[18 avril 2005] LE FIGARO
RÉFÉRENDUM Un rejet de
Le «plan B» de Bruxelles si le non
gagnait
Réunis avant-hier à Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères des
Vingt-Cinq ont exprimé leurs inquiétudes devant la perspective d'une victoire
du non en France. «Ce serait un désastre politique, surtout pour les futurs
élargissements», a estimé le ministre slovène. «Cela aura des
conséquences pénibles pour
Bruxelles :
de notre correspondante Alexandrine Bouilhet
[18 avril 2005] LE FIGARO
A Bruxelles comme à Paris, évoquer l'hypothèse d'un
«plan B» en cas de non français relève du sacrilège. «Il n'y a pas de plan B
!», assure le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier. «Aucun
plan B ne circule, surtout pas chez nous», répond, en écho,
Certes, le «plan B» au non français n'existe pas sur
le papier, pas encore. Mais dans les esprits, il est déjà abouti. Il vient
s'ajouter au plan secret concocté par Paris et Berlin en cas de non
britannique. Plus récente, la version destinée au possible non français est le
fruit d'un travail d'experts mené entre Bruxelles et les capitales depuis dix
jours. Il s'appuie sur les compétences des juristes, des diplomates et des
chercheurs des «think tanks» bruxellois.
Dans ses grandes lignes, il s'agit d'un scénario
technique, en plusieurs étapes, misant sur le temps et les évolutions
politiques dans les capitales. «Les solutions légales pour sauver le traité
d'un non ne manquent pas, concède un chercheur du Centre européen de
sciences politiques (Ceps), mais peu nombreuses sont celles qui s'adaptent
politiquement au cas français.» Un exemple : si Bruxelles est passé maître
dans l'art de faire revoter les peuples malentendants – elle l'a fait avec les
Danois en 1992 et les Irlandais en 2001 –, une telle option, toujours possible
en théorie, paraît impensable politiquement avec les Français. «Ils
râleraient tellement fort !, confie un haut fonctionnaire de
· Première étape : après le 29
mai, les ratifications continuent. C'est
dans la logique du traité constitutionnel, signé par les Vingt-Cinq, à Rome, le
29 octobre 2004. Un traité international est soumis à des règles intangibles. «Les
Vingt-Cinq pays de l'Union doivent avoir l'occasion de s'exprimer sur ce
texte», insiste le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bernard
Bot. Interrompre, ce serait nier les ratifications qui auront précédé le vote
français, en Espagne, en Italie et en Allemagne notamment. Le Danemark et les
Pays-Bas ont déjà annoncé qu'ils n'annuleraient pas leurs référendums. «La
machine à ratifier ne s'arrêterait pas si
· Deuxième étape : le Conseil
européen fait le bilan politique, dès
2005, puis en 2006. Cette étape de bon sens est prévue par le traité lui-même,
les dirigeants européens ayant prévu, avant de signer, l'hypothèse d'un ou
plusieurs non. Il s'agit de la déclaration n° 30, annexée au traité. «Si, à
l'issue d'un délai de deux ans à compter de la signature du traité établissant
une Constitution pour l'Europe, les quatre cinquièmes des Etats membres ont
ratifié ledit traité, et qu'un ou plusieurs Etats membres ont rencontré des
difficultés pour procéder à ladite ratification, le Conseil européen se saisit
de la question.»
Chaque Conseil européen, notamment celui du 16 juin
prochain, permettra de faire le bilan. Si
· Troisième étape : le traité est
dépecé. Il entre en vigueur par morceaux. Suivant le nombre de non enregistrés en fin de course,
Plusieurs innovations sont techniquement «récupé
rables» : la présidence stable du Conseil, le ministre des Affaires étrangères
de l'Union, le service diplomatique commun, l'Europe de la défense, la
suppression des droits de veto dans certains domaines, le droit de regard des
parlements nationaux. Cette «récupération» du traité par morceaux peut se faire
à l'unanimité dans certains cas (les plus consensuels) ou par petits groupes de
pays, qui piocheraient, dans le traité ou en dehors, ce qui les intéresserait.
Ce serait la consécration de l'Europe à plusieurs vitesses, dans laquelle
Bruxelles :
de notre correspondante Alexandrine Bouilhet
[18 avril 2005] LE FIGARO
Evidemment, les chancelleries et la Commission anticipent un non de la France, c'est leur travail ! Mais de là à parler de plan B ! Comme le dit très bien l'auteur de l'article :
"Ce serait la consécration de l'Europe à plusieurs vitesses, dans laquelle la France et l'Allemagne ne joueraient plus de rôle moteur."
Et les traités actuels, en tout cas pour ce qui concerne les politiques et actions de l'Union resteraient en vigueur...