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Retraites : Le PS fait un pas à gauche, mais reste bien loin d’une vraie réforme de gauche

Contre projet du PS sur la réforme des retraites

Par Jacques Généreux • Tribune ouverte • Mercredi 19/05/2010 • 11 commentaires • Version imprimable

Après des mois de cacophonie médiatique et de débat interne entre les partisans des réformes Fillon (Valls, Hollande, Moscovici...) et ce qui subsiste de la gauche du PS (Emmanuelli, Hamon), le PS s'est en partie rapproché des positions affirmées dès le début de l'année par Jean Luc Mélenchon et le Parti de Gauche.

 

Maintien de l'âge de départ à la retraite à 60 ans et de la durée de cotisation (pour le moment !), financement supplémentaire partagé entre la mise à contribution des revenus financiers, l'élargissement de l'assiette des cotisations, une légère hausse des cotisations patronales et une politique active en faveur de l'emploi des salariés âgés... Ces quatre axes vont dans le sens des préconisations de l'autre gauche ; leur affirmation momentanée peut-être interprétée comme un demi succès de l'aile gauche du PS et explique d'ailleurs que Manuel Valls ou Gérard Collomb aient refusé de voter pour ce projet ; elle indique surtout la pression effective qu'exerce sur le PS la présence d'une autre gauche de gouvernement, depuis la formation du Parti de gauche et les résultats significatifs du Front de Gauche aux élections européennes et régionales.

 

Il reste évidemment à savoir si ce pas à gauche dessine une orientation politique durable et soutenable, dans un PS divisé sur la question, ou bien une posture commode d'opposition au projet Fillon2 et qui n'engage à rien. Le plus sûr moyen de confirmer la solidité de ce premier pas serait bien entendu d'accomplir les quelques pas manquants et décisifs. Je vais revenir successivement sur ces deux remarques.

 
Engagement ou posture ?

 

Il n'est pas question ici de procès d'intention, mais seulement d'observation du comportement usuel du Parti socialiste. Le PS a l'habitude de donner satisfaction à son aile gauche –  à chaque fois que la stratégie commande d'afficher une belle unité –, puis d'oublier quelques mois (si ce n'est quelques semaines) plus tard toutes les résolutions votées à la quasi-unanimité. Tel fut notamment le sort du projet européen des socialistes aux élections européennes de 2004. Au nom de l'unité, François Hollande avait imposé à son aile droite d'accepter tous les amendements de l'aile gauche. Résultat : un magnifique projet "pour une Europe sociale" qui dressait la liste de toutes les conditions que les socialistes poseraient pour accepter la ratification éventuelle du projet de Constitution européenne. Fort du succès historique remporté par ce programme, en juin 2004, et seulement quelques semaines plus tard, le premier secrétaire partait en campagne pour le "Oui" sans conditions au TCE, et il entraînait à sa suite une majorité de militants.

 

Cette première trahison des électeurs devait malheureusement être confirmée par une seconde, en 2008. Le projet socialiste pour l'élection présidentielle de 2007 convenait qu'après le "non" des Français au TCE, un nouveau traité européen devrait être soumis à un référendum. Cela n'empêcha nullement la direction du PS et la majorité de ses élus de se rendre complice du crime de haute trahison commis par le Président Sarkozy : la ratification parlementaire du traité de Lisbonne, copie conforme du TCE refusé par les Français. Si l'on excepte les représentants minoritaires de son aile gauche, le PS est aujourd'hui mené par les mêmes dirigeants et élus qui ont trahi deux fois leurs électeurs allègrement et sans remords. Moi, je ne demande pas mieux que de pardonner à quelqu’un qui reconnaît une erreur passée. Mais il se trouve que personne ne demande pardon ! Tant que les dirigeants socialistes se féliciteront d’avoir ratifié le traité de Lisbonne, tous les démocrates pourront douter de leur parole.

 

On a donc des raisons de s'interroger sur la crédibilité des nouveaux engagements du PS, même sur un tout autre sujet comme celui des retraites. D'autant que, sur ce sujet, il est aussi une résolution du PS votée à la quasi unanimité du Congrès de Dijon en mars 2003 : le rejet de la réforme Fillon1. Or, de ce rejet solennel et jamais aboli par une quelconque résolution nouvelle, il n'est aujourd'hui plus question dans le contre-projet du PS. Le PS dit se situer dans le cadre des projections du COR qui vise l'équilibre financier à moyen terme du régime de retraites actuel, c'est-à-dire fondé sur la réforme Balladur de 1993 et la réforme Fillon de 2003, déjà responsables d'une baisse sensible du niveau des pensions. Quel crédit peut-on dès lors accorder au rejet d’une réforme Fillon2, par un PS qui entérine une réforme Fillon1 fondée sur le même principe (allongement de la durée de cotisation) et qu’il avait précédemment et formellement rejeté !? 

 

Sans être paranoïaque, le simple examen des incohérences passées et présentes du PS nous commande une réserve prudente quant à la capacité de ce dernier à soutenir ses propres propositions d’une séquence politique à une autre. Le plus sûr moyen de lever cette réserve consisterait à faire trois pas de plus en direction d’une vraie réforme juste et soutenable des retraites.

 

Une première clarification : l’abolition des réformes de la droite

 

Le plan de financement proposé par le PS, a hauteur de 45 milliards d’euros, permet seulement de couvrir le besoin de financement du système actuel, tel qu’il est estimé par le COR à l’horizon 2025. Il entérine donc, entre autres, l’allongement de la durée de cotisation à 41, puis 42 annuités instauré par la réforme de 2003. Or, dans la mesure où la carrière effective des salariés dépasse à peine les 37 ans, pour les hommes, et les 30 ans, pour les femmes, le système en vigueur implique d’ores et déjà une baisse sensible des pensions, aggravant la régression amorcée par la réforme Balladur. Le plan du PS permet donc, au mieux, d’éviter une régression supplémentaire, mais en aucun cas de restaurer des retraites décentes pour tous. Le seul engagement clair que doit prendre la gauche aujourd’hui est celui d’abolir les réformes Balladur et Fillon, si elle revient au pouvoir, et de dégager les moyens de financement nécessaires pour assurer à chacun la possibilité de prendre sa retraite à taux plein à partir de 60 ans (selon la durée des études et l’âge d’entrée en activité).

 

Une deuxième clarification : l’allongement de la durée de cotisation n’est pas une « solution »

 

Sur cette question qui divise le PS, ce dernier botte en touche. Il n’exclut pas la possibilité d’un allongement de la durée de cotisation et renvoie l’examen de cette « solution » à 2025. Sa proposition d’inciter les salariés à travailler plus longtemps indique par ailleurs clairement que cet allongement est selon lui une partie de la solution. Or rappelons-le, allonger la durée de cotisation obligatoire, n’engendre aucune recette supplémentaire pour les régimes de retraites, tant que les carrières effectives des salariés restent ce qu’elles sont. C’est la durée effective de cotisations qu’il faut relever en assurant le plein emploi et des carrières complètes. En ramenant le taux de chômage à 3%, et en instaurant une sécurité sociale professionnelle tout au long de la vie, l’essentiel du problème de financement des retraites serait réglé sans qu’il soit nécessaire de prolonger indéfiniment la durée d’activité. 

 

On peut toujours gloser sur la difficulté qu’il y a à restaurer le plein emploi, mais, avec l’augmentation des ressources, il demeure que c’est la seule voie qui autorise à la fois le maintien durable du niveau des pensions et l’équilibre financier des régimes de retraites. Si les taux d’emplois tout au long de la vie professionnelle ne sont pas radicalement relevés, l’allongement de la durée obligatoire de cotisation n’est qu’un allongement théorique dont l’effet pratique est seulement d'allonger la période de chômage précédant le départ en retraite. Si donc on raisonne à l’endroit, et non en dépit du bon sens, il faut poser la solution par le plein emploi comme l’objectif à moyen terme (et prendre évidemment les moyens nécessaires pour l’atteindre), et poser comme principe que, dans la phase transitoire vers le plein emploi, les ressources (cotisations et ressources fiscales) sont ajustées au niveau nécessaire pour assurer l’équilibre financier (Le COR lui-même a expliqué que l’ajustement des ressources est le seul levier qui garantit l’équilibre financier des retraites).

 

Une fois en situation de plein emploi, où tous ceux qui le souhaitent pourront avoir des carrières complètes et bénéficier d’une retraite à taux plein à partir de 60 ans, il sera éventuellement, mais seulement, temps de s’interroger sur une éventuelle « retraite à la carte », comme le suggère le PS. Dans le contexte présent, la « retraite à la carte » fait l’impasse sur le fait que la majorité des salariés n’a pas les moyens de se régaler « à la carte » et doit se contenter d’un « menu » guère appétissant : carrières hachées, emplois précaires, intensification du travail, stress et, à la fin, mise au rebut en attendant la retraite. À quoi rime l’ « incitation » (par une surcote) à travailler au-delà de l’âge légal de départ à la retraite, quand près de la moitié des individus sont privés d’emploi à cet âge là, et quand une large proportion de ceux qui sont encore employés attendent la retraite comme une délivrance ? N’est-ce pas là un cadeau socialement coûteux et inutile à la minorité privilégiée qui jouit d’un travail épanouissant, d’une espérance de vie et d’un revenu supérieurs à la moyenne ? Nous reparlerons de la « carte », le jour où la société pourra déjà offrir un menu décent à tout le monde. Et ce menu décent inclut une vie professionnelle plus épanouissante et une retraite plus longue.

 

Le patronat et la droite axent toutes leurs réformes sur l’allongement fictif de la durée de cotisation, parce qu’ils veulent remettre en question le progrès social que constituait, depuis peu, le fait que des ouvriers et des employés connaissent un troisième âge de la vie en bonne santé et rémunéré. Ce temps de vie est un temps mort pour le capital, un temps payé qui ne lui rapporte plus rien. C’est pourtant, encore à ce jour, un temps bien éphémère pour ceux qui ont les conditions de travail les plus difficiles. Quand on sait qu’en moyenne on reste en bonne santé sans handicaps jusqu’à 70 ans et que l’espérance de vie des ouvriers est de 7 ans inférieure à celle des cadres, l’allongement de la durée effective de la retraite reste encore un progrès social à conquérir pour au moins 60% de la population active (les seuls ouvriers et employés représentent 52% des actifs occupés). Progrès pour le bien-être des individus concernés, bien sûr. Mais progrès pour la société dans son entier, quand on considère que ce temps mort pour le capital est un temps socialement utile pour tous, grâce à la contribution des plus âgés à l’éducation de leurs petits enfants, au travail des associations, à la gestion des mutuelles, aux conseils municipaux, etc. Les retraités sont en réalité de moins en moins inactifs, et une large part de leur contribution à la richesse nationale est seulement occultée par le fait qu’elle n’est pas comptabilisée dans le PIB.

 

Ainsi, non seulement nous avons les moyens de financer durablement les retraites sans les raccourcir, mais en outre, la question de la durée de la vie au travail et de la durée de la retraite ne saurait s’envisager qu’en termes d’équilibre financier. Au moment où des défis écologiques urgents nous commandent de repenser nos modes de vie et de production, l’idée que l’allongement de l’espérance de vie devrait nécessairement se traduire par celui du temps consacré à la production de valeur ajoutée marchande est anachronique.

 

Une troisième clarification : l’adieu au Traité de Lisbonne

 

Pour être complet, il faut faire cette mise au point que je n’ai pas le temps de développer maintenant : des réformes sociales justes sont de plus en plus incompatibles avec le fonctionnement actuel de l’Union européenne. Comment des pays soumis à la libre concurrence peuvent-ils rester compétitifs s’ils acceptent des cotisations sociales et des prélèvements supplémentaires que tous leurs concurrents cherchent au contraire à alléger ? L’Union européenne est engagée depuis les années 1990 dans une logique de dumping social et fiscal interne qui pousse à l’harmonisation des systèmes sociaux par le bas et au développement des assurances sociales privées. Cette pression régressive est renforcée par l’ouverture délibérée de l’Union au libre échange mondial et à la spéculation sur les marchés internationaux de capitaux. Enfin, la crise grecque est aujourd’hui instrumentalisée par les gouvernements européens pour renforcer cette tendance, pour imposer une rigueur budgétaire générale qui ne laissera aux moins compétitifs que l’option des coupes claires dans les biens publics et les dépenses sociales. 

 

Par conséquent, on ne peut aujourd’hui soutenir simultanément et sans incohérence, un projet ambitieux de progrès social (notamment en matière de retraites) et la pleine application du traité de Lisbonne et des directives européennes. La cohérence et l’honnêteté politique commandent à la gauche de mener le combat pour le rejet du traité de Lisbonne et pour une refondation du projet européen.  Elles commandent aussi de dire clairement aux électeurs le choix que ferait un gouvernement de gauche, si les contraintes imposées par les traités européens contrariaient la restauration durable et le développement de notre protection sociale comme de nos services publics.

 

Et que devrions-nous dire ? Que ce gouvernement mettra en œuvre son programme, en dérogeant si nécessaire au droit européen et en invitant ses partenaires européens à la renégociation des traités qui constitue désormais une condition à la survie même de l’Union. C’est certainement là l’ultime clarification qui ne viendra jamais du PS.

 

Jacques Généreux, 19 mai 2010.

Commentaires

La proposition de Piketty/Bozio par Frédérick Stambach le Mercredi 19/05/2010 à 21:51

Bonjour à vous,

merci pour cette analyse synthétique d'un texte que je n'ai malheureusement pas eu le temps d'éplucher.
Ceci dit une chose me surprend en vous lisant, il me semblait que la proposition socialiste devait s'appuyer sur les travaux d'Antoine Bozio et deThomas Piketty, publiés dans leur livre "pour un nouveau système de retraite".
Ce dernier expliquait au magazine Alternatives économiques du mois dernier qu'il consistait en une "unification des régimes de retraite autour d'un régime à taux de cotisations unique, avec les mêmes règles pour tous, quels que soient le secteur et le statut d'activité(...)chaque personne à un compte alimenté par les cotisations versées.(...)Le système fonctionne totalement par répartition et toutes les cotisations sont reversées aux retraités.(...)Et puisqu'on est dans un système par répartition, la solution éqilibrée et équitable est de les faire bénéficier du taux de croissance de la masse salariale qui est l'agrégat macroéconomique le moins volatil." Avec ce taux l'état revalorise la valeur des droits de retraite pour chaque retraité au moment où il quitte la vie active, droits qui sont à n'importe quel moment de la vie de l'individu visualisables sous forme d'euros et non pas de points. Grâce à ce système plus transparent Piketty pense "mettre fin au climat de peur, de division des salariés, entre privé, public, régimes spéciaux qui menace la répartition."
Quel est votre avis sur cette proposition qui paraît simple et efficace (il prend un exemple avec un salaire de 2000 euros bruts partant avec 1600 euros soit 80% du salaire)?

Je pense que vous y faites allusion lorsque vous parlez de retraite à la carte, avec possibilité travailler plus longtemps pour les métiers épanouissants, mais il me semble que ce n'est pas le point majeur de la proposition du duo Piketty/Bozio. Piketty précisait au magazine que "l'enjeu essentiel est donc bien d'établir un système qui garantisse un partage équitable des richesses produites, et c'est ce qu'assure notre système.". Il parlait même de prendre en compte les années non travaillées, avec notamment des cotisations versées par les caisses de chomâge pour que les droits continuent à s'accumuler, même lors des périodes de chomâge, qui se rapproche d'une sécurité sociale professionnelle.
Alors est-ce que la proposition des 2 économistes est intrinsèquement mauvaise (ce que je n'arrive pas à déterminer), ou bien le PS l'a tellement édulcorée qu'on n'y retrouve même plus les idées de base?


Re: La proposition de Piketty/Bozio par J-Genereux le Mercredi 19/05/2010 à 22:27

Les propositions du PS ne visent pas à changer le système de retraites contrairement à Bozio/piketty qui proposent un nouveau système (à la suédoise) fondé sur des comptes notionnels individuels. Pour le dire en très bref, dans ce système chacun choisit son âge de départ et percevra une retraite totale identique quelque soit cet âge. Le montant de la pension annuelle est calculée en divisant cette retraite totale par le nombre d'années correspondant à son espérance de vie résiduelle : si on part plus tôt, on a une pension pls faible, si on part plus tard, la pension augmente. L'équiibre financier d'un tel système implique une baisse sensible du taux de remplacement, baisse de plus en plus forte au fur et à mesure que la durée de vie s'allonge. Ce système fait du montant et de la durée de la retraite une affaire de "choix" personnel, et non plus une affaire de choix de société et de droits sociaux garantis par la solidarité entre générations. Tous les accessoires évoqués par Bozio/piketty pour améliorer le niveau des retraites et l'équité du système peuvent aussi bien être mobilisés dans le cadre du système actuel. Mieux vaut donc conserver le système actuel où le taux de remplacement est un droit garanti, à condition d'ajuster les ressources (cotisations notamment) nécessaires pour son financement.
Pour une analyse critique poussée de la proposition Bozio/Piketty voir :
Henri Sterdyniak (OFCE) : Retraites : à la recherche de solutions
miracles…  http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-1190.pdf


Intéressant mais... par Barbeuz le Jeudi 20/05/2010 à 12:37

Article intéressant, mais j'aurais quelques remarques : 

0) Tout d'abord, je m'étonne que personne ne tique sur la surtaxe sur les banques pour financer les retraites... Si l'industrie financière devient moins "florissante" (ce qu'on peut souhaiter), plus de financement... Normalement, il faut se baser sur l'ensemble des richesses produites, et pas sur un secteur en particulier, pour assurer la pérénité de la solidarité intergénérationnelle...

(Et on pourrait surtaxer pour financer la recherche, l'économie verte, etc...)



1) "Le plan du PS permet donc, au mieux, d’éviter une régression supplémentaire, mais en aucun cas de restaurer des retraites décentes pour tous"

Le taux de pauvreté est inférieur pour les retraités que pour les actifs. Et les retraités sont plus riches que les actifs il me semble (le "pic" de richesse est vers 50-55 ans je crois). Si les pensions les plus basses sont stables (hausse avec l'inflation) et si celles plus élevées baissent un peu, je crois pas que ca serait catastrophique pour l'économie (ca permettrait de supporter / limiter les prélèvements sur les actifs, qui pourraient ainsi mieux financer le système, etc...)



2) Concernant la question :"durée de cotisation pour avoir une retraite à taux plein / durée effective de cotisation", il faut à mon avis (hélas) intégrer l'âge légal de départ dans l'analyse.
La limite à 60 ans entraine un effet "couperet" pour les actifs entre 50 et 60 ans... Si l'on augmente cette limite à 65 ans, la mise à retraite d'office se fera vraisemblablement entre 55 et 65 ans... Pas idéal certes, mais je crois pas que ca change le taux d'activité, et ca rééquilibre le système en faisant travailler plus longtemps (comme dans tous les autres pays européens quoi... http://www.touteleurope.fr/fr/actions/social/emploi-protection-sociale/presentation/comparatif-l-age-de-la-retraite-dans-l-ue.html  ).
Et une fois de plus, je vois pas comment avoir  une solidité intergénérationnelle ET une augmentation de la durée de vie sans augmenter la durée de cotisation et partant, l'âge légal (découpler totalement les deux est hypocrite, vu les décotes...). Si dans 40 ans on a vaincu le cancer et alzheimer avec des molécules miracles, et que l'espérance de vie explose à 100 ans, on va garder 60 ans et augmenter la durée des cotisations? Ca n'a pas de sens...


Ou alors, à court-moyen terme, si on veut se passer de l'augmentation de la hausse de l'âge de départ légal, il faut rapidement augmenter l'activité des quinquas en appliquant des mesures comme en Allemagne (je suis pas sûr que ca soit dans le projet, il me semble qu'il est question d'un bonus/malus pour les cotisations patronales, je suis pas sûr que ca soit suffisant...)

C'est surement plus efficace que de chercher le plein emploi (qui est la priorité, mais ca fait 30 ans qu'on y arrive pas, donc il va falloir chercher des solutions hors de ce cadre si on veut pas avoir de gros soucis d'ici 10-20 ans... ou même avant!)



3) "l’idée que l’allongement de l’espérance de vie devrait nécessairement se traduire par celui du temps consacré à la production de valeur ajoutée marchande est anachronique."
Le soucis, c'est qu'avec un système basé sur la solidarité intergénérationnelle (seul viable vu les aléas des cycles économiques...), la "production" (cotisations) des uns est la "consommation" (pensions) des autres... Et si la durée de vie augmente, toutes choses égales par ailleurs (durée de cotisation et âge légal de départ notamment), la consommation des retraités augmente également (d'autant qu'ils ont les moyens, cf 1)  ).
Bref, je vois pas d'ou vient l'idée que 100% de l'espérance de vie gagnée devrait être consacrée à des activités "non-productives" (au sens PIB et cotisation), si on veut garder un système à l'équilibre, il faut forcement consacrer une partie des années supplémentaires aux cotisations...


Sinon, on pourrait remplacere cet âge légal unique qui cause tant de soucis par une formule du type : 
(nombre d'années d'études *) + X années
ca éviterait le problème causés par les carrières les débutant très tôt et les inégalités de durée de vie...

* : avec tous les aménagements plus ou moins iniques imaginables : un doctorat vaut 2 et pas 3 ans, ceux qui font 3 1ere années de license ont 3 ans au compteur, les formations au cours de leur carrière ne comptent pas, etc...


Re: Intéressant mais... par Vitorge Romain le Samedi 22/05/2010 à 17:21

Bonjour

sur l'intervention de Barbeuz du jeudi 20/05/2010

à propos de la "retraite couperet", du "problème démographique", de "l'age légal de départ à la retraite" je vous renvoie à l'interview de Mélanchon sur France Inter, émission "les questions du mercredi" du 19 mai 2010
http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/questions-du-mercredi/



Pour quel plein emploi ? par LAURET le Vendredi 21/05/2010 à 00:18

 "On peut toujours gloser sur la difficulté qu’il y a à restaurer le plein emploi, mais, avec l’augmentation des ressources, il demeure que c’est la seule voie qui autorise à la fois le maintien durable du niveau des pensions et l’équilibre financier des régimes de retraites" Ce que vous affirmez est la priorité des priorités, mais nous devons inventer une autre façon de construire l'économie et nous ne le ferons pas avec les outils d'hier. La posthistoire qui s'ouvre est tout simplement le résultat de l'arrivée des technologies de l'inframonde que sont les nanotechnologies, les biotechnologies et les algotechnologies. Aprés avoir utilisé le donné du sol et du sous-sol nous voilà arrivé au moment où nous allons manipuler le monde de l'infiniment petit. Mais La nouveauté est que tous les supports transportant l'information (le larynx pour la voix, la tablette d'argile, le papyrus, le parchemin, le livre manuscrit et imprimé) au cours du récit des hommes avaient une portée locale, les nouveaux supports auront systématiquement une portée globale avec des fonctions totipotentes et ubiquitaires des données. Tout est à réinventer, tout est à repenser et nous le ferons ensemble car c'est de notre propre existence en tant qu'espèce que nous mettons dans la balance.  


Blog conseillé par Pedro le Samedi 22/05/2010 à 00:15

Bonsoir,

Ce blog propose une analyse des positions des partis de la gauche antilibérale. À lire absolument :

http://gauche2gauche.blog.lemonde.fr/2010/05/21/la-gauche-anti-liberale-ne-compte-pas-battre-en-retraite%e2%80%a6/

Pedro


par perruque le Mercredi 26/05/2010 à 15:11

Sarkozy à dit ce que tout le monde sait et qu'on oublie de présenter aux socialistes: les factures qu'ils ont laissées depuis 1981 aux français et dont ils n'assument pas la responsabilité. Ils en assument si peu la responsabilité et si bien l'oubli qu'ils osent accuser leurs successeurs de gaspillage lorsqu'ils les payent tout en se flattant quant à eux d'avoir pris les "bonnes décisions" structurelles qui les engendrent. Et pour être complets ils promettent d'y revenir et d'en rajouter d'autres encore si on leur en donne l'occasion


Re: @perruque par FreeManu le Mercredi 26/05/2010 à 23:57

 C'est cela oui !
1981, ça ne fait jamais que 29 ans...
Entre temps votre idole a juste été ministre de l'intérieur, ministre des finances, ministre du budget puis président de la république, que des postes où, bien sûr, il n'a aucune responsabilité, lui !...
(prenez la peine de regarder la courbe d'endettement de la France sur les 30 dernières années, ça vous évitera de dire - ou répéter - bêtement ce que ceux qui nous gouvernent voudraient que l'on croit)


Re: @perruque par jorie le Samedi 29/05/2010 à 18:43

Incroyable d'entendre des insanités pareilles ! regardez l'histoire. Certes, il y a eu une période de rigueur en 1983, mais cependant, on a gagné des avantages certains (39 h, retraite à 60 ans)
Le déficit était de 40 milliards d'euros en 2002. Aujourd'hui il est de 150 milliards. Cela fait 7 ans que la droite est au pouvoir. Entre 1993 et 1995, on avait balladur et Sarko comme ministre du budget (déficit augmenté de 20 %)
Sous Jospin, le déficit a reculé d'un point, il a créé 2 mio d'emplois, eT La sécurité son ociale était excédentaire. Il a laissé un bon bilan. Il a été viré parce qu'il n'était pas assez de gauche et c'est commeô ça que la droite a repris le pouvoir. Cela n'a pas traîné entre 2002 et 2007, le gouvernement a gaspillé énormément d'argent public en supprimant des impôts
-73 milliards /an de niches fiscales, vous vous rendez compte ? avant, ça allait dans la caisse !
- le paquet fiscal 15 milliards d'euros:AN
- la niche "Coppé" qui dispense les grands groupes industriels de payer de l'impôt sur la cession d'actions! soit 20 milliards d'euros par an (our danone, lagardère, lvmh !)
- entre 1990 et 2010, près de 10% de la richesse produite (par tous) a basculé du Travail (salaires et investissements) vers le Capital (pour le profit d'une minorité). C ela représente pour la France une perte sèche de près de 195 milliards d'euros/an !!
- en 2000, on donnait 6 milliards d'exonérations sociales aux entreprises. Maintenant on en est à 32 milliards par an !! 50 milliards en tout quand on compte les exonérations fiscales !

Cette réduction drastique d'impôts a ruiné l'investissement public, ruiné nos caisses sociales et fiscales
Le problème, c'est que ça n'a rien apporté à la France, le chômage a augmenté et l'investissement a diminué ! C'est où l'intérêt d'une telle politique, à part l'intérêt "privé". La droite ne peut donner aucun conseil dans la gestion de l'argent public, sauf à serrer la vis de la population pour mieux engraisser sa clientèle. Il est là le problème! l es plans mis en place nous plongeront dans une grave récession, avec au bout une montée de l'extrrême droite affolée par les émeutes dûes à la paupérisation. c'est d'ailleurs à mon avis ce qu'ils recherchent pour prendre définitivement le pouvoir et le filer au capital. Comme en Chine, regardez comme ils sont contents d'y aller. Ils peuvent faire ce qu'ils veulent tout ens'appuyant sur une dictature efficace, le rêve. Le capital rejoint le fascisme stalinien. Le communisme sans le social, voilà leur idéal.


Re: @perruque par J-Genereux le Lundi 31/05/2010 à 21:53

Bien vu et bien dit Jorie


Leur démocratie n'est pas pour nous par valentini le Mercredi 20/10/2010 à 19:03


 

En claironnant, par-dessus les manifestants, son intention de maintenir la retraite à 60 ans, pour la France qui a travaillé tôt et la France des métiers pénibles, (à l'exception de la profession parlementaire, un métier pénible, néanmoins gratifiant), la gauche capitaliste a remis ses habits présidentiels, en vue du carnaval de 2012. Et l'ange médiatique aussitôt de sonner la retraite. Tous aux pompes! Gare aux violences! Vive le Front Populaire de Libération du Pétrole! Ce retour du sérieux français, un mélange de volupté adolescente attardée et de volonté élyséenne bornée par la nécessité mondiale, n'annonce pas qu'un retour au sérail du publicitaire et flamboyant Charente-poitou! Charente-Poitou! Il y a longtemps que la gauche réformée a donné son accord à un allongement de la durée du travail, dont l'actuelle escroquerie d'état à la retraite est la clé de voûte. En réalité, tout déjà a été décidé, hors de France, loin des manifestations, à Barcelone lors du sommet des chefs d'état ou de gouvernement de l'Union européenne (UE), en 2002. L'annus horribilis de la gauche française! Et cette chose-là, l'épine dans la rose, n'a rien à voir avec un quelconque esprit de Munich, invoqué par un imbécile des services, vert de rage. Tout au contraire, si un ancien de l'Algérie française a pu, l'espace d'un moment, se pavaner sur la scène présidentielle de 2002, la faute en revient exclusivement à la gauche et notamment aux socialistes qui ont joué la carte du populisme, contre la droite, avec le secret espoir de faire avaliser son social-capitalisme. Il ne restait plus, après le non logique au référendum de 2005, qu'à un ancien de la place Beauvau, toujours identique à elle-même, à faire jouer sa différence, en jouant au souverain captif, caïphe haï, le pauvre, on l'envie, on veut sa mort, et à décréter la révolution à refaire. Sous les feux du bordel médiatique, les vessies deviennent des lanternes.

 

Mais loin, très loin, en arrière de cette existence phénoménale, propre aux peuples-miniatures, où s'affrontent simili-tribuns de la plèbe et apôtres-nains de la liberté, il existe un programme économique, commun à la droite et à la gauche. La France, en effet, n'est en réalité rien d'autre qu'un protectorat européen. C'est-à-dire, comme le dit l'imbécile des services, à lunette rose, une économie sociale de marché capitaliste dont la gouvernance est décrétée trop technique pour être confiée à une masse qui ignorerait tout de la complexité du monde. C'est bien la preuve que Poutine est en avance sur son temps et qu'ici, en « Occident », comme dit l'imbécile, dans sa tête, c'est le roi des cons qui gouverne. Mais l'Europe qui trotte! L'Europe qui galope! L'Europe et hop, plus haut qu'une crotte! Eh bien, voici:

 

« Le Conseil européen invite le Conseil à continuer d'examiner la viabilité à long terme des finances publiques dans le cadre de son exercice annuel de surveillance, en particulier à la lumière des défis que pose le vieillissement de la population en termes de budget... Les points prioritaires porteront sur la qualité et la viabilité des finances publiques, la poursuite des réformes nécessaires pour les marchés des produits, des capitaux et du travail et la nécessité de veiller à la cohérence avec les politiques adoptées dans chaque domaine. Soucieux de relever le défi que constitue le vieillissement de la population, le Conseil européen demande que la réforme des régimes de retraite soit accélérée en vue de garantir tant leur viabilité financière que la réalisation de leurs objectifs au niveau social... Il convient de réduire les incitations individuelles à la retraite anticipée et la mise en place par les entreprises de systèmes de préretraite, et d'intensifier les efforts destinés à offrir aux travailleurs âgés davantage de possibilités de rester sur le marché du travail, par exemple par des formules souples de retraite progressive et en garantissant un véritable accès à l'éducation et à la formation tout au long de la vie. Il faudrait chercher d'ici 2010 à augmenter progressivement d'environ cinq ans l'âge moyen effectif auquel cesse, dans l'Union européenne, l'activité professionnelle. Les progrès à cet égard seront examinés chaque année avant le Conseil européen de printemps ». Citations extraites des conclusions du conseil européen de Barcelone des 15 et 16 mars 2002

 

La France vieillit, faisons la travailler plus longtemps pour qu'elle retrouve une seconde jeunesse, tel est le mot d'ordre de la saloperie capitaliste. Que cette dernière se porte à droite ou à gauche, la différence est devenue si mince qu'elle n'est plus qu'affaire de conviction intime. L'ennui, pour la gauche des bancs et des couloirs, est que cette communauté de destin, de partage du fromage, la droite réformée s'en bat ostensiblement les couilles. Pour la droite l'umpéniste, la gauche à proprement parler n'existe plus. Le syndicalisme négociateur et la gauche gouvernementale n'ont donc plus d'espace politique propre pour se faire entendre. Mis à la rue, ces messieurs-dames de la justice sociale, qui visent à réconcilier travail et capital, à cause que ben, oui, le monde a changé de base, faut être réaliste, espèrent se refaire, en surfant sur l'indignation massive suscitée par l'escroquerie aux retraites! Par ce déplacement « tactique » de droite à gauche, de la gauche capitaliste, le non au référendum se trouve ainsi amplifié et confirmé. Mais cette fois, l'ancien ministre-photomaton ne peut plus jouer, à l'identique, de l'Europe contre la France. Sauf à imaginer ce scénario à la fois étrange et familier: la dénonciation par l'état français d'une Europe trop allemande! Mais non! Qu'est-ce qu'on se figure! C'est qu'ils s'aiment, ces deux-là! L'occupé aux retraites et l'économie occupante. Une éclatante victoire médiatique, reproduite sur un calendrier belge, brillamment coloré. Le fascisme européen a bel et bien gagné la paix. D'ailleurs le populisme exprime des désirs d'avenir: faire ami-ami avec la droite d'affaires.

 

Expulsons de nos rangs, la gauche capitaliste, complice du capital!



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