Re: Re: Merci de nous aider à penser. Par Bruno Moysan par Oliver le Mardi 22/03/2005 à 13:48

Ne votez jamais nul...cela vaut une abstention..

Richard


Recul de la démocratie ? par sogeri le Samedi 26/03/2005 à 22:07

Eh oui, recul de la démocratie...

On peut lire au début de ce traité une énumération des droit du citoyen européen, mais RIEN sur ses devoirs.

Cela en fait tout simplement une caricature de constitution, une déni à l'exercice de la citoyenneté, et pire, la porte ouverte à toute dérive qui peut aisément survenir, au gré des présidences - du Conseil comme des commissions - qui sont appelées à tourner. Qu'elles soient ultra, nationalistes ou religieuses, et on se retrouve dans la situation des Etats-Unis d'Amérique aujourd'hui.


Re: Recul de la démocratie ? par le Lundi 28/03/2005 à 18:55

a part ce site existe t'il d'autre site ou l'on parle autant de cette constitution


Re: Re: Recul de la démocratie ? par Arthur le Mardi 29/03/2005 à 22:12

En voilà un passionnant et qui essaye d'être neutre : Publius.


Re: Re: Recul de la démocratie ? par Quetzal le Samedi 09/04/2005 à 02:23

Pour ma part, je consulte régulièrement celui-ci :

http://www.legrandsoir.info/rubrique.php3?id_rubrique=79

Les contributions qui y sont faites sont pertinentes, intéressantes et plutôt bien documentées (en cette période c'est relativement rare).

Un autre site qui centralise des articles :

http://www.revue-republicaine.org/spip/rubrique.php3?id_rubrique=0027

Ces deux sites défendent essentiellement le "non" au Traité de Constitution Européenne.


Voter non n'isole pas, il rend plus fort ... par Grandais le Jeudi 31/03/2005 à 23:40

On oublie que les danois ont voté non au référendum de Maastricht. Qu'ont-ils eut ? TOUT: une exception pour leur défense, leur justice (non reconnaissance des condamnations de ressortissants danois par les autres états memebres), leur droit immobilier (interdiction à un européen d'acheter une maison au DK, sic !), et j'en passe; J'invite les lecteurs à lire la très longue annexe qu'on a faite aux danois après leur NON pour les convaincre de voter OUI. Et en effet, qqes semaines plus tard, ils ont voté ... OUI. Un vrai chantage. Je n'invite pas la France à faire un tel chantage
D'autres arguments n'ont pas été abordés ici: les pays atlantistes qui achètent des armement aux américains (la pologne), malgré un surcoût de 43 milliard qu'on a du dépensés pour l'élargissement), le DK, I, NL, ES qui se jettent sur l'avion JSF des USA, autant de milliards dilapidés non investis en Europe. Je veux bien d'une Europe, mais pas de pays (comme le DK) qui refuse à la france et à l'allemagne d'exclure les dépenses militaires du déficit budgétaire. Des donneurs de leçons qui obéissent aux USA. J'ai bcp de mal à accepter de voter une constitution qui nous donne des devoirs (la FR a rarement jouer le chantage) et à d'autres des droits de les contourner voire les violer. Ces pays laissent le soin aux autres (F, D, UK, OTAN) d'assurer leur défense. Chirac n'avait pas tout à fait tord quand il a mit en garde les pays signataires d'une lettre pro USA et pour la guerre contre l'Irak. Que ces pays ne soient pas surpris que les citoyens français qui ont pris de gros risque derrieres leur président fasse aux USA présente aujourd"hui la facture d'un tel comportement de desunion, Cela se paie cash (par un 'NON')

L'argument qui devrait faire hurler de colère les citoyens, est l'absence de démocratie actuelle qui sera bientôt inscrite dans le marbre avec la constitution. Il est incroyable que le citoyen ne soit pas représenté. Le parlement n'est qu'une chambre d'enregistrement ?

Je fais un pari : ce référendum sera la dernier. Les monétaristes et les néo libéraux n'auront plus besoin de faire appel au peuple pour un quelconque vote. Ils ont tout ce qu'ils souhaitent dans ce texte. IL n'Y EN AURA PAS d'AUTRE

Bien a vous tous

Eric


un recul preventif du marché danois par kirin le Lundi 04/04/2005 à 13:56

moi je trouve qu'il faut voter non a la constitution parce que c'est pa bien .


Re: un recul preventif du marché danois par QUIRINNOEL le Lundi 04/04/2005 à 13:58

tu trouves que c'est un bon argument pour dire non?t'es pas un peu débil?


Re: Voter non n'isole pas, il rend plus fort ... par DAVIS A le Lundi 16/05/2005 à 22:04

Si votre lucidité pouvait vaincre...


p'tete ben qu'oui, p'tete ben qu'non ! par Timlelt le Dimanche 10/04/2005 à 14:47

Ne faisons pas de l objet "traite de constitution" l'objectif européen. C'est un moyen et non une fin en soit.

En l'occurrence, le moyen ne me satisfait pas. Je ne doute pas que des gens très intelligents et dont c'est le métier d'agir pour le bien de tous ont fait bouillir la marmite neuronale pour écrire ce traité de constitution européenne qui nous mène aux urnes le 29 mai.

Bravo en tout


p'tete ben qu'oui, p'tete ben qu'non ! par Timlelt le Dimanche 10/04/2005 à 14:47

Ne faisons pas de l objet "traite de constitution" l'objectif européen. C'est un moyen et non une fin en soit.

En l'occurrence, le moyen ne me satisfait pas. Je ne doute pas que des gens très intelligents et dont c'est le métier d'agir pour le bien de tous ont fait bouillir la marmite neuronale pour écrire ce traité de constitution européenne qui nous mène aux urnes le 29 mai.

Bravo pour


p'tete ben qu'oui, p'tete ben qu'non ! par Frédéric Timlelt le Dimanche 10/04/2005 à 15:20

Ne faisons pas de l objet "traite de constitution" l'objectif européen. C'est un moyen et non une fin en soit.

En l'occurrence, le moyen ne me satisfait pas. Je ne doute pas que des gens très intelligents et dont c'est le métier d'agir pour le bien de tous ont fait bouillir la marmite neuronale pour écrire ce traité de constitution européenne qui nous mène aux urnes le 29 mai.

Bravo pour l'integration d'une charte des droits fondamentaux pour les citoyens européens. Et c'est là un bel argument de vente ! Contemplatif devant cet emballage prometteur d'un joli cadeau, j'ouvre et que vois-je ... ? Une règle du jeu écrite par et pour des professionnels de l'économie. Je ne le suis pas. Ce que je suis par contre c'est ce que nous sommes tous des individus, citoyens européens, baignés d'ambitions humanistes. Le levier d'action que propose ce traité ne me convient pas.

Si je vote non, je suis menacé de conserver la trabant qu'est le traité de Nice. Mais si je vote oui, je suis menacé de rouler en 2CV pour encore très longtemps devant la lourdeur du système. Je préfère rouler en trabant encore un peu que de devoir rouler en 2 CV très longtemps (et pas celle qui a été retapée jusqu'au moindre boulon, je parle de celle qu'il faut pousser en priant qu'elle démarre tous les matins).

J'ai vraiment la sensation d'être l'otage d'un système qui à beaucoup mieux à offrir que cette proposition mais s'obstine à vouloir me faire accepter un produit intermédiaire en connaissance de cause et sans garantie d'une amélioration rapide.


p'tete ben qu'oui, p'tete ben qu'non ! par Frédéric Timlelt le Dimanche 10/04/2005 à 15:21

Ne faisons pas de l objet "traite de constitution" l'objectif européen. C'est un moyen et non une fin en soit.

En l'occurrence, le moyen ne me satisfait pas. Je ne doute pas que des gens très intelligents et dont c'est le métier d'agir pour le bien de tous ont fait bouillir la marmite neuronale pour écrire ce traité de constitution européenne qui nous mène aux urnes le 29 mai.

Bravo pour l'integration d'une charte des droits fondamentaux pour les citoyens européens. Et c'est là un bel argument de vente ! Contemplatif devant cet emballage prometteur d'un joli cadeau, j'ouvre et que vois-je ... ? Une règle du jeu écrite par et pour des professionnels de l'économie. Je ne le suis pas. Ce que je suis par contre c'est ce que nous sommes tous des individus, citoyens européens, baignés d'ambitions humanistes. Le levier d'action que propose ce traité ne me convient pas.

Si je vote non, je suis menacé de conserver la trabant qu'est le traité de Nice. Mais si je vote oui, je suis menacé de rouler en 2CV pour encore très longtemps devant la lourdeur du système. Je préfère rouler en trabant encore un peu que de devoir rouler en 2 CV très longtemps (et pas celle qui a été retapée jusqu'au moindre boulon, je parle de celle qu'il faut pousser en priant qu'elle démarre tous les matins).

J'ai vraiment la sensation d'être l'otage d'un système qui à beaucoup mieux à offrir que cette proposition mais s'obstine à vouloir me faire accepter un produit intermédiaire en connaissance de cause et sans garantie d'une amélioration rapide.


Je suis de gauche et pro-Européen ; je vote NON sans aucune hésitation! par Jean-Claude BELLAMY le Lundi 11/04/2005 à 16:05

J'ai acquis le "Manuel critique du parfait Européen" il y a une semaine, mais cela fait 6 mois au moins que je sais que je vais voter NON au TCE (Traité de la Constitution Européenne)!
La lecture de cet (excellent!) ouvrage m'a conforté dans le dicton "Les grands esprits se rencontrent" ! ;-)
En effet, ne voulant pas réitérer le "chèque en blanc" que j'avais donné lors du traité de Maastricht, j'ai décidé de LIRE et ÉTUDIER intégralement le texte qui nous est soumis. C'est donc animé par une démarche autonome et rationnelle que j'ai construit mon jugement.

J'espérais, naïvement, que tout le monde agirait de même, c'est pourquoi j'ai été abasourdi quand j'ai appris il y a quelques mois le résultat en faveur du OUI (59%) au sein du PS !
J'en ai conclu ceci, à propos des militants qui ont voté OUI  :

  • ou bien ce sont des traitres à la cause socialiste, ce que je n'ose envisager.
  • ou bien ils n'ont pas lu le texte, se limitant à "faire confiance" à quelques brebis galeuse libérales...

Car après avoir lu le TCE, si on est un tant soit peu humaniste, et partisan du progrès social,  on DOIT LOGIQUEMENT VOTER NON !

Je rejoins donc également l'analyse de Jean-Pierre Chevènement ("Pour l'Europe, votez non") :

Ceux qui n'ont pas lu le projet de Constitution disent encore oui,
Ceux qui l'ont lu disent franchement non .
 

Etant chercheur en informatique, j'ai commencé par me prêter au jeu de déterminer les fréquences de certains mots ou expressions utilisés dans ce texte, et de les comparer entre elles.
C'est édifiant! On y rencontre :
178 fois BANQUE
 78 fois MARCHÉ
 36 fois TRAVAILLEUR
  9 fois PROTECTION SOCIALE
  1 fois SERVICE PUBLIC
Cela se passe de commentaires ...  

Parmi les 341 pages, 448 articles, 36 protocoles et 2 annexes que renferme ce TCE, j'ai extrait ces quelques articles, qui à eux seuls sont un motif suffisant pour voter NON :

ARTICLE I-2 (Les valeurs de l'Union)
A aucun moment il n'est fait mention de la notion de Service, ce qui est une régression par rapport au traité de Nice qui les citent dans son article 16 : "[...]et eu égard à la place qu'occupent les services d'intérêt économique général parmi les valeurs communes de l'Union  [...]"

ARTICLE I-3 (Les objectifs de l'Union)
[...] L'Union offre à ses citoyens [...] un marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée.
Non ! Une Constitution n'a pas à définir un modèle économique (ou politique) quelconque. D'autant plus que la "libre" concurrence est un LEURRE, se resumant le plus souvent à l'expression de la "loi de la jungle", à savoir la loi du plus fort et la recherche du profit maximal.

ARTICLE II-75
[...]Toute personne a le droit de travailler et d'exercer une profession librement choisie ou acceptée.
Tout citoyen de l'Union a la liberté de chercher un emploi, de travailler, de s'établir ou de fournir des services dans tout État membre.
Quelle régression!
La Constitution du 4 octobre 1958, qui reprend intégralement le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, déclare (art.5) "Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi."  et  (art. 11) "Elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence.

ARTICLES II-88 et II-210
"[...]Les travailleurs et les employeurs, ou leurs organisations respectives, ont, conformément au droit de l'Union et aux législations et pratiques nationales, le droit [...] de recourir, en cas de conflits d'intérêts, à des
actions collectives pour la défense de leurs intérêts, y compris la grève."
Le TCE reconnait le droit au lockout !!!

Et ce mot de lockout est même cité explicitement :
"[...]Le présent article ne s'applique ni aux rémunérations, ni au droit d'association, ni au droit de grève, ni au droit de lock-out."

C'est à dire le droit à un employeur de fermer son entreprise, et donc interdire à ses employés de travailler. Or en France, le Code du Travail interdit l'utilisation du lock-out pendant la grève (article L521). 
Les libéraux aiment à "diviser pour régner". Ainsi, grâce à la menace du lockout, ils pourront facilement briser les grèves en suscitant des oppositions entre grèvistes et non-grèvistes. 

ARTICLE III-146
[...] La libéralisation des services des banques et des assurances qui sont liés à des mouvements de capitaux doit être réalisée en harmonie avec la libéralisation de la circulation des capitaux.
Comme "credo" libéral, on ne fait pas mieux ! Quand je pense qu'un socialiste (a priori) tel que François Hollande cautionne cela !

 ARTICLE III-148
Les États membres s’efforcent de procéder à la libéralisation des services au-delà de la mesure qui est obligatoire en vertu de la loi-cadre européenne adoptée en application de l'article III-147, paragraphe 1, si leur situation économique générale et la situation du secteur intéressé le leur permettent.
"au delà" de ce qui est obligatoire !
Le TCE est plus ultra-libéral que les ultra-libéraux!

ARTICLE III-155
1. Les États membres aménagent les monopoles nationaux présentant un caractère commercial, de telle façon que soit assurée, dans les conditions d'approvisionnement et de débouchés, l'exclusion de toute discrimination entre les ressortissants des États membres.
Et voilà comment on démantèle des Services Publics tels que EDF et Gaz de France ! Je suis agent EDF depuis 33 ans, fier d'avoir appartenu à une entreprise qui a su se montrer au service de la Nation, et je suis écoeuré de voir comment les libéraux sont en train de l'anénantir.

ARTICLE III-256
Dans le cadre de l'établissement ou du fonctionnement du marché intérieur [...] la politique de l'Union dans le domaine de l'énergie vise:
à assurer le fonctionnement du marché de l'énergie;[...]

NON! L'énergie (et l'électricité en particulier) n'est pas une marchandise comme une autre!  C'est un droit humain comme existent les droit à l'Éducation, le droit au logement, le droit à la Santé, le droit au Travail ..
Ce doit être un Service public, solidaire, donc antinomique de tout marché.
Et d'un point de vue purement technique (c'est l'ingénieur de production qui parle), il est absurde de multiplier les opérateurs dans ce domaine. 


Et à ceux (tels DSK) qui veulent nous faire croire que rien n'est définitif dans ce TCE, qu'il est amendable, évolutif, ... je leur opposerai les derniers articles, particulièrement éloquents :

ARTICLE IV-443 (Procédure de révision ordinaire)
Les modifications entrent en vigueur après avoir été ratifiées par tous les États membres

ARTICLE IV-444 (Procédure de révision simplifiée)
En cas d'opposition d'un parlement national notifiée dans un délai de six mois après cette transmission, la décision européenne visée aux paragraphes 1 ou 2 n'est pas adoptée.

ARTICLE IV-445 (Procédure de révision simplifiée concernant les politiques et actions internes de l'Union)
Le Conseil européen statue à l'unanimité, après consultation du Parlement européen et de la Commission ainsi que de la Banque centrale européenne dans le cas de modifications institutionnelles dans le domaine monétaire.
Cette décision européenne n'entre en vigueur qu'après son approbation par les États membres, conformément à leurs règles constitutionnelles respectives.

ARTICLE IV-446
Le présent traité est conclu pour une durée illimitée.

On est donc en présence d'un traité d'une durée illimitée, et qui ne pourra être modifié qu'avec l'unanimité des pays membres!
Celà signifie qu'en pratique, ce texte ne pourra jamais être modifié!

Donc voter OUI, c'est aliéner sa liberté !
Voter NON, c'est rester un Européen LIBRE !

 

JCB


Re: Je suis de gauche et pro-Européen ; je vote NON sans aucune hésitation! par olivier le Mercredi 13/04/2005 à 14:02

Que pensez vous de cet argument ? (Source : http://www.constitution-europeenne.fr/)
"Le traité est conclu pour une durée illimitée (article IV-446). Sommes-nous condamnés, avec l'unanimité, à ne jamais pouvoir en changer ?

Sur le plan juridique, cela veut simplement dire que seul un nouveau Traité de même rang peut modifier voire abroger le Traité constitutionnel. Cette clause existe dans les traités actuels, qui précisent également qu'ils sont conclus pour une durée illimitée : c'est le cas des actuels traité sur l'Union européenne (article 51) et instituant la Communauté européenne (article 312).

Dans les faits, ceci n'a pas empêché l'Union de se donner un nouveau traité tous les 4 ans en moyenne depuis 20 ans (Acte unique en 1986, traité de Maastricht en 1992, Traité d'Amsterdam en 1997, traité de Nice en 2000.). La révision du traité constitutionnel ne posera pas plus de problème que pour les autres traités. Au contraire, elle sera plus facile puisque le traité  introduit des modalités de révision assouplies :

  • - révision simplifiée des politiques internes (IV-445) sur une simple décision unanime du Conseil européen avec approbation par les Parlements nationaux (pas de Convention ni de CIG) ;
  • - clauses passerelles (IV-444) permettant de passer de l'unanimité à la majorité qualifiée sur simple décision unanime du Conseil européen.

Enfin, il faut préciser que le Traité constitutionnel prévoit, pour la première fois, qu'un Etat membre qui le désire peut se retirer de l'Union (article 60). Cette disposition, qui n'existe pas dans les Traités actuels, garantit à chaque Etat membre la possibilité, s'il le souhaite, de quitter l'Union, sans que l'exercice de ce droit soit subordonné à l'accord des autres membres."

Je pense pour ma part que la vrai différence entre les traités actuels et le TCE et le passage d'une unanimité à 15 vers une unanimité à 25...

 


Re: Re: Je suis de gauche et pro-Européen ; je vote NON sans aucune hésitation! par André le Vendredi 15/04/2005 à 19:18

Une ou deux failles tout de même dans ces arguments comme vous le subodorez à la fin du message:

1°) L'unanimité à 6, à 12, à 15... Et à 25 ce n'est pas du tout pareil, la marge de négociation et la capacité de conviction d'un Etat comme la France tend évidemment à diminuer.

2°) Le sens d'une constitution est d'achever la construction institutionnelle de l'UE et donc de sortir de la situation des traités éphémères et successifs: c'est bien pour cela que le texte a une durée illimitée. Donc l'idée que ce TCE serait remplacé par un nouveau traité me semble une dangereuse illusion. Au contraire, tout dans la solennité des pages de présentation, l'organisation interne et le langage (voyez l'analyse lexicale un peu bancale mais très éclairante sur le site http://hussonet.free.fr/altcelex.pdf) a la marque du définitif.

3°) Enfin l'alternative "subir"/"partir" introduite part l'art. 60 n'est guère réjouissante, cela ne permet en rien de modifier l'Union!


Re: Re: Re: Je suis de gauche et pro-Européen ; je vote NON sans aucune hésitation! par Leo le Samedi 16/04/2005 à 14:28

Voilà quelques temps que je tente de me faire une opinion personnelle argumentée et objective sur le TCE. Il s'avère que depuis que j'ai commencé cette démarche, j'ai lu tout et son contraire à propos de ce texte. Dernièrement j'ai lu un article trouvé sur une site "pro oui"  prétendant que le TCE était moins gravé dans le marbre que les traités précédents. Je n'ai pourtant pas été complètement convaincu par les arguments avancés car il manque des informations importantes ( http://re-so.net/article.php3?id_article=831 ) qu'aucun lecteur de ce site n'a pu m'apporter. Dans l'espoir d'avoir plus de succès ici, quelqu'un serait-il en mesure de répondre aux questions suivantes, en citant ses sources (j'ai fini par me méfier des assertions gratuites) :

Si la Constitution n’est pas adoptée :
-  quels sont les traités qui s’appliqueront ? (Rome ? Maastricht ? Amsterdam ? Nice ? je m’y perds...) et jusqu’à quand s’appliqueront-ils ?
-  à quelles conditions pourra-t-on les réviser ? (à l’Unanimité j’imagine, mais de quels pays ? 12 pays, 15 pays, 25 ? )

Et, si en revanche la Constitution est adoptée :
-  quels sont les traités qui s’appliqueront toujours ? uniquement le TCE qui remplacera tous les autres ?
-  à quelles conditions pourra-t-on les réviser ?
-  à quelles conditions la Constitution pourra-t-elle être révisée ?

Ainsi, est-ce que
-  si la Constitution n’est pas adoptée, alors, le traité de Nice, par exemple, continuera à s’appliquer pour une durée indéterminée, et pour le réviser il faudra l’accord des 25, puis des 26, etc... au fur et à mesure de l’élargissement ?
-  si la Constitution est adoptée, alors elle remplacera le traité de Nice et s’appliquera pour une durée indéterminée, et que pour la réviser il faudra l’accord des 25, puis des 26, etc... au fur et à mesure de l’élargissement ?


les bras m'en tombent par yo le Vendredi 15/04/2005 à 13:10

Tombé


Re: les bras m'en tombent par enverveadjura le Samedi 21/02/2009 à 18:45

If you want to stop spamming of your forum, send your URL here: stopforumspam(at)gmail.com or post comment here: stopforumspam(dot)blogspot(dot)com
Append your site to antispam black list of autosubmitter software. It's FREE!


les bras m'en tombent par yo le Vendredi 15/04/2005 à 13:10

Tombé sur


les bras m'en tombent par yo le Vendredi 15/04/2005 à 13:28

Tombé sur votre site par hasard, et citoyen pragmatique, idéaliste, et par conséquent bien loin d'une étiquette politique, je suis atterré par les arguments réactionnaires, et l'immobilisme que vous pronez dans vos propos. Et encore plus surpris par l'adhésion importante de vos disciples.

M'efforçant de me faire ma propre opinion de l'Europe, et des événements incroyables qui ont permis d'instaurer la paix, depuis 1945, il me semble particulièrement choquant que des personnes de gauche remettent en cause la définition d'une identité de l'Europe, pluri-ethnique, pluri-culturelle, pluri-tout. Cette construction européenne est incroyable. Les efforts fournis par les institutions en quelques décennies ont permi de fonder une unité, là où il y a encore un siècle, la division était universelle.

Barrer la porte à une initiative aussi forte me semble vulgaire, surtout à coup d'arguments aussi subtils que "il n' y a aucune raison de voter oui", "Ce n'est pas une constitution", la diabolisation du libéralisme (!!!) - évitons par pitié le manichéisme - , etc... 

Je ne parle même pas de l'image que donnerait la France, alors que ce texte incarne à l'évidence toutes les valeurs humaines, sociales, culturelles, que des générations de français ont revendiqué à travers le monde.

 Je vote oui, parce que - pour vous paraphraser - je crois à l'Europe, et je ne vois aucune raison (même après avoir parcouru votre site) de voter non.


Re: les bras m'en tombent par André le Vendredi 15/04/2005 à 19:08

Comme vous l'écrivez il semble bien que vous n'ayez que "parcouru" le site sans quoi vos critiques ne seraient pas aussi creuses: aucun argument n'est donné, aucun article n'est discuté, et vous ne faites que reprendre les titres des parties! Ce n'est pas très sérieux.

D'autre part je ne vois pas bien ce qu'est une Europe "pluri-tout" ni en quoi elle serait contestée ici; en revanche l'idéal européen est hautement et clairement défendu dans ces pages.

Par ailleurs est-il bien nécessaire de parler de "disciples"? Ce site web n'est pas une secte!

Enfin vous parlez des "valeurs" que des "générations de Français" (au passage, Français prend une majuscule) ont revendiqué, je vous signale donc qu'il n'y a AUCUNE occurrence des mots "laïcité", "peuple" et "fraternité" dans le texte du TCE.

Des "leçons" comme les vôtres éclairent bien davantage sur ceux qui prétendent les donner que sur les enjeux du projet de TCE...


Re: Re: les bras m'en tombent par yo le Lundi 18/04/2005 à 10:01

!!!!!

oh, la. Je me garderais bien de donner des leçons ! Effectivement, je n'ai fait que "parcourir" ce site, mais il me semble déjà que c'est une attitude constructive, à partir du moment où mon "oui" commençait à se dessiner. J'ai alors tapé "non à la constitution" sur un moteur, et suis arrivé là, et ai rapidement trouvé ce que je cherchais : "huit bonnes raisons de voter non ! ". Ahhh, à la bonne heure !

Alors maintenant, voilà mon sentiment, André. Peut être que ce que vous défendez est louable, mais je n'arrive pas à adhérer a ce discours réactionnaire - dans le ton employé comme dans la forme.

Pour illustrer simplement, vous me dites : il n'y a pas les mots "laicité, peuple, fraternité". Est-ce pour autant qu'on en parle pas ? Evidemment non. Ce sont même les piliers de cette constitution. On y parle de : "...pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l'égalité entre les femmes et les hommes.".

En revanche, pardonnez-moi pour le mot "disciple" que j'ai effectivement employé très mal à propos.

Cordialement,

Yoann


Re: Re: Re: les bras m'en tombent par André le Lundi 18/04/2005 à 12:56

Cher Yoann,

Peut-être faut-il s'entendre sur les mots: "réactionnaire", cela vient de l'Europe de 1848-49; plus précisément, on a nommé "réaction" le retour au pouvoir des monarques et des élites traditionnelles ébranlé(e)s par le "printemps des peuples" révolutionnaire. Stricto sensu, un réactionnaire est donc quelqu'un qui s'oppose au progrès social et qui combat les mouvements qui le portent, par attachement à un ordre social qui le privilégie.

Il me paraît donc difficile de s'adresser aux tenants du "non de gauche" pour leur faire ce reproche.

Et croyez-vous un instant que je ne défende pas le "...pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l'égalité entre les femmes et les hommes."? Simplement je défends cela et d'autres choses aussi :

le droit à une éducation gratuite et obligatoire (et non la "faculté...")

le droit au logement

le droit au travail

le droit au divorce

la laïcité (encore une fois vous dites que c'est un "pilier" de la constitution: prouvez-le, texte et référence à un article en main!)

l'idée de service public (et non de "service d'intérêt économique général")

la souveraineté du peuple (même d'un peuple européen mélangé et pluraliste bien sûr: art. 3 de la constitution française = "la souveraineté nationale appartient au peuple")

Et encore ici je ne mentionne que les mots, valeurs ou droits absents ou présents dans la constitution. C'est déjà beaucoup. Les choses se corsent si on regarde de près les POLITIQUES prévues par ce texte: obligation de "procéder à la libéralisation des services au-delà de la mesure qui est obligatoire en vertu de la loi-cadre européenne" (art. III-148). Exercice dune défense européenne dans le cadre de l'OTAN qui "reste le fondement de la défense collective " (art. I-41)... On pourrait multiplier les exemples, et c'est ce que font très bien ici et ailleurs nombre de citoyens non "réactionnaires".

Alors si vous voulez bien laissons les étiquettes de côté, surtout celles qui renvoient à d'autres temps et faussent le débat, et LISONS ce texte et ce qu'il impose.

Cordialement,

André 


Re: les bras m'en tombent par al1marie le Lundi 18/04/2005 à 11:30

Je crois à l'Europe et je voterai Non. J'aurais de bonnes raisons de voter Oui, mais j'en encore plus de voter Non.
     Il est curieux de constater que les libéraux considèrent toujours que défendre des avantages sociaux témoigne d'archaïsme, d'immobilisme, et que c'est "réactionnaire." Par contre, critiquer le code du travail français, la Sécurité Sociale, les syndicats, c'est très "moderne".
    Ce référendum sur le TCE est l'occasion pour la France d'en bas de manifester son interêt pour ce qu'on lui prépare comme avenir au niveau européen, et par consequent au niveau national.


Raisons de dire non par Nathalie le Jeudi 21/04/2005 à 15:37

Bonjour,
on peut trouver des contributions intéressantes d'économistes pour le NON au format pdf.
Ainsi par exemple :
celle de Jean Gadrey, "Conditions de travail, fonds structurels, services publics : le virage néo-libéral des années 90".
celle de Michel Husson, "les services publics au péril de l'eurolibéralisme".
celle de Liêm Hoang-Ngoc, "le gouvernement économique européen", le libéralisme comme règle de conduite.
celle de Bruno Amable et Stefano Palombarini, "La Constitution européenne et le modèle social européen"
et d'autres...
Amicalement
Nathalie.


Une constitution attardée par jcm le Dimanche 24/04/2005 à 21:49



Monsieur,


Vous basez votre argumentaire sur le contenu du TCE, sur ce qu'il est.


Permettez-moi de développer le mien sur ce que devrait être, selon moi, et n'est pas ce TCE.


J'appelle ce TCE "Une constitution attardée" :


Des analystes de l'économie viennent de publier une étude envisageant que le prix du baril de pétrole pourrait atteindre les 380 dollars vers 2015.


Le poisson de la mer Baltique serait en général impropre à la consommation.


L'évaluation des stocks mondiaux de poisson montre une diminution des effectifs pour de nombreuses espèces.


De nombreux économistes semblent penser que la croissance de certains pays en fort développement ne faiblira pas dans les prochaines années, ce qui aura un impact considérable sur les émissions de gaz à effet de serre : il nous faut donc envisager que les dispositions du Protocole de Kyoto, même largement renforcées, n'apporteront aucune réponse satisfaisante (c'est à dire efficace) dans la limitation de ces émissions.


Nous allons donc probablement tout droit vers les pires des scénarios de réchauffement climatique.


Les disparitions d'espèces en tous genres se produisent aujourd'hui à un rythme bien plus élevé qu'il y a quelques décennies.


Et ce n'est pas tout mais arrêtons là, en notant toutefois que les mauvaises nouvelles de ce genre semblent avoir une certaine tendance à devenir de plus en plus fréquentes et à concerner des sujets de plus en plus nombreux et variés.


Quel rapport entre tout cela et le TCE, demanderez-vous ?


Il n'a pas été prévu que la mise en vigueur du TCE se ferait pour quelques jours, mais tout au contraire la Constitution doit fournir à l'Europe un schéma de fonctionnement pour plusieurs dizaines d'années, et sa révision ne sera jamais très aisée à obtenir.


Les quelques lignes ci-dessus évoquent des problèmes qui concernent tous les humains.


Ce sont des problèmes gravissimes, ils sont tous liés à nos activités économiques et industrielles, ils ne pourront être résolus rapidement mais ils doivent être pris en compte de façon énergique dès maintenant sous peine de s'aggraver encore.


Toute personne qui admettra qu'il s'agit véritablement là de "problèmes gravissimes" considérera probablement aussi que notre planète se trouve dans une situation de danger inconnue jusqu'à maintenant contre laquelle il nous faut agir de concert, car ce ne sont pas des instances isolées et minoritaires qui pourront renverser ces tendances.


Une des caractéristiques essentielles des activités économiques qui modèlent le monde avec le plus d'effets, aujourd'hui et depuis quelques temps, est la primauté des marchés dans le contexte d'une concurrence très vive qui s'effectue de façon très libre pour tout ce qui concerne ses impacts sur notre planète.


Liberté du marché, "concurrence libre et non faussée", voilà ce qui sous-tend le texte du TCE et inscrit la doctrine économique de l'Union Européenne dans le droit fil de ce que l'on constate le plus généralement dans le monde autant que dans notre passé récent.


Voilà ce qui confère au TCE son caractère "attardé" : le Monde, l'Europe donc, ne peut plus fonctionner sur de telles bases à moins qu'il veuille vraiment courir à sa perte à une échéance qui pourrait être brève.


Car l'amplification prévisible d'un certain nombre des problèmes affectant l'avenir de notre biosphère et de nos activités favorisera l'apparition de conflits qui s'ajouteront aux dommages déjà constatés.


Nous n'avons maintenant pas d'autre choix que de placer en tête des valeurs qui nous importent la notion de "restauration d'un environnement sain" (pas même celle du "respect de l'environnement", qui ne suffit plus dans bien des cas), la liberté des marchés et celle de la concurrence venant à un échelon hiérarchique très inférieur, l'exercice de ces libertés étant sévèrement soumis aux contraintes du précepte majeur.


Non, il n'est pas pensable que tous les pays puissent parvenir au même niveau de développement – tel qu'il existe aujourd'hui – que celui des pays les plus développés, avec voiture individuelle et tondeuse à gazon pour tous.


Si cela n'est pas pensable et si l'on considère que voiture et tondeuse sont, parmi d'autres, des attributs de notre "bonheur d'occidentaux" il faut que nous apprenions à penser différemment les conditions de notre bonheur et que nous soyons incités à le faire.


Si cela n'est pas pensable il faut que cela apparaisse dans un traité qui nous lie et nous contraint pour quelques décennies, sinon ce traité pratique une impasse inadmissible sur les révolutions majeures que nous devrons pratiquer dans nos mentalités, dans nos actes, dans nos lois.


Non il n'est pas pensable que les pays les plus développés maintiennent à l'identique le train de vie qu'ils ont eu depuis quelques décennies, puisque c'est de ce train de vie que découle l'état actuel du monde évoqué plus haut.


Mais il n'est pas non plus pensable que quelques milliards d'humains continuent à vivre dans des états de dénuement terribles.


Ce n'est plus de "marché" ni de "concurrence libre et non faussée" qu'il faut parler aujourd'hui mais de coopérations fortes et opiniâtres, dans tous les domaines, la philosophie, l'ensemble des sciences, la politique ...


Des coopérations destinées à permettre la survie de la plupart des espèces vivantes dont l'homme.


Il nous faut quitter le cycle du "développement sale" que nous avons connu pour pratiquer un développement plus propre, différent, il nous faut instaurer des processus de décroissance sélective (décroissance des activités émettrices de gaz à effet de serre par exemple, et donc de certains secteurs d'activité tels que nous les connaissons) qui, de toutes façons, pourraient bien nous être imposés par le déroulement des événements (accroissement important du prix du pétrole).


Quid de nos pratiques agricoles actuelles si le baril de pétrole vient soudainement à coûter 200, 300 dollars ?


Quid de nos trajets quotidiens en voiture, de nos vacances "pétro-propulsées" ?


N'appartient-il pas à "nos élites" de tracer des chemins pour demain ?


Qui a rédigé le TCE et en assure la promotion, "nos élites" ?


"Nos élites" sont en retard d'un train ....


Nos élites sont "gagne petit" et molles, il nous les faudrait visionnaires et fortes façon "blood and tears".





Re: Une constitution attardée par le Lundi 25/04/2005 à 10:09

Tout à fait d'accord.

Oui, le monde va vivre dans les prochaines décennies un virage important, face à l'épuisement inévitable des ressources pétrolières. C'est un fait, une révolution industrielle va nous tomber dessus.

(Ouf, le TCE intègre le développement durable).

C'est un défi qui sera naturellement beaucoup plus facile à mettre en oeuvre tous unis.

Alors, votons un oui massif, un oui socialiste, écologique, ambitieux, un oui de fierté.


Re: Re: Une constitution attardée par jcm le Lundi 25/04/2005 à 13:21

Désolé, "développement durable" ne suffit pas : c'est de "décroissance sélective" qu'il faut parler, parce-que "décroissance sélective" a une signification très claire en indiquant qu'il n'est plus acceptable que certains secteurs d'activités puissent encore afficher des taux de croissance positifs.

 Dans le TCE "développement durable" vient loin après "libre marché - libre concurrence".

Beaucoup trop loin vu l'état actuel de la planète.

S'il y a vraiment urgence, cette urgence ne peut pas faire l'économie de "meneurs" de premier plan.

L'Europe ne semble malheureusement pas souhaiter tenir ce rôle...


Et pourtant : OUI par jcm le Jeudi 28/04/2005 à 10:48

Et pourtant : OUI

Sur quel critère poser son option de vote ?

En sondant le texte (j'ai favorisé cette possibilité en créant un site permettant la recherche textuelle et le rapprochement entre les articles interdépendants, voir http://noriaweb.free.fr) et en le comparant aux traités en vigueur ?

Il faut le reconnaître, le TCE contient des avancées par rapport au Traité de Nice et autres textes qui régissent actuellement l'Europe.

Opposer que le TCE n'a pas été rédigé par "une assemblée constituante élue" ne suffit pas : le TCE existe, il a été rédigé sur la base de négociations menées entre de nombreux partenaires comprenant des élus et différents organes représentatifs de différentes tendances des différents pays impliqués dans la dynamique européenne.

Difficile, probablement, de mener une telle négociation de façon PARFAITEMENT DÉMOCRATIQUE AUX YEUX DE TOUS : la perfection est-elle de ce monde ?

Chacun estime les insuffisances du TCE selon sa conscience, et je ne suis pas le dernier à lui en trouver.

De la même manière chacun pourra juger qu'il encadre des aspects qui devraient échapper à un texte constitutionnel, et qu'il est trop fortement focalisé sur les aspects de "libre marché – libre concurrence".

Et certains d'entre nous déploreront, en dépit du paragraphe 3 de l'article I-3 (L'Union œuvre pour le développement durable de l'Europe fondé sur une croissance économique équilibrée et sur la stabilité des prix, une économie sociale de marché hautement compétitive, qui tend au plein emploi et au progrès social, et un niveau élevé de protection et d'amélioration de la qualité de l'environnement. Elle promeut le progrès scientifique et technique.), que la dimension environnementale ne soit pas prioritaire, et nettement affichée comme telle, sur les aspects de croissance, de concurrence.

Certains partisans du vote négatif semblent penser qu'il pourrait y avoir une renégociation de TCE, à une échéance proche.

J'en doute fortement, et il me semble, de façon très nette, que seul un mouvement très fort, touchant simultanément un très grand nombre de citoyens de tous les pays impliqués, serait susceptible de susciter une révision (plus ou moins rapide) du TCE.

Et l'on ne voit pas que ce mouvement serait aujourd'hui en marche, ceci pour une raison simple : le TCE représente pour un grand nombre d'européens un progrès beaucoup plus important, un nouvel espoir de développement, que celui que nous en attendons peut-être en France.

Il sera donc extrêmement difficile aux partisans du "non" d'obtenir une renégociation.

La victoire du "non" initierait donc une période de stagnation qui pourrait durer et qui satisferait quelques puissances extérieures, or il y a des urgences et notamment de fortes urgences environnementales.

Il apparaît sur ce plan que l'application du TCE pourrait s'avérer efficace à améliorer les dispositions environnementales dans un certain nombre de pays, parmi lesquels on trouvera la France (voir à ce sujet : L'environnement et le projet de Constitution Européenne).

La nécessité d'une Europe forte et unie me semble primordiale dans beaucoup de domaines, en particulier pour l'environnement, et lorsque l'Europe "parle d'une seule voix" elle obtient des résultats, même si on les juge encore insuffisants (voir par exemple : , Réchauffement climatique : progrès lors des discussions UE – Etats-Unis).

Il y a l'Europe qui s'ausculte et interroge son nombril, autour il y a le Monde, un Monde qui, lui, a peut-être un grand besoin d'une Europe forte et unie afin qu'elle ait de plus grandes aptitudes à contribuer au règlement de problèmes graves (allez, j'en ajoute un à ma liste : La grippe du poulet menace l'homme).

Et nous venons d'assister à la démonstration de ce que donne une coopération forte avec l'envol du dernier Airbus, un succès européen.

Il me faut bien admettre que le TCE n'apportera pas d'un coup tous les "progrès" que je souhaiterais.

Comment approuver un traité que l'on estime très imparfait ?

Sans satisfaction majeure et après avoir tenté de mettre en balance les conséquences de la ratification face à celles du refus.

Cette évaluation conduit à accepter des inconvénients dans l'objectif de bénéficier (ce ne sera pas, dans le cas présent, pour un bénéfice personnel direct) de certains avantages.

Et quelle que soit la question étudiée on risque vite de s'apercevoir qu'il sera plus bénéfique à tous, européens ou non, que l'Europe soit fortement unie même si les conditions de cette union ne sont pas parfaites, même si certains points sont fortement criticables.

En général un traité résulte d'une négociation sur des points de vue opposés et consigne un compromis : c'est donc une solution qui satisfait a minima, et ne répond pas à toutes les attentes initiales de tous les partenaires.

Il apporte donc des satisfactions partielles, des solutions bancales mais plus équilibrées que celles régnant avant sa ratification.

Face à la grande quantité de questions cruciales qui se posent au monde aujourd'hui, des questions difficiles dans des domaines variés, j'estime qu'il importe que nous ne perdions pas de temps ou d'énergie en repoussant la date d'émergence d'une union forte et affirmée.

Voilà un critère fort pour un vote positif : ne pas perdre de temps afin de mieux affronter de graves dangers, même "si nous laissons quelques plumes" dans l'opération, sans nécessairement savoir lesquelles.

En effet ce traité prévoit des dispositions conformes à une vision relativement linéaire d'une histoire qui pourrait bien connaître quelques ruptures importantes.

Quelles seront, par exemple, les conclusions de "ASPO 2005: 4ème conférence internationale sur le déclin de la production pétrolière les 19 et 20 mai 2005." ?

Que devons-nous craindre le plus, un renchérissement rapide du prix du pétrole pour cause de pénurie (avec des conséquences dramatiques sur nos modes de vie en l'absence de toute préparation) ou une croissance importante des émissions de gaz à effet de serre due à un pétrole encore abondant et abordable (avec des conséquences dramatiques sur nos modes de vie pour cause de modifications de climat, déjà à l'oeuvre) ?

S'il est certain que le TCE est imparfait il est également certain que nous devons répondre à des urgences, que nous devons être unis et forts afin de le faire avec les plus grandes chances de succès  : trop  d'événements "désagréables" nous menacent ...

Je voterai donc "OUI".

 


par le Lundi 25/04/2005 à 05:14

Dans l'argumentaire "Huit bonnes raisons de dire non..." au format PDF, vous vous mélangez les pinceaux.

En effet, page 7, lignes 14 et 25, vous affirmez: "Il y aurait eu une bonne raison de dire NON..." et "Il y aurait une toute petite raison de dire NON...".

Remplacez vite le "NON" par "OUI" car cela fait un peu désordre.


Re: par paul, 58 ans le Mardi 26/04/2005 à 14:11

Que voulez-vous, à force de trop vouloir en faire... on finit par dire non à tout.

Moi, je trouve quand même qu'on pourrait être un peu moins manichéen tout de même.

J'étais pour le non, mais en m'informant de plus en plus, je trouve quand même qu'il y a finalement de bonnes raisons de penser qu'on ira de l'avant en votant oui. Les arguments du non, souvent contradictoires - y compris parfois dans ce forum - me décoivent...

Donc, pour moi, ce sera oui.


Une (petite) raison de dire oui ? par Arnaud le Mardi 26/04/2005 à 19:43

Bonjour,

J'étais hier soir à Saint-Malo et vous m'avez aimablement dédicacé votre livre que je venais de lire le week end précédent. Votre boutade à la tribune sur votre possible entrée en campagne pour le oui si quelqu'un vous indiquait une seule bonne raison de dire oui a rejoint une interrogation à laquelle je n'ai jusque là pas trouvé de réponse, en particulier dans votre livre.
Mon interrogation concerne l'article III-117, présentée par les partisans du oui comme une clause sociale "transversale" ou "horizontale" :
 
ARTICLE III-117
Dans la définition et la mise en oeuvre des politiques et actions visées à la présente partie, l'Union prend en compte les exigences liées à la promotion d'un niveau d'emploi élevé, à la garantie d'une protection sociale adéquate, à la lutte contre l'exclusion sociale ainsi qu'à un niveau élevé d'éducation, de formation et de protection de la santé humaine.


Quel est de votre point de vue l'impact de cet article, qui a tout de même un poids me semble-t-il non négligeable ? Si le TCE est rejeté, cet article disparaîtra bien qu'il soit dans la partie III car sauf erreur de ma part il ne figurait pas dans les traités précédents. Ne serait-ce pas dommage ?

Ne considérez vous pas qu'il pourrait y avoir là une (petite) raison de dire oui ?

Je précise tout de même que je suis acquis au non à 99 %, seule l'honnêteté intellectuelle m'amène à creuser tous les sujets potentiels de doute, ne serait-ce que pour convaincre les partisans du oui !

Amitiés

Arnaud (St Malo)


Huit bonnes raisons de dire "NON" par Pierre GUIRAUD le Jeudi 12/05/2005 à 08:36

Bonjour,

Dans la version pdf du document "Huit bonnes raisons de dire non", à la page 7 (rubrique : il n'y a aucune bonne raison de dire oui, je pense que deux petites erreurs ce sont glissées ddans le texte.

- Il y aurait eu une bone raison de dire non si ce texte constituait une réeele avancée dans la démocratsation de l 'Union....

- Il y aurait eu une toute petite raison de dire non si le Conseil de Bruxelles avait manifesté un souci de compromis........

Dans les deux cas on doit lire oui.


Je vous remercie beaucoup pour votre site et je dois vous avouer que je suis passé d 'une position plutôt favorable au "oui" à un vote "non" le 29 mai, à la lecture de cet argumentaire.


Cordialement



Re: Huit bonnes raisons de dire par Camille le Samedi 14/05/2005 à 11:32

Les arguments du non sont connus, et résultent de la phobie française pour tout ce qui ressemble à du libéralisme, sans penser à certains types de la population qui ne peuvent plus s'en sortir avec un état qui leur prends tout. En tant que commerçant, je fais partie de cette catégorie.

D'autre part le manifeste ci-indiqué confond joyeusement capitalisme et liberalisme, oubliant pourtant que ce sont deux notions totalement différentes. L'erreur fondamentale ici est d'oublier qu'une constitution n'est qu'un cadre qui permet aussi bien de faire des politiques de droit comme de gauche!!! La constitution de l'Europe, c'est surtout l'ocasion de changer des institutions qui ne sont pas adaptés à 25. Quand à l'UEM, elle a été ratifiée en 92 par référendum. Autrement dit, ce qu'il y a de plus libérale dans l'Europe (Monnaie, libre-circulation, BCE,...) sont des choses que le Peuple de France a déjà ratifiée. Moi je reste sur le OUI, et sur la volonté que l'on continue a bâtir l'UE.

VOTEZ OUI!!!

Camille


Re: Re: Huit bonnes raisons de dire par Noy le Samedi 14/05/2005 à 12:02

Se servir de l'histoire pour anticiper le futur. Voir l'article ci-dessous.
Pour ces raisons je ne peux pas voter Oui.
Salutations
Point de vue
Renégocier le traité, sinon l'Europe va dans le mur
LE MONDE | 13.05.05 | 14h04  •  Mis à jour le 13.05.05 | 15h36







La Roumanie va adhérer à l'Union. Pour fêter ça, le site des ambassades de Roumanie nous apprend que "le gouvernement vient de prendre des mesures d'allégement fiscal à effet immédiat. L'ordonnance d'urgence prévoit la baisse de l'impôt sur les sociétés de 25 % à 16 %". Comme les voisins baissent leur impôt sur les bénéfices, l'Allemagne fait pareil : l'impôt va passer de 38,3 % à 32 %. En quinze ans, le taux moyen d'impôt sur les bénéfices a déjà baissé d'un tiers en Europe. Pour la France, en 2005, c'est un manque à gagner de 17 milliards (l'équivalent du déficit de la Sécurité sociale plus deux fois le budget du CNRS...). Et le mouvement va s'accélérant.

Jamais les bénéfices n'ont été aussi importants, mais jamais on n'a autant baissé l'impôt sur les bénéfices ! Comment nos Etats surendettés vont-ils financer la recherche, l'éducation, les retraites ou la santé, si l'on continue ce moins-disant fiscal ? La seule fois dans l'Histoire où l'on a observé une telle course au moins-disant fiscal entre Etats voisins, ce fut aux Etats-Unis, dans les années 1920. Ce fut une des causes de la crise de 1929. A sa suite, le système fiscal américain a été profondément transformé : pour limiter fortement le dumping entre Etats, 60 % des impôts et taxes sont prélevés au niveau fédéral et sont donc les mêmes sur tout le territoire.

Hélas, la Constitution européenne nous interdit de créer un impôt européen et empêche tout mouvement d'harmonisation. Pendant quarante ans, l'Europe a été un espace de coopération. Depuis quelques années, la concurrence de tous contre tous devient la règle. Schuman et Monnet doivent se retourner dans leur tombe.

Dans son dernier livre (La Politique de l'impuissance, éd. Arléa), Jean-Paul Fitoussi stigmatise cette Constitution qui ferait de l'Europe le seul ensemble de la planète dans lequel "les instruments traditionnels de gestion macro-économique sont soit inexistants soit empêchés" . Absence d'impôt européen, totale irresponsabilité de la Banque centrale, interdiction de faire appel à l'emprunt : on s'interdit volontairement d'agir sur trois leviers fondamentaux. "Les ajustements des économies nationales ne peuvent se faire que par des variations de coûts relatifs. Moins-disant social et moins-disant fiscal, c'est la seule dynamique que peuvent contrôler les gouvernements nationaux. (...) En réduisant les recettes de l'Etat, cette stratégie de moins-disant amoindrit leur capacité à fournir les biens publics essentiels : santé, éducation, recherche, infrastructures, cohésion nationale. (...) C'est une stratégie perdante qui réduit le potentiel de croissance des nations" , conclut M. Fitoussi.

Plus grave, alors qu'un nombre croissant d'économistes pense que nous allons vers une très grave crise économique, M. Fitoussi montre comment, avec ce traité, "l'Europe se prive de tout moyen de réagir en cas de chocs externes" . La dette totale américaine (publique et surtout privée) représentait 140 % du PIB quand éclata la crise de 1929. Elle en représente aujourd'hui 210 % ! "Le dollar est assis sur une bombe atomique" , affirme Daniel Cohen (professeur à l'Ecole normale supérieure).

"La dette risque de déboucher sur une hausse des taux d'intérêt et, potentiellement, une récession globale" , s'inquiète pour sa part Ken Rogoff, ancien chef économiste du FMI. Et pour Patrick Artus, directeur des études à la Caisse des dépôts-Ixis, la consommation d'énergie et de matières premières de la Chine va amener à une telle hausse des prix qu'il émet l'hypothèse (étude du 4 avril) de "la fin de la croissance mondiale au début de la prochaine décennie" .

"Bombe atomique", "récession globale", "fin de la croissance mondiale"... Il faudrait sonner le tocsin. Vérifier que tous les instruments de régulation sont disponibles et bien coordonnés. Convoquer un nouveau Bretton Woods. Il faudrait créer un impôt européen sur les bénéfices (ou une écotaxe) pour tripler l'effort de recherche (en matière énergétique en particulier) et financer un plan d'action divisant par deux notre consommation d'énergie d'ici à 2010. Il faudrait donner à la Banque centrale européenne un objectif de croissance (comme la Réserve fédérale). Construire, au niveau européen, un nouveau contrat social qui assure un partage de la valeur ajoutée plus juste et plus favorable à la consommation et à la croissance...

Au lieu de cela, on endort le citoyen : "Inutile de lire le titre III, ce sont des textes qui datent de très longtemps" , nous dit-on. C'est bien ça le problème : ce sont des textes qui datent de vingt ou trente ans ; et en vingt ans, le monde a complètement changé ! De plus, plusieurs articles ont été réécrits, et le plus souvent dans un sens opposé à l'intérêt général. Ils ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et ils n'entendent pas... L'Histoire sera sans doute sévère avec ceux qui ont rédigé ce traité. Le libéralisme des uns et la paresse intellectuelle des autres nous amènent dans le mur.

Malgré toutes les déceptions, l'Europe est et reste notre avenir. Des millions d'hommes et de femmes se sont battus pour la démocratie et pour le progrès social au niveau national. Pour protéger notre modèle social, pour rééquilibrer les relations Nord-Sud, pour peser sur la marche du monde, il faut continuer ce combat au niveau européen. Refuser le compromis de Bruxelles et exiger de nouvelles négociations pour une vraie Constitution ­ - à partir des propositions faites par Joschka Fischer en mai 2000 et renouvelées en février 2004 ­ - et pour un vrai traité social.

Il y a un an, notre proposition de traité de l'Europe sociale (5 critères de convergence et 7 articles pour réorienter les politiques) était soutenue par Jacques Delors, Bronislaw Geremek, Michel Rocard, Stéphane Hessel, Elio di Rupo, Antonio Guterres, Pierro Fassino, Enrique Baron Crespo, Robert Goebbels, Jean-Jacques Viseur et plus de 200 parlementaires de 9 pays de l'Union. Pourquoi ne serait-elle plus d'actualité ?

En juin 2001, quand le peuple irlandais a refusé de ratifier le traité de Nice, il n'a provoqué aucune catastrophe. Mais ce non massif, venant d'un peuple très européen, a poussé les chefs d'Etat à ouvrir une nouvelle négociation, six mois plus tard, au sommet de Laeken. Que se passerait-il si, le 29 mai, les Français votaient non ? Le vice-président italien de la Commission européenne, Franco Frattini, vient de répondre à cette question : "Si la France, pays fondateur, vote non, cela démontrera qu'il y a un déficit de légitimité populaire en Europe. Il faudra rouvrir le débat, bien plus largement. Il faudra se demander quelle Europe voulons-nous ? Juste un marché unique ou autre chose ?" (Le Figaro du 27 avril).

Partout les esprits évoluent : il y a 18 mois, la directive Bolkestein était acceptée par l'unanimité des commissaires. Elle est contestée aujourd'hui dans un nombre croissant d'Etats. De même, il y a un an, quand certains d'entre nous réfléchissions à des règles du jeu communes en matière de salaire minimum, tous les observateurs ricanaient : "Les Allemands n'en veulent pas !" C'était vrai il y a un an. Mais Gerhard Schröder vient d'annoncer qu'il déposera un projet de loi pour créer un smic avant la fin mai ! Les dégâts du libéralisme sont tels que partout les esprits évoluent. Plutôt que de constitutionnaliser des règles du jeu qui nous mènent dans le mur, il faut d'urgence ouvrir une nouvelle négociation avec ceux qui le veulent.


Jean-Maurice Dehousse est ancien ministre-président socialiste de la Wallonie.
Oskar Lafontaine est ancien ministre des finances social-démocrate allemand.
Pierre
Larrouturou est porte-parole de l'Union pour l'Europe sociale.
Cesare Salvi
est vice-président démocrate de gauche du Sénat italien.

Article paru dans l'édition du 14.05.05


Re: Re: Re: Huit bonnes raisons de dire par alainM le Jeudi 19/05/2005 à 10:56

Très bonne approche de la gestion de l'Union Européenne qui me donne de nouvelles raisons de voter Non. Attention, le 29 mai approche, maintenons la pression.  


Re: Re: Huit bonnes raisons de dire par marie le Mardi 17/05/2005 à 21:08

 


Aveuglement, par Maurice Allais par Nathan le Mercredi 18/05/2005 à 00:27

Point de vue

Aveuglement, par Maurice Allais

LE MONDE | 14.05.05 | 13h36 • Mis à jour le 16.05.05 | 15h16
Suivant les avis les plus autorisés, à gauche comme à droite, le projet de Constitution, s'il était adopté, représenterait un rempart majeur contre "les excès du libéralisme" . Une confusion essentielle résulte ici de la signification attribuée au mot libéralisme. En fait, la doctrine libérale est une doctrine politique destinée à assurer les conditions, pour vivre ensemble, des ressortissants d'une collectivité donnée. Mais, dans les discussions actuelles, le "libéralisme" correspond à ce qu'il conviendrait plutôt d'appeler la "chienlit laisser-fairiste" . Il convient donc de mettre entre guillemets le mot "libéralisme" , tel qu'il est utilisé actuellement par les principaux partis politiques.

Je me bornerai ici à deux exemples particulièrement significatifs, parmi une multitude d'autres. Le 24 mars, Jack Lang a présenté sur RTL un exposé passionné soutenant que la seule protection contre "les excès du libéralisme" était l'adoption du projet actuel de Constitution. Le même jour, la presse faisait état de la "charge de Jacques Chirac contre l'Europe libérale" , en s'appuyant précisément sur la protection qui serait assurée par le projet de Constitution contre les excès de l'"Europe libérale" .

En réalité, il y a là une erreur fondamentale. En fait, l'article III-314 du projet de Constitution stipule : "Par l'établissement d'une union douanière, conformément à l'article III-151, l'Union contribue, dans l'intérêt commun, au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions et aux investissements étrangers directs, ainsi qu'à la réduction des barrières douanières et autres." Il résulte de cet article que non seulement la Constitution envisagée ne protège en aucune façon contre les excès du "libéralisme" , mais au contraire que la Constitution projetée institutionnalise la suppression de toute protection des économies nationales de l'UE.

L'article III-314 du projet de Constitution ne fait que reproduire les dispositions de l'article 131 du traité de Rome du 25 mars 1957. Article 110 : "En établissant une union douanière entre eux, les Etats membres entendent contribuer conformément à l'intérêt commun au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et à la réduction des barrières douanières."

Il est simplement ajouté, dans l'article III-314 du projet, "la suppression progressive des restrictions aux investissements étrangers directs" . En réalité, comme je l'ai démontré dans mon ouvrage de 1999 La Mondialisation. La destruction des emplois et de la croissance. L'évidence empirique -éd. Clément Juglar, 1999-, l'application inconsidérée, à partir de 1974, de cet article 110 du traité de Rome a conduit à un chômage massif sans aucun précédent et à la destruction progressive de l'industrie et de l'agriculture.

De là il résulte que l'argument présenté de toutes parts par les partisans du oui à droite et à gauche de la protection que donnerait le projet de Constitution à l'encontre des excès du "libéralisme" est dénué de toute justification réelle.Non seulement les partisans du oui trompent ceux qui les suivent, mais ils se trompent eux-mêmes.

On constate ici à nouveau la justesse de l'adage antique : "Celui qui se trompe se trompe deux fois. Il se trompe parce qu'il se trompe et il se trompe parce qu'il ne sait pas qu'il se trompe" et la profonde vérité de l'affirmation de Rabelais : "Ignorance est mère de tous les maux."

Pour être justifié, l'article III-314 du projet de Constitution devrait être remplacé par l'article suivant : "Pour préserver le développement harmonieux du commerce mondial, une protection communautaire raisonnable doit être assurée à l'encontre des importations des pays tiers dont les niveaux des salaires au cours des changes s'établissent à des niveaux incompatibles avec une suppression de toute protection douanière."


Par Maurice Allais, Prix Nobel d'économie.
Article paru dans l'édition du 15.05.05


il n'y a pas d'obligation d'aller à l'école en france par mathieu le Mercredi 18/05/2005 à 13:52

Je pense voter non,  mais après avoir lu ton livre j'ai plutôt envie de voter oui. Ton livre est assez décevant,  fait surtout de constats et de réthoriques appelés arguments mais qui n'en sont pas.

J'en veux pour preuve ce que tu écris sur l'éducation (p.116): "qd l'obligation scolaire existe elle peut être assuré par des établissements privés marchands" tu stigmatises l'absence d'enseignement obligatoire et tu écris, à partir de l'article II 14 (et non II-74-2), "il n'es pas interdit de rendre l'enseignement obligatoire facultatif  et donc intégralement payant" (p84).

Sais tu, Jacques, qu'il n'y a pas en France d'obligation d'aller à l'école pour les enfants?

Je te renvoie à l'article L 131-2 du Code de l'éducation qui indique que l'enseignement obligatoire peut être dispensé "soit dans les établissements ou écoles publiques ou privés, soit dans les familles par les parents, ou l'un d'entre eux, ou toute personne de leur choix".

L'article II-14 ne fait que reprendre la législation actuelle française, en quoi cet article serait alors un argument pour voter non?

Je remarque aussi que ta phrase "il n'est pas interdit de rendre celui ci facultatif et donc intégralement payant" n'a aucun sens, un enseignement ne peut être à la fois facultatif et obligatoire.

Ce n'était qu'un exemple mais assez symptomatique du manque de clarté de ton raisonnement sur de nombreux points( je pourrais aussi évoquer ton analyse sémantique au sujet du résultat des élections du parlement, ou de la prise en compte des seules élections pour l'élection du président de la commission)


faux faux, vite dit! par Pascal le Mardi 24/05/2005 à 16:00

• “ Ce qui n’est pas rendu possible par ce traité, nous pourrons le faire avec les pays qui le souhaitent dans le cadre des coopérations renforcées dont l’usage est simplifié ”. C’est faux.

Ca dépend surtout de quoi on parle mais ne rien exagérer, les coopérations renforcées existent dans le texte, après aux états de voir ce qu'ils veulent en faire.

• “ Il y a urgence, sans ce traité, l’Union à 25 ne fonctionne plus”. C’est faux.

12 ça allait, 15 ça devient chaud, 25 c'est ingérable sans redistribuer un peu les responsabilités, le poids de chaque état, etc. bon ok on peut toujours discuter sur le fait que ce traité n'est pas le seul immaginable qui réponde à ce besoin, en tout cas il est là aussi et surtout pour ça.


• “ Cette Constitution n’est pas plus libérale que l’état actuel des traités ”. C’est faux. Et même si c’était vrai, il faudrait dire non à un texte qui prétend constitutionnaliser les seules politiques libérales.

Vous dites vous-même ce que tout le monde dit, à savoir que la constitution reprend le contenu des traités, elle ne peut en ce sens etre plus ou moins libérale que ceux-ci. Et libéral ce n'est pas un gros mot, on ne peut pas sans arret opposer social et libéral. Même si le modèle actuel n'est de toute manière pas compatible avec une véritable construction européenne (monopoles d'états différents selon les pays...), il y a des tas de manières pour l'état (ou les coopérations d'état, les régions, les communes...), de protéger des secteurs ou des régions


• “ Ce traité n’est pas plus difficile à réviser que les précédents ”. C’est faux. On est 25 et bientôt 27 puis 30, et non plus quinze pays de l’Ouest.

Les précédents seront aussi difficiles à réviser en étant 25, 27 ou 30 puisque les nouveaux arrivants adhèrent...

un autre ne veut pas dire que celui-ci est mauvais! il y a forcément des compromis, des choses que la France a fait enlever ou ajouter, bon. Après il faut peut être penser à un niveau européen et avec le temps, d'autres points de vue communs émergeront. Si on pense avoir de bonnes idées pour une meilleure europe, il reste à convaincre les autres, ce sont les différentes opinions et non Giscard ou la commission qui ont posé les limites de la constitution.


• “ Le non nous isole en Europe et dans le mouvement socialiste ”. Il nous isole de Blair et de Schröder qui sont favorables à la directive Bolkestein. Tant mieux ! Il nous isole d’une sociale-démocratie à la dérive qui s’est ralliée aux politiques néolibérales et a été chassée du pouvoir par les électeurs dans la plupart des pays de l’Union. Tant mieux !

Bon déjà ce n'est donc pas faux. Ensuite sans aller jusqu'à Bolkestein qui a tout pour déplaire (si on me la bien expliquée) la différence entre un socialiste oui et un socialiste non, c'est le niveau de nationalisme. Partager les emplois, les richesses, égaliser les niveaux de vie, c'est bien tant qu'on reste chez nous. C'est bien tant qu'on fait partie des pauvres et qu'on va en profiter. Ah oui mais si on applique ça au niveau européen, qu'on favorise les plus pauvre que nous, on devient les riches et du coup l'argumentaire ressemble à celui de la droite de la droite (sans erreur) au niveau national... Les plus socialistes ne sont peut être pas ceux que l'on croit.


• “ C’est un compromis, on aura pas mieux en disant non ”  (Ceux qui disent cela disent aussi qu’il faut dire oui pour entamer ensuite les négociations pour un nouveau traité).

Nouveau, pas autre, déjà expliqué... on ne peut pas tout avoir d'un coup non plus. Ce qui est sûr c'est que vu les positions anglaises ou polonaises par rapport à la position de la France, on aura pas mieux en disant non...

• “ Ce n’est qu’une étape, avant de reprendre le combat pour un autre traité ” Il faudrait dire oui pour ensuite, au lendemain de la ratification, engager le combat pour la dénonciation d’un mauvais traité ? C’est absurde.




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